L'Université des Chèvres

Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 4 avis)

D'Afghanistan aux États-Unis, du XVIIIème siècle à nos jours, l'école a toujours été rejetée par les obscurantistes. Par la vertu d'un récit magnifique de colère et de générosité, de beauté et d'amour, Christian Lax prend parti pour une école sanctuarisée, qui émancipe et qui libère.


La Montagne Les prix lecteurs BDTheque 2023

En 1833, dans les Alpes du Sud, Fortuné Chabert est un instituteur itinérant. De village en village, il enseigne avec bonheur lecture, écriture et calcul aux enfants. Ce nomadisme enseignant est appelé « l’université des chèvres ». Fortuné devra renoncer à son sacerdoce, et se retrouvera, des années plus tard, chez les Hopis de l’Arizona, aux États-Unis. En 2018, Sanjar parcourt la montagne afghane avec son tableau sur le dos. Lui aussi pratique l’université des chèvres. Chassé par les talibans, il deviendra auxiliaire de l’armée américaine en Afghanistan. Quel est le lien qui unit Fortuné et Sanjar, a priori aussi éloignés que possible par le temps et l’espace ? C’est une jeune femme, Arizona Florès. Descendante de Fortuné (cinquième génération), Arizona est journaliste au Phoenix Post. L’un de ses grands combats, c’est la dénonciation de la violence faite à l’école, avec ses tueries récurrentes qui endeuillent les familles américaines. Virulente dénonciatrice du lobby des armes à feu dans son pays, elle est mise à l’écart par son journal, qui l’envoie en reportage en Afghanistan. Elle y rencontre Sanjar. Celui-ci, de plus en plus en danger, ne peut que se résoudre à abandonner, comme Fortuné, sa mission émancipatrice...

Scénario
Lax
Dessin
Lax
Couleurs
Lax
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 11 Janvier 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Université des Chèvres © Futuropolis 2023
Les notes
Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 4 avis)
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01/02/2023 | bamiléké
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L'avatar du posteur Mac Arthur

Un livre déroutant dans lequel Christian Lax nous parle de sujets qui lui tiennent à cœur et qui sont tous liés à l’instruction et à l’éducation. Livre déroutant car il semble dépourvu de fil conducteur (même si à la fin, tout se recoupe). Durant la première partie du récit, nous allons suivre un personnage qui deviendra instituteur itinérant, bibliothécaire ambulant, chasseur d’or ou encore instituteur auprès d’indiens Hopis. Une destinée hors du commun marquée par l’envie de partager son savoir, sans distinction de race ou de sexe et, surtout, sans chercher à l’imposer. Durant la deuxième partie du récit, nous retrouvons une lointaine descendante de cet homme, journaliste américaine. Les deux sujets majeurs de cette partie sont alors les massacres réguliers perpétrés par des étudiants et qui ont lieu dans les établissements scolaires aux USA et la situation des femmes en Afghanistan. Ne pouvant parler du premier sujet, l’héroïne sera envoyée en Afghanistan pour écrire des papiers sur des femmes militantes là-bas. A nouveau, ça peut paraître un peu foutraque, comme si Christian Lax ne parvenait pas à se limiter à une seule thématique, mais tout est en lien. Un personnage d’instituteur itinérant en Afghanistan rappelle immanquablement l’instituteur de la première partie. La thématique de l’importance de l’instruction demeure constamment présente, avec un accent mis sur l’instruction accessible à tous, quel que soit son sexe, sa religion, sa classe sociale. Le danger des armes à feu aux USA, la répression en Afghanistan, le sort des indiens Hopis au siècle dernier, autant de faits contre lesquels l’auteur s’élève, nous criant ses craintes quant à une autorité qui imposerait un savoir par la force, brisant les uns pour glorifier les autres. J’ai vraiment senti le besoin de Christian Lax de parler de ces sujets, et il en parle bien. Ses personnages sont formidablement crédibles (et c’est un réel exploit de donner autant de matière à des personnages de fiction), son dessin est de toute beauté, sa colorisation apporte les lumières nécessaires, ses dialogues sonnent d’une manière naturelle… et la conclusion du récit émeut par son absurdité. Franchement, une très belle lecture.

01/03/2023 (modifier)