Le Dernier Brame

Note: 2.5/5
(2.5/5 pour 8 avis)

Depuis sa rencontre avec le grand écrivain Bernard Chalenton, la vie de Claudine semble s'être arrêtée. Ne compte plus pour elle qu'un livre de cet auteur, Monsieur Blanche, qu'elle lit et relit sans relâche depuis près de vingt ans. Sa fille, Colette, qu'elle a abandonnée à la naissance, décide tout de même d'essayer de communiquer avec cette femme psychologiquement fragile.


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Étrangère à tout, sauf à l'univers obsessionnel qu'elle a construit autour de ce roman, elle ne manifeste d'intérêt qu'à la création littéraire de sa fille, autre objet de fantasme qu'elle alimente inlassablement. Colette va accepter d'entrer dans la névrose de sa mère pour communiquer avec elle. Mais ce qui n'était au départ qu'un substrat thérapeutique, va prendre une dimension inattendue lorsqu'entre en scène Bernard Chalenton, le fameux écrivain, dont l'aura ne parvient à dissimuler la perversion. Le voyage littéraire auquel Colette avait accepté de se prêter se transforme en une lutte larvée avec cet homme auquel elle est bien plus liée qu'elle ne le croit. Une lutte qui autorise toutes les armes, de la séduction au mensonge, en passant par la manipulation. Une oeuvre psychologiquement dense, qui interroge la part d'inné et d'acquis tapie dans les rapports de force entre des individus tour à tour rivaux, dominants et dominés.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 07 Octobre 2011
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Dernier Brame © Dupuis 2011
Les notes
Note: 2.5/5
(2.5/5 pour 8 avis)
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25/10/2011 | Ro
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
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Dominant - Il s'agit d'une histoire complète en 1 tome, indépendante de toute autre, parue en 2011. Cette histoire a été écrite, dessinée et encrée par Jean-Claude Servais, également auteur de la série Tendre Violette. La mise en couleurs a été réalisée par Guy Raives. Un oiseau est en train de survoler une belle forêt verte, à la fin de l'été. Le soleil brille dans une clairière, vide de toute vie, les cerfs ayant la faculté de disparaître, de se rendre invisibles. Mais la saison des amours commence, et le cerf se montre pour parader, et pour écarter ses rivaux. Une étreinte amoureuse entre un homme et une femme est mise en parallèle. En 1983, l'écrivain Bernard Chalenton effectue des dédicaces lors d'un salon du livre. La file d'attente est longue pour échanger quelques mots avec cet écrivain célèbre. Après avoir terminé sa dédicace en cours, il relève la tête et voit une jeune femme blonde à la posture timorée, serrant un de ses livres contre elle. Il s'agit de l'ouvrage intitulé Monsieur Blanche. Après avoir échangé 3 phrases il écrit sur la deuxième de couverture : À Claudine, ma douche admiratrice, future maman d'un écrivain célèbre. Amicalement Bernard Chalenton. En 2005, Colette Chantecler rend visite à sa mère. Celle-ci a sombré dans une sorte de mutisme dès sa naissance. Du coup sa fille Collette a été placée dans une famille d'accueil, où sa mère Claudine n'a jamais voulu se rendre. Le responsable de l'établissement l'emmène voir sa mère qui est assise sur un banc devant un plan d'eau. Elle sert contre elle le livre Monsieur Blanche. Sa fille s'assoit à côtés d'elle, et la mère commence à réciter des extraits du livre par cœur. Elle finit par convaincre sa fille d'écrire son propre livre que Colette intitule Pickpocket. À l'arrivée de l'automne, comme tous les ans, Claudine se baigne nue dans le plan d'eau. Quelques mois plus tard, Frédéric se rend au château de l'écrivain Bernard Chalenton dont il est l'assistant. Il y va avec sa compagne Carla. Pendant ce temps-là, Chalenton demande à Baptiste, son homme à tout faire, de se rendre à la ville pour chercher ses commandes à la librairie. Jean-Claude Servais est un auteur de bande dessinée belge qui a commencé sa carrière en 1975. Le lecteur a donc conscience de se lancer dans un ouvrage réalisé par un auteur confirmé maîtrisant cet art narratif. C'est donc avec confiance qu'il découvre ces 3 premières pages consacrées aux habitudes de vie du cerf. Ces planches réalisent un très bel hommage à ce type de forêt, à la fois pour le plaisir de la verdure, pour les espèces reconnaissables, et pour la qualité inimitable de la lumière. Le lecteur a l'impression de plonger dans un documentaire animalier, plus factuel que romantique, avec des cerfs et des biches parfaitement représentés dans leur morphologie et dans leurs postures. Les traits tracés par Servais sont très fins et très précis, avec une impression de spontanéité quand le lecteur les regarde de plus près. Il arrive à combiner une description précise, avec une forme de vitalité. La mise en couleurs de Guy Raives vient compléter les traits, sans les écraser, mais en apportant des informations sur la luminosité, sur la texture, et parfois des éléments représentés en peinture directe. Si le lecteur n'avait pas pris la peine de regarder qui a fait quoi, il serait prêt à jurer que les dessins et les couleurs ont été réalisés par un