Clifton

Note: 3.1/5
(3.1/5 pour 21 avis)

Sous ses allures de BD humoristique, "Clifton" cache une bonne série policière, menée par le flegme britannique et les bacchantes blondes du colonel (Clifton donc)...


Albums jeunesse : 10 à 13 ans Angleterre Greg Iles Britanniques Journal Tintin Policier, mais drôle

Harold Wilberforce Clifton troque parfois sa tenue de détective amateur pour celle encore plus dangereuse de contre espion au service de Sa Majesté. Il incarne le flegme britannique en toute circonstance. Chaque volume a sa propre histoire...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Août 1978
Statut histoire Une histoire par tome 24 tomes parus

Couverture de la série Clifton © Le Lombard 1978
Les notes
Note: 3.1/5
(3.1/5 pour 21 avis)
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21/01/2002 | Téo
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Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

Je réécris mon avis après avoir relu la plupart des tomes de cette série. Clifton est une bonne série quoique je le pense surtout pour la période Turk-De Groot. C'est peut-être par nostalgie, car c'est avec eux que j'ai découvert cette série, mais après avoir relu les albums pour la première fois depuis au moins 15 ans, je trouve toujours que c'est de l'excellente bd populaire pour enfants. Les scénarios fonctionnent bien, il y a une bonne balance entre l'humour et l'aventure et les dialogues et les personnages sont souvent savoureux. Le dessin de Turk est agréable à l'œil. Si la période De Groot-Bédu commence bien (La Mémoire brisée est mon album préféré non-dessiné par Turk), au fil des tomes le ton va devenir trop sérieux, particulièrement quand Bédu va se retrouver seul aux commandes. Ça reste des albums qui se lisent sans problème, mais je trouve que Clifton a perdu son identité et il ressemble à n'importe quel héros capable d'affronter n'importe quel danger alors qu'au début c'était un colonel à la retraite et donc un peu âgé. Les albums qui ont suivi ceux de Bédu ne m'ont pas trop convaincu. Quant à Macherot, s'il est sans aucun doute le meilleur dessinateur de la série, ses scénarios sont plutôt moyens.

