Moi, fou

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

Prix Tournesol 2019 Cette histoire de Big Pharma découpant nos vies et nos psychés pour optimiser ses profits pourrait se dérouler partout, mais ses tonalités politiques ajoutent un volet au portrait sans fard de l’Espagne contemporaine qu’Altarriba trace de livre en livre. Et la mystérieuse ville basque de Vitoria, au centre de sa «Trilogie du Moi», devient pour lui ce que Dublin fut pour Joyce ou Providence pour Lovecraft, le lieu mythique d’où sourdent toutes les peurs, toutes les hantises qui habitent ses héros.


Auteurs espagnols Espagne Folie Prix Tournesol Séries avec un unique avis

Angel Molinos, docteur en psychologie et écrivain raté, basé à Vitoria comme le héros de Moi, assassin, travaille pour l’Observatoire des Troubles Mentaux (OTRAMENT), centre de recherche affilié aux Laboratoires Pfizin de Houston, qui suit l’évolution des maladies mentales et teste de nouvelles molécules sur des cobayes humains. Sa mission est d’identifier de nouveaux profils «pathologisables» afin d’aider Pfizin à élargir sa pharmacopée. Les nuits d’Angel sont hantées de cauchemars. De retour dans son village natal, que des rumeurs d’homosexualité l’ont forcé à quitter à l’âge 16 ans, il retrouve son père atteint d’Alzheimer et renoue avec l’homme, devenu moine, qui l’a initié à l’homoérotisme. Il comprend que son métier est lié à ce trauma : il crée des catégories d’«anormalité mentale» pour se venger de l’étiquette homosexuelle qui a bouleversé sa vie. Rentré à Vitoria, il décide de rallier la cause d’un collègue qui prétend dénoncer les pratiques d’OTRAMENT. Mais le lanceur d’alerte a disparu, et Angel trouve devant sa porte la main coupée de ce dernier. Ses employeurs auraient-ils décidé de se débarrasser de lui? L’inventeur de fausses folies serait-il en train de devenir fou?

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 25 Octobre 2018
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Moi, fou © Denoël 2018
Les notes
Note: 4/5
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21/02/2024 | Cacal69
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Par Cacal69
Note: 4/5
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Une lecture qui demande de la concentration : de nombreux personnages et un scénario dense et complexe où on va flirter avec la folie. Altarriba dénonce les abus des laboratoires pharmaceutiques au travers le parcours de Angel Molinos (moulins en espagnol). Il travaille pour Otrament, un observatoire des troubles mentaux où son job consiste à créer des profils psychologiques et ainsi de nouveaux troubles mentaux à soigner. Et de ces nouveaux troubles mentaux vont découler de nouveaux médicaments qui eux-mêmes rapporteront une manne financière conséquente aux laboratoires pharmaceutiques. Un système qui fonctionne, puisqu'en 1946, l'OMS recensait 26 maladies mentales... aujourd'hui plus de 400 !!! Vous connaissez la coprolalie ou l'aporophobie ? Le monde est déjà malade, mais on peut aggraver ses symptômes. Angel Molinos, tel un don Quichotte, va tenter de réunir des preuves pour mettre à jour ce scandale pharmaceutique, mais cette tentative va malmener sa psyché, son passé torturé va remonter à la surface. Altarriba propose, en mode polar, une lecture passionnante qui tient en haleine et nous amène à des réflexions. Où se trouve la frontière entre folie et normalité ? On va y croiser des personnages déjà aperçus dans Moi, assassin sans que cela gène le lecteur, mais aussi l'amour de l'auteur pour l'art qui est toujours présent, mais à un degré moindre que dans le tome précédent. Le dessin de Keko est magnifique, dans un noir et blanc très tranché et légèrement charbonneux où le noir prend un maximum de place. Il sera juste relevé par quelques touches de jaune. Le jaune de la traîtrise et de la folie. Une mise en page très polar. J'aime particulièrement les "gueules" des personnages, avec de superbes gros plans. Si vous êtes un peu fou... "Les assassins, on les tue... Les fous, on les suicide..."

21/02/2024 (modifier)