seul et même artiste. En découvrant l'ouverture sur les comportements des cerfs, puis la base de l'intrigue relative à un homme à femmes, le lecteur comprend dès les premières pages où l'auteur veut en venir : comparer le comportement d'un homme à femmes avec celui d'un cerf, et montrer comment le vieux cerf / séducteur va être confronté à un mâle plus jeune. Effectivement l'intrigue prend cette direction, mais pas de manière aussi basique. Dès le départ, le lecteur apprécie également la qualité narrative et l'investissement de l'auteur. Dans la postface, il remercie l'écrivain belge francophone bien réel Alain Bertrand à qui il a emprunté des passages de son livre Monsieur Blanche (2004) bien réel lui aussi. De même les textes relatifs aux cerfs proviennent également d'un professionnel : Jean-Luc Duvivier de Fortemps, auteur par exemple de Seul parmi les cerfs : Les carnets d'un naturaliste . Enfin les extraits du livre de Colette sont empruntés, avec autorisation également, à l'auteur Frank Andriat, et à son livre Voleur de vies . Cette façon de travailler atteste d'une volonté d'authenticité, même si le lecteur n'y prête qu'une attention distraite. Dans cette postface, il apprend également que le château de Chalenton est bien réel, et que l'auteur s'est servi de celui de Laclaireau à Ethe-Virton, dans le Luxembourg, comme modèle. Tout du long de ces 70 pages de bandes dessinées, le lecteur se projette avec facilité dans chaque endroit, de cette clairière à l'ambiance tamisée au début, jusqu'au bord du plan d'eau de la maison de repos à la fin, en passant par des endroits aussi divers qu'un grand espace d'exposition où se tient un salon du livre (avec des éditeurs comme Dargaud et Dupuis), les escalators dans une gare, le salon grisâtre de la maison de repos, le magnifique hall d'entrée monumental de la demeure de Chalenton, le petit appartement moderne de Frédéric, le ponton au bord du plan d'eau du château, etc. À chaque fois, le lecteur ressent l'ambiance du lieu grâce aux couleurs qui transcrivent la luminosité. Il peut laisser son regard errer sur les détails de l'aménagement, ou simplement saisir d'un coup d'œil la situation sans ralentir sa lecture. L'artiste représente les personnages de manière tout aussi naturaliste, avec des morphologies différentes, et des signes attestant de l'âge de l'individu (sauf pour le corps dénudé de Claudine, dont la peau est encore parfaitement tendue, indication portée par la couleur). De même les tenues vestimentaires participent à définir les personnages, en étant cohérentes avec leur position sociale et leurs occupations. Du fait de la qualité des dessins, le lecteur a tendance à freiner sa lecture pour bien en profiter. Les pages consacrées aux cerfs dans la nature attestent d'une forte implication de l'auteur pour faire honneur à ces animaux. Le lecteur ne ressent pas une impression de remplissage, mais une volonté de faire partager aux lecteurs les impressions ressenties en observant ces animaux, tout en restant dans une optique naturaliste, sans chercher à les humaniser. Jean-Claude Servais a également réalisé une petite dizaine de planches dépourvues de texte qui incitent le lecteur à formuler ses observations, ou ses commentaires dans son esprit. À nouveau il prend le temps de contempler le spectacle qui lui est offert, de jouir de ces visions superbes sans être précieuses, racontant une histoire. Il apprécie également le sens du spectacle de l'artiste, que ce soit pour rendre compte de la beauté de la nature, pour faire passer le magnétisme qui se dégage de la personne de Bernard Chalenton du fait de sa notoriété, de son assurance et de son physique, ou pour montrer les charmes de Claudine et Carla quand elle se baignent nues dans le plan d'eau. Dans un premier temps, le lecteur ne sait trop comment réagir à la nudité de Claudine, puis de Carla. Pour la première, il est évident que l'acte de sa baigner nue à chaque automne correspond à un rituel dont le lecteur se demande s'il n'est pas lié à un traumatisme. Les dessins mettent en avant la silhouette bien conservée de Claudine, ainsi que le naturel dépourvu d'érotisme avec lequel elle accomplit ce rituel, presque en transe. Ce comportement fait bien sûr écho à celui de Carla lorsqu'elle se baigne dans le plan du château, là encore avec naturel, mais en étant épiée par Chalenton depuis son bureau avec un téléobjectif, et depuis les bois par Baptiste avec des jumelles. Ces 2 séquences développent la métaphore du séducteur se calquant sur le comportement du cerf, et des femmes en tant que proies conformément à la loi de la nature. L'auteur file sa métaphore lorsque Frédéric essaye de tenir tête à Chalenton, page 48. Servais réalise un découpage de planches avec des cases se concentrant sur les regards des 2 interlocuteurs, montrant la volonté de Frédéric de se faire respecter, de refuser de se plier aux ordres de l'écrivain, et montrant celui-ci conserver son calme et faire baisser les yeux au jeune. La similitudes comportements entre humains et cerfs semblent parfaite. Les images et les explications du directeur d'établissement indiquent que la volonté de Claudine a été complètement brisée lors de sa