Le Destin d'Amrak

La chance, ce n'est que de la malchance à l'envers.
Amnésie Nouveautés BD, comics et manga
Un jeune templier reprend connaissance sur un champ de bataille, sans le moindre souvenir.Qui est-il ? Que fait-il ici ? Pourquoi sa tête est-elle mise à prix, alors que les dieux eux-mêmes semblent le rechercher ? Heureusement, la chance semble être de son côté. Un peu trop, d'ailleurs. Avec l'aide d'une voleuse poissarde, le jeune Amrak va tout faire pour retrouver ses souvenirs et accomplir un destin qui semble le dépasser. Mais enfin, QUI EST-IL ?
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 20 Août 2025 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Mais du coup, qui sont les gentils, qui sont les méchants ? - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Olivier Gay pour le scénario, par Geyser pour les dessins, et par Alicia Scima pour les couleurs. Il comprend quarante-six pages de bande dessinée. Dans le grand temple de la ville d’Amadis, un triumvirat de dieux est apparu au grand prêtre dans la grande salle de prières, au milieu des cierges éteints, au-dessus de la plateforme au milieu du bassin. Lorsque les dieux sont mécontents, les mortels tremblent. Même le grand prêtre Na-Routef, chef suprême du clergé, grand commandeur des templiers, l’homme le plus puissant de l’empire. Des milliers de soldats à son service, des coffres remplis d’or, des concubines par dizaines. Et pourtant, il tremble. Les dieux lui demandent ce qu’est cette guerre qu’il mène en leur nom. Le grand prêtre explique qu’il n’avait pas le choix : l’empereur les a provoqués, ils vont mettre ses armées en déroute et installer une théocratie pour la plus grande gloire des dieux. La trinité répond que ce sera certainement également pour la gloire du grand prêtre. Peu importe, car ils sont venus en ce temple pour une autre raison : ils ont une mission à lui confier, et il a intérêt à ne pas les décevoir. Le prélat promet tout ce qu’ils veulent : s’agit-il de leur ériger un temple, de brûler des mécréants ? Ils répondent : rien de tout ça, il devra juste éliminer quelqu’un pour eux. Un templier. Sur un champ de bataille, un templier reprend conscience. Il repousse le cadavre imposant du guerrier qui s’est écroulé en travers sur lui. Il enlève le morceau de lance fiché dans son flanc, et il se rend compte qu’il n’a pas été blessé car la pointe de la lance a été arrêté par sa flasque métallique d’alcool : il faut croire qu’il y a un dieu pour les ivrognes. Il se redresse, tout en ramassant son épée, et en se demandant où il se trouve et si la bataille est finie. Il appelle pour voir s’il y a quelqu’un. Il sort du large bâtiment dans lequel il a repris connaissance et il découvre un immense champ de bataille, avec des bâtiments dont une église encore en flammes, et de nombreux cadavres en armure. Il commence à se parler à haute voix, tout en commentant ce qu’il découvre : Pour une bataille, c’était une sacrée bataille, mais qui a gagné ? Eux ? Et qui sont-ils ? Quel est son propre camp ? Qui est-il ? Il se rend compte qu’il ne se souvient de rien. Il a beau se concentrer, seul son nom lui revient en tête : Amrak. Il suppose qu’il a dû se prendre un sacré coup sur la tête. Quoi qu’il en soit, tant qu’il ne saura pas quel camp a gagné, il vaudrait mieux qu’il se montre discret. Soudain, quelqu’un l’interpelle, et lui demande pourquoi il n’est pas reparti avec les autres. Il s’agit d’un groupe de trois pillards, des détrousseurs de cadavres. Leur chef engage la conversation avec le templier. Mais Amrak marche malencontreusement sur le crâne d’un mort, et il tombe à la renverse… alors qu’une flèche vient se planter dans l’arbre à côté, à la hauteur de l’endroit où se trouvait sa tête encore une seconde auparavant. Le combat s’engage entre le templier et les détrousseurs. Un récit de Fantasy, avec des phénomènes surnaturels et une mythologie : un panthéon sur lequel le lecteur en apprendra plus au cours du récit, et un héros qui semble bénéficier d’une chance surnaturelle. Le lecteur reconnaît peut-être le nom du scénariste, qui a déjà travaillé avec Christophe Arleston, en particulier sur la trilogie Danthrakon (2019-2020), et sur les deux récits de la série Les Maléfices du Danthrakon, dont l’excellent Succès Damné (2023). En fonction de sa familiarité avec les univers d’Arleston, le lecteur peut identifier un certain nombre de similitude. Tout d’abord dans la tonalité narrative : il règne une forme douce d’humour qui dédramatise les péripéties, entre remarques taquines voire insolentes, et des marques d’autodérision chez certains personnages. Ensuite, il s’agit d’un récit qui met à profit les conventions du genre Fantasy, comme des éléments prêts à l’emploi, ne nécessitant pas d’être détaillés ou étoffés. En une phrase, le conflit entre l’Empire et les Templiers est établi, sur la base d’un intérêt économique, sans plus d’information sur l’empereur, ou sur la création de l’ordre des Templiers. Avec cette petite touche iconoclaste : le déclencheur du conflit est d’ordre économique, et pas idéologique. Autre grand classique dans les récits d’Arleston : la présence d’une jeune femme combative qui n’a pas froid aux yeux, dans tous les sens du terme. La prise de contact avec ce tome s’effectue par la couverture très réussie : les cadavres et les débris du champ de bataille, les colonnes ouvragées pour encadrer et mettre en valeur le personnage, la monture carapaçonnée, le détail des accessoires