Godefroid de Bouillon (Servais)

Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)

Jean-Claude Servais s'appuie sur les souvenirs et les mythes de la ville belge de Bouillon, lieu chargé d'Histoire notamment celle de Godefroid de Bouillon mais aussi théâtre d'un drame intime, celui de deux adolescents auxquels la morale d'une époque a interdit de s'aimer.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide 987 - 1299 : Moyen-Âge et Capétiens Les Croisades Servais Wallonie

Bruxelles, octobre 2005. L'évènement culturel du mois, c'est bien entendu la grande exposition rétrospective consacrée à l'oeuvre du célèbre photoreporter Benoît Renson. Ses photographies, toujours saisissantes, parfois dures, témoignent autant de l'état du monde que de la sensibilité et de l'engagement de leur auteur. Un homme qui, avant de devenir ce globe-trotter réputé, a passé son enfance à Bouillon, une cité sur laquelle plane encore l'âme du célèbre croisé. Ses retrouvailles avec la belle Mady, perdue de vue depuis longtemps, vont le replonger dans le passé, et le confronter au souvenir douloureux de leur adolescence et de leurs amours naissantes, brisées par le poids du « qu'en dira-t-on ». Renouant avec la veine d'Orval, Jean-Claude Servais s'appuie sur les souvenirs et les mythes d'un lieu chargé d'histoire, théâtre d'un drame intime, celui de deux adolescents auxquels la morale d'une époque a interdit de s'aimer.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 05 Octobre 2012
Statut histoire Série terminée 2 tomes parus

Couverture de la série Godefroid de Bouillon (Servais) © Dupuis 2012
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)
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15/10/2012 | Ro
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L'avatar du posteur Noirdésir

La construction de l’intrigue alterne moments contemporains, lorsque Mady et Benoit se retrouvent, évoquent le passé et leur enfance (leur amour adolescent), et les passages du XIème et XIIème siècle, relatant l’enfance et la vie aventureuse d’un grand chevalier, l’un des grands seigneurs de la première croisade, Godefroid de Bouillon. Si ces allers-retours, qui font un parallèle entre les deux temporalités (mais Benoit et Mady vivaient là où Godefroid a grandi – dans tous les sens du terme) donnent du rythme à l’histoire, ils la hachent aussi un peu parfois. Mais les relations entre Benoit et Mady prennent tout leur sens (acceptation des différences par exemple) avec l’éclairage des croisades, alors que la jeunesse (cours d’histoire y compris) des deux jeunes gens, était rythmée par l’évocation, les jeux autour du personnage de Godefroid de Bouillon. Le parallèle entre enfance des héros et période Godefroid de Bouillon passe donc bien, mais par contre la partie où Mady et Benoit adulte se retrouvent, renoue leur histoire d’amour (un peu dans le premier tome, mais surtout en début et fin du second), m’est apparu un peu trop longue et dévie un peu trop l’intrigue, la rendant un peu bancale (cette partie aurait presque pu être évacuée, car presque hors-sujet). Ces allers-retours permettent aussi à Servais de faire passer un message de tolérance (ou de critiquer l’intolérance, de l’Église, mais aussi de la société, quelle que soit l’époque). La partie « moyenâgeuse » a parfois l’air d’un cours d’histoire magistral, on voit Mady et Benoit recevoir cette leçon de leurs maîtres, c’est didactique, documenté, mais cela manque aussi de souffle. Le second tome est ainsi une sorte de cours sur la première croisade, vécue étape par étape. Intéressant, mais la narration est alors moins fluide, un peu trop lourde, je ne sais pas. Je note juste à propos de l’appel à la croisade d’Urbain II au concile de Clermont, quelques détails « oubliés » par Servais : c’est un moyen pour le pape de renforcer la Paix de Dieu, et surtout c’était un appel à l’aide de l’Empereur byzantin (sans rentrer dans les détails, ce sera la source d’incompréhension et de malentendus dans le futur) ceci est évoqué en début de second tome, lorsque les croisés arrivent à Constantinople : par ailleurs, si les visées eschatologiques et l’angoisse face au salut des âmes de l’époque expliquent la ferveur qui suivi cet appel, dans toutes les couches de la société, il faut rappeler que l’appel à la croisade n’a été lancé qu’à la fin du concile – et seulement suite à l’intervention des envoyés de Constantinople (un « rajout » de dernière minute en quelque sorte, mais ce n’était pas du tout l’objet de ce concile au départ… même si la Reconquista en Espagne avait déjà depuis plusieurs années un petit air de croisade, avec déjà rémission des péchés promises à ceux qui combattaient les païens au nom du Christ). De même, est éludé la croisade des gueux partie avant celle des chevaliers. Le dessin de Servais est, comme toujours chez lui, très classique, réaliste, avec un trait précis et fin, mais aussi certains aspects quelque peu figés (certains visages en particulier). Mais habits, décors (châteaux par exemple), sont très bien représentés : Servais aime et connait le moyen-âge, qu’il a déjà beaucoup dessiné dans d’autres séries. Il parsème aussi ses planches d’oiseaux, et c’est sans doute sa spécialité, les animaux, les rapaces en particulier, sont de toute beauté. Enfin, les dossiers en fin de chaque album sont consistants et plutôt bien fichus. A lire à l’occasion, surtout si cette période historique et les croisades vous intéressent.

