Phénix - L'oiseau de feu (Hi no tori)

Note: 4/5
(4/5 pour 5 avis)

Science-fiction/aventure historique/roman graphique à goût prononcé de conte. Cette oeuvre malheureusement inachevée est divisée en une douzaine d’époques s’étalant de l’antiquité japonaise à notre futur le plus lointain et raconte la quête de l’immortalité de plusieurs civilisations, toutes à la recherche du sang du phénix.


A travers les âges Asahi Sonorama Shonen Spiritualité et religion Tezuka Tonkam

Tome 2 : «Les temps futurs»
Année 3404 : la Terre se meurt, à vitesse accélérée. L’Humanité s’est repliée loin sous la surface, dans cinq grandes cités préservant les quelques derniers millions d’hommes, qui font tout pour oublier leur décadence, leur situation quasiment désespérée. Gouvernées chacune par un super ordinateur qui prend les décisions censées assurées la survie et le renouveau de la race humaine, les cités imposent une loi qui va à l’encontre du souhait des humains : rêver, oublier. Pour cela les hommes ont recueilli il y a bien longtemps des Moopy, créatures extraterrestres informe, capable non seulement d’assumer une fois pour toute une certaine forme, mais également d’influer le cerveau humain, d’hypnotiser et de faire vivre les rêves les pus merveilleux et les plus réalistes aux hommes. Les super ordinateurs ordonnèrent donc leur destruction. Le dernier spécimen, ayant adopté la forme d’une jeune fille et nommé Tamami, vit avec un astronaute de 2ème classe, Yamanobé. Mais leur bonheur va être rapidement mis à mal, et de fil en aiguille, ce petit problème pourrait bien dégénérer, entraînant purement et simplement une guerre atroce, et la fin de l’Humanité.
Tome 3 : «Yamato - Un monde étrange»
Ce troisième tome regroupe deux histoires. Celle des pays de Yamato et de Kumaso tout d’abord. Son souverain, aussi bête que laid et arrogant, veut laisser à la postérité une belle image de son règne et de sa personne. Hors le Kawakami, le roi du Kumaso est en train d’écrire une véritable histoire, décrivant donc le souverain du Yamato sous son vrai jour. Ce dernier ne peut supporter cela, et envoie Oguna, son prince de fils cadet, tuer Kawakami. Mais tout cela serait trop simple, et la belle Kajika entre bientôt sur scène… La deuxième histoire raconte le supplice de la jeune meurtrière d’une prêtresse, condamnée par le temps lui-même à rester prisonnière du temple jusqu’à se faire tuer elle-même.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Octobre 2000
Statut histoire Histoires courtes (Inachevée mais histoires indépendantes) 11 tomes parus

Couverture de la série Phénix - L'oiseau de feu © Tonkam 2000
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 5 avis)
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29/04/2003 | ThePatrick
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Par Gaston
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

Quelle excellente saga nous offre Tezuka avec ce manga ! J’ai vraiment adoré les différentes histoires qu’on retrouve dans 'Phénix'. Certes, il y a une qualité un peu inégale entre les tomes (par exemple, j’ai pris plus de plaisir à lire le tome 4 que les tomes 10-11 ), mais je ne peux pas ne pas mettre 5/5. 'Phénix' est un manga à part. Déjà une œuvre qui change de personnages et de décors pratiquement à chaque tome c’est rare, mais il n’y pas que ça. Pour moi, c’est une ode à la vie et à l’humanisme. La plupart des protagonistes qu’on croise au fil des différents tomes sont terriblement humains. Ils ne sont jamais totalement bons ou méchants. Ils évoluent selon les évènements. Il y a une autre chose qui rend ce manga exceptionnel à mes yeux. On se promène d’une époque à l’autre avec comme seul lien le phénix, un oiseau immortel qui voit l’évolution de la nature humaine depuis le début des temps. C’est un concept que je trouve absolument génial ! Je n'ai jamais vu ça avant ! Pour ce qui est du dessin, je préfère celui des derniers tomes car il a plus de maturité qu’au début. En revanche, Osamu Tezuka est excellent tout le temps dans l’art du découpage. Certaines planches sont de toute beauté. En plus, il est capable d’intégrer plusieurs histoires dans un même volume sans rendre le tout confus. Ce n’est pas à la portée de n’importe qui. Lisez 'Phénix'. LE manga qu’il faut lire au moins une fois dans sa vie.

