Vercingétorix

Note: 3.1/5
(3.1/5 pour 10 avis)

Découvrez les campagnes de ce premier héros mythique de l’Histoire de France dont la Guerre des Gaules, récit de propagande à la gloire de César, est la seule source écrite existante.


Au temps de Rome et de l'Empire Romain Auvergne et Massif central Biographies Ecole Jean Trubert

À l’âge de cinq ans, Vercingétorix vit son père condamné au bucher par les siens pour avoir osé se prétendre roi des peuples gaulois. Nourri de la même ambition, le jeune Arverne apprend la discipline militaire en réalisant ses classes auprès de la puissante armée romaine. De retour en Gaule, il déploie son talent militaire et son éloquence pour unir les tribus gauloises et repousser l’envahisseur romain. Fier, courageux, discipliné et ingénieux, Vercingétorix est pour les célèbres légions l’un de ses plus terribles adversaires. Mais, sans cesse, il est confronté à un stratège plus redoutable encore : Jules César…

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 05 Mars 2014
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Vercingétorix © Glénat 2014
Les notes
Note: 3.1/5
(3.1/5 pour 10 avis)
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11/03/2014 | pol
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L'avatar du posteur Agecanonix

Quelle bonne idée ont eu les 2 éditeurs Glénat et Fayard de s'associer ; la réputation du second dans le domaine des bios historiques n'est plus à faire, quant à Glénat, on a tous en mémoire la collection Vécu qui fut une référence dans le créneau historique. Souhaitant relancer les récits historiques, Glénat a fait des recherches pour choisir des personnages dignes et suffisamment riches pour plaire aux lecteurs de BD, tout en parvenant à être accessibles à tous sans redondance, et en développant une histoire très documentée. Un beau projet qui donne une collection prometteuse, dont le premier album à ouvrir le bal est celui consacré à Vercingétorix. L'approche semble encore plus sérieuse que Vécu qui était avant tout basée sur l'aventure. Comme pour Le Trône d'argile, on dirait qu'on a répondu encore à un de mes voeux, celui de trouver enfin une Bd racontant l'incroyable destin de ce chef Gaulois que j'admire tant. Il était bien apparu dans les BD Larousse ou dans Les Gaulois contre César, mais pas en album seul ; c'est fait et bien fait. Encore une fois, je suis conquis par le travail des auteurs ; la méthode de narration est bonne : c'est Vercingétorix vaincu qui narre à César sa lutte contre l'invasion de la Gaule qu'il juge injuste et brutale. Tout est fidèlement relaté : le massacre d'Avaricum, la victoire de Gergovie, l'assemblée de Bibracte, le siège d'Alésia bien-sur qui occupe le dernier quart de l'album. Même des paroles soi-disant prononcées par Vercingétorix et rapportées par César dans sa Guerre des Gaules figurent ici, c'est dire si l'approche du sujet est sérieuse, documentée et aussi précise que possible. J'insiste là-dessus car entreprendre une bio de Vercingétorix relève d'une véritable gageure, parce que l'Histoire le met en scène bien chichement, seulement quelques mois de l'année 52 avant n/ère. Mais cette année là est celle du siège d'Avaricum, de la victoire de Gergovie et de la défaite d'Alésia, événements transfigurés où s'enracine la mémoire nationale. Eh oui car le personnage est aujourd'hui encore tellement enserré dans une gangue légendaire forgée depuis le milieu du XIXème siècle, qu'il est difficile d'avoir une vue précise. La France de Napoléon III (qui a fait démarrer les fouilles d'Alésia) l'a hissé au rang de mythe national fortement ancré dans la mémoire collective pour en faire une sorte de porte-drapeau de première unité nationale, un peu comme l'a été Jeanne d'Arc. C'était la mode en ce siècle, on revendiquait cet état d'esprit qui a été appliqué de la même façon avec Clovis roi des Francs. (tiens là aussi, j'aimerais que dans cette collection, on réalise mon voeu suivant : une bio de Clovis, personnage que je trouve aussi fascinant. Mais ne nous égarons pas.). Surtout, le gros handicap avec Vercingétorix, c'est que le peu de renseignements écrits sur lui n'est dû qu'à la Guerre des Gaules, seule source où César n'a pas été toujours honnête et a volontairement occulté des détails pour ne pas magnifier son ennemi. Pour ces raisons, et aussi pour l'ingratitude qu'il a manifesté envers son adversaire après Alésia, je n'ai jamais admiré César et les Romains en général, avec ce goût de vouloir toujours envahir des peuples. Ce que les auteurs font ici est donc remarquable, car ils comblent les trous comme ils peuvent en s'appuyant sur les recherches archéologiques et de nombreuses études rédigées sur Vercingétorix. On y voit un jeune prince Arverne apprendre au contact de la Légion romaine où il s'enrôle dans les troupes auxiliaires, la tactique, la stratégie, la discipline, l'ordre et l'unité, autant de qualités qui lui serviront dans sa lutte contre César. Son ascension et sa détermination sont bien démontrées, son désir d'unifier les tribus gauloises a été choisi au détriment de celui sans doute moins noble mais plus plausible de restaurer le prestige du peuple arverne pour dominer la Gaule ; c'était son but initial. Certains historiens révisionnistes ont tenté de démontrer ce fait, et qu'il avait été le jouet de César ou son faire-valoir, en diminuant son rôle de stratège, ce qui est faux, c'était au contraire un véritable génie militaire qui était surement aussi grand que son adversaire romain et digne du nom qu'il portait : "grand roi des guerriers". En revanche, il fut certainement peu doué en politique, mais il s'est rendu compte des ambitions de César et a sans doute ensuite voulu rassembler les tribus pour le contrer, c'est surement vrai, et l'assemblée de Bibracte le prouve. On découvre aussi dans l'album sa tactique de la terre brûlée (vrai), et aussi sa faiblesse hélas devant les habitants et le vergobret d'Avaricum qui le supplient d'épargner leur ville (vrai aussi); il se laisse fléchir et cette erreur sera fatale. On apprend encore que la victoire des Romains à Alésia s'est jouée à un cheveu, et que les Gaulois ont manqué de chance (encore vrai). La fin est un peu rapide, les auteurs ignorent volontairement la raison pour laquelle César n'a pas fait preuve de mansuétude envers Vercingétorix et l'a laissé pourrir 5 ans au Tullianum avant de le faire exécuter sommairement après son triomphe. En réalité, il lui en voulait de l'avoir trahi et de s'être rebellé, et surtout d'avoir trahi leur prétendue amitié. Quoi qu'il en soit, cette Bd nous indique que Vercingétorix fut sincère et que le sens de son action ne doit pas être négligé. Le dossier historique en fin d'album en apprendra un peu plus sur lui, mais si vous voulez une bio vraiment rigoureuse, lisez l'ouvrage de Paul Martin qui fait autorité (il est cité à la fin). Je termine par la partie graphique : c'est un dessin qui par endroits n'est pas si terrible que ça, mais dont l'ensemble se révèle honnête ; Vignaux réussit de belles images, ne cherche pas à trop héroïser Vercingétorix (la reddition est sobre et belle), et surtout réussit mieux ses gros plans de visages, sans compter la double page d'Alésia, la pleine page d'Avaricum et de belles reconstitutions des oppidums de Gergovie et d'Alésia. Au final, un album pas totalement parfait, mais qui ne démérite pas, qui apporte un vrai plaisir de lecture et qui permet de nourrir l'éternelle réflexion sur la façon dont l'imaginaire collectif s'est construit un héros éphémère mais patriotique en la personne de Vercingétorix.

03/04/2014 (modifier)