06/07/2020 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Ce récit qui s'inscrit dans Mémoire des arbres, est une sorte de chassé-croisé entre le récit historique et l'intrigue romantique à caractère social, puisque Servais oppose la fresque attachée au Croisé le plus célèbre de l'Histoire à un drame social de l'adolescence des années 60 qui est la relation amoureuse de Mady et Benoit. Au départ, cette Bd ne m'attirait pas vraiment, ces 2 récits entrecoupés auxquels se greffent les retrouvailles de Mady et Benoit une fois adultes dans la Belgique d'aujourd'hui, me dérangeaient, j'aurais préféré soit le récit historique sur Godefroid, soit l'intrigue des années 60, et puis finalement, j'ai fini par accepter cette formule, car on comprend vite que la biographie de Godefroid de Bouillon a rythmé une période précise de ces 2 ados amoureux. La vie de Godefroid fut riche et mouvementée, et je suis content d'en avoir appris plus sur lui par le biais de cette Bd. On comprend pourquoi a eu lieu la première Croisade ; ne m'étant guère intéressé de près aux Croisades, je ne savais pas que la prise de Jerusalem en 1099 s'était accomplie dans une barbarie atroce. Le dessin est toujours précis et remarquable sur les décors, avec de belles images comme celles de Bouillon pages 14, 15 et 17. Servais nous montre au début un donjon de pierre avec encore une enceinte en bois, c'est assez conforme aux premières forteresses du XIème siècle. En 1990, revenant de Liège, j'aperçus le château de Bouillon, le temps m'a manqué pour la visite, et à cette époque, ma passion des pierres était moins vivace, mais la silhouette que j'ai aperçue sur la hauteur n'a rien à voir avec le dessin de Servais, j'ai appris plus tard que cet énorme château avait été très remanié. Quoi qu'il en soit, ce diptyque se défend, même si je trouve que ces retrouvailles entre Mady et Benoit prennent trop de place dans le tome 2, ce qui reste intéressant, c'est le parallèle entre 2 actions : l'amourette des jeunes gens avortée par les conventions d'une société pas encore prête à accepter la différence, rythmée par Godefroid de Bouillon, personnage emblématique de cette petite ville belge frontalière, dont les élèves rejouent les grandes étapes de sa vie dans un spectacle pour leur école.

05/07/2015 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Je suis du même avis que Ro concernant les trois récits de cet album. J'aime bien les pages sur Godefroid de Bouillon qui est un personnage historique que je ne connaissais pas et ce fut intéressant de le découvrir. J'aime aussi l'histoire se passant dans les années 60 qui est un récit social pas mal du tout et j'aime bien le fait que les élèves apprennent la vie de Godefroid car j'apprends aussi comment il était enseigné à l'école et il y a une certaine propagande vu qu'il est montré comme un être pratiquement parfait. En revanche, l'histoire d'amour qui se passe en 2005 m'a royalement ennuyé et à la fin je passais les pages qui la concernaient. Au final, l'album est pas mal, mais je n'ai pas non plus été captivé par le scénario. La suite sort le mois prochain et je vais la lire si ma bibliothèque l'achète et si cela n'arrive pas je ne vais pas être triste parce que je ne saurai pas la fin.

11/09/2013 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Cette série est le mélange un peu étonnant entre trois intrigues et trois époques. Contrairement à ce que son titre laissait penser, cela commence en 2005 à Bruxelles par le vernissage de l'exposition d'un photographe spécialisé dans les photos de guerre au Proche et Moyen-Orient. C'est par le biais de cet homme et de la femme qu'il retrouve après 40 ans de séparation que vont se jouer en parallèle les restes d'une idylle de nos jours, le récit de leurs souvenirs de jeunesse dans la petite ville belge de Bouillon, et au-delà le récit historique et aussi factuel que possible du chevalier Godefroid de Bouillon à l'époque des croisades. Ce sont là trois récits dont les thématiques se côtoient mais ne se mélangent pas de manière évidente. Au point que je me suis demandé s'il était vraiment judicieux de les inclure dans un même album. Autant j'ai trouvé instructive et bien racontée la biographie de Godefroid de Bouillon, ayant pour cadre une époque intéressante et mouvementée, et j'ai été plutôt intéressé par le récit social dans cette petite ville du milieu du 20e siècle, autant la romance moderne, elle, m'a très vite lassé. Ses tenants et aboutissants sont tellement vite devinés qu'elle n'a guère présenté d'intérêt à mes yeux. Le graphisme, lui, m'a bien plu. Je lui ai trouvé un style un peu moins austère et désuet que ce que je reproche d'ordinaire à Servais. Je crois que cela vient en partie des couleurs qui sont relativement modernes dans leur style et leur choix. J'attends de lire le deuxième et dernier tome pour voir si la partie contemporaine de cette série gagne en intérêt mais pour le moment je m'en passerais pour me satisfaire d'un récit social des années 60 plutôt bien mené et d'une biographie classique mais belle et instructive de Godefroid de Bouillon.

15/10/2012 (modifier)