Polina

Note: 3.38/5
(3.38/5 pour 21 avis)

2011 : Prix Canal BD 2012 : Prix ACBD. Introduction Site Casterman : "Après avoir exploré l'émoi amoureux, Bastien Vivès parcourt la relation du maître et de l'élève dans Polina ou l'histoire d'une petite fille qui deviendra chorégraphe. Dans un livre conséquent, l'auteur semble réfléchir sa propre expérience par la fiction. Sans détours, avec lucidité et distance."


BDs adaptées en film Gobelins, l'École de l'Image Grands prix de la Critique ACBD La Danse Prix des Libraires de Bande Dessinée

" Il faut être souple si vous voulez espérer un jour devenir danseuse. Si vous n'êtes pas souple à 6 ans, vous le serez encore moins à 16 ans. La souplesse et la grâce ne s'apprennent pas. C'est un don. Suivante... "

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 09 Mars 2011
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Polina © Casterman 2011
Les notes
Note: 3.38/5
(3.38/5 pour 21 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

05/04/2011 | le poulpe
Modifier


Par Solo
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Solo

Première lecture des créations réalisées par Bastien Vivès et, allez savoir pourquoi, j'avais comme un mauvais pressentiment. Peut-être parce-que je le trouvais orgueilleux pour oser récupérer l'inégalable Corto Maltese d'Hugo Pratt. D'autant que démarrer par une histoire se déroulant dans le monde de la danse ne m'enjouait pas vraiment. Et puis pouf ! La magie opère. En fait, je n'ai jamais pensé qu'à la danse à travers le récit, mais plutôt à tous les principes que l'on peut tirer d'une pratique artistique ou problématiques que chacun rencontre tout au long de sa vie: questionnement allant jusqu'à la remise en question, émancipation, sentiments amoureux, apprentissage permanent, trouver sa propre personnalité, tracer sa propre voie, etc. C'est un récit intimiste, moderne, dans lequel on peut facilement s'identifier grâce au regard que l'on pose sur l'évolution de Polina. Une évolution superbement menée. La notion du temps est essentielle, car l'auteur écrit tout de même le parcours de cette nana sur une bonne vingtaine d'années (on commence par la voir dès ses 6 ans, pour tenter d'intégrer une école russe de renom, jusqu'à ses 30 balais ou quelque chose comme ça!). Le tempo est absolument fabuleux. Le récit a été monté de manière à ne dévoiler que les étapes clés où Polina a dû prendre de grandes décisions sur sa vie. Et il n'est pas question que ces décisions soient justes ou non mais plutôt qu'elles lui permettent de se construire à travers ses expériences afin de comprendre son monde, son existence, ses motivations. Soit dit en passant, la taille du bouquin ne doit en rien vous freiner, il suffit de feuilleter quelques planches pour se rendre compte qu'il peut être parcouru "rapidement". En ce qui me concerne, je l'ai lu rapidement. Ce ne sont pas des cases où l'on reste contemplatif pendant des heures, mais elles dégagent assurément une véritable homogénéité pour l'atmosphère du récit. J'ai dévoré les pages sans vraiment m'en rendre compte. Le style est proche du croquis, donnant d'ailleurs beaucoup de dynamisme aux scènes de danse. Le dessin minimaliste m'a permis de capter l'ambiance des scènes et, surtout, les absences d'organes comme les bouches/nez/yeux/pupilles (ou tout ça combiné) réussissent paradoxalement à offrir davantage d'expressions que s'ils s'y trouvaient. Peut-être que la danse joue son rôle sur la critique qui va suivre, mais se dégage aussi une sensualité ambiante tout à fait agréable. Et puis une dernière chose que je trouve techniquement admirable, c'est la métamorphose physique de l'héroïne. De ses 6 ans jusqu'à ses 30 ans (plus ou moins), ce corps traduit le temps qui passe sans jamais nous faire oublier les premières années, même arrivé à l'épilogue. C'est fascinant d'avoir réussi à construire l'idée de "continuité" sous tous les aspects offerts par la BD. Quant à l'écriture, elle ne déborde pas, au contraire. Au même titre que nous parcourons les étapes clés de la vie de Polina, l'auteur souhaite saisir également les paroles qui ont marqué son esprit et qui l'ont forgé. Elle-même revient sur certains discours qu'elles répètent mot pour mot des années plus tard (discours de son professeur repris dans une discussion avec William par exemple). Ecriture efficace, sans fioriture, qui appuie complètement le fil rouge tracé par l'auteur. C'est savamment composé là encore. En espérant que vous interpréterez le récit au-delà de l'univers "Danse classique" et que les récits intimistes vous intéressent, je vous invite sincèrement à tenter Polina. Je trouve que l'histoire a ces côtés réaliste, moderne et "universelle", permettant à ce que chaque lecteur y trouve sa place. Cette universalité ressentie à travers la vie d'un seul individu m'amène à penser aux œuvres de Frédérik Peeters (dont j'en profite pour vous recommander chaudement la lecture). J'ajoute le coup de cœur pour le "bonheur surprise". C'est un emprunt, mais l'achat guette!

