Ragemoor

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)

L'histoire d'un château étrange...


Dark Horse Comics Folie Métamorphose Richard Corben

Ragemoor ! Vestige de civilisations disparues, le Château de Ragemoor est un lieu maudit pour les hommes ! Nourries de sang païen versé au cours de sacrifices rituels impies depuis des temps immémoriaux, ses pierres cachent de sombres et terrifiants secrets, fatals aux rares inconscients qui seraient prêts à s’y aventurer... Herbert Ragemoor est le maître du château. Il vit dans l’isolement, fidèlement servi par Bodrick, le majordome, tandis que son père, complètement fou, erre dans les couloirs qu’il parcourt en hurlant, nu. Jusqu’au jour où vient leur rendre visite l’ambitieux oncle JP, accompagné de sa superbe fille Anoria, qui rêve de s’approprier les lieux... (texte : Delirium)

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 14 Février 2014
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Ragemoor © Delirium 2014
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)
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13/03/2014 | Spooky
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Par Présence
Note: 4/5
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Le mariage de E.A. Poe & H.P. Lovecraft - Il s'agit d'une histoire complète indépendante de toute autre, initialement publiée en 4 épisodes parus en 2012. le scénario est de Jan Strnad, et les illustrations en noir & blanc (et niveaux de gris) de Richard Corben. Ils avaient déjà collaboré sur d'autres histoires dans les années 1970 et 1980, comme par exemple Jeremy Brood et Les mille et une nuits. L'histoire se passe quelque part aux États-Unis, au dix-huitième ou dix neuvième siècle, dans une demeure en pierre imposante baptisée Ragemoor, bâtie sur un éperon rocheux, en bordure d'océan. Herbert, le maître de céans, accueille son oncle et sa fille Anoria. Au cours du repas, il les incite à partir séance tenante et de nuit, car la demeure est peu hospitalière. Il leur raconte les circonstances dans lesquelles elle a été érigée. Il insiste sur le fait que la nuit elle a tendance à se modifier d'elle-même en ajoutant une pièce supplémentaire, ou en allongeant un couloir. Les 2 hôtes ne sont guère impressionnés et ils décident de rester malgré l'avertissement. L'oncle demande des nouvelles de son frère Machlan, qui est aussi le père d'Herbert. Ce dernier explique qu'il a perdu la raison et qu'il erre dans les couloirs, qu'il disparaît des fois des jours durant. Anoria demande à Bodrick, le domestique ayant servi à table et les guidant vers leurs chambres, où se trouvent les autres serviteurs. Il répond qu'ils vaquent à leurs occupations et qu'ils n'auront pas l'occasion de les voir. Avec une entrée en la matière aussi convenue et classique, le lecteur n'attend pas grand-chose du récit. L'attrait principal réside dans l'identité de l'illustrateur : Richard Corben, dessinateur au style affirmé et très personnel, s'étant fait connaître en 1973 avec Den première époque et des histoires courtes pour Eerie et Creepy (rassemblées dans Eerie et Creepy présentent Richard Corben Volume 1 et volume 2). Dès la première page, tout le style de Corben saute aux yeux. Dans ce récit en noir & blanc, il utilise des aplats de noir pour donner du poids aux cases, et pour conserver l'inconnu qui se tapit dans ces zones inscrutables. Il utilise les niveaux de gris pour ajouter du volume aux surfaces, en particulier pour les visages, et la peau en général, avec une technique qui permet un dégradé très lissé, très progressive, parfaitement adapté à cet usage. Dès la première page, le lecteur peut également constater qu'il n'a pas perdu la main pour croquer des visages mémorables, aux expressions très parlantes. le visage fermé d'Herbert indique toute sa contrariété à devoir accueillir l'oncle et Anoria. Dans les pages suivantes le visage de l'oncle en dit long sur sa condition, son mode de vie et sa capacité à embellir la vérité. le visage parcheminé de Bodrick permet de ne jamais oublier son âge et sa condition sociale. Comme à son habitude, Corben mélange 2 registres représentatifs différents d'un personnage à l'autre et parfois dans la même case. Il en va ainsi par exemple pour Machlan (le père d'Herbert) et Anoria, la fille de l'oncle. le premier apparaît comme une silhouette vite esquissée avec laquelle Corben joue dans le registre de l'humour, alors que la seconde est détaillée et sublimée, comme elle apparaît aux yeux d'Herbert. En jouant sur ces 2 registres, l'artiste introduit une forme d'humour décalé et second degré qui indique au lecteur qu'il ne se prend pas au sérieux. Mais ce même humour en coin sert aussi de comparaison avec les éléments sérieux et premier degré pour mieux les faire ressortir. Tout l'art du dessinateur est de savoir doser ses effets afin de ne pas créer de dissonance visuelle, et Corben s'y entend à merveille. Il devient virtuose en mélangeant ces 2 techniques pour les monstres en forme de ver anthropomorphe, à la fois immondes et parodiques. du début à la fin, le lecteur peut se régaler d'illustrations mitonnées avec amour des pages savoureuses au premier et au deuxième degré. Il faut dire que le scénario joue sur ses forces graphiques. La scène d'ouverture laisse supposer que Jan Strnad va se contenter de piocher dans les atmosphères gothiques chères à Edgar Allan Poe (Histoires extraordinaires), en les mâtinant d'une couche d'horreur fantastique à la Howard Philips Lovecraft. Lui aussi maîtrise bien ses techniques et l'atmosphère est au rendez-vous, pour une situation très classique et peu originale. Mais les dessins transforment ces poncifs en des ambiances irrésistibles et ces séquences passent toutes seules, jusqu'à ce que… En fait Strnad pose les bases de son récit jusqu'à ce qu'il dispose de fondations assez solides pour l'emmener dans des territoires plus originaux, avec un récit bien ficelé, logique et qui tient la route. Il ne se contente pas d'évoquer le sentiment d'effroi de loin, il plonge les mains dans le cambouis pour concevoir toute la structure mythologique justifiant les particularités de Ragemoor (en seulement 4 épisodes). du coup le récit dépasse le simple exercice de style pour devenir une histoire consistante et très prenante. Jan Strnad et Richard Corben invoquent les mânes d'Edgar Allan Poe et Howard Philips Lovecraft pour un récit d'horreur à l'ancienne convainquant et non dénué d'un humour malicieux.

