Sandman - The Dreaming

En profond admirateur de Sandman, j'ai très envie de mettre une meilleure note à cette série, mais pour le moment je ne peux pas car au bout des 10 épisodes que contient le premier tome paru chez Urban Comics, elle reste une chrysalide qui n'a pas encore éclos et dont les promesses n'ont pas encore su me convaincre. Qu'est-ce que The Dreaming ? C'est une suite donnée à l'oeuvre culte de Neil Gaiman, une suite se déroulant 30 ans après la fin de la série. En réalité, l'éditeur DC a décidé en 2018 de redonner vie à l'univers de Sandman en multipliant les publications en parallèle par le biais du one-shot Sandman Universe qui sert de coup d'envoi à l'ensemble, puis avec The Dreaming mais aussi House of Whispers, Lucifer, Books of Magic ainsi que des épisodes de John constantine Hellblazer et Locke & Key, et tout récemment Nightmare Country. De quoi enthousiasmer les fans... et aussi inquiéter les puristes. En ce qui me concerne, après le plaisir que j'avais eu à lire Sandman - Ouverture, j'étais plein d'espoir. The Dreaming se focalise sur le Monde du Rêve, le royaume de Dream des Eternels, et sur sa populace qu'on a appris à connaitre dans la série originelle. L'intrigue commence au moment où Dream a quitté son royaume sans qu'on sache s'il reviendra jamais, ce qui entraine un dérèglement de ce monde et de ses habitants. Cette nouvelle histoire est très respectueuse de l'oeuvre originale. En ce sens, elle ne s'addresse que difficilement à ceux qui n'ont pas déjà lu cette dernière et ne la connaissent pas bien. Nous sommes plongés immédiatement dans le monde du Rêve et de ses rêves majeurs, Lucien, Matthew, Abel, Caïn ou encore Eve. Et comme l'intrigue se déroule après la fin de Sandman, ce n'est bien sûr plus de Morphée dont nous parlons mais de Daniel. Je ne sais pas du tout si ce n'est pas un peu indigeste pour un lecteur néophyte qui s'y retrouverait probablement perdu. Et même moi qui ai lu plusieurs fois la série originelle, j'étais parfois un peu perdu, confondant par exemple la petite fille et l'arrière-petite-fille de la famille Kinkaid. Et je me demandais aussi si j'avais manqué un épisode concernant l'identité de la fameuse Dora qui semble peupler le monde du Rêve depuis déjà un moment. Par contre, au rayon des qualités manifestes de la série, il y a le graphisme qui est largement moins rebutant que les premiers épisodes de Sandman et attirera donc plus facilement les nouveaux lecteurs. Plusieurs dessinateurs se succèdent sur les planches de The Dreaming et ils sont à peu près tous très bons, tout en étant là encore parfaitement dans l'esprit visuel de la série originelle. Quant à l'histoire, c'est bien là l'élément le plus important d'un récit de Sandman... Et c'est là que je suis un peu en demi-teinte. J'ai mis un moment à entrer pour de bon dans le récit. J'ai assez peu apprécié la narration parfois inutilement alambiquée, poétique, qui embrouille plus qu'elle ne charme. Et j'ai également trouvé un peu confus et moyennement captivants les premiers épisodes, racontant le chaos qui s'empare du monde du Rêve. Un peu déçu aussi d'y voir si peu d'implication des Eternels eux-mêmes, comme si le scénario s'attardait seulement sur un petit monde en huis-clos, presque étriqué. Pourtant tout du long j'étais heureux de retrouver l'univers et les personnages que j'aimais. Et j'ai aussi beaucoup apprécié ce nouveau personnage qu'est Dora et le mystère qui l'entoure. Un peu déçu en contrepartie d'y voir un Lucien et un Matthew aussi faibles et incapables de résoudre la situation. Toutefois, à partir de l'épisode 7, quand la situation se clarifie enfin et qu'on apprend ce qui a entrainé les évènements chaotiques qu'on nous narre depuis le début, j'ai commencé à accrocher pour de bon. Et maintenant j'ai très envie de lire la suite... et j'espère qu'elle restera au moins du même niveau que ces derniers épisodes du premier tome pour pouvoir enfin sereinement relever ma note. Mise à jour après lecture du tome 2 : La fin du premier tome m'avait laissé espérer le meilleur car après une longue mise en place embrouillée, j'avais enfin bien raccroché les wagons et retrouvé ce qui me plaisait dans la série originelle Sandman. Deuxième source d'espoir : l'intrigue se conclut à la fin de ce second tome, ce qui promet une histoire complète en deux tomes qui ne se dilue pas en digressions et épisodes supplémentaires. Pourtant, je reste sur mon impression mitigée. Car dans ce second tome, j'ai retrouvé ce même sens de la confusion de l'intrigue, cette impression qu'elle part dans différentes directions, souvent verbeuses, avant de revenir à chaque fois presque contre son gré au cœur de l'intrigue principale. Cela alourdit la narration et donne même parfois l'impression que plusieurs scénaristes cherchent chacun à y mettre leur patte personnelle alors qu'il n'y a bien qu'un seul auteur derrière cette histoire. De même, les différents mystères qui imprégnaient le premier tome trouvent ici de vraies révélations mais celles-ci m'ont paru trop matérialistes, plus proches d'une forme de science-fiction que de la poésie qui forge l'âme de la série Sandman. A mes yeux, elles n'ont pas le même charme magique que l'imaginaire de Neil Gaiman. Et pourtant, cette série persiste à offrir quelques très bonnes choses. Déjà le dessin des différents artistes impliqués est tout à fait bon, avec pas mal de petites expériences graphiques notamment pour présenter les transformations physiques et émotionnelles de certains personnages. Ensuite, malgré mes reproches ci-dessus sur le côté embrouillé et le côté matérialiste de l'intrigue de fond, il y a également ça et là quelques fulgurances poétiques ou autres belles idées évocatrices davantage dans l'esprit de Gaiman. De même, il y a toujours ce plaisir de retrouver le monde du Rêve, ses habitants et de multiples références aux anciens personnages et évènements de la série Sandman : ça m'a donné très envie de relire celle-ci encore une fois. En définitive, The Dreaming est une série à réserver aux fans et connaisseurs de la série Sandman mais, malgré son bon graphisme et à quelques bonnes idées, il ne faut pas s'attendre à une œuvre aussi satisfaisante que celle de Neil Gaiman.

14/02/2022 (MAJ le 14/03/2022) (modifier)

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