Fausses pistes

Note: 3.43/5
(3.43/5 pour 7 avis)

Woodstone, petite ville de l'Ouest américain, vit de son tourisme Far-West. Depuis 15 ans Franck joue le rôle de Jake dans la reconstitution du célèbre duel qui donna naissance à la légende du Marshal Johnson. Mais Frank perd son emploi. Frank accepte le cadeau de ses collègue et se retrouve dans un car qui fait le circuit des grands sites naturels de l'Ouest. Dans ce voyage, il y rencontrera une autre vérité, une autre Amérique et peut être un autre futur.


École européenne supérieure de l'image Indiens d'amérique du nord Le Meilleur de Bamboo [USA] - Les déserts Nord-Américains

Depuis 15 ans, Frank incarne le célèbre Marshal Johnson dans le spectacle quotidien de Woodstone. Il est obstiné, colérique, et totalement possédé par son personnage. Un peu trop, de l’avis du psychiatre, depuis que Frank a dégainé sur un touriste. Officiellement jugé « trop vieux » pour le rôle, Frank perd tout. Son seul horizon : un voyage organisé dans l’Ouest, offert par ses collègues. Pour tout bagage, sa prime de départ et un authentique Colt simple action, modèle 1880. Et au fond de son âme, une légende à réécrire.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 09 Juin 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Fausses pistes © Bamboo 2021
Les notes
Note: 3.43/5
(3.43/5 pour 7 avis)
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29/09/2021 | bamiléké
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Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Incontestablement, Duhamel fait partie de ces auteurs qui réinventent le genre franco-belge avec brio. Et ce one-shot en est un parfait exemple. Avec ce faux western, l’auteur n’aura de cesse de brouiller les pistes, comme le sous-entend le titre. Ce qu’il décrit ici, c’est la collision entre le monde moderne et le passé, un passé idéalisé où la réalité historique est bien souvent galvaudée, à commencer par le mythe du Far West et ses légendes. Et de façon plus générale, la frontière entre le bien et le mal est loin d’être étanche, une zone grise où les « gentils » ne sont pas irréprochables, où les « méchants » méritent aussi d’être entendus. L’auteur s’en prend aussi d’une certaine façon à ce tourisme de masse qui fait de la Terre un immense parc d’attraction. Duhamel a ainsi trouvé l’angle d’attaque parfait pour élaborer son histoire, en confrontant un groupe de touristes à un ancien marine (que notre « marshal » Franck va voir comme une sorte d’allié), qui lui-même semble contenir une haine profonde vis-à-vis de ces hordes de « curieux », armés de leurs smartphones et leurs « selfie sticks » pour prendre la pose devant les sites les plus « instagrammables ». Cette histoire qui commence comme une visite pépère de Monument Valley va partir en vrille, et personne n’en sortira gagnant. Chacun des personnages, très variés et pour la plupart très bien campés, finira par révéler ses côtés les moins glorieux, ses petites lâchetés et autres mesquineries. Quant à Franck, lui aussi va devoir remettre en cause ses certitudes, lors d’une expérience chamanique involontaire, lui qui pensait avoir une connaissance approfondie de l’histoire du Far West et du personnage légendaire qu’il incarnait dans un spectacle pour touristes avant de se faire congédier comme un malpropre. Dans une sorte de mise en abyme ironique, cette aventure va lui permettre d’expérimenter pour de vrai l’héroïsme dont il se réclamait… En résumé, Duhamel nous enjoint à ne pas se fier aux apparences, à se méfier des idées toutes faites, des beaux discours, des « vérités » historiques et des « fake news » actuelles. Il y a nécessité à renforcer notre esprit critique et accorder plus de place au doute, car ce sont souvent nos certitudes qui créent notre enfer. En second plan, l’auteur évoque aussi d’autres sujets plus « américains » tels que le port d’armes, la fracture civile entre pro-républicains et pro-démocrates (rallumée par qui l’on sait), ou l’artificialité bling-bling du miroir aux alouettes qu’est Las Vegas. Si le scénario est très bien ficelé, avec pas mal d’humour et des dialogues qui font mouche, il comporte aussi une vraie profondeur philosophique et bénéficie d’un graphisme impeccable. Qu’il s’agisse des personnages, très expressifs, ou des paysages grandioses de l’Ouest américain, le talent de Duhamel laisse admiratif. De même, la mise en couleur est léchée et contribue à créer des ambiances splendides, où les ciels, de nuit comme de jour, constituent une invitation au voyage. Le moins qu’on puisse dire, c’est que « Fausses pistes » coche toutes les cases, révélant une grande maîtrise de la part de son auteur.

26/08/2023 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

L'Histoire a longtemps été la possession de ceux qui l'ont écrite. Toujours les vainqueurs, les plus forts. Point de tradition orale, qui pourrait donner d'autres pistes, dans notre civilisation. Celui qui domine l'écrit domine le passé et souvent le présent. Bruno Duhamel nous propose une très belle œuvre sur la vérité fondatrice de notre roman national. Frank n'a jamais remis en doute la légitimité du personnage mythique qu'il incarne, le Marshal Johnson qui, avec son compère Doc, sont la modernité et la justice de l'Amérique du Far-West. Le célébrissime duel dans un corral contre des éleveurs passéistes est une image du glaive de la Justice. Frank s'est donné dans ce travail, non ! Dans cette mission évocatrice de la vertu de nos héros fondateurs. Mais il rencontre l'ingratitude, le vide et la solitude. Comme on se jette dans un puits on va à la rencontre des espaces grandioses qui ne mentent pas. Ils sont beaux. Mais surprise, dans le car Frank n'est pas seul et rencontre l'Amérique moderne dans toute sa diversité, couple mixte, homos, trans, hippies plus une autre solitude, Mike. Franck et Mike sont des experts en Affaires Indiennes façon encyclopédie. Le discours du Chef Seattle de 1854 lors de la négociation avec les envoyés du Président Pierce est-il le fondement d'une nouvelle pensée ou un faux ? Pas d'enregistrement d'un Indien qui ne parle pas anglais avec des témoins qui ne comprennent pas sa langue. Alors après 32 ans le récit d'un témoin présent à cette rencontre historique est-il fiable ? La réponse est personnelle mais engage dans sa vision du monde. Franck partait seul à notre rencontre sur la belle couverture, sans point de repère. Il réglera ses comptes avec le passé et trouvera son avenir. Pas celui auquel il pensait. Celui du sang neuf qui vivifie l'Amérique d'aujourd'hui et de demain. Cette très belle histoire est soutenue par les beaux dessins de Bruno Duhamel. Les personnages, un peu clichés, se révèlent être plus complexes au fil des pages. Un quatre plus

29/09/2021 (modifier)