rencontre avec Chalenton, au point de se désintéresser de sa propre vie et de se réfugier dans le livre Monsieur Blanche, comme s'il s'agissait d'un sanctuaire inviolable, ne pouvant pas s'altérer du fait de sa forme écrite et immuable. Claudine a décidé de rester sur sa version imaginée du bel écrivain. Le lecteur peut la voir serrer le livre contre elle, comme s'il s'agissait d'un talisman, d'un viatique du bonheur. Il en va tout autrement de Carla même si au départ elle semble se plier à la volonté du mâle en s'offrant volontairement à ses regards. L'auteur n'utilise pas de bulles de pensée pour rendre plus explicites les états d'esprit des personnages ou leurs intentions, mais le langage corporel de Carla indique qu'elle sait pertinemment qu'elle est observée à la dérobée par Chalenton. Le lecteur en déduit qu'elle ne se place aucunement en position de victime, ou de femelle se soumettant à l'ordre naturel des choses, c’est-à-dire à la volonté du mâle, à son appétit. Ce comportement change également la position du lecteur. Il n'est plus un voyeur complice de Chalenton, mais il est manipulé par Carla comme Chalenton. Au fil des séquences, le lecteur prend conscience que l'auteur a utilisé le parallèle entre le comportement des cerfs et celui des hommes de type alpha-mâle pour mieux faire en sorte que le lecteur prolonge ce qui lui est montré et projette sur les personnages des comportements qui ne sont pas sous-entendu, mais plutôt suggérés. Il se prend ainsi lui-même à son propre piège. Il a imaginé que Baptiste est un brave serviteur un peu rustaud, mais sans réelle autonomie par rapport aux désidératas de son employeur, bel homme, mieux éduqué. Il s'en persuade d'autant plus quand il voit Baptiste observer le corps de Carla à la dérobée, essayant d'en profiter même s'il sait qu'elle est la chasse gardée de son employeur. Il découvre par la suite que l'intérêt de Baptiste n'est pas si identique à celui de son maître, et qu'il dispose de sa propre culture. De la même manière, le lecteur a projeté un comportement type sur Frédéric, et il se rend qu'il n'a peut-être pas été assez loin. Bien sûr, il en va de même de pour Carla. Il faut également un peu de temps au lecteur pour réévaluer le comportement et le caractère de Bernard Chalenton. Finalement celui-ci n'est certainement pas le héros, mais pas non plus le premier rôle dans cette histoire. Il apparaît au départ ambivalent, à la fois séducteur impénitent, à la fois individu égocentrique. Sa vie se pare des signes extérieurs de la réussite, à commencer par sa fortune personnelle, sa réussite professionnelle, et le nombre de ses conquêtes. Mais ses postures face à Carla montrent un individu asservi à sa passion, contraint par ses pulsions, de la même manière que le cerf ne choisit pas son comportement à la saison des amours. Pire encore, son comportement professionnel dépourvu d'éthique en fait un individu méprisable également sur ce plan-là. Aux yeux du lecteur, il ne lui reste plus que son aisance financière comme caractéristique à envier, mais au prix d'une existence entièrement asservie à des instincts contre lesquels il ne sait pas lutter, qui lui dictent sa vie. Cette forme de condamnation du personnage par l'auteur s'avère d'autant plus totale que le lecteur se rend compte qu'il lit une histoire savamment composée dans laquelle les éléments se répondent d'une séquence à une autre, avec une rigueur impressionnante. Jean-Claude Servais a inclus des éléments en provenance d'autres écrivains, mais totalement intégrés. Les courts extraits des observations de Jean-Luc Duvivier de Fortemps comportent un vocabulaire technique, comme harpail ou gagnage, expliqués par de brèves notes en bas de page. Les extraits des romans d'Alain Bertrand ou de Frank Andriat sont choisis pour les thèmes qu'ils abordent comme celui de la liberté, de l'exaltation qu'elle procure. Le lecteur regarde alors le comportement des personnages avec plus d'attention. En particulier, il observe l'évolution du comportement de Carla et ce qu'elle devient, en le rapprochant du titre de son dernier livre Le Dominant. Elle a échappé au comportement animal de la biche. Elle est loin maintenant, ayant assimilé les techniques des dominants, s'étant élevée au-dessus de sa condition de proie, imposée par la société autour d'elle. Elle a su apprendre et penser en dehors des schémas de rapports sociaux traditionnels, mais l'auteur laisse le lecteur décider par lui-même si elle reste encore dans un schéma dominant / dominé. En découvrant les premières pages, le lecteur soupire d'aise devant la richesse des dessins, à la fois descriptive et évocatrice. Il apprécie les pages consacrées à la description des comportements animaliers pour leur naturel et leur précision. Il se dit que le déroulement de l'intrigue est couru d'avance. Il prend petit à petit conscience de la subtilité et de l'intelligence du propos de Jean-Claude Servais, à la fois psychologique, philosophique et social, mettant en scène des individus beaucoup plus riches que ce que le lecteur avait supputé, façonnés par leur histoire personnelle, luttant pour leur liberté qu'ils conçoivent de manière plus ou moins lucide. Exceptionnel.

