Big Kids

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

Sortie d'adolescence fantasmée.


Adolescence Atrabile Auteurs canadiens Drawn & Quarterly Gays et lesbiennes Séries avec un unique avis

Ça commence presque comme du Perec : des souvenirs qui remontent, une énumération de moments, de gens, de sensations… puis ça vire du côté de Larry Clark quand celui-ci dresse par ses photos le portrait d’une certaine jeunesse. Pour l’adolescent héros de Big Kids, du jour en lendemain, un changement s’opère (on n’en dira pas plus) et soudainement, le goût a une forme, la musique quatre pattes qui vous court sur l’épaule, et plus rien ne ressemble au monde d’hier. Dans ce récit, que l’on pourra lire comme une métaphore de l’adolescence, DeForge réussit à parler avec une acuité rare de cette étrange période où tout se bouscule, cette période qui ressemble à un perpétuel combat et où les victoires sont trop rares, cette période pleine de choix qu’il faut faire et de contradictions qu’il faut démêler. Sous ses dehors un peu trash et expérimentaux, Big Kids est pourtant un formidable hymne à la vie, à l’immanence des choses, à leur beauté, pour autant que l’on se donne la peine de les regarder comme il faut. Big Kids est le nouveau petit miracle d’ingéniosité signé Michael DeForge, l’une des voix les plus singulières et remarquées de la bande dessinée nord-américaine contemporaine.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 12 Février 2017
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Big Kids © Atrabile 2017
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)
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11/01/2022 | Noirdésir
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C’est la première fois que je lis un album de cet auteur canadien, dont les couvertures me faisaient de l’œil depuis pas mal de temps. J’avais acheté cet album « pour voir », attiré par ce petit format et ce très beau travail éditorial (comme souvent !) d’Atrabile : petit format avec couverture très épaisse. Des allures extérieures de carnet intime, ce que cet album pourrait tout à fait être, en y réfléchissant, puisqu’il nous dépeint les questionnements et certaines découvertes (sur lui, sur les personnes de son entourage) d’un grand adolescent (l’auteur ?), renfermé, un peu souffre-douleur de ses camarades, homosexuel mal dans sa peau, avec une famille assez distante (et un oncle carrément con). Très peu de textes dans des phylactères, mais généralement des commentaires du héros en off, en dessus ou au milieu des dessins. L’entrée en matière peut ressembler à du Pérec trash ; « Quelques trucs d’avant dont je me souviens : Jared qui me tire les cheveux pour me faire comprendre qu’il va jouir » accompagnant un dessin représentant le héros faisant une fellation au-dit Jared, voilà la première case !). Mais ce n’est pas du tout le cas. Bien au contraire, le récit bascule dès le premier tiers dans quelque chose d’éminemment poétique, métaphorique, les personnages apparaissant sous forme d’arbres ou de brindilles (la distinction ayant une signification). J’ai trouvé ce traitement de l’histoire intéressant, intelligent et original. Et la colorisation, très tranchée, ajoute à l’atmosphère de rêverie qui habille l’intrigue. Chouette découverte en tout cas, d’un auteur au style très personnel (à feuilleter avant d’investir), mais qui m’a convaincu d’aller jeter plus qu’un œil sur ses autres productions. Note réelle 3,5/5.

11/01/2022 (modifier)