Maria

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

Maria est une adolescente, fille d’une famille de nouveaux riches dans le Japon des années 70.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Futabasha Gays et lesbiennes Gekiga Maisons closes et prostitution Seinen

Elle fait son entrée dans un lycée pour filles. Sa beauté, son caractère sans concession vont susciter la jalousie et les quolibets. Une de ses camarades finit par tomber sous son charme après que Maria a défié la chef de clan du lycée. Mais Maria n’en reste pas là et préfère séduire le beau Kirihito. Elle fera tout pour l’arracher des bras de sa mère trop protectrice. Qu’adviendra-t-il de cette idylle ?

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 16 Novembre 2012
Statut histoire Série terminée 2 tomes parus

Couverture de la série Maria © Kana 2012
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
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11/01/2024 | gruizzli
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Par Gaston
Note: 3/5
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2.5 Une œuvre typique des années 70, époque où sous l'influence du mouvement gekiga les mangakas brisaient tous les tabous et même les magazines pour garçons et pour filles proposaient des séries plus matures que ce qu'il se faisait avant. Dans cette série on retrouve selon moi les forces et ls faiblesses de Kazuo Kamimura et aussi du gekiga de l'époque. En gros, le dessin est bon, il y a une bonne ambiance glauque et il y a de bonnes scènes, mais le scénario globalement est vraiment moyen. Ça sent l'improvisation parce qu'on passe souvent du coq à l'âne dans le scénario. On dirait que l'auteur avait une liste de sujets dont il voulait aborder et qu'il se foutait de la cohérence. Les thèmes traités ne sont pas dénués d'intérêt et sont souvent encore d'actualité, mais ils ne sont pas souvent bien développé. On retrouve aussi le coté trop mélodramatique des mangas de l'époque qui va trop loin par moment pour être crédible. Je pense notamment à la scène où l'héroïne découvre la vérité sur la mort de son père. Les dialogues de cette scène sont bons, mais la mise en scène trop dramatique gâche tout. On dirait que les personnages sont des mauvais acteurs de théâtres qui surjouent. Un manga à lire pour découvrir ce qu'on faisait à l'époque, mais cela a vieillis pour moi.

04/03/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur gruizzli

Je ne connaissais pas Kazuo Kamimura, dont la bibliographie semble assez étonnante et intéressante, mais j'avais envie de lire la série "Maria" depuis longtemps, attiré par les couvertures, le nom de l'auteur et surtout parce qu'elle n'était pas sur le site BDthèque. La lecture fut étonnante, autant sur l'histoire que sur le dessin et surtout le sujet. La Bd date du début des années 70 (la première version du moins) et malgré ses cinquante ans aujourd'hui, elle reste terriblement d'actualité. Qu'a donc vécu Kamimura pour écrire une histoire de ce genre ? Le scénario est très flottant, dans une ambiance qui ne se pose jamais véritablement. On passe d'une lycéenne qui semble se donner facilement à une fille qui l'aime à un conflit familial, puis à une errance dans le Japon, le temps de se poser dans un petit village et la fin arrive, loin de tout. Je ne saurais pas retranscrire exactement l'ambiance, mélancolique et désenchantée. C'est assez étrange à lire mais très prenant. Le dessin frappe d'entrée de jeu. Entre le portrait de Maria, en finesse et visiblement inspiré par des peintures japonaises et son trait qui est assez typé dans le genre du vieux manga, c'est un étonnant mélange mais dont la finesse fait ressortir la beauté qu'il veut fixer. Il y a un vrai travail de composition et de caractérisation par le dessin (j'y reviendrai). C'est d'autant plus étonnant qu'il ne s'embarrasse souvent pas de décors ou d'éléments concrets entourant son personnage. Le vide de l'existence est ici symboliquement présent partout. Au-delà de ces qualités, la vraie force de l'œuvre, c'est son propos. Maria est une jeune femme très évanescente mais aussi diablement concrète. Elle refuse de jouer le rôle qu'on lui a assigné dans la société japonaise : mauvaise fille, mauvaise élève, mauvaise mère, mauvaise amie, elle n'est jamais la femme idéale. Pourtant sa beauté saisit tout les hommes et femmes qui croisent sa route. Elle est révélatrice de l'hypocrisie de cette société, en déclenchant chez les autres les comportements que l'auteur condamne. C'est particulièrement net dans le regard des hommes, qui la voient tous comme une femme hautement désirable voir parfois la femme de leur vie. Ces comportements machistes et puérils sont mis en lumière dans le regard, l'attitude, les gestes, les propositions déplacées… Maria navigue dans un monde où sa condition de femme est une souffrance, mais qu'elle se refuse à porter. Il y a de nombreux sujets évoqués : la dualité mère-putain, assez explicite dans le récit, mais aussi plein de sujets que je ne m'attendais pas à voir explorer par un mangaka des années 70 : homosexualité (masculine et féminine), divorce (Kamimura semble partisan de celui-ci), pouvoir détenu par les hommes, prostitution, inceste, viols, violence éducative, craintes superstitieuses… C'est sombre, très sombre, à ne pas mettre entre toutes les mains. Et pourtant, le manga est positif, malgré toute cette noirceur. Comme une nouvelle naissance, Kamimura s'empare de son personnage pour rejeter une société qu'il n'aime pas. Une société qui opprime les femmes en les confinant au rôle de mère/épouse ou de putain de service pour assouvir les besoins des hommes, toujours seigneurs et maitres. Il critique également le rôle bien trop important de la famille ainsi que ce qu'il faut y sacrifier. Le tout est exposé par une Maria qui sait jouer de son corps pour rendre fou les hommes, mais se pose aussi des questions sur l'éducation qu'on donne aux jeunes hommes. Son personnage est un véritable catalyseur de tout ce qui dysfonctionne, mais met aussi en lumière ce qu'il y a de bon dans l'être humain. Plusieurs histoires semblent presque anecdotiques dans le récit mais renvoient, selon moi, à ce que Kamimura déteste de sa société. Mais sa fin heureuse, en tout cas positive, invite à un nouvel espoir. Peut-être porté par les idéaux de la période (nous sommes juste après mai 68) il semble annoncer une jeunesse qui va vivre différemment. Et cet espoir final est très beau. Inspiré de cinéastes, sans aucun doute, Kamimura fait de son histoire un pamphlet que je ne peux m'empêcher de trouver féministe, non pas en avance sur son temps mais intemporel. La place de Maria dans la société, sa vie et ses choix sont étonnants mais résonnent terriblement justes. Vouloir être autre chose que ce qu'on attend de nous ne sera pas sans heurts. Je suis très volubile, mais la lecture de ce manga a été un petit choc. J'en suis ressorti sonné, avec un long moment de réflexion et de regard dans le vide. Je crois bien qu'il y a là quelque chose qui m'a touché. Quelle corde sensible ? Impossible de le dire immédiatement, mais cette lecture va résonner encore en moi. Je ne regrette ni l'achat ni la lecture de ce manga qui me semble incroyablement bon.

11/01/2024 (modifier)