Billy Bat

Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)

Un auteur B.D. voit son personnage prendre forme dans la réalité.


Kodansha Profession : bédéiste Seinen

En 1949, Kevin Yamagata, dessinateur américain né de parents japonais immigrés aux États-Unis, connaît un succès formidable avec sa bande dessinée "billy bat" mettant en scène une chauve-souris dans diverses aventures. Lorsqu'il apprend de façon fortuite qu'un personnage identique au sien existe aussi au Japon, il décide de se rendre à Tokyo pour rencontrer le dessinateur à qui il a peut-être inconsciemment volé l'idée durant son service en tant qu'interprète dans l'armée d'occupation du Japon. Une fois sur place, il est rapidement happé par une spirale d'événements curieux qui ont pour dénominateur commun le motif de la chauve-souris...

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 13 Mars 2012
Statut histoire Série terminée 20 tomes parus

Couverture de la série Billy Bat © Pika 2012
Les notes
Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

02/04/2012 | Miranda
Modifier


Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

800è avis sur le site, enfin ! Et pour celui-ci, j'ai jeté mon dévolu sur la dernière série de Naoki Urasawa, auteur célébré pour son Monster et son 20th Century Boys. Cette série-ci s'inscrit complètement dans la lignée des deux précédentes, avec un certain nombres de tomes (une vingtaine), une histoire chorale qui développe chacun des protagonistes dans sa façon de faire et qui donne toujours de la profondeur à ceux-ci, notamment par quelques chapitres bien sentis qui donnent toute la mesure du personnage via ses motivations. La saga se concentre autour d'auteurs de BD, particulièrement Kevin Yamagata, qui reviendra en filigrane tout au long de l'histoire pour diverses raisons, tandis que Billy Bat plane au-dessus du récit comme au-dessus des personnages. A travers le temps et les idées, partant d'un rouleau qui permettrait de dominer le temps et de recommencer à zéro. C'est une idée originale, qui supporte ici une histoire dont les thématiques sont assez évidentes. Il se trouve ici une critique de Disney à peine voilée, une considération sur le monde occidental et le changement climatique qui fait froid dans le dos (surtout dans le dernier volume), quelques commentaires sur les entreprises de plus en plus grandes et omniprésentes dans le monde occidental, des considérations sur la moralité des œuvres et leurs messages, bref tout un tas de petits commentaires qui tournent autour de la question de la moralité de l'être humain. Incarné par Billy Bat, chauve-souris qui peut parler à l'humanité par le biais d'élus qui l'entendent, difficile de ne pas voir là une matérialisation du concept de Rousseau sur la nature humaine, bonne ou mauvaise. Cela dit, la série développe progressivement ce qui peut sembler binaire et simpliste pour en donner une lecture plus nuancée. Comme souvent, chez l'auteur, ce n'est pas une question de destinée morale mais d'actes. On ne nait pas bon ou méchant, on le devient par des concours de circonstances auxquels on choisit de succomber ou non. L'histoire est assez développée et touffu, notamment parce qu'elle fait intervenir plusieurs sautes temporelles en avant et en arrière. Le tome 3 s'ouvrant sur des ninjas qui prennent place dans un récit se déroulant principalement dans les années 1900, c'est déroutant, mais on comprends ensuite que cette suite logique perpétue l'idée de base : sommes-nous bons ou mauvais ? Faisons-nous des bonnes ou des mauvaises choses ? Qui peut le dire ? La BD parle évidemment d'auteurs de BD, difficile de ne pas voir un parallèle avec l'auteur lui-même, qui avait mis son dessin en pause le temps de souffler un peu après avoir enchainé de nombreuses séries avec pas mal de succès. Cependant, je trouve que cette utilisation ne fait ni forcée ni nombriliste. C'est simplement celle qui parlait le plus à l'auteur pour laisser entendre son message. Et celui-ci passe, à l'heure d'un réchauffement climatique galopant et du retour de guerres aux portes de notre monde. C'est un récit qui nous rappelle que demander à Dieu ou au diable de venir faire la loi est stupide : la chauve-souris n'est pas là pour cela. Il suffit de faire, de bien faire, de faire le bien. C'est à la fois un message simple, mais pas simpliste, humaniste sans être mièvre et surtout terriblement juste. Car le pire, c'est que cela nous responsabilise, nous et nous seuls. Bref, j'ai trouvé que la série avait un sacré potentiel et arrivait à me surprendre à chaque fois sur l'utilisation des personnages. Personne n'est ici tout bon ou tout mauvais, chacun agit comme il le fait pour de bonnes raisons et c'est ce qui marche. Croire qu'il y a des méchants et des gentils, c'est juste une illusion plus facile à accepter que la dure réalité : chacun est le gentil de son monde. Plusieurs personnages connaissent un changement dans la narration, mais aucun n'est finalement présenté comme le grand méchant de cette histoire, qui pourrait en compter beaucoup. Bref, c'est un beau message, pour une histoire plaisante à suivre. Bien sur, la série n'est pas exempte de défauts, se concentrant beaucoup sur l'Amérique et le Japon dans cette narration, même si le message se veut plus universel. C'est compréhensible, mais ça nous donne des situations assez téléphonés, notamment avec le grand nombre de personnages immigrés japonais installés en Amérique. Je comprends l'idée mais je l'ai parfois ressenti comme une certaine ficelle scénaristique un peu trop évidente. De plus, avec l'habitude de l'auteur, j'ai décelé plutôt rapidement certains retournements ou certaines conclusions. Notamment la révélation finale, sur Billy Bat, m'a semblé évidente plusieurs tomes auparavant. Cependant, ces détails n'ont pas entachés mon plaisir de lecture. C'est surtout des détails, que je note sans m'arrêter dessus. Au final, sans trop savoir à quoi je m'exposais en commençant la lecture, j'ai été surpris de la tournure des évènements. C'est prenant et dense, mais surtout le récit prend le temps de poser des réflexions que j'ai personnellement appréciés et qui font totalement échos à ce que Naoki Urasawa a déjà développé dans ses autres œuvres plus sombres. C'est intéressant, prenant et le message final résonne bien fort chez moi. Cette série me semble donc être une nouvelle réussite. Je recommande, pour peu que vous ayez envie de vous investir dans les vingts tomes de la série.

