Les Rois vagabonds (Kings in Disguise)

Note: 3.54/5
(3.54/5 pour 13 avis)

Will Eisner Award 1989 : Best New Series L'itinéraire d'un enfant parti à la recherche de son père dans l'amérique de la grande crise des années 30.


1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Kitchen Sink Press Les hobos Les SDF Road movie Will Eisner Awards [USA] - Middle West

1932 : Freddie, un garçon de 12 ans part à la recherche de son père, aidé par un routard un peu doux dingue qui se fait appeler "Le roi d'Espagne". Le père de Freddie a quitté la maison pour partir à Détroit afin de retrouver du travail, peut être sur les chaines de montage des grands constructeurs automobiles... En marge de la société propre sur elle, Freddie va rencontrer les "Hobos", des vagabonds qui parcourent le pays en voyageant à pied ou en passagers clandestins dans les trains. A leur contact, la recherche de son père va se changer en quête initiatique pour Freddie et va marquer son passage de l'enfance à l'âge adulte. Un passage violent et rapide.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Novembre 2003
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Rois vagabonds © Vertige Graphic 2003
Les notes
Note: 3.54/5
(3.54/5 pour 13 avis)
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24/01/2004 | JBT900
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Sans abri - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre série. Il regroupe les 6 épisodes initialement parus en 1988, publiés par Kitchen Sink Press. Le scénario est de Jim Vance et les dessins de Dan Burr. Ce récit est en noir & blanc ; il bénéficie d'une introduction de 3 pages écrite par Alan Moore. Le récit commence en 1932, alors que Freddie Bloch a 12 ans. Il vit avec son père et son grand frère Albert. Il va une fois par semaine au cinéma, avec l'argent qu'il a pu récupérer en ramenant des bouteilles vides en verre. Incapable de gagner assez d'argent pour nourrir ses enfants, le père décide de partir pour une grande ville afin de trouver du travail. Suite à une altercation, Albert est arrêté. Freddie décide de s'enfuir. Au bord d'une voie de chemin de fer, il repère un groupe de vagabonds. Sam, l'un d'entre eux, le prend sous sa protection, et le fait monter dans un wagon de marchandise vide, pour aller ailleurs. Sam se déclare être le roi d'Espagne, en voyage incognito, un roi déguisé. Dans l'introduction, Alan Moore souligne à quel point ce roman graphique sort des sentiers battus. Les auteurs s'attachent aux pérégrinations d'un jeune garçon attaché aux errements d'un vagabond dans l'Amérique de la Grande Dépression. Ils évoquent la vie quotidienne des pauvres, sans espoir de succès à l'américaine. Sur la quatrième de couverture, le lecteur découvre également des citations d'Art Spiegelman et Neil Gaiman, évoquant la sensibilité et la justesse de la narration. Neil Gaiman estime que "Kings in disguise" a eu une importance similaire à celles de Maus, Watchmen, et "Love and Rockets", dans la maturation des romans graphiques américains. Quand le lecteur prend contact pour la première fois avec ce récit, il est un peu rebuté par les dessins. Dan Burr représente le sol d'une façon un peu maladroite, à la fois générique (qu'il s'agisse d'une rue, d'un salon, ou d'un champ), avec une profondeur de champ un peu artificielle et gauche. Il faut donc un petit temps d'adaptation pour accepter que cette reconstitution historique manque parfois de densité. D'un autre côté, les personnages ont tous une forte présence dans les cases. Burr sait leur fournir des vêtements réalistes qui s'abîment au fur et à mesure du temps qui passe. Le lecteur constate de ses yeux que Freddie et Sam portent