Le Combat d'Henry Fleming

Note: 4.33/5
(4.33/5 pour 3 avis)

Adaptation du roman qui fonda la littérature américaine moderne, The Red badge of Courage, écrit en 1894 par Stephen Crane.


1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune Adaptations de romans en BD Aire Libre La Guerre de Sécession [USA] - Dixie, le Sud-Est des USA

« Et vous ? Quel genre de types êtes-vous pour foncer têtes baissées vers votre propre tombeau ? Des surhommes magnifiques ou des abrutis inconscients ? » Printemps 1863. Sur les rives du Rappahanock, État de Virginie, 190 000 soldats américains s'affrontent dans le chaos mortifère d'une guerre civile fratricide. Les uns portent l'uniforme gris, les autres sont en uniforme bleu. Parmi ces derniers, le jeune Henry Fleming monte sur la ligne de front pour la première fois. Désormais, la frontière entre la vie et la mort ne tient qu'à la trajectoire d'une balle de fusil ou d'un éclat d'obus. Dans la foule anonyme d'hommes transformés en guerriers d'occasion, Henry sait-il vraiment pour quelle raison il doit se battre ? Contre qui ? Pour qui ? Et le premier de ses combats n‘est-il pas celui à mener contre son propre ennemi intérieur ? Entre le son du canon et le chant du colibri, entre la folie des hommes et la sagesse de la nature, entre l'exaltation et la terreur, entre le courage et la lâcheté, Henry doit trouver sa place sur l'échiquier.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 09 Février 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Combat d'Henry Fleming © Dupuis 2024
Les notes
Note: 4.33/5
(4.33/5 pour 3 avis)
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12/02/2024 | Ro
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L'avatar du posteur bamiléké

A la suite du bel avis, adls, de Ro et sur le nom de Steve Cuzor qui m'avait épaté avec son Cinq branches de coton noir je n'ai pas hésité à m'offrir le très bel album que propose Air Libre. Je ne regrette ni sa lecture ni sa possession. Je ne connais pas le roman de Stephen Crane et je pense que cela n'a pas beaucoup d'importance. En effet, à moins d'être un spécialiste de littérature américaine en v.o difficile de dire pourquoi ce roman a fait date. Toutefois l'adaptation de Steve Cuzor se suffit à elle-même tant elle est de qualité dans ses choix de mise en scène, de découpages, de textes et d'images. Cuzor réussit l'équilibre parfait entre une introspection psychologique complexe et une explosion d'actions dont on comprend mal l'intérêt stratégique. En effet Cuzor place le lecteur au niveau de compréhension et dans le champ visuel du simple fantassin. Tout est impersonnel et indéfini : des sous-bois, une rivière, une butte avec une barricade tout est noyé dans une fumée qui rend l'orientation impossible. Les uniformes deviennent identiques ainsi que la folie meurtrière qui saisit chacun au moment de l'assaut. Pourquoi faire ? se demande l'homme Fleming dans ses moments de lucidité. Lucidité ou lâcheté ? Folie ou héroïsme c'est toute la complexité de l'intériorité du soldat/homme Fleming. Ces sentiments contradictoires qu'expose très bien l'auteur montre toute la complexité de l'œuvre de Crane. Une lecture moderne comme la mienne, souligne l'absurdité des ordres, des assauts meurtriers ou des avancées vaines. C'est une compréhension pacifiste issue de plus d'un siècle de massacres inutiles. Est-ce la vision de l'œuvre originale ? Je n'en suis pas sûr car le soldat Fleming surmonte ses peurs initiales pour aller au plus fort du danger en entrainant ses camarades vers la mort (ou la gloire dérisoire). Cuzor travaille très bien sur cette ambiguïté fondamentale du comportement de Fleming dans sa bataille. Le graphisme est à la hauteur de la mise en scène. L'auteur nous propose de l'excellence dans son style réaliste. Tous les visages sont finement travaillés dans l'étendue des expressions que peut produire le cerveau de l'homme. Aucun homme n'est négligé par l'auteur, même si il se trouve en arrière-plan la richesse de son apparence renvoie à celle de son irréductible humanité. En nous proposant une scène qui rappelle fortement "Le dormeur du val" (p68) Cuzor appuie tristement sur l'universalité du mal. Avec des uniformes différents, les scènes décrites pourraient avoir lieu encore aujourd'hui. Une très belle lecture où le fond et la forme sont d'une rare qualité. Je n'ai aucun souci pour ma notation.

17/03/2024 (modifier)