L'Invention de Morel

Note: 2.6/5
(2.6/5 pour 5 avis)

Adaptation de JP Mourey du roman d'Adolfo Bioy Casares : L'Invention de Morel


Adaptations de romans en BD Bichromie Ecritures Romans de science-fiction adaptés en BD

Un homme en fuite, persécuté dans son pays d'origine, trouve refuge sur une île déserte. Un lieu étrange dominé par une villa immense et somptueuse dont les sous-sols recèlent une machinerie rutilante, complexe, aux fonctions totalement incompréhensibles. L'île pourtant n'est pas si déserte qu'elle l'a semblé de prime abord. Des estivants, réunis sur place par un certain Morel, investissent la villa de loin en loin, engagés dans une fête languide et sophistiquée dont le rituel paraît se reproduire à l'infini. Dissimulé dans les recoins et les jardins de la batisse, n'osant pas se dévoiler, le fugitif tombe amoureux de l'une des femmes présentes, Faustine, sans parvenir pourtant à capter son attention. C'est cette apparente indifférence qui poussera l'homme à percer ses secrets, dévoilant les mystères de l'incroyable invention de Morel. D'aprés l'oeuvre originale d'Adolfo Bioy Casares, La Invention de Morel.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 24 Janvier 2007
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Invention de Morel © Casterman 2007
Les notes
Note: 2.6/5
(2.6/5 pour 5 avis)
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27/02/2007 | JJJ
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Par Titanick
Note: 2/5
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Curieuse histoire que celle-là. J'aurais hésité à la classer entre le fantastique et la science-fiction ; mais à mes yeux, l'oeuvre (la bd j'entends) a l'aspect d'un roman graphique dans son traitement graphique justement. Alors je n'ai pas lu le roman dont est tirée cette bd, et j'avoue que je n'en connaissais même pas l'existence. Le scénario laisse une bonne part au fantastique dans la première partie, tant qu'on ne s'explique pas l'expérience vécue par le héros. Mais c'est là que j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire. Pour moi, pour que le fantastique fonctionne, il faut que les éléments inexpliqués et inquiétants aient lieu dans un contexte qui ait l'air à priori « normal ». Or là, je n'arrive pas vraiment à croire à la vie solitaire de ce fugitif. En milieu hostile marécageux, souvent inondé, seul, à manger « des racines » (ben voyons le cliché), il devrait avoir d'autres préoccupations que de rester en costume, rasé de frais et de faire le joli cœur avec une belle. Je ne veux pas spolier la deuxième partie mais il résout le mystère trop facilement : il est un méga-ingénieur hyper doué ou quoi. Je dois être trop rationnelle pour apprécier. Même l'histoire d'amour me paraît futile dans ces conditions, je n'arrive pas à ressentir de l'empathie pour ce monsieur. Le dessin me laisse également une impression mitigée, je le trouve un peu trop gras et brouillon mais j'aime plutôt bien les bichromies utilisées. En tout cas il ne m'a pas paru servir l'histoire pour les raisons évoquées avant. Peut-être que le roman m'aurait laissé une autre impression mais la bd ne m'a pas donné envie de le lire. J'ai quand même réussi à finir l'ouvrage, l'interrogation reste néanmoins entière tant qu'on n'a pas l'explication et j'ai continué pour ce motif.

17/01/2021 (modifier)
Par Erik
Note: 2/5
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Je trouve que le postulat de départ était très intéressant. On arrive vraiment à entrer dans l'histoire de ce fugitif qui vient se perdre sur une île mystérieuse. Par la suite, on se dit que l'invention de Morel est vraiment une projection étrange. Nous aurons des réponses à nos questions mais rien ne se passera réellement comme on le souhaitait. Il y a comme une direction à la fois mi-poétique, mi-onirique qui s'empare de ce récit. On s'éloigne de la science-fiction qui était pourtant le postulat de base. Dès lors, le lecteur deviendra le contemplateur d'une imagerie répétitive sans âme. On n'y croira pas une seule seconde malgré tout l'énergie déployée par l'auteur pour nous faire ressentir une atmosphère atypique. Sans doute l'adaptation de cette oeuvre littéraire était difficile. A défaut d'être inaccessible, on ne parvient pas à ressentir des émotions à l'image de cet homme isolé qui tombe amoureux d'une image. Pas mauvais mais sans âme ...

28/03/2010 (modifier)