02/06/2008 (modifier)
L'avatar du posteur ThePatrick

Tome 2 : «Les temps futurs»
Acheté presque par intérêt historique (Tezuka est en effet célébré unanimement comme l’un des fondateurs du manga tel qu’on le connaît aujourd’hui) et non sans une certaine réticence (les dessins, j’y reviendrai), «Les temps futurs», deuxième tome de cette série qui est une histoire indépendante à lui seul, commence très doucement. (Oui, je n’ai lu qu’un tome pour l’instant, mais le reste ne va pas tarder, je vous le garantis !). L’entrée en matière façon «prologue» pose rapidement et efficacement les bases de l’histoire, dans laquelle on se retrouve plongé juste après. On entre «en cours de route», mais cela ne pose aucun problème, tant la situation se dévoile avec clarté. Histoire d’amour, de jalousie, de fuite et de poursuite sur fond d’univers futuriste digne de la meilleure science-fiction de l’âge d’or, j’ai été complètement pris dans le flot de ce récit, somme toute un peu classique, mais d’une fluidité absolument extraordinaire, que je limiterai arbitrairement à la fuite de Tamami etYamanobé de la ville de Yamato, et à leur arrivée chez le professeur Salta. Ce qui frappe également, c’est le dessin. En mal tout d’abord… à vrai dire c’est à cause de ce dessin qui rappelle beaucoup «Astro, le petit robot» que j’étais réticent à lire «Phénix»… Mais je dois avouer que Tezuka non seulement maîtrise parfaitement ce qu’il fait, mais qu’en plus c’est… Raaah, c’est un Dieu ! Ses cités ne sont pas impressionnantes, ses personnages sont souvent kitschs, mais alors ses décors sont beaux !!! Et il utilise des procédés originaux, dont certains que je n’ai vu nulle part ailleurs !!! Représentation en images des pensées d’un personnage p. 18 (classique, mais utilisé parfaitement à propos), caricatures absolument inattendue et d’un comique outrancier qui m’a fait hurler de rire p. 59, zoom progressif superbe p. 64, cadrage absolument inédit et génial p. 79 à 83, superposition des sons p. 88 (une planche de Franquin pour Gaston utilisant un procédé analogue est célèbre), jeu de lumière étourdissant sur les personnages p. 129, etc… Ces procédés sont utilisés avec une parcimonie, une sobriété et une efficacité que je ne peux qualifier que de remarquable et exemplaire. Alors vous comprendrez que le côté kitsch et rebutant du début est complètement oublié au bout de quelques pages. Concernant l’histoire, à nouveau, les thèses utilisées sont de la science-fiction issue de son âge d’or. Gaïa, par exemple, les univers dans les atomes, l’univers partie d’un plus grand tout, etc. Je dois dire que même en sachant ces idées fausses, et en les ayant trouvées mal exploitées dans pas mal d’œuvres de science-fiction, elles sont ici très bien utilisées, formant avec les autres éléments de l’album un tout extrêmement cohérent. On retrouve bien sûr également des thèmes chers à Asimov, comme les robots, les villes souterraines, la colonisation spatiale, mais aussi la décadence, le gouvernement par un ordinateur. Tout cela est présent pour ainsi dire en arrière-plan, jamais lourd, jamais imposé au lecteur, renforçant ainsi l’impression donnée. Tout cela remplit environ 100 pages sur 285. On arrive en effet à une guerre entre ordinateurs des mégalopoles, et… les cinq dernières cités sont détruites… C’est là qu’intervient le Phénix, qui désigne Yamanobé pour recréer une humanité, sans lui préciser comment. Pour cela, il le rend immortel. Seul sur la Terre et immortel, le suicide lui est interdit… Le désespoir s’abat sur lui, mais quel choix a-t-il ? Cet album est un chef d’œuvre absolu à lui seul qui, si je peux me permettre ces comparaisons, enfonce de très loin même l’excellent «Le grand pouvoir du Chninkel», même le superbe «Cromwel Stone», même le génial «Nausicäa» !!! Complètement atypique, se démarquant totalement de tout ce que j’ai lu jusqu’à présent, il ne ressemble même pas aux mangas actuels. Le style de Tezuka est tout simplement… personnel. Œuvre d’une fluidité incroyable, d’un découpage à mon avis imaginatif et intéressant, parfois très original, l’ampleur du récit qu’elle développe est incroyable, et aborde de nombreux thèmes réellement intéressants. Alors même si elle ne plaira pas à tout le monde du fait par exemple du dessin, d’une apparente futilité, d’interventions un peu miraculeuses du Phénix, des relations quelques peu ambiguës qui existent entre les personnages (même si cette ambiguïté fait à mon avis partie de la force de cet album !), je la trouve absolument sublime, et je ne peux que dire : «Mon dieu ! Je viens de lire la meilleure bd que j’aie jamais lue !»