11/04/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 2/5
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Je continue d'explorer la bibliographie de Servais, auteur qui ne m'a jamais ébloui pour l'instant mais que j'aime bien dans son trait et ses thématiques. Après lecture de cette BD, je reste sur le même avis que mes autres lectures : il faudrait que Servais prenne un scénariste qui lui fasse une histoire plus solide que ce qu'il produit seul. C'est une constante de Servais mais ses dessins envoie du pâté : on a une sublimation de la nature et des animaux (ici les cerfs dans leur fameux brames), des corps féminins assez semblables d'un album à l'autre mais plutôt agréable à l’œil, une esthétique sur les bâtiments aussi. Cela dit, comme dans d'autres BD, je trouve que son dessin est beau de façon formelle. Comme souvent, il met des pavés de textes dans ses cases qui masquent le décor mais ne rendent pas la lecture fluide, et il aime aussi les pages muettes où des textes sous-titrent les cases. C'est sympathique pour faire un effet spécifique (souvent faire une liaison texte-image qui permet la métaphore) mais je trouve qu'il en abuse un peu trop. De fait, je me suis retrouvé devant une lecture plutôt pénible, alourdie assez inutilement par des pavés de textes assez dispensables. C'est en notant à la fin que ce sont des emprunts à des écrivains belges que je ne connaissais pas mais qu'il connait et apprécie que j'ai compris l'hommage rendu. Chouette idée, mais mal amenée à mon sens. Pour le reste de l'histoire, le lien assez évident entre le cerf et l'auteur est compréhensible presque immédiatement, tandis que le questionnement sur l'auteur voleur de texte est traité de façon assez superficielle malheureusement. Comme souvent, je ne dirais pas que le scénario de Servais est mauvais, il est juste pas assez abouti et ne va pas au bout de ce qu'il traite. Un des aspects malheureux est le développement de personnage, assez faible. Chacun n'est défini que par un seul trait de caractère ou presque, ce qui rend vite leurs interactions assez convenue. Je pense que c'est un des gros défauts qu'il aurait fallu gommer pour donner plus de corps à l'ensemble. En somme, une BD qui aurait pu être bonne et à quelques pistes qu'il aurait été bon de creuser. Malheureusement, j'ai trouvé la lecture souvent lourde et pas franchement intéressante. La fin n'est pas spécialement originale, reste les dessins très sympathiques. Je lirais d'autres Servais mais à petite dose.

