Breakdowns

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)

Comment devient-on Art Spiegelman, mythique auteur de Maus, célébré par le monde entier ? Sous-titré Portrait de l'artiste en jeune %@S*! (un clin d'oeil à une oeuvre célèbre de James Joyce), Breakdowns, le tout nouvel album d'Art Spiegelman, entreprend ce parcours autobiographique, avec toute l'acuité, la verve, l'exigence et la profondeur qu'on lui connaît.


Autobiographie

La première partie de l'ouvrage, la plus récente puisqu'elle a été réalisée au cours des deux dernières années, est aussi celle qui plonge ses racines le plus loin dans le passé. En un subtil jeu de va-et-vient sur plusieurs périodes-clé de son existence, Spiegelman raconte ses années d'éveil, de formation et d'apprentissage, de la fin des années 40 au milieu des années 70, de l'après-guerre jusqu'au coeur de la contre-culture américaine. Tout à la fois acéré, émouvant et ironique, il y évoque plus particulièrement sa fascination précoce pour la bande dessinée, et l'apport salvateur qu'ont constitué les comics pour son esprit d'enfant puis d'adolescent, dans l'univers crépusculaire qu'est alors son environnement familial. Une fascination qui prendra la forme d'une vocation, ainsi qu'en témoigne. La seconde partie de l'ouvrage, véritable album dans l'album : il s'agit en effet du fac-similé du tout premier album professionnel de Spiegelman, Breakdowns qui donne son titre à l'ensemble du volume. Initialement publié en 1978 à quelques milliers d'exemplaires seulement (un tirage quasi confidentiel pour les Etats-Unis), Breakdowns n'avait jamais été réédité depuis lors, et demeurait totalement inédit en langue française. Une nouvelle édition tout à la fois historique et passionnante : la quinzaine de récits courts que rassemble ce recueil témoigne, déjà, de la démarche d'innovateur et d'expérimentateur qui conduira Spiegelman, quelques années plus tard, à révolutionner les fondements du roman graphique et de la narration en images avec son monumental Maus. La troisième et dernière partie de Breakdowns, enfin, est un court essai illustré où Spiegelman, cette fois autant écrivain que dessinateur, revient sur les raisons qui l'ont conduit à concevoir et réaliser l'album qui paraît aujourd'hui. Toutes proportions gardées, c'est donc finalement un autre travail de mémoire qu'accomplit ici l'auteur de Maus, parvenu à ce moment de l'existence où l'on accepte plus volontiers de commencer à regarder derrière soi (Art Spiegelman fête ses 60 ans le 15 février 2008). OEuvre majeure, aussi intense qu'émouvante, Breakdowns est aussi, par ailleurs, une formidable aventure éditoriale, dont Art Spiegelman a tenu à suivre scrupuleusement toutes les étapes. La traduction française est cosignée par Pierre Lévy-Soussan, psychanalyste et grand connaisseur de la BD américaine, et Richard Zrehen, philosophe et spécialiste du polar. Le lettrage entièrement manuel est d'Amandine Boucher, une référence en la matière puisqu'elle avait assuré celui de la réédition géante de LittleNemo). Évenement rarissime pour un auteur américain de cette envergure, l'ouvrage publié par Casterman, paraît plus de six mois avant la version en langue anglaise, annoncée pour octobre 2008 chez Pantheon Books. Lancé à l'occasion du Salon du Livre de Paris, Breakdowns est assurément l'événement bande dessinée de l'année 2008.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Mars 2008
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Breakdowns © Casterman 2008
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)
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08/10/2008 | cac
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Par Spooky
Note: 3/5
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Cet album est un fourre-tout dont il est difficile de détacher un fil conducteur. C'est normal, il s'agit en grande partie des oeuvres de jeunesse d'Art Spiegelman, auteur qui restera à tout jamais (je pense) comme l'auteur de l'inoubliable Maus. Ici il nous propose de rentrer dans ses oeuvres de jeunesse, et donc dans sa vie, puisque celle-ci influençait celles-là. L'intérêt historique, analysé par l'auteur lui-même avec le recul d'une trentaine d'années, est indéniable. Sexe, drogue, déviances, voici les ingrédients que Spiegelman agrémentait à sa sauce, qu'il réalisait à partir des nombreuses influences artistiques (notamment Picasso) qu'il a ingérées à l'époque, entre autres substances douteuses. L'intérêt narratif, par contre, est assez faible. Seules une ou deux histoires valent vraiment la lecture. Se présentant comme un patchwork, "Breakdowns" est un mélange intéressant pour les fans de l'auteur et de la BD underground américaine des années 1960 et 1970.

