Americana

Note: 4/5
(4/5 pour 6 avis)

Un périple initiatique pour questionner le rêve américain.


Autobiographie Casterman Consensus sur une BD Marche et randonnée Nobrow Editions One-shots, le best-of Sport [USA] - Côte Ouest

Un Irlandais bercé pendant toute sa jeunesse du rêve américain, se voit pour la énième fois expulsé des USA pour non renouvellement de sa carte de séjour. Il va s’imposer, en guise d’exorcisme, le Pacific Crest Trail, un trail de 4 240 km qui coure de la frontière mexicaine à la frontière canadienne, du désert à la glace en traversant 25 parc nationaux. La manière la plus radicale de se confronter à soi et à l’Amérique loin de tous les fantasmes et les rêves d’enfance. Une sorte d’Into the Wild « secure », mais qui n’en égratigne pas moins tous les paradoxes et les zones d’ombre de la société américaine contemporaine avant l’élection de Trump.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 19 Août 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Americana © Casterman 2020
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 6 avis)
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11/11/2020 | Mac Arthur
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Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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J’ai moi aussi adoré suivre Luke Healy pendant son périple de plus de 4000 kilomètres. J’ai été fasciné par le quotidien d’un tel exploit : le ravitaillement, notamment en eau (pas toujours très propre), la nécessité de reprendre du poids constamment, les nuits mouvementées (il y a des ours !), les blessures d’usure, et surtout ce combat mental permanent. J’ai aimé les relations qui se forment et se défont au fil des chemins et des rencontres. J’ai aimé ce réseau qui se met en place tout au long du trail, les locaux qui proposent à manger, qui offrent des services de taxi gratuits pour aller se ravitailler en villes, les caches de bouffe. Le dessin est élégant mais minimaliste, et je regrette ne pas avoir pu admirer les paysages décrits comme « magnifiques » et « époustouflants » par l’auteur. Dommage de ne pas avoir inclus plus de photos (il y a en a juste 2, en début et en fin d’album), en filigrane comme dans Le Photographe, ou même en fin d’album sous forme de petit documentaire photo. En tout cas je ressors ravi de ma (longue) lecture, la tête remplie de souvenirs et d’admiration pour ces sportifs exceptionnels.

23/09/2021 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Un carnet de route, un parcours initiatique et un exploit sportif (surtout quand on n’y est pas vraiment préparé !) : Americana est tout cela à la fois. Ce récit au jour le jour évolue au gré de l’humeur de notre marcheur qui en bave et râle beaucoup. Il faut dire qu’il n’a visiblement pas eu la préparation physique indispensable avant de s’embarquer dans une telle aventure. Son humeur (souvent mauvaise ou sombre), ses moments de petits bonheurs partagés avec les autres marcheurs rencontrés, perdus de vue puis retrouvés, et son autodérision nous rendent ce marcheur irlandais fort sympathique. On a un peu pitié de lui, mais on l’envie aussi beaucoup d’avoir osé se lancer dans le célèbre PCT. Mais les miles défilent, et le rythme est pris. On marche avec lui et on découvre tous les trucs du PCT (les réserves d’eau cachées, les surnoms que les marcheurs se donnent entre eux, les astuces du marcheur confirmé). Cette micro-société constituée d’hommes et de femmes, plus ou moins sportifs (mais plutôt plus que moins !) qui sont tous sur le même chemin au même moment offre un panorama intéressant de la société américaine. Alternance de récits sous forme de textes et de bande dessinée, ce récit divisé en six chapitres nous emmène ailleurs. On marche… On monte… On descend… On remonte… Le dessin est d’une extrême sobriété. En bichromie, petites cases, il est d’une extrême simplicité. On pourrait regretter de ne pas découvrir, par le dessin, les paysages traversés que l’on imagine incroyables, variés, inconnus. En fait, le lecteur est concentré sur le récit du marcheur, sur l’effort et la résolution des problèmes du quotidien : la météo, les douleurs, la soif, le matériel, la tente qui s’effondre tous les soirs, et surtout les relations avec les autres marcheurs. Récit introspectif et initiatique, immersif, entre le rêve et la réflexion, les doutes et la fierté d’avancer de centaines de miles en centaines de miles. A recommander chaudement aux amateurs de récits personnels et d’aventure et à ceux qui rêvent d’Amérique !!

01/07/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Avec ce récit autobiographique d’une expérience hors du commun, l’auteur, Luke Healy, nous invite à partager ses réflexions sur sa vie, son rêve américain, le sens de la vie et le sens des priorités. Et quelle activité se prête mieux à l’introspection que la marche ? Bon, ici, l’auteur va pouvoir introspecter tout à son aise puisque le trail dans lequel il se lance ne fait jamais que… 4280 km. Un truc de malade, fascinant par sa démesure et l’antagonisme qui existe entre une activité douce et calme (la marche) et un exploit sportif édifiant (se farcir autant de kilomètres sur une courte période, le but du jeu étant de partir au printemps et de finir avant l’hiver). Ce livre va nous permettre, outre de partager les réflexions de Luke Healy, de mieux appréhender les spécificités d’une pareille aventure. Veiller à son propre approvisionnement, dormir à la belle étoile, souffrir du froid ou de la chaleur, surveiller les petits bobos qui peuvent rapidement prendre vilaine tournure tout en acceptant la souffrance physique inévitable pour ce type d’aventure, soigner son équipement… Tous ces aspects techniques pourraient plomber la narration, et pourtant ces données nous sont livrées avec naturel et fluidité, l’air de rien, au détour d’une anecdote amusante. Un des gros points forts de cet album vient justement de l’humour de son auteur, qui aborde les difficultés avec recul et autodérision. Le gars parait éminemment sympathique et « normal », abordable, ouvert (tout en aimant la solitude). Le genre de type avec lequel j’aurais envie de partager une bière, voire deux, tout en discutant de tout et de rien. Gros coup de chapeau au passage à Basile Béguerie qui s’est chargé de la traduction. Déjà en temps normal je trouve que le travail de traduction est important dans la réussite d’un livre mais quand, comme c’est le cas ici, l’essentiel de la narration prend la forme d’un récit proche du roman (on a souvent droit à des pages entières de textes sans le moindre dessin, donc si vous n’aimez pas lire, oubliez cet album), son rôle devient déterminant. Et le fait que cette lecture est constamment restée légère et agréable doit autant aux talents de narrateur de Luke Healy qu’au talent de traducteur de Basile Béguerie (déjà traducteur de « In Waves », ceci dit en passant). Ce livre, c’est aussi un recueil de rencontres. Rencontres avec d’autres randonneurs plus ou moins bien préparés, rencontre avec les trails angels, des inconnus vivant le long du parcours et dont la porte reste ouverte pour accueillir ces furieux randonneurs, rencontre avec une Amérique peut-être plus authentique que l’image d’Epinal que l’on s’en fait. Une Amérique tantôt raciste et homophobe, tantôt généreuse et accueillante (et parfois les deux en même temps). J’ai dévoré le bouquin. D’abord parce que ce type de trail m’a toujours fasciné et attiré. Ensuite parce que ce récit est vraiment bien écrit et agréable à lire. Enfin parce qu’au travers de cette aventure, l’auteur nous permet de le découvrir, de découvrir une communauté de sportifs, de découvrir une autre Amérique… en définitive de découvrir un beau panel de personnages attachants ou marquant. Sans oublier les réflexions de l’auteur sur sa fascination pour l’Amérique et son besoin de faire ce trail pour s’en guérir et passer à autre chose. Un bien belle lecture, en somme.

11/11/2020 (modifier)