Gaza - Décembre 2008 - janvier 2009

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)

27 décembre 2008... Israël bombarde massivement les installations du Hamas dans une opération appelée Plomb Durci.


Collectif Documentaires La Boite à Bulles Le conflit israélo-palestinien Politique Proche et Moyen-Orient

27 décembre 2008. Israël bombarde massivement les installations du Hamas dans une opération appelée Plomb Durci par les israéliens et Massacre du samedi noir par les palestiniens, tuant par la même occasion des centaines de civils sur le territoire (plus de 1.300 morts durant les opérations dont au moins un quart de civils, parmi lequels de nombreux femmes et enfants). Des protestations et manifestations éclatent partout dans le monde, dans l'instant, dans l'urgence. A l'image de ces éclats contestataires, un projet collectif est né, évoluant au jour le jour, au fil de l'actualité : Gaza, déc. 2008 – janvier 2009 Un collectif d'artistes et d'intellectuels de tous horizons géographiques et culturels confondus et emmenés sur ce projet par le jeune Maximilien Le Roy. Illustrations, bd, photos, reportages et textes de palestiniens, israéliens et européens viendront apporter un regard à la fois artistique et analytique sur cette situation si mal connue, malgré sa présence permanente dans les médias. Certains apportent leur point de vue, d’autres illustrent simplement les récits recueillis de gazaouis pendant les événements. Citons notamment parmi les participants : - Alain Gresh, directeur adjoint du Monde diplomatique et auteur de Israël Palestine vérités sur un conflit, - Rony Brauman, ancien président de MSF, - Warschawski - Simone bitton - Aude Signoles - Clément Baloup... Texte : Editeur.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 19 Février 2009
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Gaza - Décembre 2008 - janvier 2009 © La Boîte à Bulles 2009
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)
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17/02/2009 | Alix
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L'avatar du posteur Noirdésir

« Un pavé dans la mer », voilà le sous titre de cette publication de La boîte à bulles. Un pavé de plus de 300 pages. Un pavé jeté contre les « forces de l’ordre », ou plutôt du silence hélas – jeté dans l’eau ?, donc dans la mer… Voici un album écrit dans l’urgence entre décembre 2008 et janvier 2009, au moment où Israël menait sa dernière « opération » en date en territoire palestinien (ici la bande de Gaza). Alors évidemment, l’urgence fait que cet album – ce livre plutôt, car il faut reconnaître que la bande dessinée n’est ici utilisée que marginalement – possède les défauts de tout travail effectué dans ces conditions, qui plus est quand il est collectif et fonctionne à partir de témoignages de victimes bombardées, mais il en a aussi la force : il touche au cœur, il est vivant. Ces témoignages de Palestiniens, parfois accompagnés de bandes dessinées donc, sont très bien mis en perspective par une chronologie simple, des rappels historiques, et des intervenants palestiniens, israéliens, mais aussi des chercheurs ou journalistes spécialisés. Et le grand mérite de ce « Gaza » est de donner à voir ce qui d’ordinaire nous est scandaleusement caché. Le livre le rappelle, l’accès à Gaza est pratiquement interdit par Israël, qui par contre nous montre très facilement les dégâts commis par les attaques palestiniennes sur son sol (qu'il ne s'agit pas de nier, bien sûr!): on s’identifie donc aux seules victimes que nous voyons, et oublions celles qui souffrent le plus et en plus grand nombre, et ce depuis des décennies, les Palestiniens. En effet, à part dans quelques rares médias, le seul point de vue d’Israël domine. Les exceptions proviennent de l’excellent mensuel « Le Monde diplomatique » (dont plusieurs journalistes participent à cet album), mais aussi des écrits et reportages du journaliste de France2 Charles Enderlin. Contrairement à ce qu’Israël et certains de ces inconditionnels aveugles (BHL) affirment trop systématiquement lorsqu’il est question de critiquer sa politique, il n’y a dans cet album aucun relent d’antisémitisme, c’est bien la politique d’un Etat que l’on dénonce dans ce livre. Mais aussi la complicité – ou au minimum la passivité – mais ici quelle est la différence ?, des grandes « démocraties » ou de l’ONU : comment un Etat ne respectant aucune des décisions (résolutions y compris) de l’ONU, commettant quotidiennement ce que les conventions internationales reconnaissent être des crimes de guerre envers une population qu’il opprime, peut se présenter comme LA victime ? Vous l’avez compris, pas de neutralité ici, c’est quasiment le seul point de vue palestinien qui est défendu – mis à part les mises aux point chronologiques et historiques, même par les intervenants israéliens. Il faut dire que le point de vue israélien est suffisamment mis en avant ailleurs (c'est-à-dire partout ?) pour que ce pavé puisse n’être vu que comme une petite pierre posée sur la balance avec la volonté peut-être pas si illusoire de rééquilibrer le débat. C’est au moins autant et peut-être plus pour ce caractère de témoignage essentiel et nécessaire que j’ai mis quatre étoiles. Lisez-le, et faites circuler les idées !