Tome 3 : «Yamato - Un monde étrange»
Tezuka fait encore une fois preuve d’une grande originalité, non seulement par ses scénarios complètement atypiques, au développements tout à fait inattendus, par son dessin et son découpage, extrêmement lisibles et souvent d’une originalité inégalée, et par ses préoccupations, profondes et étranges. Ces deux histoires font preuve d’un certain cynisme, car comme vous pourrez le constater, l’espoir n’y a de place que pour être déçu, et le dessin, profondément caricatural, typique du style de Tezuka, n’y change rien. Le ton général est plutôt sérieux, mais bascule souvent sans prévenir dans le burlesque, le grotesque, léger contrepoint au côté sérieux et tragique. On a même droit (p. 25 et 26) à une parodie de mangas pour filles, très réussie. :) Comme d’habitude, Tezuka joue avec ses personnages, avec les codes du manga, mais aussi avec le lecteur ; ses personnages sont toujours aussi ambigus, tiraillés entre devoir, amitié, haine et envies. Certains personnages sont récurrents dans les différents albums du Phénix, mais on ne comprendra pas encore leur rôle ici. La deuxième histoire, enfin, au ton très sombre, est un très bon morlaque, d’une force indéniable. Cet album très particulier est vraiment superbe, et figure dignement dans cette très bonne série.
Tome 4 : L'Oiseau de feu
Comment dire ? La première lecture de ce tome m'a laissé un peu perplexe, mais je n'ai cependant pu m'empêcher de le relire très vite. L'histoire est en effet particulière, même pour cette série qui est déjà bien particulière. Les deux personnages principaux sont un bandit et un sculpteur. Le bandit a souffert d'une chute à sa naissance, qui l'a laissé borgne et manchot. Souffrant pendant son enfance des quolibets des gens de son village, il ne tarde pas à devenir un terrible bandit, tuant et mutilant sans pitié. C'est d'ailleurs juste avant de devenir ce terrible personnage qu'il rencontre un sculpteur, Akanemaru, tranquille, serein et heureux, et le mutile, en lui blessant cruellement le bras droit, l'empêchant ainsi d'exercer son art. Ce qui est extraordinaire dans ce tome, ce sont les incroyables changements (évolutions) des personnages. Aucun n'est noir ou blanc ! Ils sont noir, puis blanc, puis gris, etc. C'est assez confondant et incroyable, le manque de manichéisme est ici poussé à l'extrême... Rien que pour ça, ce tome est exceptionnel, mais en plus il est complètement fascinant, et traite d'une histoire (de plusieurs histoires, même) s'étalant sur une longue période (une quarantaine d'années environ). Bien sûr, ça peut donner une impression de désordre, et de fait certains éléments paraissent mal exploités. Mais je reste néanmoins sous le charme étrange... Et en plus on a ici l'origine des Salta, une explication de leur nez étrange, et de leur réapparition récurrente au fil des tomes.
Tomes 8 et 9 : «Temps de trouble»
Ces deux tomes racontent une même histoire, se déroulant au 12ème siècle. Apparemment fortement basée sur des faits historiques (lutte entre deux clans pour le pouvoir impérial ; créateur de Miyamoto Musashi...), l'histoire est tout de même, selon l'habitude de Tezuka, très romancée, et se lit sans problème aucun. Le découpage en actes, façon pièce de théâtre apporte un petit plus, et le prologue aide à mieux comprendre un scénario très touffu... en effet, en deux volumes de 300 pages, il se passe pas mal de choses... On retrouve le personnage du Tengû du tome 4 (l'ancêtre des Salta), ainsi que bien sûr la préoccupation du Phénix... qui ici n'apparaît pas du tout. C'est bel et bien la préoccupation du Phénix qui dirige tout l'album, montrant en filigrane l'obsession (et la bêtise) dont sont capables les hommes. Comme très souvent avec Tezuka, les personnages ne sont pas manichéens : même les très méchants ont leur motivation, et les gentils n'agissent pas toujours de la façon la meilleure qui soit. La cruauté également est au rendez-vous... Et d'ailleurs les personnages meurent les uns après les autres, c'est... effarant. :( Diptyque un peu fouillis, très dense, demandant peut-être une petite connaissance de l'époque pour mieux l'apprécier, "Temps de trouble" est également très prenant : prévoyez quelques heures avant de commencer à le lire. :)

29/04/2003 (modifier)