Torture blanche

Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)

Une période du conflit israélo-palestinien vue par les membres d'une action militante non gouvernementale...


Encrages Le conflit israélo-palestinien Proche et Moyen-Orient

Nous sommes en plein conflit israélo-palestinien. L’auteur fait partie d’une action militante. En décembre 2002, une mission de deux semaines est menée par un petit groupe de militants dans les territoires occupés. Leur but ?… manifester leur soutien à diverses groupements palestiniens locaux. Au jour le jour, on suit Squarzoni et ses amis dans cette Cisjordanie « découpée ». Avec lui on découvre les maisons détruites, les familles abandonnées qui essaient de survivre, la peur qui règne en tous temps. Avec lui on va à la rencontre de gens qui ont eu un passé, mais qui n’osent encore penser à un avenir… Avec lui on va découvrir Hébron, et cette « peur sur la ville » qui ne vit que dans un quasi perpétuel couvre-feu ; une ville qui –normalement- doit grouiller de populace mais qui est devenue une sorte de « ghost town »… une ville fantôme… « No future » ?… peut-être… mais quand ?… comment ?… des questions posées mais qui n’ont, encore à l’heure actuelle, pas de vraie réponse.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Novembre 2004
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Torture blanche © Delcourt 2004
Les notes
Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

02/01/2008 | L'Ymagier
Modifier


L'avatar du posteur Noirdésir

Je lis cet album une vingtaine d’années après sa sortie. Au vu du sujet, on aurait pu espérer qu’il soit dépassé, que l’horreur décrite par Squarzoni ait fait place à une amélioration. C’est hélas tout le contraire qui s’est produit. A l’heure où j’écris ces lignes, Israël est dirigé par un gouvernement de fascistes ultra racistes, la colonisation a été exacerbée depuis une dizaine d’années par Netanyahu (qui semble même remettre en cause pour les Israéliens la notion même de démocratie). Et l’ONU est muette, et l’Union européenne l’est tout autant, acceptant de voir colons et armée israélienne détruire les rares investissements européens en territoires occupés. Les seules fois où j’entends la « communauté internationale » réagir, c’est lorsque les Palestiniens tentent de se révolter (ils subissent alors une répression terrible) et ce n’est que pour « appeler toutes les parties à la mesure » (mettant ainsi colons et colonisés sur le même plan), bref, que les Palestiniens souffrent ou meurent en silence semble convenir à beaucoup. C’est ainsi que Macron a récemment reçu Netanyahu (qu’aurait-on dit s’il avait fait la même chose avec Poutine ?). Pour revenir sur l’album, Squarzoni nous présente son expérience, lorsqu’il a été membre d’une mission d’observateurs internationaux censés protéger les Palestiniens. Ce que montre l’auteur est terrible (ce sont des crimes de guerre), et il en est revenu désillusionné, très pessimiste (mon introduction lui donne hélas raison). Comme Delisle ou Sacco sur le même sujet (mais en fait n’importe quel observateur ne peut faire que les mêmes constatations !), Squarzoni nous montre à l’œuvre une entreprise coloniale d’un autre temps, qui ne peut que nourrir la haine, et ce que certains vont ensuite appeler terrorisme. Ne pas le voir, ne pas traiter les causes est aussi criminel. La particularité de Squarzoni (il est membre d’ATTAC, et beaucoup de ses œuvres éclairent les questions économiques des problèmes sociétaux), c’est de lier la politique israélienne dans les colonies à l’ultra libéralisme en œuvre dans le pays, qui accentue les tensions, mais aussi les inégalités (à l’intérieur même de la société israélienne). Un album que j’aurais aimé voir dépassé, inactuel, mais qui hélas se révèle en dessous de la réalité actuelle. A chaque fois que je réfléchis à ce sujet, je ne peux m’empêcher de songer à l’horreur subie par les Juifs durant la seconde guerre mondiale (mais aussi aux pogroms et autres massacres précédents), et de me dire que ce sont leurs descendants qui commettent ces crimes et martyrisent une population, au nom d’un racisme et d’un intégrisme de bon aloi, en pratiquant une purification ethnique qui, en d’autres temps et ailleurs, a entrainé des réactions plus rapides et efficaces de la communauté internationale. Un album à lire, hélas.