17/01/2014 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Avant tout, je tiens à saluer le concept même de cet ouvrage : recueillir et publier en un temps record, tout juste après des évènements, des textes, témoignages, images et bandes dessinées témoignant d'un évènement géopolitique marquant. L'impact est d'autant plus fort que l'actualité reste chaude. Même si la partie BD y est noyée derrière les textes, illustrations et autres photos, c'est véritablement un genre d'ouvrage et de politique d'édition que j'applaudis. Maintenant, c'est également cette rapidité d'exécution dans la parution qui implique mon sentiment pas totalement convaincu par l'ensemble. Je ne parle pas des quelques petites coquilles disséminées ça et là dans les textes, cela n'a rien de bien grave. C'est plus le sentiment que le peu de temps consacré n'a pas permis de recueillir une quantité suffisamment large de témoignages pour ensuite opérer un éventuel tri et pouvoir mettre en avant des messages plus forts. Certes tous les témoignages sont dignes de respect mais ils n'ont pas tous la même force d'impact et ceux recueillis dans cet ouvrage sont parfois assez redondants (aussi ignobles que mes mots puissent paraitre face à la teneur des évènements racontés). Le fait que ce soit également un panel relativement restreint de témoins qu'on retrouve périodiquement au fil des pages, cela réduit à mes yeux la pluralité des sources et donc des possibles informations et émotions qu'ils auraient pu nous transmettre. Je compare évidemment l'incomparable. Je compare cet ouvrage réalisé en quelques semaines, sur une base de contacts "amateurs", avec ce que j'aurais davantage aimé qui aurait plutôt tenu d'un travail professionnel de reportage, avec toute la logistique, le temps de travail et les contacts multiples sur le terrain que cela aurait impliqué. Objectivement, je dois donc mettre tous mes légers reproches au placard. Mais subjectivement, je me suis retrouvé à estimer certains passages de ma lecture assez mornes, ne me permettant pas de ressentir toute l'émotion que de tels évènements relatés auraient dû me transmettre. Alors, si, l'émotion, je l'ai ressenti à plusieurs passages. Dès le départ par exemple, avec le texte introductif de Maximilien Leroy qui m'a fait espérer le meilleur pour la suite tant il utilisait les mots justes pour décrire l'injustice vécue par son ami Palestinien. Puis ensuite à la lecture de certains textes qui m'ont fait réfléchir sur mes propres sentiments vis-à-vis de ce conflit. Comme énormément de français, je n'ai en effet jamais bien su comment placer mon opinion, voyant parfois la faute du côté israélien, parfois du côté palestinien. Et les textes présentés ici, en grande majorité pro-palestinien et anti-Etat d'Israël, ont contribué à faire tanguer encore plus cette opinion vacillante que j'avais. Malgré les affirmations de certains témoignages sur l'atrocité des soldats de Tsahal et sur le Blocus, je continuais par exemple à réprouver la notion de "riposte insignifiante mais justifiée" qui était parfois faite au sujet des roquettes tirées par le Hamas. Au cours de ma lecture, tout cela a en fait contribué à attiser mon ressentiment non pas envers Israël ni envers les Palestiniens mais envers les salauds des deux pays. Ceux qui embrigadent la population d'Israël pour en faire de parfaits soldats paranoïaques au service de leur Etat, attisant la peur et la haine dans la population et désignant les Palestiniens comme l'ennemi à éliminer "pour la survie du peuple juif". Et d'un autre côté, ceux qui tirent les roquettes en sachant parfaitement que ce sont des civils qu'ils visent et que la seule conséquence sera une implacable intervention militaire de Tsahal qu'ils semblent chercher pour attirer l'opinion mondiale sur Gaza et la tourner contre Israël, au mépris de la vie des habitants de Gaza. De même, je n'ai pas pu m'empêcher de noter que les témoignages des palestiniens n'utilisaient jamais le mot "morts" pour parler des victimes des combats mais toujours le mot "martyrs". Ce terme m'a titillé de nombreuses fois car il exprime le fait que les civils de Gaza seraient finalement tous implicitement des combattants, "consentant à aller jusqu’à se laisser tuer pour témoigner de leur foi" (pour citer la définition Wikipedia), défiant en permanence Israël par le simple fait de rester vivre à Gaza. Pourquoi étendre de cette manière le conflit ? Les habitants de Gaza sont des civils et c'est horrible de voir leurs vies, leurs familles et leur univers détruits. Pourquoi présenter d'une certaine manière leur mort comme un acte de guerre psychologique envers Israël ? Bref, ce sont ces sentiments contradictoires et changeants que j'ai ressentis au cours de ma lecture. Mais ces émotions m'ont été amenées davantage par la lecture des textes et la vision de certaines photos et illustrations que par les BDs qui n'ont hélas pas su me parler dans leur ensemble (à quelques exceptions près, évidemment. Je pense notamment à cette planche où un F16 fait "Terre" quand il tire son missile et ce dernier fait "Promise" quand il explose sur Gaza). Mais alors par contre, s'il y a bien un texte qui vaudrait presque à lui seul l'achat de cet album à mes yeux, c'est celui de Pierre Stambul judicieusement placé en fin d'ouvrage comme une apothéose intellectuelle ! Je l'ai trouvé formidablement instructif et amenant, par un cheminement géopolitique et historique prenant ses racines dans l'antiquité du peuple hébreu, à une conclusion incroyablement claire sur la situation actuelle en Israël et en Palestine. C'est une charge anti-sioniste hargneuse tout en étant anti-raciste et pro-juif. J'ai davantage appris par lecture de ces 11 pages que par tout ce que j'avais pu lire ou entendre auparavant au sujet du conflit Israëlo-Palestinien et le rapport entre Sionisme et Antisémitisme. Ressenti mi-figue mi-raisin donc à la lecture cet album. Il a beaucoup de qualités comme sa simple raison d'être, publication à chaud de témoignages et réflexions sur un évènement tout récent et important. Et certains textes qu'il contient sont excellents et très instructifs. Rien que pour cela, il mérite l'achat ou au moins la lecture. Mais je n'ai pas totalement apprécié sa lecture ni au sens de plaisir de lecture ni au sens d'émotions ressenties et donc d'impact des témoignages. Il manque peut-être un travail supplémentaire sur la mise en place narrative et sur la force des bandes-dessinées mettant en image ces témoignages.

