Red Road

Note: 3.56/5
(3.56/5 pour 9 avis)

1994 Prix Max et Moritz de la meilleure publication de bande dessinée importée. Derib nous fait part de sa connaissance et de sa passion pour les Amérindiens. Red Road est la suite directe de « Celui qui est né deux fois ».


Auteurs suisses Indiens d'amérique du nord Sioux et Cheyennes [USA] - Middle West

L’histoire contemporaine d'un jeune indien qui à la suite d'un drame familial va découvrir ses origines ancestrales via un voyage initiatique. Amos quitte sa réserve et découvre les aspects nuancés des Etats-Unis ainsi que de la culture indienne grâce à une mystérieuse présence. Amos assume et retrouve ses racines.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Juin 1993
Statut histoire Série terminée 4 tomes parus

Couverture de la série Red Road © Le Lombard 1993
Les notes
Note: 3.56/5
(3.56/5 pour 9 avis)
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06/12/2005 | Gros Robert
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L'avatar du posteur Agecanonix

Etrangement, moi qui suis fan de Derib et de ses séries indiennes, j'ai découvert celle-ci assez tard, en tout cas pas en 1988, date où il l'entreprend après Celui qui est né deux fois, prépubliée dans le journal Tintin. Si j'ai aimé très tôt Derib avec d'abord Buddy Longway, c'est parce qu'il a montré une autre image de l'homme rouge ; sa démonstration d'humanisme est délivrée avec intelligence par les Indiens. D'un seul coup, Derib ôtait le masque de l'Indien sauvage et sanguinaire colporté par une imagerie d'Epinal peu flatteuse, rendant hommage à sa grande sagesse, à son expérience mystique, à l'harmonie qu'il entretient avec la nature, à son combat légitime contre l'avidité de l'homme blanc, et à sa souffrance résultant de son injuste dépossession par un gouvernement qui n'a pas su ou voulu le comprendre et l'accepter. J'ai retrouvé tout ça dans Celui qui est né deux fois ainsi que dans son prolongement contemporain "Red Road", seconde époque et suite directe de ce récit, située 150 ans après. Ici, l'expansionnisme des Blancs a scellé le destin des Indiens ; refoulés dans des réserves en forme de bidonvilles, amputés de leurs vastes territoires et de leurs moyens de subsistance, ils végètent et meurent une seconde fois. Au 20ème siècle, un monde neuf a émergé sur les cendres de l'ancien, l'Amérique moderne a peu tendu la main aux Indiens contemporains, ils ont juste été bons à servir le pays pendant la guerre, à pratiquer des travaux pénibles ou à construire les gratte-ciels de New York car ils ignorent le vertige. La fracture sociale est donc énorme, plus que pour le Noir ou l'Asiatique dans un pays qui a toujours méprisé les ethnies tout en les utilisant. La violence, le racisme, l'alcoolisme, le chômage et la précarité touchent l'Indien des réserves, et d'ailleurs, le tome 1 s'ouvre sur une réalité dans laquelle se débat Amos le jeune héros de cette histoire ; l'album offre des premières pages laissant voir la misère de la réserve de Pine Ridge qui est le lot de beaucoup de réserves, et où l'Indien ne connait que le désespoir et le mépris des Blancs dès qu'il en sort. Mais grâce à l'héritage précieux de ses ancêtres qu'il ignorait et qu'il découvre, Amos peut faire renaitre l'esprit indien, c'est ce que démontre Derib à travers ces 4 albums qui forment un parcours initiatique pour son héros : dans le tome 1, le grand père raconte l'héritage du peuple Sioux et le bison, animal qui en est la sève nourricière. Dans le tome 2, c'est l'apprentissage de la vie avec le monde des rodeos ; dans le tome 3, c'est l'errance, Amos se cherche en découvrant des Indiens rebelles au gouvernement ; dans le tome 4, il retrouve son identité à travers la révélation qui le présente comme l'héritier spirituel de Celui qui est né deux fois.. Voici donc une très belle Bd, d'une très grande valeur humaine, un récit fort avec un peu de naïveté qu'on ne trouvait pas dans la première époque, mais qui a le mérite de montrer avec acuité les conditions de vie des Indiens en réserves, et comment ils sont perçus encore à notre époque par ces gros lourdauds d'Américains cowboys ou de petites villes de bouseux. Le dessin est toujours aussi somptueux, avec des mises en page aux grandes cases, aux cadrages éclatés et des pages grandioses (double pages des bisons, du Mont Rushmore, du cercle cérémoniel de Wounded Knee...). Un récit prenant à travers lequel Amos prend conscience de ses talents de guérisseur, de la noblesse de sa race et du rôle qu'il peut jouer ; il y a donc de l'espoir au bout de la route rouge.

25/06/2015 (modifier)