J'ai vu les soucoupes

Note: 4/5
(4/5 pour 5 avis)

Un témoignage empreint d’humour qui met en lumière l’emprise néfaste des discours et théories complotistes…


Autobiographie La BD au féminin La Boite à Bulles Les petits éditeurs indépendants Les théories du complot Ufologie et OVNI

Qui peut bien se laisser aller à croire aux extraterrestres ? Ou pire à penser en avoir déjà aperçu ! Eh bien, Sandrine Kerion, elle, y a cru. Tout a commencé le jour où elle s’est imaginée avoir vu des soucoupes volantes. C’était dans les années 90, elle était une adolescente nerd un peu paumée, grandissant dans une famille déchirée, un terreau particulièrement fertile pour que la jeune fille sombre dans ces croyances et illusions. Persuadée d’être une « contactée », une élue chargée par les aliens d’une mission envers l’humanité, elle sombre peu à peu dans les théories du complot et autres thèses révisionnistes. D'après l'autrice - qui a pris énormément de recul et s'est beaucoup documentée sur le sujet - pour en venir à croire à tout et n’importe quoi, il suffit... d’en avoir besoin. "J’ai vu les soucoupes" est le récit d’une plongée dans la folie douce et l'évocation du contexte tant familial que sociétal qui y a contribué. Mais c’est aussi celui d’une reconstruction et d’un lent retour à la réalité à laquelle l’auteure porte forcément un regard un peu décalé ! Texte : Editeur.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 09 Juin 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série J'ai vu les soucoupes © La Boîte à Bulles 2021
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 5 avis)
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31/05/2021 | Alix
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Par gruizzli
Note: 4/5
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Excellente BD documentaire, très bien réalisée et d'utilité publique ! L'auteure a fait une prouesse de réflexion sur soi, d'analyse de son passé et de lucidité sur ce qu'on a pu être. J'ai souvent regardé des vidéos sur l'ufologie sans jamais avoir basculé dedans (merci les sceptiques qui se sont emparés du sujet sur Youtube !) et je comprends totalement la vie de l'auteure. C'est une combinaison assez classique qui fait glisser les gens vers les phénomènes surnaturels dont les ovnis ne sont qu'un pendant : difficulté familiale, sociale, scolaire, angoisse, solitude, besoin de réconfort et d'être rassuré. Souvent couplé à d'autres difficultés (matérielles et financières, crise familiale ou deuil …) on se retrouve embrigadé dans des croyances diverses qui nous rassurent et nous donnent un sentiment de contrôle sur le monde. Cette présence rassurante, souvent intangible, immatérielle ou fantasmée, c'est ce qui nous empêche de recevoir en pleine face le monde et ce qu'il peut être pour beaucoup. L'histoire ici contée semble somme tout banale, une fille ordinaire en proie à des difficultés et qui s'invente un monde extraordinaire pour fuir une réalité ordinaire. Ce qui est prenant, c'est de voir à quel point la société a permis l'émergence de telles idées et la propagation de masse que celles-ci ont connue grâce à la télévision notamment. Je pense qu'elle a raison de se demander ce que cela donnerait avec les réseaux sociaux. Le complotisme gagne du terrain chaque jour, il est important de montrer ce genre de témoignage qui parle avant tout de l'humain derrière ces gens qui "croivent", comme dit "Complot facile pour briller en société". J'ai surtout eu en tête, en lisant cette BD, les mots d'un youtubeur spécialisé dans la vulgarisation de ce genre (Défékator) : il faut d'abord voir derrière un complotiste une personne en souffrance. Se prendre dans la gueule que cette réalité fantasmée est fausse, ça fait mal. Et vivre dans notre monde peut faire mal aussi, normal qu'on chercher à y échapper. Par l'alcool, la drogue, une passion démesurée, un fantasme personnel, un extraterrestre, on échappe un peu au poids de la réalité. La BD parle du phénomène ovni en remontant la longue suite d'écrivains, conférenciers, présentateurs et polémistes qui ont alimentés ce fantasme en France mais aussi dans le monde et le nombre est effarant. On se rend assez peu compte de leur présence sans être dans les milieux concernés, et le poids qu'ils peuvent avoir. La dérive sectaire et les théories racistes se multiplient à cet égard, alimentant des xénophobies bien réelles pouvant parfois déborder dans la vie réelle. On se souviendra de l'invasion du Capitole suite à la défaite de Trump ... Résonnant comme un témoignage mais décortiquant l'ensemble précisément, analysant le tout sous un jour méthodique et remontant aux sources du problème, Sandrine Kerion livre une puissante œuvre documentaire, qui permets de se rendre compte qu'il n'est pas à notre avantage de critiquer bêtement un complotiste. Il est important de les considérer comme ce qu'ils sont : des êtres humains qui pensent un peu trop fort que ça puisse être vrai. Puissant, méthodique, prenant.

