La Genèse (The Book of Genesis illustrated by R. Crumb)

Note: 2.6/5
(2.6/5 pour 5 avis)

Le pape du comics underground s’attaque au Livre. De l’histoire d’Adam et Eve jusqu’à celle des fils de Jacob, de Noé à Joseph, revivez les débuts de la Bible.


Adaptations de romans en BD Avant 475 : Antiquité Egypte Ancienne Spiritualité et religion

Robert Crumb qui s’attaque à la Bible… Je crois que sur le papier, ce comics est le plus surprenant de ces 10 dernières années. Souvenez-vous de Fritz the Cat, des récits autobiographiques sur les frustrations sexuelles de son auteur, de son irrévérence, de son côté hippie… Si l’on en croit Crumb, il s’est mis à dessiner ces premiers récits bibliques un peu comme par défi, mais aussi… pour l’argent ! S’inspirant de la Bible du roi Jacques, il s’efforce de rendre le plus fidèlement possible ce qu’ont voulu dire les anciens dans cet ouvrage que l’ont dit vieux de 2500 à plus de 3000 ans. Et de rendre compte des petits détails que souvent les lecteurs négligent dans la lecture des Saintes Ecritures…

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 22 Octobre 2009
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Genèse © Denoël 2009
Les notes
Note: 2.6/5
(2.6/5 pour 5 avis)
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29/05/2010 | Spooky
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Par sloane
Note: 3/5
L'avatar du posteur sloane

A vrai dire me voilà un poil déçu par cette aventure. En lisant le nom de Crumb sur la couverture je m'attendais à quelque chose d'un peu iconoclaste, d’irrévérencieux. Que nenni, nous avons là une très sage et policée adaptation de l'Ancien Testament. Ayant tenté dans ma jeunesse une lecture de la bible j'étais un peu au fait de cette histoire mais j'avais été très vite rebuté, ayant l'impression de lire une généalogie. Ici le charme n'a pas opéré et moi aussi j'ai survolé plusieurs pages, le dessin particulier de Crumb ne m'a pas aidé à aller plus avant. Il faut un certain courage pour aller au bout de la chose et franchement je ne sais trop à qui est destiné ce type d'ouvrage. L'aspect pédagogique pourra peut être convaincre, je suis un indécrottable athée, cette histoire n'est pas pour moi et sa morale ne me parle en rien. Pas d'achat donc mais un coup d’œil est possible pour voir que finalement même les plus iconoclastes des dessinateurs peuvent avoir leur crise de foi.

10/06/2016 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Voici une entreprise très étonnante de la part du père fondateur de la BD underground américaine. Ici, pas de sexisme, pas d'anti-politiquement correct, pas de provoc, pas d'humour trash (et même pas d'humour du tout), pas de fantasmes bizarres... bref rien de ce à quoi Crumb nous a habitué, puisqu'il a choisi de conter l'Ancien Testament traité avec une érudition et un sérieux exemplaires. On y retrouve donc tous les épisodes connus comme Adam et Eve, Caïn et Abel, Noé et le déluge, la Tour de Babel, la destruction de Sodome et Gomorrhe, la vie d'Abraham, celle de Jacob... en gros toutes les sentences de la Bible que je n'ai jamais trop lue, mais je les connais pour les avoir entendues et parfois subies par des leçons de catéchisme imposé par mes grand-parents qui étaient des grenouilles de bénitier ; heureusement, mes parents ont été quand même compréhensifs et m'ont laissé libre, ça explique sans doute pourquoi je me suis en grandissant détaché de la religion chrétienne, je n'avais pas envie qu'une religion me dicte mes actes. Ceci indépendamment de mon goût pour les églises et l'architecture religieuse. De même que ça ne m'empêche pas de m'intéresser aux fresques bibliques, car ce sont de belles histoires. Justement, n'étant plus ni croyant, ni pratiquant, je croyais trouver un intérêt dans ce pavé, et j'ai abordé cet ouvrage comme une belle histoire, mais malheureusement, ça devient vite pompeux. Enfin, vite n'est pas tellement le mot adéquat, disons que c'est pompeux par endroits, car là où Crumb aurait dû simplifier, faire des coupes ou éluder telle ou telle partie pour éviter une trop grande lourdeur, au contraire, il choisit d'adapter scrupuleusement les textes. Cette lecture me laisse d'ailleurs dubitatif, car on peut se poser des questions sur Dieu et ses préceptes lorsqu'il favorise des personnages qui ne le méritent pas vraiment, et qu'il en accable d'autres qui mériteraient de la compassion, je trouve ceci un peu intolérant et très injuste. Alors peut-être faut-il interpréter ceci car la Bible est faite de préceptes allégoriques et de paraboles parfois absconses. Bon, la lecture est tellement chiante il faut bien le dire par endroits, que parfois, je survolais certains passages, mais je suis venu à bout de cet ouvrage en n'étant pas plus changé ou convaincu ; pour moi, les religions sont comme le disait Marx, l'opium du peuple, elles affectent le jugement, mais elles peuvent aussi sauver une personne à la dérive ou lui apporter du bien, c'est pourquoi je les respecte ; je ne veux simplement pas qu'on m'en impose une. Cette lecture fut donc assez pénible mais instructive par moments, et le dessin de Crumb m'a sans doute aidé à tenir le coup ; son style est reconnaissable entre tous, on y retrouve quelques éléments, il ne peut s'empêcher d'y dessiner ses femmes bien charpentées, dès le début avec une Eve costaude ; son encrage épais détermine un superbe noir et blanc soigné qui achève de faire de cette vision méticuleuse de la Genèse un ouvrage atypique dans son oeuvre dessinée. A lire si vous en avez le courage...

