Nick Cave - Mercy on me

Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)

Une plongée sous acide dans l’univers du chanteur culte !


Auteurs allemands Biographies Ecritures Le Rock Musique

Australie, années 70, le jeune Nicolas se rêve en rock star et commence à se produire sur les scènes locales. D’une famille très religieuse, il conserve un sens du sacré qui pimente ses textes, mais se revendique plus du blues et du rock US, notamment de Johnny Cash. Menée tambour battant, cette incursion dans la vie de Nick Cave convoque les personnages de ses chansons en parallèle de la vie réelle du chanteur, dans un va et vient fascinant, tant son vécu – et ses histoires d’amour en particulier – ont inspiré son écriture. Le rocker se révèle un homme en plein malaise, avec ses contradictions, ses pulsions destructrices, ses délires… Mais qui a toujours su les apprivoiser pour en nourrir son œuvre.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 22 Avril 2018
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Nick Cave - Mercy on me © Casterman 2018
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)
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28/12/2018 | Mac Arthur
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Par PAco
Note: 3/5
L'avatar du posteur PAco

Grand amateur de musique et de rock en particulier, j'ai toujours été fasciné par les artistes un peu décalés. Avec Nick Cave on est servi, dans le genre border line on est rarement fixé aux rails. Quoi que... question rails et autres lignes, le sieur en connait un rayon ! Il y a bien sûr ce qu'il s'est évertué à s'envoyer dans le nez ou dans les veines, mais c'est également les kilomètres de lignes qu'il aura écrites ou celles des mélodies qui nous restent encore en tête. Nick Cave aime donc les lignes brisées et ça notre auteur Reinhart Kleist l'a très bien compris. J'avais fait connaissance avec cet auteur allemand par le biais de la bio de Johnny Cash - I see a darkness qu'il avait réalisée auparavant et que j'avais fort appréciée. Ici, il nous propose un album à l'image de Nick Cave, tout sauf linéaire, éclaté, quitte à revenir sur des scènes en y ajoutant des angles de vue ou des points de vue, histoire d'enfoncer le clou sur certains moments clés de son existence tortueuse et torturée. Tout comme l'art de Nick Cave, cet album se révèle donc sinueux et tourmenté et le magnifique noir et blanc de Reinhard Kleist renforce à merveille cet angle de vue. Si certains passages semblent parfois nébuleux, et là, la reprise des textes des chansons ou autres écrits en anglais non traduits accentuent encore cet effet, c'est dans sa globalité que cette BD rend parfaitement hommage à l'artiste. Un bel hommage que les fans de Cave devraient apprécier. (3.5/5)

09/05/2020 (modifier)
L'avatar du posteur Pokespagne

Nous sommes nombreux, et sans doute de plus en plus, à considérer Nick Cave comme l'un des tous derniers géants du Rock, l'un des seuls artistes en activité de la trempe des « Grands anciens », capable d'élever jusqu'aux cieux (sombres, très sombres, les cieux…) cette musique plus que cinquantenaire qui naquit des racines du Blues et se perdit bien trop souvent dans la facilité de l'entertainement. Mais pas chez Nick, qui a toujours cherché "autre chose". "Autre chose" ? Mais quoi ? C'est évidemment cette quête insensée, à jamais inachevée et frustrée, qui fait l'extrême singularité de cet artiste, prodigieux showman, compositeur inspiré, écrivain illuminé, personnage trop grand pour son époque. Qu'il soit adolescent punk en Australie, junkie à Berlin, amoureux au Brésil, travailleur acharné à Brighton, Nick Cave est évidemment de la chair à canon pour un biopic hollywoodien… dès qu'il sera mort ! Ou, puisque, heureusement, Nick est encore parmi nous, l'inspiration pour un pavé de près de 350 pages, écrit et dessiné par Reinhard Kleist, pointure de la BD d'outre-Rhin, pas encore très connu chez nous. L'idée à la base de "Nick Cave - Mercy on Me" est de confronter Nick à certaines de ses créations les plus marquantes, comme le condamné à mort passant sur la chaise électrique de "The Mercy Seat" ou la belle et tendre Elisa Day, massacrée à coups de pierres, de "Where the Roses Grow", en une réflexion sur la nature de la création artistique, et de ses liens avec la vie de l'artiste. Rien de très original sans doute, si ce n'est que, heureusement, les textes des chansons ou les extraits du premier roman de Cave fournissent une matière d'une richesse incroyable aux délires visuels assez hallucinés de Kleist : chasse à l'homme dans le Deep South, vaisseau fantôme sur des océans tempêtueux, apocalypse au CERN de Genève, les tableaux les plus tourmentés se succèdent, alternant avec quelques épisodes, réels ou imaginaires, de la vie et de la carrière de Nick. On sera tour à tour emporté par la force des visions de Kleist et épuisé par son romantisme malsain, qui colle néanmoins terriblement bien avec l'ambiance des célèbres "Murder Ballads" de l'Australien. Il y a des pages de "Mercy On Me" que l'on saute avec irritation, tant elles semblent redondantes, voire complaisantes. Et d'autres sur les quelles on revient sans cesse, tant elles sont sources d'émotion intense. Finalement, le problème le plus aigu de ce travail colossal se pose pour le véritable fan de l'artiste, qui identifie assez facilement les libertés prises avec la réalité, les approximations chronologiques, les oublis impardonnables. Nick lui-même vient néanmoins défendre ce "biographe" tellement spécial, qu'il qualifie de "créateur de mythes" et qu'il dédouane de ses "demi-vérités biographiques" et de ses "totales affabulations" : ne soyons donc pas plus royalistes que le roi ! Même si nous savions déjà que Nick Cave n'a jamais tué Elisa Day, il est délicieux de le voir dessiné en train de le faire ! Malgré quelques passages questionnables, le livre de Reinhard Kleist se clôt de la plus brillante des manières, avec une rencontre "au sommet" entre Cave et Robert Johnson au milieu de l'apocalypse genevoise : en plaçant judicieusement Cave dans la lignée des Grands anciens, il souligne de la plus belle manière possible sa position essentielle dans un "crossroad" musical contemporain. S'il n'y a pas eu de pacte avec le Diable, il y a en tout cas dans cette musique une force et une énergie qui en font une inspiration inégalable, que ce soit pour un artiste de la BD comme Kleist ou pour chacun d'entre nous qui l'aimons. Lisez ce livre, et réécoutez Nick Cave ! Faites même les deux en même temps !