les mêmes vêtements jour après jour. Malgré l'impression parfois un peu hésitante de certains décors, le lecteur voyage avec les vagabonds et dispose de suffisamment d'éléments visuels pour constater la précarité dans laquelle ils vivent. Le récit commence à Marian en Californie, une ville de moyenne importance. Par la suite, Freddie et Sam vont poser leurs affaires dans des champs, dans un asile à Détroit, dans un terrain avec quelques arbres. Les dessins de Dan Burr montrent avec éloquence la fragilité de l'être humain dans ces environnements précaires et inhospitaliers. Au fil des pages, le lecteur s'accommode également des expressions de visages plus ou moins juste, et il apprécie ces dessins un peu rugueux, finalement en phase avec la nature du récit. James Vance raconte cette histoire avec le point de vue de Freddie Bloch qui figure dans toutes les séquences. Au début le lecteur est un peu déconcerté par la maturité de ce garçon dont les réactions manquent d'émotion pour un enfant de cet âge. Là encore, il s'adapte rapidement en y voyant plus l'incarnation d'un individu sans parti pris, découvrant chaque situation avec un œil neuf, chaque rencontre sans a priori. Vance s'est fixé pour objectif d'évoquer les conditions de vie des individus défavorisés de manière naturaliste plutôt que didactique. Il explique dans l'introduction qu'il a longtemps pensé écrire cette histoire sous forme de pièce de théâtre. Cette information revient en mémoire du lecteur lors de la longue scène entre Sam et Freddie dans le wagon à marchandise. Il a l'impression d'assister à une scène de théâtre, plutôt que de lire une bande dessinée. Cette impression s'efface dans les scènes suivantes, alors que les décors et les déplacements prennent plus d'importance. Vance ne donne pas une leçon d'histoire. Il évoque un ou deux événements historiques (comme la manifestation de 1932 contre Ford "Ford hunger march", ou l'apparition du sentiment anti-communiste), à nouveau vécu au niveau de Freddie. Il met le lecteur au niveau de Freddie qui se déplace au gré des humeurs de Sam, ou des nécessités de fuir. Petit à petit, Freddie (et le lecteur) se forme une opinion sur les valeurs sociales et politiques. D'arrêt en arrêt, de rencontre en rencontre, il observe la souffrance des individus, leur dénuement, leur condition de vie proche de la survie. En 1933, lorsque Roosevelt devient président, 24,9% de la population active est au chômage, et deux millions d’Américains sont sans-abri. James Vance dépeint ces situations sans misérabilisme, de manière factuelle. Il montre comment la dépression économique impacte les individus. Il n'y a pas de bons ou de méchants, pas de caricature simpliste de la police, pas d'entraide systématique entre les vagabonds. Vance montre comment certains d'entre eux essayent de profiter d'autres tout aussi démunis dans un rapport prédateur / proie. De page en page, le lecteur oublie les aspects mal dégrossis de la narration pour envisager cette condition sociale. Vance et Burr ne gomment pas les aspects sordides, tels que l'absence de soin. À la fin du récit, le lecteur a compris ce qui a pu marquer des auteurs aussi renommés qu'Art Spiegelman, Alan Moore ou Neil Gaiman, dans ce récit. À une époque (1988) où la production de comics était quasi exclusivement composée de superhéros, "Kings in disguise" a constitué la preuve que les comics pouvaient servir de support pour parler de la réalité, de l'Histoire, d'une dimension politique, de manière vivante, à destination d'adultes. En 2013, James Vance et Dan Burr ont adapté la pièce de théâtre de Vance en comics : Dans les cordes qui raconte la suite des tribulations de Freddie, en 1937.

