Les Dames de Kimoto

Note: 3/5
(3/5 pour 3 avis)

Un chef d’œuvre de la littérature japonaise plein de paradoxes : à la fois beau et cruel, sombre et lumineux, doux et amer !


Adaptations de romans en BD Le Japon historique

« Le mont Kudo était encore voilé par les brumes matinales de ce début de printemps. La main serrée dans celle de sa grand-mère, Hana franchissait les dernières marches de pierre menant au temple Jison. L’étreinte de la main autour de la sienne lui rappelait que, maintenant qu’elle allait être admise comme bru dans une nouvelle famille, elle cesserait d’appartenir à celle où elle avait vécu les vingt années de son existence. » À travers le récit des amours, des passions et des drames vécus par trois femmes de générations différentes, Les dames de Kimoto dresse un tableau subtil et saisissant de la condition féminine au Japon depuis la fin du XIXe siècle.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 02 Mars 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Dames de Kimoto © Sarbacane 2022
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 3 avis)
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15/07/2022 | Mac Arthur
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L'avatar du posteur bamiléké

J'ai été un peu dérouté par cette adaptation d'un roman japonais. Cette saga familiale qui reprend l'histoire de Hana, Fumio sa fille et Hanako sa petite fille ne m'a pas captivé outre mesure. Cette réflexion sur la tradition et l'acceptation de cette tradition d'un point de vue féminin et sur un rythme contemplatif est intéressante mais trop éloignée de mon vécu. De plus j'ai l'impression que Cyril Bonin est à l'étroit pour traduire la globalité de la pensée de l'auteure japonaise. Hana reste le centre de gravité du récit, l'auteur décrivant son comportement traditionnel (mariage, vie quotidienne) très en détail par rapport aux deux autres femmes. Le décor historique qui accompagne le récit est assez paradoxale. En effet l'apogée d'Hana correspond à la victoire japonaise sur les Russes en 1905 alors que les revendications plus modernes de Fumio se produisent dans l'environnement de la défaite de 1945. Hanako se retrouve ainsi héritière d'un Japon tiraillé entre tradition et modernité. La thématique est intéressante mais résonne probablement plus à des plus fins connaisseurs de la culture japonaise que moi. Ce n'est pas le graphisme de Bonin que je préfère. Peut-être à cause du rythme assez lent, je trouve que cela manque de dynamisme et que les attitudes sont trop raides. Une oeuvre avec des qualités mais qui ne m'a pas fait vibrer.

13/11/2023 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
L'avatar du posteur gruizzli

Je suis assez fan de Cyril Bonin et de son trait, qui va à merveille à certains types de récit qu'il semble s'être fait un plaisir de réaliser. Roman graphique, mais aussi histoires d'amour et plutôt poétique. Cependant je reconnais aussi qu'il est parfois léger au niveau scénario. Et dans cet album je retrouve cette patte visuelle associé à une histoire qui lui convient à merveille. Si j'ai trouvé que le dessin continue d'être en sensibilité et contemplation, je suis un poil plus mitigé sur le scénario qui reste parfois en surface. Adapté d'un roman, il semblerait que quelques coupes soient faites dans le déroulé du récit qui s'étale tout de même sur de nombreuses années. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre, et c'est en fin de compte une vie de femme, celle de Hana puis sa fille et enfin sa petite-fille. Trois générations de femmes qui traversent l'histoire du Japon, entre XIXè et début du XXè siècle. Le récit se porte uniquement sur elles, oubliant les personnages masculins qui gravitent autour (d'ailleurs certains m'ont presque parus enlevés du récit). C'est assez divers dans les sujets, puisqu'on aura la politique locale, l'histoire du Japon, la modernité, le statut des femmes, la question des générations, la noblesse japonaise ... Le tout est assez touffu, et le récit embarque d'autres petits détails qui s'ajoutent à l'ensemble, posant une ambiance qui se maintient jusqu'à la fin du récit. Si certains passages passent vite (la guerre n'est pas beaucoup plus évoqué que la période précédente) on sent que l'auteur parle de changements en cours dans la campagne japonaise. Comme dans Ayako, c'est la fin des grandes familles nobles, des propriétaires terriens et des structures traditionnelles. Le seul hic que je vois, c'est qu'au sortir de ma lecture je retiens surtout la question de transmission entre grands-parents et enfants, avec ce message de sauter une génération dans le lien affectif, puisqu'on s'oppose à ses parents qui se sont opposés aux leurs. Dans l'ensemble des sujets traités, je ne retiens pas beaucoup plus, comme si tout était un peu trop vite passé. Reste l'ambiance, le temps qui passe et nous change, le monde qui évolue et tourne. C'est une atmosphère qui m'aura surtout marqué à la lecture, et c'est ce que je recherche dans les BD de cet auteur. Pas aussi pertinent que d'autres BD sur le sujet, mais toujours aussi bien emmené, c'est une BD qui plaira aux amateurs de roman graphique et au trait délicat de Cyril Bonin.

21/08/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Cyril Bonin adapte un roman de l’écrivaine japonaise Sawako Ariyoshi. Ecrit en 1959, ce roman constitue le premier volet d’une trilogie ‘fluviale’. Je ne sais pas si Cyril Bonin a l’intention d’adapter les autres volets mais ce récit peut tout à fait se lire comme un one-shot. L’histoire est très simple et je ne sais trop s’il faut la considérer comme du récit de vie ou comme un récit historique. Un peu des deux, sans nul doute puisqu’elle nous permet de découvrir la situation féminine au Japon au travers de trois personnages féminins issus de trois générations. Le récit s’étale ainsi depuis la fin du 19ème siècle jusqu’à la fin des années ’50, soit un demi-siècle durant lequel l’évolution de la société est manifeste, et l’évolution du statut de la femme au Japon est elle aussi évidente. Au niveau du dessin, Cyril Bonin nous livre de très belles planches. Il a légèrement modifié son style naturel pour un effet plus « japonisant ». Attention, hein ! On est loin d’un style manga mais il y a des inspirations qui rappellent les estampes japonaises. Le résultat est vraiment agréable et le trait est bien soutenu par une colorisation aux tons chauds ou froids en fonction des ambiances. Au niveau de l’adaptation, j’ai beaucoup aimé la première moitié du récit. Malheureusement, par la suite, j’ai plus ressenti les coupures (inévitables lorsqu’on adapte un roman au format d’une bande dessinée) avec des sauts temporels plus fréquents et des personnages à qui on ne donnait finalement plus le temps nécessaire pour évoluer en douceur. Or, cette lenteur faisait tout le charme de la première partie du récit. Au final, je suis tombé à moitié sous le charme de cette chronique familiale. Le symbolisme présent, l’opposition entre tradition et modernisme, le personnage féminin de Hanna, l’aspect historique : voilà autant de points positifs (sans oublier le dessin). Des points positifs que seul le côté saccadé du découpage de la deuxième partie vient un peu tempérer. Au final, c’est un bon album, mais je pense que le roman lui demeure supérieur.

15/07/2022 (modifier)