Longue Vie

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)

Une saga d'heroïc fantasy hors-normes. (voir Le Fils du roi et Mater qui développent le même univers)


BD muette L'oeil unique Les petits éditeurs pendant la pandémie

Il était une fois un monde pacifique, où les hommes vivaient en harmonie avec la nature et les bêtes. Un beau jour, une armada d'êtres mi-hommes mi-bêtes débarque, pillant tout sur son passage. Un berger, dont la famille a été massacrée, réclame vengeance. C'est pour lui le début d'un long périple où l'attendent des ennemis toujours plus monstrueux et des périls toujours plus effroyables... Dans cette saga se déploie un style foisonnant qui peut se rapprocher de celui de Sophie Guerrive ou de Christophe Hittinger. Longue vie : œuvre atypique, composée de dessins réalisés au rotring. Singulière, précise, chaotique, chaque page est une géographie où voyage le regard du lecteur.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 28 Mai 2020
Statut histoire Série terminée 1 tome paru

Couverture de la série Longue Vie © Le Tripode 2020
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)
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20/02/2021 | Blue boy
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Par grogro
Note: 3/5
L'avatar du posteur grogro

Devant l'insistance de mon libraire, j'ai fini par empoigner une BD de Stanislas Moussé, Longue vie en l’occurrence. Et j'avoue que sans être un coup de cœur, j'ai passé un très bon moment de lecture. D'abord, son approche est assez originale; Je ne vois guère que Ibn Al Rabin, Sophie Guerrive ou Christopher Hittinger pour proposer des choses similaires, qui cassent un peu les codes narratifs, et pour cause : ce sont des BD muettes. La nécessité de combler ce qui n'est pas dit s'impose donc. Et dans le cas de Stanislas, ça fonctionne très bien. Il y a ce dessin très simple mais éminemment sympathique, et qui plus est bourré de détails qui fait qu'on s'attarde longuement sur chaque page. Non parce que c'est difficile à comprendre, mais bien parce qu'il y a toute une vie qui s'ébat. Narrativement, c'est aisé à suivre. Comme le souligne justement mes prédécesseurs BlueBoy et Noirdésir (mais c'est vraiment ça qui vient à l'esprit), un peu à la manière d'un album de Où est Charlie, on passe d'une scène à l'autre par le biais d'un petit personnage qu'il faut trouver dans le dessin, là au coin, noyé dans le tumulte d'un combat ou le couvert forestier. L'héraldique a également son importance puisqu'elle évolue au fil de l'histoire. Mais tout cela marche très bien, encore une fois, sans qu'il soit nécessaire de se triturer le cerveau. Bref ! C'est très fun. On passe un chouette moment en compagnie de ces petits bonhommes faussement enfantins munie d'un seul et gros œil (ça charcle à tout va dans une ambiance bien médiévale), et on a envie de savoir où tout cela va nous conduire. En définitive, il s'agit d'une lecture légère et divertissante, mais pas routinière, qui change un peu des standards.

29/11/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Il y a un côté impressionnant dans le dessin de Stanislas Moussé, qui dépasse largement ses qualités intrinsèques. En effet, il réussit le pari d’allier la simplicité extrême du trait (qui a parfois l’allure de dessin d’enfant, avec des personnages mêlant traits humains et animaux, des traits du visage parfois effacés, jamais développés, et un personnage principal n’ayant qu’un oeil) et complexité tout aussi extrême de certaines planches, foisonnantes, pleines de détails, à la façon d’un « Mais où est Charlie » moins ludique. Dessin réalisé au Rotring, minutieux, précis, et cet assemblage de minimalismes aboutit pourtant à quelque chose d’exubérant. On peut survoler certaines planches et suivre de façon linéaire l’intrigue – en elle-même assez basique. Mais il faut prendre le temps de s’attarder sur les détails, qui donnent à l’ensemble des airs de carte secrète, de codex magnifique. L’histoire est plutôt linéaire et simple ai-je dit. Nous suivons un personnage cherchant à survivre dans un univers indéfini dans le temps et l’espace, même si certains indices, navires, habits, armement, le rattachent à un long moyen-âge, fantasmé et faisant fi d’un trop grand réalisme. Chevaliers, vikings, attaques de château, omniprésence d’une nature en partie seulement maîtrisée et canalisée – la forêt est partout, le médiéval fantastique de Moussé use là aussi d’un imaginaire d’enfant. Mais ce n’est pas une œuvre pour le jeune public. La violence est, elle aussi, omniprésente, ça massacre, le sang gicle, les têtes tombent, et l’on peut aussi voir cette histoire comme une succession de combats, un struggle for life « naturel » - ce parallèle entre homme et nature trouvant en fin d’album sa justification.

