Tumulte (Tumult)

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Cet ouvrage inclassable nous entraîne au cœur d’une machination diabolique avec pour axe le trouble de la personnalité multiple. Un récit d’espionnage métaphysique à la fois ardu et perturbant.


Désabusé par un quotidien trop lisse, dont la perfection est devenue étouffante, Adam Whistler aspire à vivre le fameux tumulte qui le révélera à sa propre existence. Ce jour arrive quand il rencontre Morgane, une jeune femme ténébreuse qui souffre de trouble dissociatif de l’identité. Telle une poupée russe, elle semble habitée par plusieurs personnalités, toutes nimbées de mystères, qui la rendent aussi obsédante qu’inquiétante. Tandis que les cadavres s'accumulent autour d’elle, Morgane pourrait ne pas être la seule menace... Tumulte est un thriller psychologique contemporain et singulier qui rappelle Alfred Hitchcock, Patricia Highsmith ou Le Samouraï de Jean- Pierre Melville. Tumulte aborde le thème du trouble dissociatif de l’identité, phénomène très impressionnant qui a d’ailleurs inspiré de nombreux réalisateurs, dont certains des plus célèbres sont David Fincher pour son film Fightclub ou M. Night Shyamalan pour son film Split. Une personne frappée par ce trouble abrite donc plusieurs personnalités appelés Alters qui entourent la personnalité noyau. Il arrive fréquemment que la personnalité noyau soit dominée par les alters et se retrouve ainsi occultée. Le travail du médecin est donc de réactiver entre autre ce noyau. Il arrive que des alters soient colériques voire violents. Billy Milligan a ainsi été jugé irresponsable dans un procès retentissant en 1975 des crimes et viols perpétrés par l’un de ses alters. Ses multiples personnalités fusionnèrent en une seule en 1991 et il fut ainsi déclaré cliniquement guéri.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 24 Mai 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Tumulte © Presque lune 2019
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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09/05/2020 | Blue boy
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L'avatar du posteur Noirdésir

Étrange histoire que celle-ci, dans laquelle j’ai eu du mal à entrer – et pour laquelle, malgré ses qualités, j’ai aussi eu du mal parfois à rester captivé. Ma lecture a été quelque peu laborieuse. Le dessin est assez statique, avec un rendu assez froid. Il y a quelque chose de Burns ou de Mezzo dans l’utilisation de certaines couleurs (tons mauves sur fonds sombres, sur certains visages, même si ces références, que j’aime beaucoup, sont à nuancer par un dessin quand même nettement moins régulier et bon). L’histoire aborde un sujet original, à savoir le dédoublement de personnalité (une femme en a même 4 ou 5 ici !). Après un début assez classique, sorte de crise de la quarantaine d’un homme, cela bascule petit à petit vers une sorte de thriller lorsque celui-ci fait la connaissance d’une femme au comportement étrange. Le mélange des deux n’est pas inintéressant, mais j’ai trouvé certains passages beaucoup trop longs et l’intrigue peut-être inutilement compliquée, détournant parfois maladroitement le sujet de dédoublement de la personnalité au profit d’une sorte de bouillie pas très claire. Au final, c’est un bel objet (très beau travail éditorial une fois de plus des éditions Presque lune), un sujet intéressant, mais une histoire et un dessin qui m’ont laissé sur ma faim. Affaire de goût peut-être.

26/03/2022 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
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D’emblée, l’objet intrigue, à commencer par cette couverture représentant un empilement de têtes façon poupées russes. Quatre têtes dépareillées engoncées les unes dans les autres, dont la partie visible distille un certain mystère. La première, surplombant les trois autres, est de profil, ne laissant apparaître que le regard méfiant d’une jeune femme aux cheveux de jais. La seconde ne montre que des yeux cachés par des lunettes de soleil aux reflets bleutés, contenue dans la troisième, dont on ne voit que des pommettes rouges, des cheveux blonds ainsi qu’une bouche maquillée de rouge à lèvres fumant la pipe, clin d’œil magrittien serait-on tenté de croire, sentiment que viendra confirmer cette lecture aux accents surréalistes. La dernière enfin, révèle une figure funèbre vêtue de noir dont on distingue également les épaules, sorte de croisement entre la faucheuse et Dark Vador. Une couverture qui peut assez bien résumer cette narration fragmentée, qui se retrouve également dans la thématique, puisqu’il est question d’un personnage à personnalités multiples, incarné par une jeune femme que va être amené à rencontrer le principal protagoniste, Adam Whistler. Ce thriller surréalistico-fantastique, difficile à classer, lorgnant vers le genre espionnage avec en filigrane le mythe de Frankenstein et un brin de conspirationnisme, reste plutôt intrigant malgré une lecture parfois chaotique où peut-être le scénario se semble pas avoir autant d’importance que la réflexion existentialiste parcourant le récit. On y trouve par ailleurs moult références à la pop-culture, notamment au cinéma (fort logiquement puisqu’Adam Whistler est réalisateur), à des parodies de vieux cartoons et même à la Bible. Des références témoignant de l’érudition du scénariste, John Harris Dunning, présenté en fin d’ouvrage comme un éminent spécialiste de la BD, à l’initiative de « la plus importante exposition » sur le 9e art au Royaume-Uni. D’un point de vue graphique, Michael Kennedy est en phase avec le récit. Et pour ce qui est d’un rapprochement avec la peinture, tant qu’à évoquer Magritte, on peut également citer Roy Lichtenstein voire Edward Hopper, rien que pour l’atmosphère de solitude se dégageant de ces cases. Sur le plan strictement bédéesque, le trait gras du dessinateur, entre réalisme et minimalisme, l’absence de mouvement et les personnages figés rappellent beaucoup Charles Burns ou Mezzo, en moins abouti toutefois. Cette approche intellectualisante en découragera certains et en séduira d’autres, probablement les plus cérébraux d’entre nous. Ne serait-ce que par le sujet évoqué, cette maladie étrange et au demeurant méconnue qu’est le « trouble dissociatif de l’identité », malgré son approche beaucoup plus fictionnelle que médicale. « Tumulte » reste donc digne d’intérêt, même s’il manque un certain souffle pour en faire une œuvre véritablement marquante, de l’envergure des auteurs précités.

09/05/2020 (modifier)