06/12/2014 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
L'avatar du posteur Gaston

Mon premier Crumb et j'ai l'impression que je n'ai pas commencé avec le meilleur. En tout cas, je n'ai pas commencé avec l'album qui représente le plus son œuvre. Il n'y a pas de provocation ou d'humour dans son adaptation de 'La Genèse'. Juste une adaptation fidèle et... chiante... Les seules choses que j'ai appréciées sont les notes de Crumb à la fin de l'ouvrage qui sont très intéressantes. Le reste est nul. Tout d'abord, les histoires sont très répétitives. On retrouve les mêmes choses comme les alliances que Dieu fait avec les hommes et on retrouve plusieurs fois les mêmes mots (je pense que si j'avais reçu un dollar chaque fois que j'avais lu 'ta semence', je serais riche). De plus, on a aussi droit à un arbre généalogique compliqué dont je n'ai rien à foutre. Et puis le comportement des personnages est souvent détestable. Par exemple, un des fils de Noé le voit par accident nu et c'est suffisant pour qu'il soit maudit et que ses descendants deviennent des esclaves. Des personnages sont favorisés sans aucune raison et pratiquement tous les 'héros' et 'vilains' des récits sont désignés par Dieu de manière arbitraire. C'est pour ça que j'ai toujours préféré le nouveau testament à l'ancien testament : alors que Jésus est sympathique, Dieu et la plupart des personnages censés être sympathiques sont juste une bande de connards.