19/09/2023 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

L'autrice nous raconte son adolescence lorsqu'elle était mal dans sa peau et s'est réfugiée dans le paranormal et surtout dans le monde des OVNIS. Elle raconte cette période dont elle a honte parce qu'elle a totalement embarqué dans le côté obscur de l'ufologie. Je me reconnais un peu dans ce qu'a vécu l'autrice parce que moi aussi jeune j'aimais lire sur le paranormal et je voulais croire que tout était vrai. Heureusement pour moi, j'avais tout de même une certaine partie critique, ma philosophie étant 'je vais y croire à 100% lorsque je vais voir un alien/un fantôme/un big foot/insérer n'importe quelle créature paranormale' et j'imagine que je devrais être content de ne pas avoir eu l'impression d'avoir aperçu une soucoupe volante comme c'est arrivé à l'autrice. Aujourd'hui, j'aime toujours lire sur le paranormal et le mystérieux, mais je suis plus critique et d'ailleurs maintenant je préfère lire le travail de gens qui sont sérieux. Je conseille d'ailleurs la lecture du livre de Christian Page, un enquêteur du paranormal québécois, 'Ovnis au Québec' où l'auteur raconte les coulisses du milieu ufologue et du peu de rigueur de la plupart des chercheurs d'extraterrestres. Mais bon assez parlé de moi (quoiqu'une des qualités de l'album est que plusieurs gens qui ont été jeunes dans les années 1990-2000 vont se retrouver dans ce qu'a vécu l'autrice) et parlons plus de la BD en elle-même. C'est très bien fait, l'autrice mélange bien sa vie personnelle et tout ce qui touche au monde des OVNIS et je partage son point de vues sur plusieurs aspects, notamment le fait que c'est dommage que la plupart des ufologues sceptiques sont partis et les complotistes ont pris toute la place. Il y a un très bon résumé sur l'histoire de l'ufologie qui est passionnant même si je connaissais déjà la plupart des faits cités dans l'album. Le dessin est dynamique et agréable à l'œil.

27/08/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Maelström

Je ne reprendrais pas la trame du récit qui a été évoquée précédemment ! Alors si vous vous attendez à un album classique... Ben vous avez tout faux ! Moi aussi je place ça dans la section docu graphique. C'est hyper intéressant et graphiquement très beau ! Agréable moment et agréable surprise ! Je conseille !

08/07/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Calimeranne

Pour son premier album, Sandrine Kerion revient sur une période de son adolescence un peu particulière : mal dans sa peau et perturbée par les conflits entre ses parents, elle commence à s'intéresser à des ouvrages et documentaires traitant d'ufologie. Fascinée par cet univers, elle finit par se persuader qu'elle a vu une soucoupe volante. Ce n'est que le point de départ d'un "délire" qui ira assez loin... L'album est très documenté, relatant de nombreuses interviews, mais également des documentaires, films ou séries sur le sujet. Elle a aujourd'hui pris beaucoup de recul par rapport à tout ça et tente de décrypter les mécanismes qui l'ont poussée à développer ces croyances aveugles. Le sujet, intéressant, est particulièrement d'actualité à l'heure où les thèses complotistes en tous genres fleurissent sur internet et semblent séduire de plus en plus de monde. Bien que cet album soit classé en roman graphique, je l'aurais plutôt qualifié de documentaire tant c'est cet aspect qui ressort. Il y a davantage de place laissée aux différents témoignages et explications qu'à la vie de l'auteure à proprement parler. À titre personnel, j'aurais d'ailleurs préféré un angle de vue encore plus personnel, que l'auteur creuse davantage son histoire. Cependant, je peux comprendre que par pudeur elle ait préféré se concentrer sur l'aspect documentaire, d'autant plus qu'elle évoque à plusieurs reprises le sentiment de honte qu'elle ressent par rapport à cette période de sa vie. Il lui a fallu une bonne dose de courage pour oser mettre cette histoire en images, et rien que pour ça je lui tire mon chapeau. Une lecture instructive sur un sujet que je ne connaissais pas vraiment, servie par un dessin que j'ai beaucoup apprécié.

22/07/2021 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
L'avatar du posteur Alix

Avec beaucoup de recul et pas mal de honte, Sandrine Kerion nous raconte son adolescence alors qu’elle s’était retrouvée endoctrinée par les théories du complot sur les extraterrestres et les OVNI. Pire, elle était convaincue d’avoir vu des soucoupes volantes, et d’avoir été contactée par eux… Aujourd’hui, à 40 ans, elle publie une véritable thèse sur le sujet, pour essayer de comprendre comment ce genre d’autosuggestion est possible. « J'ai vu les soucoupes » se présente donc comme un exposé détaillé (et parfois un peu verbeux) de l’histoire de l’ufologie. Elle parle des principaux courants de pensée, des nombreux individus qui ont contribué aux différentes théories, des bouquins de son père et des émissions télévisées (très à la mode dans les années 90) qui ont nourri son obsession… et puis des réseaux sociaux, qui ont permis plus récemment à ces théories de toucher beaucoup plus de gens. Elle parle, enfin, des dégâts que cet endoctrinement quasi-religieux a causé dans sa vie (anorexie, dépression, phobies). Une séance d’autothérapie fascinante, et superbement documentée et argumentée…

31/05/2021 (modifier)