01/04/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Pokespagne

Petit résumé à l'intention de ceux qui auraient hiberné depuis plus de 20 ans, ou bien, pire encore, qui n'ont jamais manifesté le moindre intérêt pour la bande dessinée japonaise (nous éviterons d'utiliser le terme "manga", qui semble braquer les âmes bien-pensantes en nos contrées) : Naoki Urasawa est l'un des artistes les plus importants de son époque, qu'il révolutionna en 1994 en lançant sa saga Monster, parabole politique éblouissante sur les tentations extrémistes européennes renaissant autour d'un personnage mystérieux qui sème autour de lui chaos et dévastation. Sidérés, les lecteurs découvraient un auteur visionnaire, un narrateur hors pair capable d'utiliser dans son Art les outils du cinéma moderne tout en infusant une profondeur bouleversante à ses personnages, toujours humains, trop humains. En 2000, Urasawa montait encore d'un cran avec son 20th Century Boys, pour certains l'un des chefs d'œuvre de la littérature contemporaine... même si l'on découvrait aussi du coup que Urasawa avait le plus grand mal à relier rationnellement tous les fils de ses récits foisonnants. Billy Bat, lancé en 2008 et se concluant avec ce vingtième volume, est donc venu s'inscrire dans cette ligne ambitieuse, et Urasawa était "attendu au tournant" par les sceptiques lui reprochant son manque de rigueur et sa difficulté à conclure. Le moins que l'on puisse dire c'est que Urasawa a tendu avec Billy Bat les verges pour se faire fouetter, tentant cette fois une fresque planétaire à l'ambition folle, voire démesurée : exit l'Allemagne contemporaine de Monster ou le Japon du futur proche de 20th Century Boys, Billy Bat s’attaque à la planète toute entière (… en y incluant la lune !), et balaie l'histoire de l'Homme depuis Néandertal jusqu'à l'E.I., en passant par Jésus, et en se payant une petite incursion S.F. dans les guerres futures, bien sûr causées par le désastre climatique. Il s'agit ici ni plus ni moins que de représenter l'éternel combat du Bien et du Mal, dans un monde où, ne nous faisons aucune illusions, Dieu n'existe évidemment pas, un monde auquel certains d’entre nous essaient toujours de trouver un sens : alors, nous dit Urasawa, ce sens, pourquoi ne serait-il pas dans un personnage un peu dérisoire de comic book, entre Mickey Mouse et Batman ? Notre existence serait-elle plus absurde si nous imaginions que nos décisions sont influencées par des forces antagonistes dont seuls certains artistes de BDs / comics / mangas ont connaissance, qu'ils peuvent percevoir, dont ils peuvent retranscrire symboliquement les jeux de pouvoir dans leurs œuvres ? Qu'est-ce qui relie entre eux des événements aussi disparates que les premières gravures de nos ancêtres sur les parois de leurs cavernes, l'apparition de Jésus en Galilée, les combats des ninjas autour d'un document prophétique mystérieux à l'ère Edo, les complots politiques pour le contrôle des chemins de fer japonais en 1945 après l'effondrement de l'Empire, l'assassinat de Kennedy, les premiers pas de l'homme sur la Lune, l'attaque du World Trade Center en Septembre 2001, etc. etc. ? Voilà tout simplement ce que Urasawa a entrepris de nous raconter dans les 20 volumes de Billy Bat. Mais comme cela ne suffisait (évidemment ?) pas, il a rajouté une charge vengeresse contre l'empire Disney (on sait le ressentiment des mangakas en général envers la firme aux grandes oreilles), et contre la perte du sens et des valeurs artistiques ayant résulté du virage capitaliste des Studios (sans même mentionner bien entendu les sympathies de Papa Walt envers le nazisme...). Et, du coup, il a multiplié les personnages, les principaux comme les secondaires, les acteurs comme les simples témoins, au-delà