Alice Guy

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)

Le parcours exceptionnel de la première réalisatrice de l’histoire du cinéma.


Biographies Cinéma École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg Ecritures La BD au féminin Le cinéma muet Pionnières

En 1895, à Lyon, les frères Lumière inventent le cinématographe. Moins d’un an plus tard, à Paris, Alice Guy, 23 ans, réalise La Fée aux choux pour Léon Gaumont. Première réalisatrice de l’histoire du cinéma, elle dirigera plus de 300 films en France. En 1907, elle part conquérir l’Amérique, laissant les Films Gaumont aux mains de son assistant Louis Feuillade. Première femme à créer sa propre maison de production, elle construit un studio dans le New Jersey et fait fortune. Mais un mariage malheureux lui fait tout perdre. Femme libre et indépendante, témoin de la naissance du monde moderne, elle aura côtoyé les pionniers de l’époque : Gustave Eiffel, Louis et Auguste Lumière, ou encore Georges Méliès, Charlie Chaplin et Buster Keaton. Elle meurt en 1969, avec la légion d’honneur, mais sans avoir revu aucun de ses films – perdus et oubliés. C’est en 2011, à New York, que Martin Scorsese redonne un coup de projecteur sur cette femme exceptionnelle.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 22 Septembre 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Alice Guy © Casterman 2021
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

04/10/2021 | Mac Arthur
Modifier


L'avatar du posteur Noirdésir

La narration est sans surprise, très classique – sans doute y manque-t-il quelques envolées, des pointes d’humour, je ne sais quoi susceptible de dynamiser quelque peu la lecture. Voilà pour les quelques bémols. Mais sinon, j’ai trouvé cette lecture très intéressante. La narration est certes sans surprise, mais elle est très fluide, comme le dessin de Catel. Et surtout le sujet est intéressant et j’y ai découvert le rôle joué par cette femme, oubliée comme d’autres par les livres d’histoires et les retombées financières, alors qu’elle a pourtant joué un rôle clé dans le développement du cinéma. Au travers de sa biographie, ce sont les balbutiements de l’industrie cinématographique qu’il nous est donné de découvrir. Les progrès techniques, les tâtonnements, les luttes à propos des brevets (et les très nombreux appareils qui un temps ont postuler à devenir le vecteur de ce nouveau médium, les évènements qui auraient pu tout faire « capoter » (l’incendie du bazar de l’hôtel de ville), etc. Ces aspects à eux seuls méritent la lecture. Mais la personnalité d’Alice Guy, femme au caractère bien trempée, est tout aussi intéressante. A ce jour deux albums de BD ont été publiés autour de cette « pionnière », et celui-ci est plus qu’une honnête biographie, il est un hommage certes tardif, mais sincère à l’œuvre d’une femme dépossédée de ses créations (elle n’a jamais revu tous les petits films tournés) et injustement « effacée » de la mémoire collective, voire des encyclopédies sur le cinéma (voir l’anecdote sur son absence dans les livres de Sadoul, ses films étant attribués à un autre – un homme…). Note réelle 3,5/5.

30/09/2023 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

J'ai préféré cette biographie à celle de Joséphine Baker (des mêmes auteur(e)s) que j'avais lue il y a peu. Je ne connaissais pas Alice Guy avant la lecture de la série et je remercie les auteurs d'avoir comblé cette lacune. Il faut dire que le parcours de madame Guy me parle particulièrement puisque j'ai travaillé dans la métallurgie où les femmes étaient rares. J'ai donc conscience des difficultés qu'elle a dû surmonter pour prouver sa valeur sans relâche tout en restant une épouse et une maman. Ce n'est toujours pas facile aujourd'hui, alors il y a cent ans !! J'ai été conquis par le rythme du récit. Si la jeunesse d'Alice ne m'a pas passionné, il en fut tout autrement dès qu'elle a collaboré avec Léon Gaumont. Le choix des auteur(e)s de présenter l'ascension de la jeune femme à travers des tableaux rapides de quelques pages rend la narration très nerveuse et dynamique. Cela correspond un peu à ces premiers films entrecoupés de plans fixes où l'on pouvait lire le texte. Chaque tableau apporte son lot de nouveautés tant dans la progression du cinéma que celle d'Alice jusqu'à son manque de perspicacité dans l'avenir d'Hollywood. Je n'ai pas trouvé de temps mort dans la narration et le scénario a su se concentrer sur la partie cinéma de la vie de madame Guy. La partie fiction de la biographie est bien travaillée et renforce la crédibilité de l'ensemble. On peut lire en fin d'ouvrage des notices biographiques très intéressantes pour qui aime le cinéma tant les noms évoqués sont prestigieux. Il y a même quelques allusions sur le côté de séduction qu'une jeune femme ne pouvait pas ne pas faire naître dans les yeux de ces hommes plus âgés. Le dessin de Catel va à l'essentiel dans la dynamique des expressions d'Alice et de ses interlocuteurs. Le trait est précis, vif et accompagne bien la fluidité de la narration. J'ai beaucoup aimé certains passages textuels qui posent d'excellentes questions sur la limite fiction/réalité de l'image et son impact sur le public. Une excellente lecture qui rend hommage à une femme longtemps oubliée très injustement.