11/04/2024 (modifier)
Par Puma
Note: 2/5

Parfois, je me demande si cette oeuvre de Servais, à mon sens la plus mauvaise de tout ce qu'il a produit, ne serait pas d'abord autobiographique ... Et si le romancier en mal d'imagination qui est dépeint dans cette histoire, ce ne serait pas d'abord lui-même, tant l'ensemble est abscons. Il y a des belles planches en forêt avec des cervidés, et de très belles lumières qui filtrent au travers des feuilles ; mais est-ce suffisant ? Une des lectures qui, à cause du scénario assez vide, m’a le moins convaincu de cet auteur que je lis depuis ses débuts !

18/02/2013 (modifier)
Par Spooky
Note: 2/5
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Bon. Ca faisait un moment que je n'avais pas lu un album de Servais. Il me semblait pourtant que ses scenarii tenaient un peu mieux la route. Là, clairement, il tourne en rond avec son histoire d'écrivain tout-puissant qui subit la vengeance par procuration d'une femme dont il a abusé de la faiblesse 20 ans plus tôt. Tout est archi-convenu, la surprise n'est jamais au rendez-vous. De plus le récit est alourdi, sans aucune justification, par des extraits de bouquin, qui n'apportent strictement rien à l'histoire... Reste son parallèle habituel entre l'homme et la nature, qui lui est assez transparent et clair, et pas inintéressant. C'est encore là que Servais reste un grand, d'autant plus que son dessin est arrivé presque à son sommet. Ses planches se déroulant dans la forêt sont, encore une fois, de toute beauté. Ses femmes nues aussi.

17/02/2013 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

J'aime toujours autant les histoires que nous conte Servais. Il y a ce mélange avec la nature qui est toujours au coeur de ses oeuvres. On ressent toujours une ambiance un brin forestière. La nouveauté réside sans doute dans le fait d'un récit de vengeance plus adulte et qui prend un peu plus de place que d'habitude. Il est dommage d'avoir des passages totalement littéraires et un brin pompeux qui n'apportent finalement pas grand chose. Néanmoins, cela reste une bd de qualité avec un graphisme toujours aussi soigneux. Il y a incontestablement une simplicité du scénario qui aurait mérité un développement plus élaboré pour sortir du classicisme habituel. C'est tout de même assez captivant pour attirer l'attention du lecteur.

31/12/2012 (modifier)
L'avatar du posteur Yannou D. Yannou

J'aime bien, voire beaucoup, les bds de Servais. Pour dessiner la campagne, les forêts et le soleil qui passe à travers il est fortiche, on sent qu'il y met de son intime. La forêt c'est bien la seule chose intéressante de cette bd. L'histoire est tellement archi-conventionnelle qu'elle en devient presque exaspérante et gâche tout le plaisir de la lecture. Avec des personnages un peu fins et recherchés, ça aurait peut-être pu sauver l'ensemble... hélas, les personnages collent parfaitement à l’histoire.