du raisonnable, créant une myriade d'interactions entre eux et de mini-récits qui, évidemment contés de manière non linéaire, non chronologique, engendreront chez le lecteur soit une irrésistible fascination, soit d’intenses migraines, suivant les cas ! Ne nous illusionnons pas, lire Billy Bat n’est pas toujours une promenade de plaisir : le lecteur est régulièrement saisi par le sentiment que Urasawa et son complice Nagasaki avancent largement au jugé, avec certes une vision générale de leur récit, mais sans aucune certitude quant à leur destination finale. Et bien sûr, ces craintes s’avèrent finalement justifiées, puisque la saga se clôt sans qu'aucune véritable réponse ne soit apportée, sans que les fils de l'histoire ne soient complétement reliés. Comme dans Monster, comme dans 20th Century Boys… mais en pire encore. Alors, faut-il lire Billy Bat ? Eh bien, oui, absolument oui, hormis bien sûr si l'on est un incurable rationnel qui ne saurait accepter qu’un cercle ne se referme pas parfaitement, ou qu’une question ne trouve jamais de réponse. Car, comme dans toute odyssée, c'est le voyage qui est important et non la destination. Et quel voyage ! 4000 pages de sensations fortes, de révélations souvent étonnantes, parfois même étourdissantes ; des dizaines d'épisodes saisissants (je pense à ce quatorzième tome, d’une beauté et d’une tristesse infinie, qui aurait mérité de conclure la saga) ; des douzaines de personnages bouleversants, terrifiants ou hilarants ; et une "mise en scène" d'une efficacité sans pareille. Oui, tous les ingrédients du chef d'œuvre sont là, et certaines scènes (comme celle de la Lune, donc) resteront probablement gravées à jamais dans la mémoire du lecteur. On referme le dernier tome de Billy Bat absolument ébloui par le talent graphique de Naoki Urasawa, par le souffle de ses histoires réellement universelles, et plus encore par l'humanité de ses personnages. On le referme en se disant, comme à chaque fois, que l'on recommencerait bien à le relire immédiatement depuis le début, parce que quelque part, on sent que ce sens profond - que l'on n'a finalement pas trouvé - est bien là, dissimulé derrière les apparences et les faux-semblants d'un récit trop complexe. C'est le lecteur qui n'a pas su la reconnaître, mais la Vérité, elle, a toujours été là. Et c'est bien là le triomphe toujours répété de Urasawa, le truc d’illusionniste qu'il réussit à chacun de ses livres : ce sentiment qui nous reste d'avoir eu accès à des possibilités d'histoires "absolues" et de ne les avoir manquées que parce que nous n'y prêtions pas assez d'attention, parce que nous n’étions pas prêts. Notre manque d’attention aura permis au Monstre de disparaître de sa chambre d’hôpital, au visage d’Ami de s’effacer derrière son masque, et à Billy Bat de sauver la planète ou bien de la mener à sa perte sans que nous ayons véritablement saisi la différence. On le referme enfin en se disant que cette promenade à travers l'histoire de l’humanité a permis à Urasawa d'affirmer complètement sa vision, mélange complexe de pessimisme (nous n'avons qu'une Terre - toutes les autres ayant été "re-setées" par Billy Bat - et elle n'est pas dans un très bon état !) et d'idéalisme (il reste toujours quelque chose de bon dans l'homme, même quand tout paraît perdu). C'est pourtant dans la célébration généreuse du travail du mangaka (ou du créateur de BD) que l'on trouve finalement les plus beaux messages de Urasawa : si tout paraît perdu, il appartient à chacun d'entre nous de continuer à faire son boulot, même le plus dérisoire ; et apporter le bonheur à un enfant reste la raison la plus essentielle de continuer à vivre. De ce point de vue, même si Urasawa est encore bien jeune, Billy Bat a tout du testament.

