Au travail

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

"Pourquoi fais-je de la bande dessinée ?"


Enfance(s) L'oeil unique Profession : bédéiste

"Pourquoi fais-je de la bande dessinée?..." Chez Olivier Josso, cette question récurrente a peu à peu tissé un nœud de frustration, où s'opposent l'incommunicabilité et le désir de dire. Y répondre tient alors de l'urgence, de la réelle nécessité... dont acte : Au travail. Abandonnant la gomme, le crayon à papier et les hachures peaufinées -jusque là, ses garde-fous habituels-, l'auteur se jette à l'encre sans filet et plonge dans les profondeurs de son passé. A la surface du même papier orange sur lequel il dessinait enfant, il fait remonter les manques et les silences, comblés par l'empreinte salutaire de lectures illustrées. Ces dernières font ici figure de tatouages, de madeleines voire de pierres angulaires, qu'Olivier Josso revisite au gré de son histoire personnelle. Où le noir et le blanc s'allient, creusant l'ombre comme la lumière afin de comprendre, d'apaiser. Et si la plume se lâche, au risque de gratter, c'est pour mieux respirer. (texte : L'Association)

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Avril 2012
Statut histoire Série terminée 2 tomes parus

Couverture de la série Au travail © L'Association 2012
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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30/09/2013 | Spooky
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L'avatar du posteur Noirdésir

C’est un joli diptyque, qui marie agréablement et efficacement introspection, analyse biographique, présentation d’une vocation de bédéiste, et recherche esthétique. Qui le fait en ajoutant pas mal de clins d’œil à des œuvres connues (un album de Spirou en particulier dans le premier tome, pas mal de Tintin dans le second). Pas de gaufrier classique, mais un grand format qui permet à Josso de présenter, avec divers styles graphiques, toutes sortes d’images et d’idées. La narration ne s’en trouve pas hachée pour autant, c’est fluide et clair. Et la bichromie, avec une dominante orange pour le premier tome (dont le choix est expliqué) et une verte dans le second, ajoute une touche originale, un aspect vieux buvard (accentué par le papier épais). Un très chouette travail éditorial de L’Association en tout cas, comme souvent. Les deux albums se laissent lire très agréablement, c’est chouette à regarder et à tenir en main, mais c’est aussi aéré visuellement et au niveau de la narration. Il y a peut-être une légère baisse d’intérêt lorsque l’auteur égrène son arbre familial dans le deuxième tome, mais même cet aspect purement autobiographique reste intéressant pour un lecteur extérieur à l’histoire familiale, car il y a certains aspects universels, et le contexte historique est bien brossé. Beau travail d’introspection donc, mais aussi bel hommage à quelques ancêtres proches, dont Josso découvre l’importance dans sa vie, les sacrifices qu’ils ont dû endurer. C’est bien amené, et original dans son traitement. Une lecture à recommander aux curieux. Le style peut rebuter, il m’a au contraire captivé.

27/06/2022 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
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Ça faisait longtemps que je n'avais lu un album de chez l'Association, et surtout, quelque chose d'une telle qualité. "Au travail" est en quelque sorte une introspection, une auto-thérapie d'Olivier Josso sur son travail d'auteur de BD. Au travers de son histoire, de son héritage et de ses lectures, il nous livre une partie de son intimité, et cela de façon tout à fait surprenante. Car ayant perdu son père très jeune, il trouve une drôle de thérapie dans ses lectures de BD classiques, alors même qu'il ne sait pas encore lire. Astérix, Lucky Luke sont alors ses compagnons. Mais c'est dans un album de Spirou et Fantasio, peut-être le meilleur, que son rapport avec le 9ème Art va exploser. Et l'évocation, la lecture et l'introspection qu'il nous livre sont absolument incroyables. Un des meilleurs passages de la BD contemporaine selon moi. Le reste de l'album est plutôt intéressant, même si on sent une volonté de boucher des trous avec des dessins d'enfance ou des reproductions de passages célèbres de "Tintin" et Lucky Luke. Difficile de juger de son style donc, d'autant plus que l'ensemble est comme enrobé, encapsulé dans des ratures, un dessin assez perturbé. Le papier orange pourra aussi surprendre, mais Josso justifie assez vite -et plutôt bien cette incongruité. Une vraie curiosité, qui vaut le détour.

30/09/2013 (modifier)