14/06/2011 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
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C'est avec une vraie curiosité que j'ai souhaité lire cet album. En effet, même si j'avais lu des portions et si je connaissais les moments clés de l'Ancien Testament, je n'avais jamais eu le courage de le lire pour de bon et dans son ensemble dans le texte. Je suis athée, j'ai donc vu cette lecture non pas comme un moment spirituel mais comme une découverte presque archéologique des légendes d'une civilisation ancienne, tout en cherchant à y trouver ce qui a pu être si évocateur et important pour avoir servi de base aux trois grandes religions monothéistes de la Terre. J'ai réalisé que je ne connaissais vraiment pas le contenu exact de cet ouvrage. Je ne savais notamment pas que la Génèse, pourtant très conséquente puisque c'est elle seule qui remplit cette épaisse bande dessinée, ne formait qu'une cinquième du pentateuque, les cinq livres principaux, et qu'eux-mêmes étaient accompagnés de dizaines de livres moins importants (et variables suivant le dogme religieux exact, juifs, protestants, catholiques, etc.), le tout formant l'Ancien Testament. Présenté ainsi, la somme d'informations de ce livre sacré pour beaucoup m'est apparue comme énorme. Dès le début, j'ai retrouvé ce qui m'avait rebuté dans la lecture de la Bible en tant que telle. Le phrasé utilisé pour la narration est antique et pénible. Empli de redondances, il est sans aucune fluidité et donne l'impression de lire deux à trois fois les mêmes textes pour raconter la même chose. Je connaissais les débuts de la Génèse, et une fois de plus j'ai tiqué sur l'aspect éminemment patriarcal de son contenu, avec pour commencer évidemment Eve issue de la côte d'Adam (du moins dans le chapitre 2 puisqu'elle est son égale dans le chapitre 1) mais ce point de vue mâle se retrouve en quasi permanence par la suite. Il y a aussi cette vision d'un Dieu autoritaire et incohérent dont j'ai vraiment du mal à comprendre l'adoration. Tout le monde a en tête le coup de l'Arbre de la Connaissance mis en plein milieu de l'Eden, attirant et tout, mais attention, hein, pas le droit d'y toucher, sinon c'est malédiction pour l'éternité. Sans parler des innombrables fois où il favorise éhontément untel par rapport à un autre et punit l'autre quand celui-ci s'en trouve jaloux, le cas le plus évident étant celui d'Abel et Caïn, mais là aussi le schéma se répète au long des chapitres. Et puis il y a la façon dont les élus de Dieu sont représentés, Abraham et sa descendance. Dieu n'arrête pas de passer serments sur serments avec eux, jurant de les favoriser eux et leur descendance, mais dans le texte tel que Crumb le met en image, on réalise combien ceux-là sont bien souvent fourbes et haïssables, n'hésitant pas à mentir, à voler et à tuer, mais ce n'est pas grave car ils ont la bénédiction du Tout Puissant, cela sert leur future grande Nation et puis après tout l'homme est faillible et il est présenté ici dans toute son humanité. Le pire fut à mes yeux le comportement de Jacob qui s'enrichit en extorquant les plus belles bêtes du troupeau de son cousin, puis surtout ensuite viennent ses fils qui massacrent les hommes d'une cité entière, la pillent et prennent femmes et enfants en esclavage, alors que, certes l'une de ceux-ci avait abusé d'une de leurs filles, mais il avait ensuite juré de l'épouser d'un amour réciproque et tous les hommes de la cité s'étaient repentis et avaient passé un pacte avec la maison de Jacob. De la trahison et du barbarisme pur et simple, mais ce n'est pas grave car ils ont la bénédiction du Tout Puissant... Il y a aussi ces passages répétés, comme l'impression de lire plusieurs fois la même histoire reprises dans des chapitres et avec des personnages différents. C'est le cas notamment de ces trois fois où Abraham, Isaac et Jacob arrivent dans une ville et font passer leur femme pour leur sœur. En fin d'album, Crumb présente une théorie expliquant la raison de ces passages récurrents mais dans le texte même de la Bible, ce n'est vraiment pas convainquant. En définitive, si cette lecture me fut instructive et m'a appris beaucoup de choses, elle me fut aussi pénible. La narration, directement issue des mots de l'Ancien Testament, est lourde, ennuyeuse, les pires passages étant ceux énumérant la généalogie des personnages avec leur multitude de noms qu'on oublie aussi vite qu'on les as lus. Le dessin de Crumb n'étant pas ma tasse de thé, il n'apporte que peu de choses à ce récit même si je concède que sans lui et la façon dont il facilite la compréhension du texte et les images à lui coller, je n'aurais jamais réussi à lire le texte même de la Bible. J'ai par contre beaucoup apprécié la dizaine de pages en fin d'album où l'auteur explique ses réflexions sur tels et tels chapitres. Il fait part de son interprétation de certains passages difficiles, mentionnant les avis d'érudits dans le domaine. Il m'a nettement éclairé sur certains points obscurs ou peu compréhensibles de certains chapitres. C'est là notamment qu'il explique la façon dont l'écriture patriarcale de la Bible avait probablement censuré des épisodes purement matriarcaux du récit qui du coup devaient être déchiffrés pour y retrouver la probable réalité historique. Très intéressant. Alors bon, prendre la peine de lire cet ouvrage pour en apprendre davantage sur une œuvre culte de la littérature mondiale, tant sur le plan religieux que social, historique et légendaire, c'est une chose qu'on ne regrette pas après coup. Mais je n'y ai vraiment pas pris plaisir du fait de son aspect fastidieux et je ne me vois ni conseiller son achat ni en imposer sa lecture à qui que ce soit.

