Family Life (J. Louis)

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

Entre chronique douce-amère d'un père de famille en perte de repères et journal de bord d'un auteur qui chercher à retrouver le goût d'écrire, une tranche de vie drôle et touchante qui dessine le portrait d'une famille du XXIe siècle.


Format à l’italienne Maternité / paternité Séries avec un unique avis

"Y a rien de plus bordélique que d'écrire un livre : on bosse toute la journée, on est mal payé, incompris, on doit gérer le quotidien tout en réfléchissant à s'en perforer le cerveau du matin au soir. C'est le drame pour la vie sociale. Laissez-moi vous raconter...". Ainsi commence cette chronique d'un trentenaire, jeune père de famille, qui n'arrive plus à exercer son métier (d'auteur de bande dessinée) après le décès d'un être proche. Les pages oscillent d'une chronique familiale humoristique à des thèmes plus noirs. L'auteur aborde des sujets aussi divers que les avantages et inconvénients de la drague sur les réseaux sociaux comparés à ceux de la vraie vie, la facilité (totalement injuste et injustifiée) avec laquelle les grands-parents arrivent à faire faire à peu près n'importe quoi à leurs petits-enfants (là où, évidemment, les parents rament pour obtenir le tiers du quart...) ou la difficulté de rassurer un enfant de 7 ans quand on doit l'amener à l'école juste après des attentats.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Août 2020
Statut histoire Strips - gags 1 tome paru

Couverture de la série Family Life (J. Louis) © Dupuis 2020
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)
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21/08/2020 | Ro
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Par Ro
Note: 4/5
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Jacques Louis, je l'ai découvert avec Le Chômeur et sa belle où il se mettait en scène avec humour et de manière presque trop honnête comme un glandeur vivant aux crochets de sa copine aveuglément amoureuse. En grande partie autobiographique et malgré un style graphique encore un peu hésitant, très inspiré des webcomics et des strip comics américains, c'était une BD souvent très drôle où l'auteur n'hésitait pas à se montrer sous un jour pas très glorieux. Family Life en est une sorte de suite puisqu'elle est également autobiographique et met forcément en scène le même couple. Sauf que la technique est mieux maîtrisée, que l'ensemble fait preuve d'une plus grande maturité et que les deux amoureux y sont devenus parents de deux enfants bien turbulents. Le graphisme de l'auteur a pas mal évolué depuis Le Chômeur et sa belle. Il est maintenant plus efficace, plus joli mais aussi plus sobre que son style d'avant. Il m'a beaucoup fait penser ici à celui de Zep avec sa mise en page sans case, dans des teintes monochromatiques, comme il a pu le faire dans des albums comme Découpé en tranches ou What a Wonderful World !. Le personnage que Jacques Louis se donne ressemble d'ailleurs pas mal à celui de Victor, cette série des débuts de Zep. Sur la forme, Family Life s'apparente à une série comique sur la vie parentale : les joies et petits malheurs du quotidien, la difficulté à gérer des enfants trop plein d'énergie, la perte de la vie de couple au profit d'un rôle permanent de papa et de maman, etc... Tout dans la forme va dans cette direction : un format à l'italienne adapté à une narration sous forme de strips ou d'histoires courtes, une série de gags sur certains thèmes de la vie de famille, beaucoup d'auto-dérision et de l'humour presque à chaque case. C'est plutôt drôle, même si pas forcément hilarant. Et je pense m'estimer heureux que mes enfants n'aient pas été aussi turbulents et envahissants que les siens. Et pourtant on réalise qu'une part plus sombre parsème l'album. Il y a les doutes du héros sur son métier d'auteur et sa perte d'inspiration. Il nous parle tout à coup d'un soir où il a dû accueillir ses parents en pleurs en bas de chez lui, laissant le lecteur dans l'inconnu car il n'explique pas pourquoi et passe immédiatement à autre chose. Puis on comprend peu à peu d'où vient sa peine, même si elle reste posée là comme un sujet un peu parasite qui vient un peu gâcher la joie des histoires mignonnes de papa et de maman qui nous amusaient jusque là. Ce n'est que sur les dernières pages que tout s'imbrique soudain et qu'on vient comprendre le réel intérêt de l'histoire qui servait d'introduction à l'album. Et on constate alors que cette BD n'était pas juste une suite de gags amusants et mignons, mais aussi un travail d'introspection et un hommage à un être aimé en même temps qu'une passerelle pour s'autoriser à accepter le bonheur apporté par ses enfants et sa famille. C'est assez touchant et bien construit.

21/08/2020 (modifier)