Wild West

Note: 4/5
(4/5 pour 6 avis)

Revisite du mythe de Calamity Jane.


1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Auteurs canadiens Calamity Jane Consensus sur une BD Dupuis Pionnières Wild Bill Hickok [USA] - Middle West

Le paysage de Monument Valley, Tsé Bii' Ndzisgaii, comme disent les indiens navajos suffit à évoquer la Conquête de l'Ouest. À l'arrière d'une calèche, un garçonnet joue Oh Suzanna au banjo. Mais derrière ce décor majestueux à la tranquillité trompeuse, la mort rôde pour faucher sur la route le rêve américain. Le prologue met le lecteur au diapason du climat de violence qui règne dans l'Ouest sauvage, avec ses assassins et ses chasseurs de tête, ses proxénètes et ses prostituées. Rien n'arrête la marche du progrès. Alors que le chemin de fer se construit, dans un territoire à feu et à sang, qu'importent les ravages et l'exploitation. Originaire du Missouri, la famille de Martha Cannary, avant qu'elle ne devienne la célèbre Calamity Jane, avait elle aussi échoué dans sa traversée, livrant l'orpheline à elle-même.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 24 Janvier 2020
Statut histoire Série en cours 4 tomes parus
Dernière parution : Moins d'un an

Couverture de la série Wild West © Dupuis 2020
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 6 avis)
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26/01/2020 | Ro
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L'avatar du posteur Agecanonix

Malgré une couverture d'album qui ne me faisait pas de l'oeil comme ça a pu être le cas avec d'autres Bd western, ce 1er tome m'a littéralement soufflé, non seulement par le dessin de Lamontagne (j'y reviendrai) mais aussi par le déroulé du scénario de Gloris. Il retrace la destinée de Martha Cannary avant qu'elle ne devienne la célèbre Calamity Jane ; à partir de la légende, il reprend le parcours de cette femme décidée à conquérir sa liberté, et plonge dans la réalité sordide et cruelle d'un univers impitoyable. Les auteurs cernent les 2 personnages principaux que sont Martha et Wild Bill Hicock au plus près du contexte historique, au moment où la conquête de l'Ouest bat son plein, notamment avec l'arrivée du chemin de fer, le tout dans une sérieuse odeur de poudre et de sang. Le ton est en effet très cru et violent, très proche de la série TV Deadwood, dans la même optique démythifiante vue dans des films comme Tombstone ou Wyatt Earp. D'ailleurs, cette Bd me rappelle énormément le film Wild Bill de 1995 réalisé par le solide métier de Walter Hill où Ellen Barkin campait une Calamity piquante, et Jeff Bridges un Wild Bill tout en excès ; ce film est passé injustement inaperçu, il offrait une vision bien plus crédible que ce qui avait été montré à Hollywood sur ces personnages auparavant. J'y retrouve plein d'éléments approchants dans cette Bd, le Far West y est montré dans toute sa dureté et sa violence sanglante, son côté sordide et sale, où les femmes sont condamnées à la prostitution, bref c'est un Ouest sans concession, j'aime cet aspect parce qu'il est plus proche de ce que fut l'Ouest en réalité, loin de l'imagerie de carte postale et trop propre montrée dans les westerns de l'âge d'or. Je pense que Gloris a dû s'inspirer des mémoires de Calamity Jane intitulées "Lettres à sa fille - 1877-1902", petit bouquin très instructif publié par le Seuil en 1979, il y a pas mal de faits que j'ai retrouvé dans ce livre, mais il a aussi pris des libertés scénaristiques qu'il a mélangées habilement, de sorte qu'on ne sait trop ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas, la vie de Calamity ayant été très aventureuse, et elle aussi n'a sans doute pas tout dit. En tout cas, tout est tellement plausible que rien ne cloche à ce niveau. Le tome 1 est peut-être celui où Gloris a pu "inventer" des détails, il montre l'activité des bordels miteux de l'Ouest, dans un ton glauque et plein de noirceur, où Martha survit tant bien que mal, piégée par un salopard qui va l'obliger à se prostituer. Le tome 2 s'écarte de ce postulat pour évoluer dans les paysages de l'Ouest , en montrant la quête de Wild Bill et la spoliation des terres indiennes, le ton est proche du film Danse avec les loups, en moins contemplatif, jusqu'aux retrouvailles entre les 2 figures de légende qui se ressemblaient beaucoup sur le plan caractériel et sur leur choix de vie. J'en viens au dessin de Jacques Lamontagne que j'avais déjà admiré sur ses autres séries comme Les Druides notamment, mais là c'est tout bonnement époustouflant, avec un trait précis, puissant et réaliste, bourré de détails et une colorisation qui accentue l'aspect sombre de la vie dans ces saloons et bordels crasseux, sans parler des cadrages très cinématographiques ; c'est comme ça que je conçois un western en bande dessinée, avec ce type de dessin. Certes, il magnifie un peu Martha, surtout au début, car c'était une femme pas tout à fait hommasse, mais pas très féminine quand même, et à l'hygiène douteuse. Qu'importe parce que c'est graphiquement superbe, je suis totalement conquis par ce western, ça rattrape les 2 déceptions que j'ai eues sur Prisonnière des Apaches et Ennemis - Noir/Blanc.

03/05/2021 (modifier)