23/10/2010 (modifier)
Par Spooky
Note: 2/5
L'avatar du posteur Spooky

Je suis un athée franchement convaincu, mais je lis tout ce qui me tombe entre les mains. Voir Crumb, cette icône hippie s’attaquer à la Genèse m’a surpris, interrogé. Mais ma lecture fut franchement décevante. Pas d’irrévérence, et pire, une interprétation trop sage, voire absolument fainéante. Je n’ai jamais ouvert de Bible de ma vie, mais y’a-t-il réellement autant de redites ? Les descendances d’Abraham sont-elles autant détaillées, ad nauseam ? Je l’avoue, j’ai carrément sauté quelques pages lorsqu’il s’agissait de véritables arbres généalogiques… Dans l’ensemble c’est très bavard, le récit aurait gagné à être élagué… et quelle idée de faire des récitatifs ! « Machin dit à son fils : Fais ceci et ceci et ceci (je vous passe les détails de la liste) ». A la case d’après, le fils fait ceci, et ceci et ceci… (mêmes détails). Et puis, est-ce qu’on a besoin de commentaires avec « le père dit à son fils » et ensuite les bulles concernées. C’est juste ultra-lourd. Et puis certains récits m’ont franchement énervé… Celui concernant Abraham, qui ne peut pas, visiblement, faire une promenade, sortir pisser derrière sa grange ou dormir sans que Dieu ne lui apparaisse pour lui dire « tu vas faire ceci, tu vas faire cela ». Bon, c’est sympa. Mais apparaître trois jours de suite pour lui dire la même chose, c’est gonflant. Ou alors Dieu radotait déjà. Le dessin de Crumb est très particulier, reconnaissable entre mille. Ici il s’avère particulièrement… étrange. Les femmes aux tétons souvent durs et surdimensionnés, les hommes qui ont l’air vieux à quinze ans et ont tous la même allure passés les 30 ans... Du coup les récitatifs dont je parlais plus haut deviennent presque utiles pour savoir qui agit dans l’image. Parlons-en des femmes tiens. Si l’adaptation est fidèle, elles ne « servent » qu’à enfanter. Celles qui ne se marient pas « légalement » se font violer ou sont des perverses prêtes à jeter l’opprobre sur celui qui se refusera à elles. Belle image de la gent féminine. Mais cessons là le procès de la Bible, ce n’est pas le but. Mais à la limite, que Crumb ait voulu faire une adaptation fidèle, sans irrévérence ou iconoclasme (ça se dit, ça ?) de la Genèse ne me gêne pas tant que ça. Pourquoi pas, effectivement, permettre à des gens qui n’ouvrent jamais un livre mais lisent des comics, d’approcher par ce biais ce texte. Admettons. Non, là où à mon avis il se plante dans les grandes largeurs, c’est en en faisant une version par trop frileuse. Je pense que cela aurait gagné en dynamisme si l’adaptateur avait choisi d’éliminer les redites, les récitatifs complètement superfétatoires, et en évitant l’imagerie un peu trop classique (Dieu à une apparence de vieillard à barbe blanche… original non ?), et en choisissant de moderniser un peu le texte. Cela n’aurait en rien dénaturé sa force (enfin je présume, personnellement ça n’a rien changé dans mes convictions) et je pense que les ligues puritaines n’auraient rien dit. Crumb respecte ses propres intentions de départ, mais celles-ci sont biaisées, et du coup on se retrouve avec un pavé de 220 pages bavard, voire bavasseur, trop dense au niveau du dessin également (mais ça c’est le style crumbien) et sans originalité aucune. Commercial, frileux le Crumb ? Je n’irais pas jusque-là. Mis à part les théologiens, et les croyants, je suis prêt à parier que 90% des autres lecteurs de cette adaptation la laisseront tomber au bout d’une trentaine de pages. Et se feront une belle bosse sur le pied.

29/05/2010 (modifier)