17/08/2019 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

*Avis portant sur les trois premiers tomes* Je suis un peu comme Miranda et mon intérêt a baissé au fil des tomes. Le premier tome est sympathique avec un mystère qui me donnait envie de connaitre la suite. J'aimais bien aussi l'ambiance du Japon d'après-guerre qui me rappelle un peu Ayako et puis le personnage de Billy Bat est chouette et j'aimerais vraiment qu'il soit un personnage d'une série centrée uniquement sur lui. Et puis vient le tome 2 qui parle d'autres histoires qui m'intéressaient moins et dont je ne vois pas le rapport avec l'histoire principale. J'imagine que je vais le savoir dans un tome suivant, mais pour le moment je n'aime pas trop. Le troisième tome est pratiquement centré sur des ninjas et si cela se laisse lire, je suis bien moins enthousiaste que lorsque j'ai lu le premier tome. Et puis j'ai peur que l'histoire tombe dans le n'importe quoi et d'ailleurs certains passages dans les tomes 2 et 3 sont ridicules.

08/11/2012 (modifier)
L'avatar du posteur Gargantoine

Après la lecture des 3 premiers tomes, je pense qu'on est parti pour un bon paquet de rebondissements (donc un bon nombres de volumes). On reconnaît bien là le travail d'Urasawa : les dessins sont très bons et j'apprécie toujours les paysages ainsi que les visages des personnages qui sont réalistes, bien proportionnés. Côté scénario, l'intrigue est posée. On sent que l'histoire initiale va dévier progressivement de manière à brouiller les pistes, un peu à la façon de Monster. Il est vraiment trop tôt pour savoir si on a affaire à une série culte ou à un navet. Tout dépendra du cheminement mais surtout de la conclusion, et j'ai hâte d'y être car l'intrigue a déjà fait son effet...

11/09/2012 (modifier)
Par Miranda
Note: 2/5
L'avatar du posteur Miranda

Je ne suis ni fan de manga ni d’Urasawa, mais le pitch de départ m’a interpelée. Un dessinateur B.D. se retrouve face au personnage qu’il a crée, ainsi que mêlé à un crime qu'il est supposé avoir commis mais dont il n‘a aucun souvenir, de fil en aiguille et après quelques rencontres, il se rend compte qu‘il a le pouvoir de changer les évènements au travers de son « Billy Bat », un scénario accrocheur et en plus finement mis en image, voici pour le premier opus. Mais que ce passe-t-il ? Quel est ce marasme scénaristique qui nous tombe dessus au tome 2 ? Ça prend des proportions phénoménales et brutales en allant vers une histoire mondiale, aussi bien géographique que temporelle, aux relents putrides d’une leçon de morale limite débile et surtout très énervante. Pourquoi diable ne pas être resté sur un polar fantastique légèrement délirant et ô combien plaisant à lire. Pourquoi tomber dans le grandiloquent moralisateur ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Un second tome composé de : - Une histoire christique abominablement nauséeuse. - Une histoire raciale abominablement chiante et rébarbative. - Une histoire de ninja qui ne fait que commencer mais qui ne présage pas mieux que les deux précédentes, où il est question d’un certain rouleau qui pourrait changer la face du monde. Bref, à réserver aux lecteurs manga et fans de l’auteur.

02/04/2012 (modifier)