Seules à Berlin

Note: 3.89/5
(3.89/5 pour 9 avis)

Nicolas Juncker fait ici le portrait d’une très belle amitié, mais aussi celui d’une ville où tout est à reconstruire, à l’aube de la Guerre froide et des nouveaux bouleversements que va connaître l’Allemagne…


1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Allemagne Casterman Futurs immanquables Les prix lecteurs BDTheque 2020 Nazisme et Seconde Guerre Mondiale, vus par les Allemands One-shots, le best-of

Berlin, avril 1945. Ingrid est allemande et sort de plusieurs années d’enfer sous le régime nazi. Evgeniya est russe et vient d’arriver à Berlin avec l’armée soviétique pour authentifier les restes d’Hitler. La première est épuisée, apeurée par les « barbares » qu’elle voit débarquer chez elle, tandis que la seconde, débordante de vie et de sollicitude, est intriguée par cette femme avec qui elle doit cohabiter. Mais chacune tient un journal intime, ce qui permet au lecteur de suivre peu à peu la naissance d’une amitié en apparence impossible…

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 11 Mars 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Seules à Berlin © Casterman 2020
Les notes
Note: 3.89/5
(3.89/5 pour 9 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

04/06/2020 | Mac Arthur
Modifier


L'avatar du posteur carottebio

Au premier regard cette oeuvre peut paraître austère, dure à lire. En effet, le dessin N&B peut rebuter, les textes extraits des carnets des deux héroïnes peuvent sembler longs... Mais tout cela est complètement maîtrisé par Juncker. Il nous déroule un double récit cru, sans concession, et atrocement subtile sur cette période sombre de l'histoire allemande, et que l'on pourrait extrapoler au sort des femmes sur chaque terrain de guerre. Je l'ai lu d'une traite... Le tout est parfaitement écrit et dessiné, il n'y a pas une case ou un mot de trop!

09/11/2021 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

Un excellent one-shot qui parle d'un sujet grave: ce qui arrive aux femmes vaincues durant une guerre. Je pense que je n'ai pas besoin de préciser ce qui leur arrive… L'auteur réussit l'exploit selon moi de parler de ce sujet sans tomber dans le mélodramatique. Je pense que c'est dû au fait qu'il a eu une idée de génie: montrer le destin et la rencontre de deux femmes: une allemande et une russe, dans les derniers jours de la seconde guerre mondiale. S'il n'y avait eu qu'une ou plusieurs allemandes comme personnages principaux, je pense que le sujet aurait été montré de manière plus cru et que cela aurait été trop glauque pour moi. J'ai adoré la personnalité des deux femmes, la relation entre-elles et l'évolution de leurs caractères (enfin, ce dernier point me semble plus évident pour la russe, l'allemande semble plus résignée à son sort). Le dessin est très bon. J'ai surtout aimé le visage des deux femmes lorsqu'elles étaient en gros plan. Elles sont expressives et j'aime bien comment sont dessinées leurs têtes. Un album à lire si on n'a pas peur des livres montrant les pires travers de l'homme…

02/02/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

C’est une œuvre forte, dérangeante et psychologiquement violente que nous offre Nicolas Juncker. Elle nous permet de suivre une femme allemande dans le Berlin en ruine de la fin de la seconde guerre mondiale. Sans gants, l’auteur nous montre toute la violence tant émotionnelle que physique que représente le fait d’être une femme dans le camp des vaincus, d’être Allemand, d’avoir cru en Hitler et de voir son monde s’effondrer en même temps que les immeuble de sa ville, de devoir subir l’occupation dans sa ville, dans son lit, dans son corps. En contrepoint, l’auteur nous propose également de suivre une jeune soldate russe, confrontée à son propre endoctrinement. De cette rencontre va sinon naître une amitié, du moins une compréhension mutuelle. Et si la première ne se fait plus trop d’illusions, la seconde va voir les siennes mises à rude épreuve. Comme je le disais, le sujet est fort et dur. La mise en scène est cinglante et met bien en évidence toute la cruauté de la guerre, et plus particulièrement envers les femmes et les vaincus (et si vous combinez ces deux éléments, vous êtes clairement parmi les victimes les plus exposées). Mais Nicolas Juncker a l’intelligence de ne pas nous proposer un mouton bêlant comme héroïne. Ingrid n’est pas un ange, son discours se teinte régulièrement de relents antisémites. Pour elle, les camps de la mort sont une invention des services de propagande ennemis, par exemple. J’ai beaucoup apprécié le réalisme de ce portrait, plus conforme à l'idée que je me fais d'une jeune femme allemande marquée par des années de gouvernance nazie. Au niveau du dessin, la singularité principale du récit vient de sa colorisation. Grise. Car tout ici est gris… mais pas que ! Et quand la couleur refait soudainement son apparition, elle n’en a que plus d’impact, de force. Ca claque dans la tronche, ça remue ou ça soulage mais la couleur ne laisse pas indifférent. Une thématique forte et bien développée. Une écriture soignée. Un dessin lisible dans un style caricatural qui convient bien au sujet. Et une utilisation très pertinente des couleurs ou de leur absence. Franchement bien… mais pas le genre de bouquin qui vous remonte le moral.

04/06/2020 (modifier)