Klas Katt

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Orchestrée par l'auteur, cette compilation exhaustive de 168 pages rassemble l'essentiel de Klas Katt, personnage fort connu en Suède où six albums sont parus depuis 1979.


Auteurs nordiques Ciboulette Pays scandinaves Séries avec un unique avis

Klas Katt est un chat qui vit une vie ordinaire. Sa vie est rythmée par le quotidien rassurant d’une vie monotone. A l’aide d’un dessin minimaliste et caricatural faisant mouche, Lundkvist Gunnar nous entraîne dans un monde lugubre et étouffant à la recherche d’une réponse fondamentale. Klas Katt au travers de ses aventures ordinaires essaie désespéramment ainsi de donner un sens à sa vie.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Décembre 2001
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Klas Katt © L'Association 2001
Les notes
Note: 3/5
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04/05/2007 | Chalybs
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Par Chalybs
Note: 3/5

Klas Katt est l’anti héros parfait, un être d’un ordinaire tellement ordinaire que cela en devient extraordinaire. D’accord, déjà, cet être, et bien, c’est un chat. Cette série possède tous les atouts pour rebuter le lectorat potentiel. Mais cette série possède aussi un deuxième niveau de lecture à qui saura entrer dans ce monde dans connu perturbant. Pour commencer, et ce n’est pas des moindres, un dessin brut, vite fait, caricatural façon journal critique manquant de moyens pour se payer un grand dessinateur, maniant le vitriol avec jubilation. Le dessin est presque grossier, les décors sont minimalistes et les grandes hachures qui comblent les vides ou remplissent les murs mettent mal à l’aise et rebutent l’œil. Ensuite, le sujet traité et surtout la manière dont il est traité, demande au lecteur une bonne dose de bonne humeur et de lucidité avant d’être abordé faute de quoi au final nous aurons plus d’un suicidé… Pour finir, c’est un véritable pavé de 200 pages que l’on prend alors en main. Et se dire que les deux premières impressions vont se répéter sur une telle ampleur que le moral avant même de débuter la lecture chute au plus bas. Ensuite, le ton des premières pages est ardu et l’accès au style de Gunnar demande là encore de la volonté afin de découvrir son œuvre. Bref, déjà vous l’aurez compris, si vous n’avez pas envi de réfléchir et de faire travailler votre cerveau, passez votre chemin. Voici pour le niveau 1 de la BD. Après avoir terrassé le Boss de fin de niveau, nous accédons alors au niveau 2 de la lecture. Et là, s’ouvre alors à nous un univers terriblement familier. Le quotidien ridiculement ennuyeux d’un chat ordinaire, au travail ordinaire et aux amis non moins ordinaires. On pourrait trop rapidement résumer ceci à metro boulot dodo, mais ce serait passer à coté de bien des choses. Cette bande dessinée est beaucoup plus sensible, subtile même, et empreinte d’émotion qu’on ne pourrait le croire. Tous les protagonistes vivent étouffé par leur univers constitué de l’usine et des tours dans lesquelles ils habitent. Les protagonistes s'interrogent sur leur condition, oscillant continuellement entre angoisse, mélancolie, petits bonheurs et dépression. Gunnar dresse progressivement la simple peinture cynique d’un monde sans espoir ou le seul moyen d’évasion semble se trouver dans le rêve ou la mort. Le dessin, est toujours minimaliste, les décors réduits à leur plus simple expression contribuent au malaise qui s’instaure rapidement. Les êtres que Klas Katt peut croiser sur sa route semblent tous lobotomisés, bêtes et désespéramment résignés à leur condition d’automate de la société. La noirceur du propos rejoint ainsi la noirceur du trait et du dessin. Toute cette résignation, cette mélancolie vient presque en harmonie avec le calme qui règne qui l’œuvre. Les gens jamais ne courent, jamais ne se rebiffent, jamais n’hausse la voix. Accablés, étouffés, écrasés, Klas Katt tente de trouver refuge auprès de ses amis Olle Blatte et Ulla Mitt. Pour autant, la présence de ces amis n’est guère rassurante tellement il semble que seul Klas Katt réussisse à remonter le moral à tout le monde et à trouver un intérêt quelconque à sa vie monotone. Vivre comme tout le monde, pousse souvent à l’inaction. Et sortir du lot n’est pas vraiment rassurant. Enfin, le but ultime de toutes ces réflexions est simplement de trouver un sens à la vie. Je ne sais pas si c’est réussit, mais au moins, à l’aide d’un humour froid, acerbe, corrosif, précis et décapant, sont ici jetées les bases d’une réflexion sortant de l’ordinaire, sans concession. Difficile d’accès, le mieux est vraiment d’essayer afin de se faire sa propre opinion.

04/05/2007 (modifier)