02/10/2012 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Une fois de plus, je n’ai pu résister à l’achat du nouvel album de Servais… Une fois de plus, j’en ressors avec un sentiment très mitigé… Avant toutes choses, je dois avouer que j’aime son trait réaliste, fin et académique. Jean-Claude Servais est un dessinateur élégant. De plus, dès qu’il s’agit de reproduire des scènes naturalistes, il excelle, tout simplement ! On sent qu’il aime ce qu’il dessine, et c’est tout bénéfice pour le rendu final. Ajoutez à cela que je trouve ses personnages féminins très harmonieux et vous comprendrez que je n’ai rien à reprocher au côté visuel de l’album. Ensuite vient la narration. Là, j’avoue ne pas avoir compris pourquoi l’auteur s’est servi des mots d’autres écrivains dans cet album. Petit mot d’explication : cet album comprend plusieurs passages de lecture de romans. Ceux-ci sont censés avoir été écrits par des personnages de fiction mais Jean-Claude Servais, plutôt que d’inventer des textes, a simplement recopié ceux d’autres auteurs, inconnus de moi mais présentés en fin d’album. Le seul avantage de ce procédé est que l’on sent des différences d’écriture entre les différents romans. C’est clair que ceux-ci n’ont pas été écrits par la même personne. Mais bon, était-ce bien nécessaire de passer par un tel procédé ? Par ailleurs, lorsqu’il écrit lui-même ses dialogues, Jean-Claude Servais fait, là aussi, montre d’élégance. Le texte est travaillé, soigné, peu réaliste car je n’imagine pas une personne du quotidien s’exprimer oralement avec un langage aussi châtié, mais agréable à lire. Et, par-dessus tout ça vient l’intrigue principale… digne d’un mauvais roman photo… Franchement, après une quinzaine de planches, j’avais tout compris d’une histoire vaudevillesque au possible. C’est tout sauf passionnant. Et une histoire d’amour sans passion, hein… bon… Reste le lien entre l’homme et l’animal, présenté à nouveau avec élégance mais ce n’est pas assez pour totalement me séduire. Au final, je ne peux dire qu’une chose : Servais gagnerait beaucoup à se chercher un scénariste imaginatif et prêt à lui composer des histoires sur mesure. Son point fort, c’est l’élégance du trait et du terme couplée à ses talents de peintre naturaliste. Mais mettre un tel don au service d’un dérivé des « feux de l’amour », c’est un navrant gaspillage… Pour la cote, j’ai du mal. J’ai aimé feuilleter cet album. J’aime en regarder certaines planches. J’aime lire certains passages… Mais je trouve l’histoire tarte au possible. Si vous êtes fans de l’auteur, vous pouvez acheter les yeux fermés (si ce n’est déjà fait). Sinon, vous pouvez éviter. Bon, allez 3/5 avec achat conseillé car c’est le genre d’album que j’aime feuilleter régulièrement pour l’élégance de son dessin. Ah oui, un dernier mot : la colorisation de Raives m’a plus plu que dans « Orval ». Elle m’est apparue moins tranchante, plus nuancée et convient mieux sous cette forme au trait de Servais. Quand je vous disais que l’aspect visuel m’avait séduit…

25/10/2011 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
L'avatar du posteur Ro

Comme il nous y a si bien habitués par le passé, Jean-Claude Servais nous offre avec cet ouvrage de bien beaux paysages naturels de forêts et d'animaux, une belle ambiance de la Wallonie rurale et notamment de l'un de ses beaux châteaux. Il est soutenu pour cela par la colorisation de Guy Raives qui accentue la beauté de ces décors. Pour ce qui est des personnages, ils sont également bien dessinés même s'ils ont ce côté un peu trop raides et froids qui marque souvent le style de Servais. Quoiqu'il en soit, tout cela est bien joli. Alors avec un tel graphisme, on espère une belle histoire, quelque chose d'original et d'intéressant. Malheureusement, la trame de cet ouvrage se révèle nettement trop convenue et prévisible à mon goût. En quelques pages, on devine la suite presque jusqu'à la fin. Un romancier à succès au caractère dominateur et séducteur, une jolie femme fragile et fascinée par lui, un enfant aux origines bien peu mystérieuses, toute une métaphore lourdement appuyée sur les cerfs, mâles alpha en perpétuel conflit pour la domination de leur harde de femelles... et bien sûr une vengeance... Un scénario me donnant l'impression d'avoir été maintes fois vu en téléfilms ou séries TV... Les situations sentent le déjà vu. Les personnages sont très peu charismatiques. La lecture se fait rapidement ennuyeuse. A cela s'ajoute une narration alourdie par l'intégration récurrente d'extraits de deux romans faisant certes partie de la trame du récit mais dont le texte imposé au lecteur m'est apparu comme d'autant plus parasite qu'il provient de romans existants d'amis de Jean-Claude Servais et donc sans écho réel, en ce qui concerne leur contenu même, avec le récit de cette BD. Je suis un peu dur avec cet avis car objectivement cette bande dessinée est esthétique et son histoire tient plutôt bien la route. Mais le scénario se révèle tellement sans surprise et finalement peu agréable à lire que je ressors ennuyé de cette lecture. J'ai bien peur de rapidement l'oublier et la confondre avec tant d'autres qui me paraissent similaires.

25/10/2011 (modifier)