09/03/2023 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

Torture blanche n'est pas une bd dont le but est de nous émerveiller devant les images. Cela s'adresse à un public qui a le sens de la réflexion dans un support qui en est souvent dépourvu par sa nature même divertissante. En effet, on est plongé au cœur même du conflit israélo-palestinien pour en essayer d'avoir une vue impartiale. On va suivre un petit groupe dont fait partie l'auteur dans une mission qui vise à manifester leur soutien pour la reconnaissance d'un droit du peuple palestinien (droit à la paix, à la sécurité, à l'autodétermination...). Aujourd'hui, la Palestine est une terre de conflits et de déchirements alors qu'elle était à l'origine une terre biblique et sainte. Il n'y a pas de véritable frontière car elle est parsemée par des colonies israéliennes. La récente construction d'un mur de séparation accentue le fractionnement territorial de ce pays sans état où seule l'Autorité palestinienne peut exercer certains pouvoirs sur une population aux conditions de vie dégradées. Entre soulèvements populaire (l'Intifada) et affrontements armés, le processus de paix peine à se poursuivre malgré une forte implication de la communauté internationale. Dans ce contexte, les Palestiniens tentent de leur côté de maintenir vivantes une culture et une identité nationale. La création de l'état d'Israël, état du peuple juif, trouve son origine dans le projet d'établissement d'un foyer national juif en Palestine avancé dès le XIX ème siècle par le mouvement sioniste. C'est en 1948, au lendemain de la Shoah, dans un contexte d'extrême tension, que naît l'état d'Israël. Celui-ci, situé entre l'Égypte, la Syrie, le Liban, la Jordanie et les Territoires palestiniens, entretient, depuis sa création, des rapports conflictuels avec ses voisins. Il aura fallu plusieurs guerre pour que ce pays dont la démographie a été nourri par l'immigration, puisse exister entre des éléments de grande modernité et de conservatisme religieux. L'ouvrage nous décrit un autre type de guerre. C'est une violence géographique par la construction de colonies, de murs et de routes de contournement qui barrent le paysage. C'est une agression moins spectaculaire, plus discrète et finalement plus perfide. Le but est d'isoler les palestiniens des petits îlots viables pour les forcer à partir à plus ou moins long terme. Ce blocus de villes et de villages affame une population confinée. Cette logique des colonies empêche toute possibilité d'un état binational. Et surtout, elle alimente le cycle de la violence. J'ai été victime durant des années d'une certaine vue journalistique qui nous décrivait les palestiniens comme de vulgaires terroristes s'en prenant à des populations civiles innocentes. On avait juste oublié qu'il s'agissait d'une guerre entre un occupant et un territoire occupé. J'ai compris bien plus tard les subtilités de cette guerre où l'on pousse les gens dans leur pire retranchement pour justifier d'une infamie encore plus grande. Bien entendu, les deux camps ne sont pas en reste et on pourrait passer des heures à livrer des auto-critiques. Cependant, cet ouvrage nous fait juste comprendre l'essentiel pour ne pas le perdre de vue. Il s'agit de comprendre le mécanisme instrumentalisation par l'alimentation de la menace terroriste et sécuritaire que l'on crée de toute pièce par des dérives colonialistes. Etre pour la paix et contre la colonisation, être pour la création de deux Etats qui œuvrent pour le bien de leur peuple respectif: est-ce mal ? Bref, juste le respect des droits de l'homme. Alors, oui, l'auteur a bien fait de nous apporter le témoignage de son livre pour nous ouvrir l'esprit. Ne pas se laisser influencer par les détails qui masquent la forêt. Il faut sauver le peuple palestinien de la violence. C'est à la communauté internationale de changer et d'agir afin que cessent les massacres quasi quotidien dans cette région du monde. Tout conflit finit par cesser. Espérons ne pas aboutir à la destruction totale d'un peuple par un autre car cela serait le pire des scénarios.

27/01/2013 (modifier)
Par Ems
Note: 4/5

Après Palestine de Sacco, c'est la seconde BD sur le conflit israélo-palestinien que je lis cette semaine. Ces deux BD défendant surtout la cause palestinienne ont des contenus complètement différents sur le fond et la forme. Pourtant elles se complètent à merveille. Squarzoni est dans son élément, avec lui pas de témoignages personnels mais une vision beaucoup plus large du problème. Avec son passé de militant, il nous livre sa vision géopolitique et économique de la situation. Il répond indirectement aux questions que je me posais après la lecture de Palestine basé lui sur des rencontres et des témoignages. Même si cette BD n'est peut être pas objective à 100 %, elle a le mérite d'être publiée et fait face aux médias traditionnels qui ne parlent principalement que des attentats. Pourtant ceux-ci sont la résultante de problèmes bien moins clairs. Israël agit en toute impunité en raison de l'implication des USA qui trouve un intérêt militaire dans cette région du monde. Une excellente BD documentaire et militante. Après sa lecture, vous comprendrez mieux la situation au proche orient.

10/05/2009 (modifier)
Par aubergine
Note: 4/5

On retrouve le style des autres BD de Squarzoni, quelques photos en plus. Un reportage BD, rempli de réflexions, interviews, etc. Intéressant. Cette BD nous met devant une réalité, qu'elle ne nous fait pas découvrir pour autant. Elle nous dit entre 4 yeux tout ce qu'on devine sur la situation dans les territoires occupés sans jamais se l'avouer. Une BD qu'on referme en ayant comme une envie de vomir. Merci tout de même.

05/06/2008 (modifier)
Par L'Ymagier
Note: 3/5

Un one-shot curieux. C’est d’abord un petit format en noir et blanc. Certaines cases sont aussi remplacées par des photographies d’archives ou d’actualité (de 2002). Pas de grandes envolées lyriques ou d’action bondissante ; non, un « simple » livre-témoignage de ce que Squarzoni et ses amis ont vécu au jour le jour. Et cette vie rapportée permet de se rendre compte de ce qui se passe en ces territoires, donnant d’autres visions que celles nous souvent rapportées par les médias. Avec Squarzoni, j’ai eu l’impression de me « promener » parmi les gens de cette mission, de découvrir la réalité des choses et des gens… et c’est pas joli-joli. Le dessin ?… simple, épuré même, une sorte de balade didactique qui prend le temps d’essayer de montrer ce qui se passe « là-bas ». L’ensemble est un peu subjectif, c’est vrai, mais cela a eu le mérite d’exister… et surtout d’avoir été édité.

02/01/2008 (modifier)