03/05/2009 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
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La première partie de "Breakdowns" est une autobiographie de Art Spiegelman. Il mélange habilement ses souvenirs d'époques différentes sans jamais rendre confuse la lecture. Personnellement, j'ai été touché par ce que nous montrait l'auteur. Il y a vraiment beaucoup de tendresse dans certaines scènes. Ensuite, on a droit aux premiers travaux de Spiegelman et c'est un vrai fourre-tout. On passe facilement du tragique à l'humour. Il y a notamment une première version de Maus, une analyse hilarante sur l'humour qui rappelle le style Mad et l'histoire d'un type devenu fou après le suicide de sa mère qui doit être une représentation de ce que ressentait Spiegelman (sa mère s'est suicidée). C'est un peu inégal, mais j'ai bien aimé hormis une ou deux histoires un peu ennuyantes. Je ne sais pas si c'est aussi bon que Maus (je ne l'ai pas lu), mais moi j'ai passé un bon moment en lisant "Breakdowns".

19/10/2008 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
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L'ouvrage est soigné et l'éditeur le met en avant : traducteur et lettreur reconnus, maquette, grand ouvrage, tout cela plutôt désiré par l'auteur, et prix finalement pas à portée de tous aussi culte que puisse être Spiegelman dans l'univers de beaucoup de bédéphiles après leur lecture de Maus, ce sera un achat privilégié par ses fans hardcore. Et fait rare une sortie française avant l'édition américaine, du moins pour une partie car la 2ème moitié de l'ouvrage est constituée des premiers travaux de l'auteur publiés bien avant qu'il soit connu pour Maus, dans les années 70. On trouve d'ailleurs dans ce Breakdowns un prémice du futur Maus : une histoire de 3 pages avec des souris et des chats sur la vie du ghetto et les camps de la mort. Déjà intitulée Maus, cette courte histoire donnera lieu plus tard aux 2 tomes de Maus version longue qui obtint le prix Pulitzer. On peut d'ailleurs se demander pourquoi cette compilation de jeunesse n'a pas été publiée avant dans nos contrées tant la réputation et le succès aussi bien critique que commercial (du moins j'imagine) ont dû aiguiser les appétits d'éditeurs. C'est globalement ce qu'on peut qualifier de bd underground et il s'en targue en postface en reprenant ce terme plusieurs fois, Spiegelman expérimente, joue avec le support graphique, les itérations iconiques et autres pirouettes que plus tard s'amusera à élever au rang du défi d'auteur le futur oubapo. Il s'intéresse à la technique de la bande dessinée, à son interprétation et on découvre des points communs avec ce que démystifiera Scott McCloud par la suite. L'art. Son dessin est par là très appréciable, d'une grande maîtrise et me laisse une meilleure impression sur cette facette du talent de l'auteur que ne l'avait faite Maus dans mes souvenirs. On trouvera au final plusieurs histoires courtes sur des thèmes variés mais souvent sombres comme la mort de sa mère mais le ton reste assez décalé et surréaliste pour la majorité. Et on se rend compte de toute la portée du titre : Breakdowns. La première partie quant à elle est un retour actuel de Artie sur ces travaux d'il y a 30 ans, à l'époque où il avait la moitié de son âge donc, et autobiographique puisqu'il illustre son enfance et sa passion déjà forte des comics comme MAD. Puis on commence à voir ses débuts laborieux en tant qu'auteur qui essaie de se vendre auprès des éditeurs et réalise quelques dessins humoristiques pour des magazines loin d'être prestigieux. Finalement un ouvrage intéressant à lire, je trouve l'ensemble pas mal sans être transcendant mais je le conseille tout de même aux curieux.

08/10/2008 (modifier)