Bobby change de linge

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)

Le parcours d’un « transfuge de classe » retranscrit avec une grande authenticité.


Bichromie La Boite à Bulles

Jeune homme issu de la classe populaire, Bobby débarque en ville avec la ferme intention de s’y faire une place, quitte à passer ses week-ends sous le toit délabré du foyer pour jeunes travailleurs. Jean Détalminil, gérant de la librairie dans laquelle Bobby travaille, remarque très vite le potentiel qui sommeille en son employé et décide de le prendre sous son aile. Bobby pose alors un pied dans un monde inconnu et fascinant : celui de la bourgeoisie. En côtoyant cette famille qui deviendra la sienne – il en épousera la fille – le jeune homme découvre l’aisance financière et surtout le foisonnement intellectuel dont il a toujours rêvé, bien loin du mutisme culturel de son arrière-pays natal. Pourtant, si Bobby se sent intimement appartenir à ce monde qui lui ouvre ses portes, la transition n’est pas simple, car le bagage qu’il traîne derrière lui ne s’abandonne pas si facilement… Texte : Editeur.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 24 Août 2016
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Bobby change de linge © La Boîte à Bulles 2016
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)
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19/08/2016 | Alix
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Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

C'est l'histoire d'un jeune homme, issu d'une famille pauvre, qui entame sa carrière en travaillant dans une librairie et à qui il est offert la possibilité de changer de catégorie sociale. Ce n'est pas un Julien Sorel mais il partage avec le personnage de Stendhal le même rejet de sa famille fruste qui voit en lui en intello ridicule. Et comme lui, il va découvrir et être ébloui par le monde de la bourgeoisie provinciale. Ce n'est pas non plus un Rastignac ambitieux et envieux mais il partage aussi avec le personnage de Balzac une capacité à se marier sans amour pour favoriser son ascension. C'est un récit raconté avec beaucoup de sincérité et de crédibilité. Le héros, initialement timide et mal dans sa peau, va gagner en confiance en même temps qu'il va perdre en pureté. Il conservera toujours des doutes sur lui-même et une certaine humilité, et en même temps il aura une drôle de relation de haine et d'amour envers sa famille qu'il a laissée derrière lui. Je ne l'ai pas trouvé particulièrement attachant. Il fait certains choix que je réprouve, notamment ce fameux mariage dont on voit très vite qu'il est basé sur un amour à sens unique, ou encore la manière dont il utilise sa famille dans ses écrits, comme pour se venger ou se moquer d'eux bien qu'il s'en défende. Pour autant, il est crédible et a fortiori intéressant. L'histoire se développe sur une vingtaine d'années ce qui lui permet de prendre ses aises et de bien montrer l'évolution du personnage et de sa condition. On ne s'y ennuie mais pour autant mon manque d'empathie envers le héros m'a empêché d'être complètement captivé.

21/07/2020 (modifier)
Par KanKr
Note: 4/5

De la chronique à la critique sociale ! Gravir l'échelle sociale, échelon après échelon, tel est l'idéal prôné par la civilisation moderne. L'ambition, la recherche du bonheur par l'obtention de biens matériels et la volonté de prendre en main son existence, quitte à aller à l'encontre de la voie pour laquelle on est programmé, voilà les thèmes développés par Hughes Barthe dans Bobby change de linge. Bobby Pignolet n'est pas né au sein de la classe sociale qu'il aurait souhaitée. Issu d'un milieu populaire rural, il ne partage rien avec son entourage, mais lorgne sur la ville et la bourgeoisie. Depuis toujours, il porte en lui des choix et des valeurs familiales qui lui sont étrangers : du nom, imposé par ses parents en hommage à un personnage de Dallas, qu'il aurait préféré être celui d'un artiste, au quotidien de ses contemporains (abus de télévision, renfermement sur soi jusqu'au racisme, aversion pour les élites, alcool, tabac...). Rat de bibliothèque passant ses journées à dévorer des livres, il rêve de devenir écrivain ! Cette lubie lui apporte les moqueries de ses pairs, plus intéressés par la gent féminine que la littérature. Il est rejeté, insulté et battu et ne pense plus qu'à une chose : vivre de sa plume et quitter les lieux. C'est ce qu'il fait à l'âge de vingt ans. Tout en logeant dans un foyer pour jeunes travailleurs, il nourrit ses ambitions en trouvant une place dans une librairie. Le gérant remarque rapidement ses capacités et s'attache à lui au point de le faire entrer dans sa famille. Dès lors, le destin sourit à Bobby qui accomplit ses objectifs en épousant la fille de son patron. Cependant, bien qu'il atteigne enfin l'opulence et évolue dans la sphère intellectuelle sur laquelle il avait posé son dévolu, il s’aperçoit vite qu'il n'est pas si facile d'aller à l'encontre du déterminisme social... À travers la poursuite de la prospérité et les tourments de Bobby, l'auteur s'interroge sur le monde actuel et les normes fondant son développement, la quête du pouvoir, la haine de l'autre, la peur de l'inconnu, les déviances, la reproduction sociale, la difficulté de se débarrasser de ses habitus, le reniement de ses origines... Côté dessin, Hughes Barthe a opté pour une ligne héritée du roman graphique américain, peignant le tableau d'un jeune homme d'une sincérité déconcertante. Il propose au lecteur un album intelligent, qui nous pousse à réfléchir sur notre quotidien. L'histoire, au-delà d'être captivante, est parfaitement servie par un trait simple qui ne rend que plus attrayants ces personnages à la frontière entre l'attachement et l'aversion. KanKr

29/08/2016 (modifier)
Par Alix
Note: 3/5
L'avatar du posteur Alix

« Bobby change de linge » est un roman graphique pure souche, qui ne devrait pas convertir les allergiques au genre, mais qui propose quand même des thèmes intéressants. Bobby est un auteur de roman dont les soucis sont ancrés dans son passé. Il vient d’une famille pauvre et ouvrière, de laquelle il a passé sa vie à essayer de se distancer… On assiste à ses dilemmes, ses victoires et ses échecs, sur fond de réflexion sociale. La toute fin (et ses thématiques paternelles) m’a beaucoup touché. La mise en image sert parfaitement l’histoire, même si les bouches des personnages sont parfois un peu bizarres. Voilà, un album qui ne renouvelle pas le genre, et qui ne se détache pas forcément de la pléthore d’ouvrages similaires, mais qui a réussi à me captiver, et à me toucher sur la fin. A conseiller aux amateurs du genre.

19/08/2016 (modifier)