Le Pas de la Manu

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

Un formidable hommage au monde ouvrier.


Auvergne et Massif central

Un employé de la Manufacture d'Armes de St-Etienne pratique la "perruque" et construit secrètement le moteur du bateau avec lequel il partira naviguer.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Novembre 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Pas de la Manu © Actes Sud 2020
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
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17/03/2021 | grogro
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Par cac
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Le pas de la manu n'a aucun rapport avec notre Président en exercice, il s'agit de la manufacture d'armes de Saint-Étienne qui a fait travailler beaucoup de monde depuis des décennies. C'est d'ailleurs de là comme je l'ai appris que vient le FAMAS, qui s'avère être un acronyme : fusil d'assaut de la manufacture d'armes de Saint-Étienne. Encore un savoir-faire qui se perd et une industrie dont la France a perdu la souveraineté... Pour en revenir à ce récit, parfois cela fait rire et suscite des jalousies dans le monde ouvrier, car pour certains ce sont des planqués, payés à l'heure et pas à la pièce et qui ont parfois pas mal de temps pour des activités personnelles. C'est ce qui s'appelle la perruque et souvent ce sont de petites pièces pour bricoler, mais l'un d'entre eux veut y construire son bateau et ça représente un sacré paquet d'heures de boulot. Mais comment faire pour sortir le moteur discrètement au nez et à la barbe des gardiens de l'entrée ? Bel hommage à ce monde ouvrier, on sent l'affection de l'auteur Baptiste Deyrail pour ce milieu. En tout cas son dessin, whaou. Plus de 200 planches avec une technique expliquée à la fin, comme de l'huile sur des plaques de zinc. De toute beauté. Une ambiance façon films de Renoir où on croise d'ailleurs un sosie de Gabin. Je dis bravo.

18/11/2021 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Ben non, y pas eu que le football pour faire les grandes heures de St Etienne ! Il y eut aussi la manufacture d'armes que souvent l'on confond avec Manufrance. Il y eut cette vie ouvrière à laquelle Baptiste Deyrail, jeune auteur jusqu'ici inconnu au bataillon, vient rendre un hommage appuyé. D'abord, l'histoire, puisque c'est elle qui m'a attiré dans les bras de ce roman graphique en tous points remarquable : on suit un petit groupe d'ouvriers dont on perçoit une complicité de longue date, complicité muée en amitié au fil des années passées derrière les chaines d'assemblage et d'usinage. L'ouvrage présente un background dense que l'auteur parvient à nous faire saisir sans mot dire. Mais revenons à nos moutons : ces ouvriers pratiquent la "perruque", un art consistant à usiner des pièces pour un usage disons plus personnel... L'un d'eux laisse ainsi entendre qu'il construit chez lui un bateau, bateau que nul n'a jamais vu. Il s'attire ainsi les quolibets de ses collègues, jusqu'au jour où il leur annonce que ça y est, le moteur est enfin terminé ! En d'autres termes, il va falloir échafauder un plan pour le faire sortir discrètement de l'usine... Je me suis laissé dire que l'auteur a compilé ici plusieurs témoignages d'anciens employés de "la Manu". Et ça se sent. Chaque page semble empreinte d'une pâte pétrie jusqu'à l'intime, impression renforcée encore par des illustrations saisissantes, et pour cause : l'ensemble des planches a été réalisé avec une technique de gravure, le monotype sur zinc. On imagine le boulot, on admire le résultat ! Des pages charbonneuses aux gris profonds immergeant le lecteur dans une ambiance à la Clouzot. A ceci près que la fin est ici lumineuse, d'une poésie qui vous cueille sans crier gare. Baptiste Deyrail vient de réaliser un petit chef d'œuvre, mine de rien. Son travail est total, en ce sens que le fond et la forme semblent étroitement liés. On sent une volonté de restituer les choses fidèlement, autant qu'un respect sincère pour ses personnages. Ce livre respire l'amour du travail bien fait, ce que je trouve, au risque de passer pour le réac de service, toujours extrêmement gratifiant pour l'auteur, bien entendu, mais aussi et surtout pour nous, les lecteurs !

17/03/2021 (MAJ le 17/03/2021) (modifier)