Les interviews BD / Interview de Marie Deschamps

Le Festival International de la Bande Dessinée a lieu chaque année fin janvier, à Angoulême. Grand-messe auto-proclamée du 9ème Art, cette manifestation est aussi l'occasion d'aller voir au cinéma, dans plusieurs salles, des films adaptant des bandes dessinées plus ou moins connues.

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Pour ma part j'ai jeté mon dévolu sur une projection programmée au Vaisseau Moebius, l'un des deux bâtiments principaux de la Cité de la BD, en bords de Charente. Il était 10 heures du matin, pas toujours évident de se motiver à braver la froidure angoumoisine, surtout après une soirée que l'on qualifiera de "festive"...

Mais je savais que l'effort en vaudrait la peine, car étaient projetés en ces lieux illustres les trois courts-métrages réalisés par Marie Deschamps, également connue comme autrice de bandes dessinées, dont les albums ont été éditées par Comme une orange. Deux des trois courts métrages adaptaient des albums de sa main déjà sortis, Pierre et Lou et Le Printemps d'Oan. Le troisième, "Drôles d'oiseaux", a été réalisé simultanément comme album BD et comme film d'animation. Celui-ci raconte la rencontre entre un enfant et un oiseau.

La réalisatrice-autrice était présente à la projection, en compagnie des deux musiciens qui ont réalisé la bande sonore des trois films, Stevo Bandini et Philippe Guerrieri. Par contre le narrateur, Eric Wantiez, par ailleurs scénariste des deux premiers albums adaptés, n'a pu être présent, devant tenir le stand de la maison d'édition qu'il dirige... A l'écoute de sa prestation, on sent qu'il n'est pas acteur de doublage, mais Marie Deschamps a tenu à ce que ce soit lui qui lise ses propres textes, afin de ne pas en dénaturer la création. Cette fragilité, ces hésitations ajoutent un charme indéniable à ces productions.

Accéder à la BD Pierre et Lou Marie Deschamps a su garder, dans son adaptation, la même fraîcheur, la même puissance d'évocation qui font la force des albums. Elle n'a pas ajouté grand-chose par rapport au Pierre et Lou original, graphiquement, hormis un réhaut blanc sur les personnages afin de les mettre en valeur, une technique graphique qu'elle a depuis intégrée à son dessin. Pour Le Printemps d'Oan, elle a ajouté une profondeur de champ, matérialisée par une brume, afin d'être plus "violente" par rapport au noir et blanc (avec quelques taches de couleur narratives) original. Pour Drôles d'oiseaux, rien ne différencie, graphiquement le film de la bande dessinée. Le charme opère donc dans ces trois films, qui mis bout à bout durent 35 minutes. Les deux premiers ont nécessité un mois de travail, le troisième 4, sachant qu'elle compte dans ce délai le film et le livre. Par contre l'ensemble a nécessité des années de gestation.

Marie Deschamps a tenu à ajouter quelques mots au sujet des deux compositeurs qui l'accompagnaient sur ces projets, en indiquant qu'ils étaient tous les deux des musiciens de scène. Elle les a choisis, malgré leurs univers musicaux différents, pour leur rapport presque sensuel à la musique, le fait qu'ils vivent leurs partitions, bougent avec. On sent que la synergie entre les intervenants était unique, et elle a permis de créer trois petits bijoux d'animation et d'émotion.

Ces trois films sont disponibles en ligne, sous forme volumen, c'est à dire un format permettant de garder la profondeur de l'audio-lecture en scroll, tactile ou à la souris. Ce site est payant, mais accessible par abonnement (5€/mois). Jetez-vous dessus ! Vous aimez le travail de Marie Deschamps et souhaitez la soutenir ? Rendez-vous sur Tipeee.
Interview réalisée le 27/01/2018, par Spooky.