13/04/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Un album intéressant et éducatif sur la vie en Amérique durant la crise des années 1930 quoique personnellement comme j'ai déjà lu beaucoup sur le sujet je n'ai pas appris grand chose de nouveau et je pense que c'est une des raisons pourquoi je n'ai pas réussi à trouver cet album très passionnant. Les auteurs réussissent bien à retranscrire la misère de ses années et le dessin est magnifique avec un superbe noir et blanc, sauf que malheureusement le scénario à des défauts selon moi. Je n'ai pas réussi à m'attacher à Freddie ou à la plupart des personnages. Il y a seulement quelques figures hauts-en-couleurs qui ont réussi à m'intéresser un peu. Le scénario contient des longueurs (je pense notamment à la scène dans le wagon du train qui semble durer éternellement même si les dialogues sont bien écrits) et est un peu répétitif. À force de voir encore et encore la misère de cette époque, j'avais envie de passer à autre chose ! Au final, c'est un album à lire si on s'intéresse à cette époque, mais qui possède trop de défauts pour que je trouve que cet album soit un immanquable à lire au moins une fois dans sa vie.

10/08/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Voilà un album (j’ai lu la série dans l’intégrale Vertige Graphique – par ailleurs bien faite avec son dossier final) qui ne montre pas forcément le meilleur côté d’une société, et qui aurait pu reprendre à son compte le titre d’un triste et grand livre de Bourdieu, « La misère du monde ». Nous suivons donc un gamin d’une douzaine d’années, emporté par les conséquences de la crise économique du début des années 1930 à travers les Etats-Unis. Au travers de ce gamin, c’est l’univers des laissés pour compte, des hobos dérivant sur cet état continent, que nous découvrons. Me sont venues à l’esprit les références liées à ce thème, le beau roman de Steinbeck, « Les raisins de la colère » (beaucoup plus noir que son adaptation cinématographique, traitant de ces miséreux cherchant à fuir la crise en Californie), mais aussi des références plus récentes, à savoir « Sur la route » de Kerouac, ou certaines chansons inspirées de Neil Young. L’arrière-plan est prenant, et l’histoire est plutôt bien menée – même si un peu longue à mon goût –, mais je trouve qu’il manque peut-être un côté épique – sans tomber dans le pathos et les larmes faciles, pour faire de ces rois vagabonds une grande réussite. Cela reste toutefois à lire. Note réelle 3,5/5.

03/11/2015 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

Objectivement, cette bd vaudrait un 4 étoiles pour la qualité de son écriture et de ses dialogues qui respirent l'humanité. L'Amérique des raisins de la colère y est dépeinte de manière magistrale. On entre dans la vie et les codes des hobos qui ont été jetés sur les routes par la grande dépression. C'est assez instructif et cela donne à réfléchir sur les conséquences dramatiques d'une crise. Pour autant, je n'accorderai que 3 étoiles à ce road-movie en raison de la longueur et du fait que j'ai trouvé cela assez répétitif par moment. Tout est axé sur la relation d'un garçonnet de 12 ans qui part à la recherche de son père et qui va en trouver un autre par substitution en chemin. C'est un voyage initiatique où il va grandir et devenir plus adulte, plus mâture. Il manque juste un peu de ferveur et d'action pour rendre le tout plus agréable et moins ennuyeux. C'est trop souvent bavard. Le vivre ensemble, la solidarité, l'espoir: autant de thèmes qui sont exploités dans cette oeuvre et qui devraient nous parler au détour d'un vagabondage.

29/06/2014 (modifier)
L'avatar du posteur Michelmichel

Je repars finalement assez déçu de cette lecture, car le ton est très accrocheur au début, où l'on a la ferme envie de suivre ce jeune et pauvre garçon dans l'Amérique en pleine récession économique dans les années 30. Au fil des pages, j'ai effectivement réussi à voyager dans l'univers des hobos (comme dans la chanson de Charlie Winston), et le graphisme en noir et blanc colle parfaitement avec cet univers de miséreux. Racisme, xénophobie, violence, mais également solidarité et amitié sont les grands thèmes abordés dans cet ouvrage. Malheureusement, j'ai trouvé que l'histoire avait tendance à s'essouffler...un peu lorsque notre duo arrive à Détroit, et beaucoup lorsque le clan de Hobos fonde "Bugtown". La lecture est de plus parasitée par d'assez nombreuses répliques que j'ai eu du mal à saisir, sans doute des traductions maladroites... De même, certaines réactions des personnages et certains enchaînements m'ont paru assez obscurs. Bref, tous les bons ingrédients étaient réunis pour faire quelque chose de franchement bien, mais le manque de rebondissements a eu raison de mon enthousiasme. (124) Tout à fait d'accord avec l'avis d'Ems, ci-dessous.

21/05/2012 (modifier)
Par Ems
Note: 2/5

J'aurais tant aimé cette BD mais la lecture s'est transformée en calvaire malgré l'intérêt du contenu. C'est répétitif, uniforme sur la longueur, ça manque de rythme et c'est trop bavard par moments. Certes, l'après 1929 est bien traité sur le fond, pour la forme j'ai vu mieux. Les personnages se ressemblent trop, tout comme les lieux. On dirait presqu'un road movie dans un théâtre... Arrivé au bout du premier tiers de la BD sans problème, quelque chose s'est cassé ensuite. Je ne tenterai pas une seconde lecture car je me suis trop forcé sur la première pour un résultat en dessous de mes attentes. Le dossier final est bien conçu, il faudrait presque le lire avant d'entamer la lecture. A découvrir, c'est intéressant, beaucoup ont aimé, donc il y a de la marge pour que ça passe pour vous.