16/04/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
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J'ai pas trop accroché à cet album qui je pense s'adresse surtout aux fans de Corben, un dessinateur dont j'ai lu très peu d'albums jusqu'à présent et maintenant que j'y pense je ne sais pas ce que je pense réellement de son dessin si spécial. Une partie de moi l'aime et une autre partie de moi trouve ça moche. Le scénario est un mélange de Poe, de Lovecraft et vers la fin des films de science-fiction des années 50. On se retrouve dans une demeure très particulier avec un passé horrible. J'ai personnellement pas trop accroché au scénario et je me suis vite ennuyé. Le personnage principal est sans charisme et j'ai trouvé que le récit tombait dans le n'importe quoi dans le dernier chapitre. Bref, je ne suis pas rentré dans le délire des auteurs, mais je comprends que d'autres lecteurs ont mieux accroché que moi.

09/07/2018 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
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Ce bon vieux Corben est sans doute pas très connu des jeunes générations. Personnellement je l'ai découvert à la grande époque de Métal Hurlant, ce n'était pas forcément mon dessin préféré mais j'avoue qu'il y a dans celui-ci quelque chose de puissant et d'accrocheur qui attire tout de même l'oeil. C'était une époque ou l'on découvrait des femmes assez éloignées des canons de la beauté "officielle" mais avec des courbes magnifiques que Mayol n'aurait pas renié. Ici point de ces opulentes poitrines, l'histoire est Lovecraftienne à souhait. Corben fait dans le gothique flamboyant avec sa patte si caractéristique. Un brin d'humour et des gueules toutes plus excellentes les unes que les autres. Un dessin typique de ces années là mais qu'il ne faut pas négliger et que les nouvelles générations pourraient apprécier.

08/02/2015 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un Corben... Le revoilà, en pleine forme, illustrant un scénario barré de son vieux complice Jan Strnad (en voilà un qui n'a pas sacrifié à la mode des pseudos). Cette fois-ci c'est l'histoire d'un lieu hors du commun, un château vivant, qui nous est contée. En effet Ragemoor, vieux domaine, est une sorte de créature vivante, qui peu à peu vampirise ses occupants et dévore ses visiteurs (comme en témoigne la couverture de fou). Il n'y a pas vraiment de scénario, si ce n'est une descente vers la folie, un glissement dans l'inéluctabilité de l'horreur, de la métamorphose... Un franc côté lovecraftien dans le récit, donc, d'autant plus que l'histoire de Ragemoor remonte à des temps immémoriaux. L'humour noir rappelle également les récits d'Edgar Allan Poe... en pire. Pour cette histoire démente, difficile de trouver plus investi et plus compétent que Richard Corben, le chantre du monstre, de la turgescence, de la boursouflure, des monstres sortis des murs... Ici encore son trait si étrange fait merveille, et on peut voir en bonus quelques croquis de recherche de ses personnages. En bonus également une interview des deux auteurs sur la genèse de Ragemoor ainsi que les couvertures originales des différents épisodes. On y apprend par exemple que Corben a réalisé une modélisation en 3D du château avant de le dessiner, et qu'il s'y référait souvent...

13/03/2014 (modifier)