20/02/2009 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Alix

Et « plouf », un pavé dans la marre… au sens propre (320 pages petit format), mais surtout au sens figuré, tant le contenu de « Gaza » risque de faire grincer quelques dents. Ce recueil se pose à l’opposé des discours neutres voire pro-israéliens que certains medias nous resservent à longueur de journée. Le ton est très engagé, très partial, et représente clairement l’autre coté de ce conflit… un vrai coup de gueule collectif et « à chaud » après les horreurs de l’opération « plomb durci ». Les contributeurs sont très variés… on y retrouve des auteurs de BD, bien entendu, mais aussi des écrivains, des journalistes, des photographes, des représentants d’associations, des simples civiles témoignant de l’horreur de leur vie quotidienne… C’est très documenté, l’analyse est très poussée, et j’ai appris des tonnes de choses, notamment dans le tout dernier texte intitulé « Sionisme et antisémitisme » de Pierre Stambul, vice-président de l’Union juive française pour la paix. Après lecture je suis resté sur un sentiment de honte et de colère. De honte parce que j’avoue que je fais partie de ceux qui ont déclaré en guise d’excuse à ces massacres que « c’est malheureux, mais il faut comprendre les israéliens, ils ne font que se défendre contre des terroristes ». Colère, parce qu’une fois la situation expliquée aussi clairement, il est assez difficile de comprendre le mutisme de la communauté internationale envers ce que ce bouquin n’hésite pas une seconde à appeler les crimes de guerre de l’armée israélienne (blocus rendant tout développement économique impossible, utilisation d’armes interdites, persécution et massacres de populations civiles, interdiction de la présence de journaliste internationaux sur place, etc…) BDtheque étant un site de bande dessinée, il faut quand même noter un coté BD assez minimale, malgré la présence de quelques auteurs bien connus sur ce site. On y retrouve Ted Rall, dont l’apparition dans ce recueil ne surprendra personne (voir son ouvrage La Route de la soie... en lambeaux, paru à la Boite à Bulles également), mais aussi Clément Baloup (Quitter Saïgon, Un Automne à Hànôi…) ou encore le grand romantique passionné Jean-Christophe Pol (La Maison dans les blés). La Boîte à Bulles diversifie son catalogue (deux bouquins politiques sortent ce mois-ci !), mais brouille peut-être aussi les cartes pour son lectorat… Vous voilà prévenus donc, tout comme La Route de la soie... en lambeaux, il s’agit plus d’un livre avec des bouts de BD (voir planches dans la galerie) qu’une vraie BD traditionnelle (ce qui n’est bien entendu pas une critique). Certains remettront aussi très certainement en question la neutralité de l’ensemble. Comme les BDs de Joe Sacco, « Gaza » n’essaye même pas de nous voiler la face, et prend clairement position avec les opprimés. La parole n’y est pas vraiment donnée aux agresseurs, sauf dans une courte histoire vers la fin du livre, racontant le point de vue d’un soldat israélien, et qui tomberait presque comme un cheveu sur la soupe. Mais on me répondra sans doute que le point de vue israélien est suffisamment représenté, et qu’il fallait bien que la parole soit donnée à celles et ceux qu’on essaye justement de faire taire. Finalement, la seule fierté que je ressens après ma lecture est celle d’habiter dans un pays où des artistes peuvent publier ce genre de critique acerbe sans craindre de représailles voire même l’emprisonnement politique. Un bouquin passionnant, qui m’a donné envie d’en lire beaucoup d’autres sur le sujet, notamment à travers ses références bibliographiques.

17/02/2009 (modifier)