16/03/2022 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
L'avatar du posteur Blue boy

Pour cet album hors-normes, le choix formel d’une case par page apparenterait plutôt l’ouvrage à un « beau livre de bande dessinée », car pour l’éditeur Le Tripode, qui n’est pas vraiment spécialisé dans le neuvième art mais est davantage axé sur les romans, le but est de surprendre en s’appuyant sur trois piliers : « les littératures, les arts, les ovnis ». Preuve s’il en fallait encore que la bande dessinée ne se cantonne plus au modèle franco-belge traditionnel mais continue à élargir son champ d’expression, qui semble infini. Pour ce qui est de surprendre, on peut affirmer que le but est atteint, et c’est aussi ce que l’on aime en découvrant de nouveaux auteurs. Dans cet ouvrage totalement muet et lunaire, on va voir évoluer des petits bonhommes tout ronds dans un univers de fantasy médiévale ultra-poétique. Et des petits bonhommes, il y en a partout, souvent regroupés en armées combattantes, car c’est la constante du récit où il est question de conquêtes et de batailles, de victoires et de défaites. Les épées tranchent dans le lard et le sang gicle en pagaille, mais le trait rond à la Mordillo éloigne toute l’horreur que pourrait susciter une description réaliste de ces guerres. L’histoire, quant à elle, est irracontable, d’autant qu’il est souvent assez difficile d’identifier les personnages principaux, qui se reconnaissent plus à leur blason qu’à leur frimousses minimalistes, et dont aucun n’apparaît jamais en plan rapproché. Ce qui est dommage car la fluidité du récit en souffre quelque peu, et surtout cela peut produire une certaine lassitude. A moins peut-être d’être particulièrement observateur, et ceux qui ont passé des heures de leur tendre enfance à s’user les yeux sur « Où est Charlie » y trouveront leur compte à coup sûr. L’humour est bien présent même si on sourit plus qu’on ne rit, on est parfois interloqué devant la prouesse graphique, car il faut bien le dire, « Longue vie » tient plus de l’exercice de style que d’une réelle volonté narrative. Difficile de ne pas s’extasier devant ces motifs répétés à l’infini à travers les pages, des motifs d’arbres, de buissons, de rochers, de plantes, créant un environnement bucolique très original dont on n’est pas vraiment sûr de vouloir en faire partie, étant donné la menace constante de guerriers en embuscade, si avenant soit le paysage, car c’est bien connu, le barbare adore se vautrer dans les champs de marguerites. Le roman chevaleresque est ainsi mis au goût du jour, avec quelques tranches de romance où la femme apparaît plus dominatrice que l’homme, où l’on ne voit pas la queue d’un dragon mais plutôt d’horrrrrrribles monstres qui tiennent plus de la larve géante venue d’outre-espace. Perché dans ses montagnes (quand il ne fait pas de la BD, il est berger), Stanislas Moussé reste aussi perché sur sa planche à dessin. A défaut d’apprécier pleinement, une curiosité unique en son genre à découvrir.

20/02/2021 (modifier)