11/10/2007 (MAJ le 11/08/2023) (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Bon ! On va essayer de faire ça bien. Parce que ce n’est pas évident de parler de cette série sans différencier les différentes époques, sans tenir compte du contexte, sans avoir un chat sur les genoux, une tasse de thé et des scones à portée de main et Pink Floyd en fond sonore. Alors oui, cet avis est totalement partial. Pour la bonne et simple raison que le colonel Harold Wilberforce Clifton a une grande part de responsabilité dans le fait qu’aujourd’hui la bande dessinée constitue une passion chez moi, au point de consumer une bonne part de mon temps libre et de mon portefeuille. Depuis Alias Lord X (tome 4 de la série telle que connue aujourd’hui mais qui avait bénéficié d’une édition préalable dans la collection des albums brochés estampillés « les meilleurs récits du journal de Tintin ») et cette évasion réussie à coup de « God save the Queen » et de chaussures à ventouses, cette série occupe une place de choix dans mon cœur. Nostalgie ? Bien évidemment et je ne peux que me réjouir du retour au classicisme opéré par Zidrou et Turk qui ont décidé de replonger le personnage au cœur des années ’60, période qui lui sied le mieux, à mon humble (mais ferme) avis. Mais je m'égare… Reprenons les choses dans l’ordre, si vous le voulez bien. 1ère époque : Raymond Macherot Or donc, tout commença par une froide journée de juillet ‘59 (souviens-toi, Barbara, il pleuvait sans cesse ce jour-là) lorsque Raymond Macherot, inspiré par la félicité et le brouillard environnant croqua en deux coups de crayon un grand dadais affublé d’une casquette, d’une veste en tweed et d’un parapluie, arborant fièrement une moustache à faire pâlir Thomas Magnum de jalousie et un flegme sans égal. Bon, d’accord, ce n’était peut-être pas en juillet mais qu’importe. Ce qui compte, c’est de savoir que le personnage a été créé par Raymond Macherot alors que les folles sixties s’annonçaient seulement. En d’autres termes, à sa naissance, Clifton était un personnage presque moderne. Presque, car Raymond Macherot l’avait doté d’un caractère passé et de gadgets d’avant-garde (et ma foi fort farfelus). Les aventures tenaient alors de l’espionnage ou de l’enquête policière classique avec une dimension fantastique plus ou moins marquée en fonction des circonstances (ce qui n’a finalement jamais changé), une sorte de Chapeau melon et bottes de cuir mais sans chapeau melon ni bottes de cuir. Les récits étaient courts (nous n’étions pas encore dans un format de 46 pages) et servaient de bouche-trou dans le journal de Tintin. Honnêtement, ces récits sont loin d’être des indispensables. Tout au plus, le lecteur âgé se plaira à y retrouver le parfum enivrant des bandes dessinées d’antan. Le jeune lecteur, lui, trouvera surtout que ça sent la salle de bain de vieux. On oublie, sauf si on est atteint de collectionnite aigüe, auquel cas le tome 1 de l’intégrale parue au Lombard est à ma connaissance la plus sûre manière d’acquérir les récits de cette époque (il y a bien eu des parutions en album de çà de là mais ça ne doit pas être évident de les retrouver de nos jours). Après ce pittoresque préambule, passons aux choses sérieuses… 2ème époque : Turk & De Groot De « Ce cher Wilkinson » à « Kidnapping », le duo composé de Turk et De Groot (par ailleurs créateurs de « Léonard ») va construire la légende de Clifton. « Ce cher Wilkinson » est encore fort influencé par Raymond Macherot (avec une dimension fantastique marquée) et l’on sent que les auteurs ne se sont pas encore pleinement emparés du personnage. « Le voleur qui rit » marque déjà une évolution mais la révolution s’opérera avec « 7 jours pour mourir », un récit drôle et rythmé aux références multiples (les Pig Floyds nous poussent la chansonnette avec un chat en guise de choriste, et les puristes comprendront directement l’allusion à Pink Floyd et à mademoiselle Nobs – pour les autres, un petit pèlerinage par You Tube ne vous sera pas inutile, bande de mécréants). Les aventures du colonel Clifton vont alors connaître un paroxysme qui durera le temps de 7 albums (avec, à titre personnel, une préférence pour les albums suivants : « 7 jours pour mourir », « Alias Lord X », « Sir Jason » et « Week-end à tuer ». Quatre albums auxquels j’accorderais un 5/5 dans mon classement subjectif des œuvres « jeunesse » qui ont marqué mon enfance). Toute cette période est pour moi une période culte. Les joutes verbales et les bons mots foisonnent, la dérision est partout tandis que les intrigues tiennent souvent la route. Les rôles secondaires sont essentiels à la réussite de la série et il n’est pas possible de parler de Clifton sans évoquer miss Partridge, John Haig ou le lieutenant Strawberry. Cette petite cours qui entoure le colonel Clifton favorise les dialogues vifs, les gags récurrents et les situations absurdes. Clifton sans miss Partridge, c’est comme du porridge sans œufs brouillés. Cette belle période correspond à ma propre enfance et il est certain que c’est cette synchronisation qui a rendu la série si chère à mon cœur. En vieillissant, en entrant de plain-pied dans l’adolescence, j’ai commencé à chercher autre chose que ce que Clifton pouvait m’offrir. Il n’empêche, le changement d’auteurs va marquer la fin d’une époque. 