27/12/2021 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Jetjet

Bastien Vivès est un de ces auteurs avec lequel on ne sait jamais à quoi réellement s'attendre... D'un côté il est le co-auteur de l'époustouflant et sous-estimé série Pour L'Empire et par ailleurs d'un tas de bouquins dispensables au trait souvent haché et/ou bâclé. Et il y a ce "Polina", bardé de prix et de critiques souvent prestigieuses qui ont du grandement aider à sa renommée. La peur de lire un ouvrage bobo prisé des salons bien pensants parisiens a du reculer durablement la lecture de cet ouvrage et bien mal m'en a pris. Polina est une jolie surprise. N'ayant aucune affinité avec le monde de la danse, je redoutais l'ennui mais c'est la construction de cette relation entre cette jeune fille douée mais incertaine de son parcours artistique et de ce professeur strict et âpre, Bojinski, qui fait tout le sel de ces 200 pages de lecture. N'allez pas croire par ailleurs que la danse et cette relation maître-élève sont les uniques moteurs de "Polina", Bojinski n’apparaît pas sur toutes les cases bien au contraire mais sa présence est si pesante que l'on devine l'impact de son enseignement sur l'évolution de cette jeune Russe discrète de son enfance à l'âge de raison. Il y a beaucoup de cases sans paroles mais la construction est parfaite. Vivès possède toujours ce trait épuré où l'on devine plus les formes que les détails mais à aucun moment le lecteur est perdu. Une certaine grâce en ressort même lors des scènes dites de danse. Polina parle peu mais vit, tombe amoureuse, hésite, semble perdue et persiste. Les dernières pages sont absolument magnifiques et fort émouvantes. Par une belle astuce graphique, l'auteur nous dévoile même Bojinski tel qu'il est réellement et toutes les pièces du puzzle s’emboîtent pour délivrer finalement ce qui constitue le haut du panier de la longue bibliographie de Bastien Vivès. Il me tarde d'ailleurs de voir à présent l'adaptation ciné de ce petit bijou d'émotion.

20/10/2019 (modifier)
Par herve
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur herve

Je fais partie de ceux qui n'ont guère apprécié les précédents livres de Bastien Vivès. Aucune émotion n'était ressortie du Le Goût du chlore ou encore de Dans mes yeux. Je reconnaissais à ce jeune auteur encensé pourtant par une certaine critique, un seul talent ; celui de maitriser parfaitement le dessin. J'ai donc, malgré tout, succombé à l'attrait d'un nouveau Vivès, eu égard aux bonnes critiques lues ici ou là. Et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un album touchant, émouvant et surtout parfaitement maitrisé. Cette aventure qui s'étale sur plusieurs années m'a littéralement envouté alors que le thème traité, le monde de la danse classique, m'est complétement hermétique. Il faut le tour de force d'un grand auteur pour pouvoir captiver le lecteur parfaitement profane que je suis (et je ne pense pas être le seul) dans une aventure somme toute banale. Mais ce qui fait l'atout de ce pavé, c'est le superbe dessin de Bastien Vivès, un dessin en noir et blanc, tout en mouvement et qui allie à la fois la précision dans les gestes et le flou dans les visages. Ce mariage est une réussitte totale. Avec plus de 200 pages, nous nous attachons aux personnages, en particulier à Polina et son enigmatique mentor, Bojinski. J'ai souffert avec Polina, j'ai ressenti ses déceptions et ses peines mais aussi j'ai été très heureux de l'avoir accompagnée dans ses années d'apprentissage de la danse mais aussi de la vie. Merci à l'auteur pour cet ouvrage qui relève à la fois d'un récit sur le monde de la danse, et d'un témoignage plus large sur la création artistisque.

06/04/2011 (modifier)