de la selle, et la quantité de flèches dont une partie brisée, le nombre exagéré introduisant une petite touche de dérision. L’artiste manie très bien cette dimension visuelle, un comique discret qui tient à distance le sérieux, le risque de prétention et les potentiels moments ridicules découlant du caractère stéréotypé et étriqué des conventions de ce genre. Dès la première page, le lecteur sourit en captant le regard fourbe du grand prêtre, qui rend évident qu’il travaille surtout pour son intérêt personnel, et sous la contrainte de la peur que lui inspirent les dieux. Cette capacité a faire apparaître l’émotion qui trahit un état d’esprit pas forcément flatteur : le regard très calculateur du chef des détrousseurs estimant la manière dont il peut escroquer Amrak, la concentration de Taina avec le petit bout de langue qui dépasse de la bouche pour bien lancer son grappin, le regard fixe d’Amrak sur le postérieur de la jeune femme alors qu’elle monte avant lui, le regard fixe et fermé du père de Taina répondant à un soldat, l’expression tout en retenue d’Amrak travesti en femme, les récriminations irrésistibles des dieux, etc. Le dessinateur fait un usage tout aussi opportun et parlant des postures et des mouvements des personnages, en termes de langage corporel, sans systématisation, à bon escient. Le dessinateur s’investit également pour donner à voir un environnement pleinement réalisé, concret et cohérent, une qualité indispensable pour donner de la personnalité à un récit de genre. Par exemple, il a travaillé les éléments de l’armure des templiers, et donc d’Amrak pour la rendre spécifique. Il s’est bien amusé avec les tenues hétéroclites de bric et de broc des détrousseurs. Taina est bien sûr à son avantage dans ses tenues, sans pour autant que cela ne vire à l’exhibitionnisme, mettant en valeur son ventre plat, sa belle chevelure, sa façon très particulière d’envisager le côté utilitariste de sa robe de soirée, autant de détails qui rehaussent son caractère. Le lecteur se rend compte qu’il est sensible aux grandes cases établissant le décor en début de scène : la monumentale salle du temple, la découverte du champ de bataille encore ravagé par des incendies, la vue générale de la ville d’Amadis, construite au pied de la montagne des dieux, avec tous ses temples, les toits de forme très variés de cette même ville, l’escalier du sentier divin qui serpente le long de la montagne pour desservir les temples (plus le dieu est puissant, plus le temple est haut), la grande salle du casino digne de Las Vegas, etc. Scénariste et artiste se sont bien coordonnés pour des moments inoubliables : le pied botté d’Amrak glissant sur le crâne d’un cadavre en en arrachant un œil, les superbes acrobaties de Taina passant de toit en toit, la mère de Taina lui reprochant ses écarts de conduite, la plantureuse poitrine d’Amrak, etc. L’intrigue repose sur un mystère et une forme de course-poursuite, deux dispositifs assurant une bonne dynamique au récit. Le lecteur s’interroge également sur la véritable nature d’Amrak, et sur la source de sa chance insolite. Il en vient à se demander si Taina ne serait pas sous le coup d’une force similaire mais avec un effet de malchance, s’il s’agit d’un principe régissant ce monde. Il s’interroge sur un possible dénouement opposant l’empereur et le grand prêtre, sur le niveau d’intervention des dieux dans la réalité, sur l’éventualité d’un autre niveau de réalité, etc. Le scénariste s’amuse bien avec l’enchaînement de péripéties et de tribulations, pour une narration sans temps mort, un divertissement sympathique. Avec un dénouement tenant les promesses sous-jacentes des remarques incidentes. Dans le même temps, scénariste et dessinateur restent cohérents dans leur mode narratif. Ils ont choisi le registre du divertissement, avec des éléments comiques désamorçant les situations dramatiques. Par exemple, la mort des parents de Taina intervient de manière très soudaine, sans aucun signe annonciateur. Cela donne lieu à une scène d’action d’une page, totalement muette constituée de six cases de la largeur de la page, et à une vive réaction émotionnelle de la part de leur fille. Puis tout repart comme si rien ne s’était passé, ou plutôt comme s’il s’agissait d’un événement fort opportun pour le déroulement de l’intrigue, créé artificiellement uniquement dans ce but. Incidemment, le lecteur absorbe inconsciemment les remarques sur le pouvoir de l’argent, l’obéissance aveugle à des déités, la réalité du carnage de la guerre avec un nombre de morts révulsant, l’intelligence limitée de la soldatesque lorsqu’ils obéissent sans chercher à comprendre, le pouvoir de la chance (ou bien son rôle dans la vie d’un individu, alors qu’il n’en a aucune maîtrise), et la mesquinerie des dieux à l’image du commun des mortels. Une aventure tout public, bien troussée, avec des auteurs professionnels. Le dessinateur sait donner corps à un monde imaginaire, permettant au lecteur de s’y immerger et d’y croire, avec un vrai talent pour donner vie aux personnages, pour faire apparaître leur caractère, et leur faillibilité d’êtres humains. Un scénario inventif et direct, prenant en compte le nombre de pages réduit ne leur permettant pas de développer plus avant leur monde. Cette dernière caractéristique contraint les créateurs, consignant le récit à un divertissement efficace.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2025 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site