3ème époque : Bédu & De Groot Exit Turk, bienvenue à Bédu. Il me faudra un temps pour accepter ce changement de dessinateur. Pourtant, le style de Bédu n’est pas sans rappeler celui de Turk. Les personnages deviennent cependant plus trapus. Leurs mouvements sont moins fluides, leurs mimiques sonnent moins justes. Bédu est un très bon dessinateur mais après tant d’années passées avec le Clifton de Turk, je vais avoir du mal à accepter ce changement. D’autant plus de mal que si je considère « La Mémoire brisée » comme un bon album, les trois autres (« Passé composé », « Dernière séance » et « Matoutou Falaise ») sont clairement un cran en dessous, selon moi. Autre élément marquant de cette période, le fait que Clifton va progressivement sortir de la sienne (de période). Exit, les sixties et seventies, un album comme « Matoutou falaise » sonne clairement années ’80, une décennie bien moins intéressante (tant au niveau historique que culturel). Je perds mes repères et, progressivement, je lâche l’affaire. 4ème époque : Bédu Pourtant « Le Clan Mc Grégor » n’est pas un mauvais album. Il souffre juste selon moi de ce modernisme, de ce jeunisme imposé au personnage. Le rôle central joué par la jeune sœur d’Iris est symptomatique de cette volonté de rajeunir le public de Clifton. Mais « Mortelle saison » et « Le Baiser du Cobra », eux, ne me séduiront absolument plus. En cause, principalement, cette cure de jouvence. Ce n’est plus le Clifton que j’aime, ce flegmatique et ronchon détective se voit affublé d’un statut d’athlétique agent secret qui ne lui sied pas. Je me rappelle alors avec nostalgie d’ « Alias Lord X » (on y revient) lorsqu’il suait sang et eau à faire des pompes sous la surveillance d’un ancien para. C’était celui-là, le Clifton que j’aimais. Pas un surhomme mais un détective inspiré, un homme juste… et doté d’un caractère bougon. 5ème époque : Rodrigue & De Groot On oublie « Les Lutins diaboliques », recueil de courts récits issus de diverses époques dont l’intérêt est plus qu’aléatoire pour parler de ce qui, à mes yeux, constitue la plus mauvaise période de la série. Clifton n’y est plus que l’ombre de lui-même. La cure de jeunisme ne lui convient absolument pas. Les anciens lecteurs n’y trouvent pas leur compte tandis que les jeunes n’accrochent que moyennement à ce personnage d’un autre temps. C’est un peu comme si on avait voulu faire jouer au club des 5 un remake de Game of Thrones. Clifton n’est plus dans son époque, il n’est plus à sa place. A la limite, il devient presque un personnage secondaire de ses propres aventures. « Jade » et « Lune Noire » offrent des récits plus modernes mais tellement creux ! « Elémentaire, mon cher Clifton » est un peu plus original mais reste bien en deçà des débuts de la série. Michel Rodrigue (dont le trait est vraiment proche de celui de Turk) continuera l’aventure seul le temps d’un album sans grand intérêt à nouveau (« Balade irlandaise »). L’intrigue est extrêmement prévisible tandis que l’humour tombe le plus souvent à plat. Avec cet album j’ai réellement pensé que Clifton était mort et enterré. Trop démodé, trop « déjà-vu », ce genre de détective ne pouvait plus plaire qu’à de vieux cons nostalgiques… Et je me demande dans quelle mesure les éditions du Lombard n’ont pas suivi le même cheminement dans leurs cogitations. 6ème époque : Zidrou et Turk Car depuis deux albums, la série connait un renouveau. Enfin, renouveau… Il serait plus juste de parler d’un retour aux sources. Tout d’abord, la série salue le retour de Turk aux crayons. Le trait est devenu un peu moins fin qu’à la grande époque mais l’artiste possède toujours cet art de la caricature expressive. C’est celui qui, pour moi, a le mieux fait parler le visage de Clifton. Le retrouver au dessin est donc un réel plaisir. Mais que vient faire Zidrou dans cette aventure ? C’est vraiment la question que je me suis posé dans un premier temps. Le gars multiplie les scénarios et j’avais peur qu’il ne consacre à Clifton trop peu de temps que pour le faire renaître. Après deux tomes, je me mets à croire au miracle. Tout d’abord, les auteurs ont eu l’intelligence de replacer Clifton dans l’Angleterre des années ’60. En jouant sur la corde de la nostalgie, les auteurs ont ainsi la possibilité d’exploiter une période des plus intéressantes pour le personnage mais aussi de séduire le public des débuts, les gamins boutonneux des années ’70 devenus vieux cons des années 2010 (et je sais de quoi je parle ! J’en fais partie). Par ailleurs, les scénarios font montre d’une originalité que l’on n’avait plus vue depuis longtemps dans les pérégrinations du détective. « Les Gauchers contrariés » pèche encore un peu au niveau des dialogues. Mais les réparties fusent comme au bon vieux temps dans le tout frais, tout beau, tout propre « Just married » Un album digne de la grande époque avec des personnages secondaires solides, des références à la caricature de culture anglaise telle que nous aimons la véhiculer de ce côté de la Manche, de l’action et de l’humour. Il y a encore des axes d’amélioration tangibles (à commencer par un adversaire un peu moins irritant) mais je pense que les deux auteurs sont sur la bonne voie. En tous les cas, je suis vraiment reparti pour un tour (en MG). Long live, sir Harold Wilberforce Clifton, puisse ce héron mélomane m’accompagner dans mon lent retour à la sénilité. Comme quoi, c’est avec les vieilles casseroles que l’on réussit le mieux les vieilles recettes. Voilà, voilà, voilà… Pour moi la série est culte mais l’inégalité des périodes et son échelonnement dans le temps font que certains albums figurent dans mon panthéon tandis que d’autres ne sortiront sans doute plus jamais de la bibliothèque (sinon pour caler un meuble). Objectivement, ma note devrait être de 3/5 pour l’ensemble de la série mais voilà, je suis tout sauf objectif quand on me parle de Clifton. Na !

21/01/2009 (MAJ le 29/08/2017) (modifier)