14/06/2010 (modifier)
Par jurin
Note: 3/5

Cette BD relate l’histoire d’un jeune garçon à la recherche de son père pendant cette période terrible que fût la grande dépression aux États-Unis. Les auteurs décrivent à merveille cette époque dont la préoccupation principale est de survivre pour de nombreux ouvriers et fermiers. Mon principal reproche est la longueur du récit, son manque d’intensité et par conséquence sa monotonie (200 pages). Le dessin noir et blanc est superbe, , un petit bémol : dans certaines planches l’absence d’impression de mouvement des personnages. Ma cote 2.5 , j’arrondis à trois étoiles

14/05/2010 (modifier)

Je reste mitigé après la lecture de cette BD. Le thème est intéressant, et la dureté des dessins colle plutôt très bien avec le récit. La prise de risque pour le choix du dessinateur est souvent gage de qualité, et j'aime les partis pris. Les rois vagabonds c'est un enfant qui part sur la route. Comme souvent, il s'agit d'un parcours initiatique, et cet enfant marche ici vers l'âge adulte avec toute la désillusion que cela implique. Le récit est long, et c'est là que ca coince, on est très loin des raisins de la colère en terme d'intensité (je n'ai pas pu m'empêcher de penser à ce roman). Le format n'est pas très BD et c'est ce qui plombe mon ressenti. On est plus proche d'un récit illustré que d'une BD classique : c'est à dire que le dessin ne vous "emmène" pas. Il illustre le texte, mais fige beaucoup trop les choses. La mise en page est également très sage et étriquée. La masse de texte et l'emploi de la 3ième personne y fait aussi pour beaucoup et encore une fois, le récit ne parvient souvent pas à "s'unir" aux dessins. La rigidité des visages fonctionne bien mais empêche souvent de donner une véritable personnalité aux hobos. Et les rencontres sont vite oubliées. Finalement cela reste une bonne BD mais cela manque de force dans la forme. Dommage, on l'avait sur le fond.

17/01/2010 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
L'avatar du posteur Alix

Un récit intéressant sur une période noire de l’histoire des Etats Unis : la grande crise des années 30. L’auteur n’explique pas vraiment les causes de cette crise, ni les implications et conséquences sur toute une génération de travailleurs. Non, il se contente de la raconter au jour le jour, vue par un petit groupe de vagabonds. La vie est dure et cruelle, le froid rend les nuits interminables, et on se sent vraiment chanceux d’être né ailleurs, à une autre époque. Comme le dit Ro ci-dessous, le rythme est parfois un peu lent, et certains passages pas bien passionnants traînent un peu en longueur. Rien de bien grave, mais soyez prévenus : « Les Rois vagabonds » est une BD posée, qui raconte son histoire lentement, sans se presser. Au final, ma lecture a été légèrement fastidieuse, et assez longue, mais enrichissante d’un point de vu humain. Les épreuves traversées par Freddie, un enfant de 12 ans seulement, et son passage précoce à l’âge adulte, suffisent à donner une force incroyable au récit.

27/12/2007 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Tout au long de ma lecture, je me suis demandé quand cette BD avait été écrite. Son récit est en effet très proche d’un road-movie historique qui aurait pu être écrit à n’importe quel moment dans la seconde moitié du 20e siècle. Et son dessin, surtout, est très suranné à mon goût. Me rappelant les illustrations des vieux livres d’images du début du siècle, avec des personnages assez figés et un encrage à l’ancienne, j’ai cru, lors de mon premier feuilletage, avoir entre les mains une vieille BD rééditée. Mais les Rois Vagabonds datent de la fin des années 80 et c’est volontairement que son auteur a choisi un dessinateur avec un tel style. Le résultat n’est pas mal graphiquement parlant dans le sens où il donne une patine vraiment authentique au récit. Mais je crains cependant de ne pas le trouver très beau pour autant. En outre, le récit a été écrit par un auteur de théâtre, sans doute plus habitué au style romanesque qu’à la BD rythmé. Son « roman graphique » est ressort donc très long, très dense, avec beaucoup de narration, parfois un peu pénible à lire quand on n’arrive pas à être captivé par certains passages un peu rébarbatifs. Mais voilà pour les reproches car pour le reste, c’est un récit bien mené et intéressant. Il nous plonge avec brio dans l’Amérique de la Grande Crise, telle que vue par ses parias, ses rejetés, qui parcourent les routes à la recherche d’ils ne savent quoi, peut-être d’un abri ou d’un espoir. Par leurs yeux, on découvre de nombreux faits historiques de la meilleure manière qui soit pour s’en imprégner et apprendre une tranche de l’Histoire avec un grand H. A cela s’ajoute de très intéressants bonus documentaires dans l’intégrale publiée en 2003 chez Vertige Graphic. Et quand on voit le très faible prix à mes yeux de cette intégrale de plus de 200 pages, je félicite cette maison d’édition d’une telle publication.

27/08/2007 (modifier)