Bon, alors moi je l'ai lu le bouquin. Je me souviens très bien qu'il m'avait fait forte impression. C'est donc avec un mélange d'excitation et d'appréhension que j'ai ouvert cet album. En effet, adapter (en BD ou en film) un roman est toujours une entreprise risquée ; et face à un texte d'une telle force, que pouvaient apporter une adaptation et une transcription graphique ? Ne se suffisait-il pas à lui-même ? J'ai encore en mémoire des images de certaines scènes, que le seul talent d'écrivain d'Adolfo Bioy Casarès avait su créer. Or, le constat est presque immédiat : le dessin n'est pas terrible ; il ne restitue d'aucune façon l'inquiétante étrangeté de l'île qui sert de cadre à cette histoire, ou le comportement de ses habitants. Pour rendre compte d'un texte pareil, il aurait fallu un dessin précis, fouillé, parce que sinon, ce genre de pauvres images, notre cerveau est tout aussi capable d'en produire, à la seule lecture du roman. Le narrateur va peu à peu se trouver confronté à une réalité pour le moins déconcertante, perturbante, et cette réalité c'est dans certains détails qu'elle nous apparaît dans toute sa singularité et suscite en nous perplexité, malaise et même, dégoût. Je pense en particulier à un passage très précis, qui m'avait marquée (et qui avait de quoi !), passage que j'ai attendu avec impatience.... et qui a été expédié en une case !! Et encore, une case où l'on voit juste des gens se baigner dans une piscine. Quoi de plus banal ! Or, dans le livre, cette scène, je peux vous garantir qu'elle n'a rien, mais alors, absolument rien, de banal, bien au contraire ! Je dirais même, qu'elle porte à son point culminant le caractère irréel et dérangeant du spectacle qui s'offre aux yeux du narrateur. Aussi, parvenue à ce point de ma lecture (et de ma déception) j'avoue qu'un ennui croissant m'a gagnée. Je ne m'attarde pas sur le scénario, car il est fidèle (il me semble) au texte originel ; tout juste ai-je déploré quelques ellipses, mais c'est surtout la faiblesse du dessin qui me gêne. En conclusion, je dirais qu'adapter un texte aussi original et ingénieux dans sa construction, et aussi fort, ne pouvait se faire avec succès qu'à condition de restituer la force des représentations visuelles que l'oeuvre originelle avait su produire dans l'esprit de ses lecteurs. Sinon, à quoi bon ? Ici, j'ai bien l'impression que Mourey a eu, en outre, une lecture plus "romantique" que fantastique de ce court mais intense roman. Il semble s'être davantage attaché au traitement de l'histoire d'amour que du contexte dans lequel elle s'inscrit et qui la rend si extraordinaire. C'est un parti pris, simplement ce n'est pas le mien. Mon avis ne vaut donc que par la lecture que j'ai fait de ce roman, mais croyez-moi, c'était autrement plus intéressant. Je vous engage donc vivement à lire le roman d'Adolfo Bioy Casarès, plutôt que cette assez pâle (de mon humble point de vue) interprétation.

26/12/2007 (MAJ le 26/12/2007) (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

Je ne sais pas comment est le roman, mais j'ai beaucoup aimé la bd. Au début, j'ai eu de la difficulté à rentrer dans l'histoire, mais j'ai vite été embarqué dans l'histoire. Tout d'abord, le dessin. Il est très bien même si parfois les personnages sont un peu figés. Il n'y a que quelques couleurs utilisées ce qui donne un dessin très beau et intéressant comme j'en n’ai jamais vu. Le scénario, tant qu'à lui, est très bien mené. On sent les émotions du personnage, l'angoisse et la folie qui le guette. Le suspense est bien mené et les révélations sont totalement surprenantes et imprévisibles ce qui est un tour du chapeau pour l'auteur du roman original. L'amour du personnage principal pour une femme qu'il ne connaît même pas est aussi bien mené. Comme bonus, on a droit, à la fin, à des notes de l'éditeur sur le récit de l'homme disant que c'est vraiment arrivé. Ça peu paraître futile pour certains, moi j'ai trouvé ça amusant. Et puis ça permet de mieux comprendre le récit.

24/12/2007 (modifier)
Par JJJ
Note: 3/5

Je n'ai pas lu le roman original d'Adolfo Bioy Casares, une oeuvre fameuse si l'on croit ce qu'en dit Michel Lafon dans la préface du présent album. Je ne suis pas capable de dire si cette adaptation en est fidèle, mais qu'importe après tout, Jean Pierre Mourey nous offre ici sa vision personnelle de cette oeuvre, et, c'est bien évidemment de cette BD que je vais parler en quelques lignes. Le thème central de cette histoire est l'amour démesuré qu'éprouve un homme pour une femme qui hélas ne semble pas le remarquer. Pour servir ce thème, lui donner une dimension supplémentaire et une originalité certaine, l'auteur se sert d'une incroyable machine, élément capital de l'histoire, dont je ne dirai rien sur le fonctionnement. Le scénario est aussi complexe que l'architecture de la machinerie, lors de la première lecture, j'ai bien ressenti l'ambiance particulière qui se détache du récit, mais je n'ai pas réussi à comprendre complètement l'histoire. Une deuxième lecture m'a été nécessaire pour bien la cerner. Un point qui s'avère rebutant à mes yeux. Je n'ai rien contre le fait de relire par plaisir, mais je n'aime pas du tout le faire en ayant l'impression de chercher une pièce manquante. Le style très littéraire de Jean Pierre Mourey, associé au ton que l'on sent très monocorde, employé par les personnages, sont des facteurs qui n'aident pas à l'immersion immédiate, un autre point qui me semble gênant. Quand on est enfin éclairé sur tous les points -un petit cahier en fin de volume, revenant sur certains évènements clés, apporte une aide supplémentaire en ce sens- la passion que l'on pourrait ressentir pour les personnages, semble bien secondaire en regard de la complexité de l'ensemble... Bien sûr quand l'on sait quelle est la fonction exacte de la machine, les zones d'ombres disparaissent, mais quand on est confronté à une énigme dans laquelle, ni passion, ni action, ni suspense ne viennent relancer l'intérêt il est difficile de s'accrocher et d'attendre la révélation finale. Au risque de passer pour un schizophrène, je vais dire que ce scénario est à la fois intelligent et fort peu passionnant. Les dessins sont agréables, très détaillés pour ce qui est de l'environnement et des décors. Les visages semblent un peu figés, mais c'est l'histoire qui veut ça. Cette BD est entièrement réalisée en bichromie, en variant les couleurs selon les chapitres afin de bien souligner la segmentation de l'histoire. L'Invention de Morel est une BD qui ne manque pas de qualités sans parvenir pour autant à pleinement séduire. Ceux qui affectionnent le roman original trouveront peut-être du plaisir à la lire... pour les autres, je suis moins sûr. JJJ

27/02/2007 (modifier)