15/08/2023 (modifier)
Par Canarde
Note: 3/5
L'avatar du posteur Canarde

Nouvel opus de la longue série des portraits féminins et souvent féministes entamée par Catel souvent accompagnée de Bocquet. Le fond est très intéressant, c'est l'histoire d'une fille travailleuse et honnête qui se trouve employée successivement dans plusieurs entreprises de développement photographique parisienne, dans les années 1890. Grâce à sa vivacité d'esprit, à la bienveillance de ses patrons et sans doute à l'intérêt qu'elle porte à ces nouvelles techniques, elle se rend indispensable et prend part aux décisions stratégiques. Elle devient le bras droit de Léon Gaumont, qui décide avec elle de s'investir dans la production cinématographique, après bien des péripéties, techniques comme juridiques. Elle aura une carrière de réalisatrice jusqu’en Amérique, et du succès par son approche toujours à l'avant-garde, cherchant le "naturel" à l'écran, alors qu'on imitait le théatre, assemblant le son et l'image, quand personne n'osait le faire, insistant pour faire figurer des noirs dans son casting, alors que tous ces collègues le lui déconseillaient, bref, une entrepreneuse inventive et maligne. Et tout cela presque effacé aujourd'hui par les premiers historiens du cinéma, incapables d'imaginer qu'une femme ait pu tourner ses films et changeant son nom pour celui d'un homme ! Ses films détruits, seuls quelques photographies et témoignages subsistent encore. Merci d'avoir retracé ce parcours ! Cependant la forme de l'album reste toujours la même, efficace, certes, comme un nouveau chapitre d'une grande œuvre de salut public, mais en même temps on se fatigue un peu du dispositif... Par ailleurs la couverture est un peu ratée : blanc sale avec une dominante de violet, personnage coupé à la taille, qui donne un côté vieux jeu, plutôt que rétro. Peut-être que dans un cadre ovale, ça aurait donné le change... Quels lecteurs ingrats nous faisons...

11/12/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Ce n’est pas la première biographie que je lis de ce duo d’auteurs mais c’est avec un plaisir renouvelé que j’effectue ces lectures. José-Louis Bocquet et Catel Muller nous invitent ici à partager la destinée d’Alice Guy, personnage peu connu du grand public et pourtant une des actrices les plus déterminantes dans la naissance et la popularisation du cinéma. Et c’est toute une époque et toute une épopée que font revivre les deux auteurs au travers de la vie d’Alice ! Rien à faire, je suis directement tombé sous le charme. Pourtant la structure du récit est des plus conventionnelles : nous suivons Alice depuis sa naissance jusqu’à sa mort dans un ordre chronologique rigoureux. Le récit se découpe en de multiples chapitres de longueur variable (d’une page à une bonne trentaine de pages) et à la fin de chacun d’eux, je n’ai pu m’empêcher de me dire « allez, encore un et puis je fais une pause ». Résultat : un gros pavé lu en quelques heures sans que pause, il n’y ait eu. Ce récit est tellement vivant, tellement léger et instructif à la fois, drôle à l’occasion, incitant à réflexion à d’autres moments que je ressors de ma lecture amusé, touché et instruit. Que demander de plus ? Une bien belle évocation donc, d’une réalisatrice haute en couleurs (j’ai beaucoup aimé le discours féministe que, au travers de ses œuvres, elle faisait passer avec humour et sans avoir l’air d’y toucher) autant que des débuts du cinéma (j’ai été étonné par la multitude d’appareils lancés aux origines de l’image en mouvement).

04/10/2021 (modifier)