08/10/2019 (modifier)
Par sloane
Note: 3/5
L'avatar du posteur sloane

A l'image du personnage et plus particulièrement de ses textes, voilà une sorte de biographie pour le moins étrange et particulière. Ne vous attendez pas à un truc du genre : " Le petit Nick est né en Australie et ...." Non l'auteur Reinhard Kleist explose les codes tout comme le mouvement punk est apparu en voulant exploser les codes du bon vieux rock'n'roll. Son trait est expressif et dynamique comme il sied pour raconter une histoire qui se déroule dans le milieu de la musique et du punk en particulier, mouvement qui n'était pas avare d'une gestuelle explosive. Cela tombe bien, me direz vous, puisque l'on sait que Nick Cave débuta sa carrière en jouant dans un groupe punk, ensuite un passage à Berlin où la scène musicale d'alors était pour le moins effervescente. Au passage je m'étonne de la longévité de Cave sachant toutes les substances qu'il a ingurgitées dans sa vie (au passage l'un de ses enfants est mort d'une overdose de LSD à l'âge de quinze ans). Les chiens ne font pas des chats. Cette BD originale m'a permis de retrouver quelques titres de Nick Cave, période "Bad Seeds". Petit bémol j'aurais aimé pour certains titres que la genèse des morceaux soit approfondie. Comme l'a précisé Mac Arthur dans son avis voilà un album qui s'adresse essentiellement aux fans de N. Cave.

20/02/2019 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Etrange biographie que celle-ci. Non qu’elle soit mal faite ou inintéressante… Bien au contraire, serais-je tenté de dire (du moins si Nick Cave et son univers punk pop déjanté vous attirent naturellement) mais étrange tout de même. Etrange parce que Reinhard Kleist ne réalise pas une biographie linéaire. D’ailleurs, il se centre vraiment que sur une assez courte partie de la vie de Nick Cave, période charnière durant laquelle l’artiste va muer d’un punk extrême et autodestructeur vers une forme d’apaisement moral et musical. Et pour parvenir à ses fins, Reinhard Kleist n’hésite pas à répéter certaines séquences de la vie de Nick Cave, les éclairant sous un angle légèrement modifié… mais sans changer quoi que ce soit au fond. Comme s’il voulait insister sur l’importance de tel ou tel évènement. C’est étrange parce que, en tant que lecteur, on se dit « mais bordel, j’ai déjà lu ça ! » et en fait, oui… mais non. Bon, du coup, l’avantage, c’est que ces passages restent bien en mémoire et comme ils marquent des points charnières, ben c’est pas plus mal. Etrange aussi parce que Reinhard Kleist n’hésite pas à mêler la vie de Nick Cave aux textes de ses chansons. Les personnages que Nick Cave a imaginés pour telle ou telle chanson deviennent acteurs de cette biographie, nous livrant leurs sentiments sur l’artiste, lui parlant, s’en plaignant. C’est assez déroutant mais, à nouveau, cette manière de procéder permet de saisir un état d’esprit général et donc, en définitive, de mieux comprendre Nick Cave. Reinhard Kleist se sert également beaucoup des textes de Nick Cave, des textes non traduits et jetés sans autres explications. Au lecteur à interpréter –plus ou moins laborieusement en fonction de ses notions d’anglais- lesdits textes, souvent obscurs et énigmatiques… pas facile mais, en même temps, cette manière de procéder ne fait que renforcer l’ambiance déjantée et allumée dans laquelle baignait Nick Cave. Côté état d’esprit, il n’y a vraiment rien à redire. J’ai beaucoup aimé cette plongée dans les galères punk rock autodestructrice et les délires magnifiques et désespérés de Nick Cave. Côté dessin le style but de Reinhard Kleist convient bien à l’ambiance générale. Côté intérêt général : ben, je pense que si vous ne connaissez pas un tant soit peu Nick Cave ou si vous rejetez ce milieu punk autodestructeur, violent, fait d’abus en tous genres, je ne vois pas pourquoi vous liriez cette biographie. Donc, voilà : à réserver aux fans… mais ceux-ci vont adorer ! (Sloane, si tu m’entends ;) )

28/12/2018 (modifier)