Le Dormeur (Santullo/Aón)

Note: 3/5
(3/5 pour 3 avis)

Un huis-clos oppressant à la croisée du polar et de la SF.


Après l'apocalypse... Cannibalisme

Un homme se réveille seul dans son caisson de cryogénisation. Il aurait dû se réveiller sur l'une des nouvelles planètes que les Terriens ont colonisés pour échapper à leur planète totalement détruite par la crise écologique, économique, sociale... Pourtant, il a été roulé et c'est bien sur Terre qu'il s'éveille, dans un immeuble qui fait figure de bastion de résistance et de mini société face aux attaques des Mad Max, les cannibales qui sévissent dans le no man land. Problème : le corps de l'un des habitants de l'immeuble a été retrouvé un poignard planté dans le dos. Le seul à pouvoir enquêter sans préjugé, sans intérêt caché, c'est lui : le Dormeur.   Rodolfo Santullo et Carlos Aón revisitent le huis-clos avec cette intrigue policière qui s'installe au sein d'un monde post-apocalyptique dont le lecteur découvre petit à petit les codes et le fonctionnement. Un récit policier qui a tout d'une fable écologique/économique qui résonne étrangement avec l'actualité récente...

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 25 Mars 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Dormeur (Santullo/Aón) © Editions iLatina 2022
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 3 avis)
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14/01/2023 | Blue boy
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Par PAco
Note: 3/5
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Découvert sur le stand de iLatina au festival d'Angoulême, sa sélection pour le Fauve Polar SNCF m'a motivé à passer le pas et acheter l'album. Et c'est plutôt une agréable lecture ! D'une, le pendant post-apo qui sert de décors au récit n'était pas prévu au programme mais c'est une bonne surprise, étant plutôt adepte du genre ; de deux, l'enquête proposée pour retrouver l'assassin d'un des survivants de l'immeuble est rondement menée tout en ménageant un suspens et les fausses pistes qu'il faut pour nous tenir en haleine. Nos deux auteurs sud-américains ont trouvé un juste équilibre et une certaine harmonie pour cette sombre enquête. L'encrage très marqué et la colorisation tranchée tout en aplats plombe parfaitement l'ambiance assurant l'aspect oppressant nécessaire à ce huis clos et la recherche de ce mystérieux assassin. On se laisse vite embarquer et mener par le bout du nez jusqu'au dénouement bien trouvé qui clos l'enquête. Je rejoint Spooky sur la légère frustration qu'on peut ressentir en effleurant un univers qui ne demanderait qu'à être davantage exploité et développé, mais si nos deux auteurs s'y tiennent, j'ai cru comprendre en en discutant avec eux qu'un autre album se fasse dans ce monde post-apo... A suivre peut-être donc... (3.5/5)

03/03/2023 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
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C'est au cours de ce dernier Festival d'Angoulême que j'ai appris l'existence de cet album, et de sa sélection. Et c'est en discutant avec les personnes des Editions iLatina que j'ai été convaincu de l'intérêt de la lecture, sachant que c'est surtout son cadre post-apocalyptique qui m'a attiré en premier lieu. Mais comme l'indique Blue Boy, c'est plus un prétexte pour donner un cadre particulier à ce one shot, à savoir une ambiance de huis-clos. Et dans cette ambiance particulière, mais somme toute classique, une histoire de meurtre, avec une enquête menée par un intrus, un nouveau venu. Ma foi, l'ambiance est réussie, et l'enquête policière se lit sans déplaisir, même si elle recèle assez peu de surprises. Le scénariste réussit tout de même à brouiller un peu les pistes jusqu'à ce qu'on comprenne qui est le coupable. L'histoire tient finalement sur peu d'arguments, et le récit est relativement court, c'est dommage, j'aurais bien aimé quelques autres fausses pistes. Côté graphique j'ai eu un peu de mal avec le trait de Carlos Aón. Mais son traitement des ombres m'a finalement convaincu, et je trouve qu'il y a une vraie puissance dans la gestuelle de ses personnages et ses cadrages. Une vraie bonne BD, qui à mon avis a mérité sa sélection, sans être inoubliable.

15/02/2023 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
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C’est une belle découverte que nous proposent les Editions iLatina, démontrant par là même la qualité de la bande dessinée sud-américaine. Le Festival d’Angoulême ne s’y est pas trompé en intégrant cette année « Le Dormeur » à la sélection officielle, dans la catégorie « polar ». Avec à son actif plusieurs ouvrages publiés depuis une petite dizaine d’années, notamment chez Glénat et les Humanoïdes associés, le scénariste Rodolfo Santullo signe ici une œuvre à mi-chemin entre l’enquête policière et le récit d’anticipation. « Le Dormeur », c’est un peu la rencontre de « Dix Petits Nègres » et de Walking Dead, ou peut-être plutôt « La Route » de Cormac McCarthy, les cannibales ayant ici remplacé les zombies. Mais l’ambiance de ce huis-clos post-apo, singulièrement oppressante, rappelle par bien des aspects la célèbre série de Charlie Adlard et Robert Kirkman. Seul le personnage principal, le fameux « dormeur » en question, apporte un peu de légèreté par son côté anti-héros, sa dégaine mal assurée et son costume incongru. Comme dans tout bon roman policier, les protagonistes sont bien campés et apparaissent tous potentiellement coupables du meurtre de Luis jusqu’au dénouement, difficile à deviner. L’intrigue nous captive dès les premières pages et la narration est de très bonne tenue. Le dessin semi-réaliste de Carlos Aón est en phase avec le propos, rappelant un peu le Gipi de La Terre des fils, autre récit post-apocalyptique, en moins esquissé. Le tout est parfaitement exécuté, la mise en page et le cadrage participant à la fluidité du récit. De même, la palette de couleurs est d’équerre dans ses sombres tonalités gris-beige visant à renforcer le contexte oppressant, virant au rouge quand la violence est palpable. « Le Dormeur » nous offre un bon moment de lecture, grâce à une collaboration efficace et concluante entre les deux auteurs. Le seul regret résiderait peut-être dans le format finalement assez court pour un univers qui aurait mérité d’être creusé, même si celui-ci ne sert que de toile de fond à cette enquête policière, qui, elle, est plutôt réussie.

14/01/2023 (modifier)