L'Écolier en bleu

Note: 4/5
(4/5 pour 3 avis)

En 1941, alors que se multiplient les rafles anti-juives, Soutine et sa compagne Marie-Berthe Auranche quittent Paris pour trouver refuge en Touraine, dans le village de Champigny-sur-Veude, c’est là qu’il peint une trentaine d’œuvres insécables ; parmi lesquelles L’Écolier bleu.


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Printemps 1942. Pour Chaïm Soutine, peintre juif russe, Paris est devenue trop risquée. Si l’exil à la campagne s’impose aussi pour sa santé, c’est finalement sa créativité qui en tirera le plus grand bénéfice ! La Gestapo semble loin, Soutine trouve en Marcel, le fils du garde champêtre, un modèle particulièrement inspirant. Le gamin qui restera « l’écolier bleu » endure l’humeur de l’artiste et parvient à lui faire tomber peu à peu le masque de l’ogre… (texte éditeur) Peintre français d’origine lituanienne, Chaïm Soutine (1893-1943) est l’un des représentants les plus éminents de l’Ecole de Paris. Arrivé à Paris en 1912, il s’installe un temps à la Ruche, puis à la cité Falguière, où il rencontre Modigliani (1884-1920) par l’intermédiaire du sculpteur Lipchitz (1891-1973). Il voyage également dans le sud de la France d’où il ramène des paysages tourmentés (Les Maisons, Paysage, Arbre couché, Le Village). L’une des caractéristiques de ce peintre dont le style proche de l’expressionnisme varie peu au fil du temps est le travail par séries. Il représente tour à tour glaïeuls, gibiers, volailles, gens de service et enfants de chœur. Les personnages qu’il représente sont mélancoliques, typés jusqu’à la caricature, dotés de corps soumis à de spectaculaires distorsions et vêtus de costumes offrant de vifs contrastes de couleur (La Fiancée, Portrait d’homme, Le Petit Pâtissier, La Jeune Anglaise, Enfant de chœur, Le Garçon d’étage, Garçon d’honneur). Les natures mortes privilégient les animaux tués (Le Poulet plumé, Le Lapin, Le Dindon, Dindon et tomates, Nature morte au faisan) ou encore les carcasses écorchées, suivant l’exemple de Rembrandt (Bœuf et tête de veau, La Table). (texte du musée de l'Orangerie).

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 23 Octobre 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Écolier en bleu © Steinkis 2019
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 3 avis)
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19/01/2021 | cac
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L'avatar du posteur bamiléké

J'ai bien aimé cette lecture qui m'a fait découvrir l'oeuvre du peintre Chaïm Soutine. Fabien Grolleau réussit très bien à doser les éléments biographiques du peintre avec un récit fictionnel très crédible. C'est à la fois un hommage à un artiste moins connu que son compère Modigliani avec qui il a fait ses classes. Pourtant son oeuvre est vraiment superbe de puissance tourmentée. Le scénario se focalise sur les deux années d'occupation où Soutine, Juif et Russe, s'est réfugié avec sa compagne dans un petit village. L'intensité dramatique du récit n'est pas centrée sur les possibilités de dénonciation ou d'arrestation même si elles sont suggérées. Les auteurs rendent ainsi hommage à ce village de Champigny sur Veude qui a su accueillir le couple tel qu'il était. Grolleau nous mène plus sur un questionnement du style de Soutine à travers son parcours d'enfance et sa maladie destructrice de son corps mais peut être initiatrice de son art. Cela donne un récit fluide et touchant plein d'humanité dans les rapports qu'établit l'artiste avec sa compagne mais aussi les habitants du village pourtant tellement loin de son univers mental. Le graphisme d'une biographie d'artiste peintre est toujours un défi pour les auteurs. En effet il y a un respect dû au style de Soutine que Joël Legars parvient très bien à imposer. Son trait gras assez tourmenté nous donne un bonne compréhension des cauchemars de l'artiste entrecoupés par des pauses champêtres quasi paradisiaques. La belle mise en couleur accentue ces effets avec bonheur. Une belle découverte qui m'invite à mieux connaître cet artiste.

23/07/2023 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
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Je suis un peu le travail de Fabien Grolleau en ce moment, et cet album m'avait échappé. Sans doute parce que le milieu de l'art, celui des peintres, ne m'attire pas des masses. Mais il mérite quand même le détour, car il ne se destine pas seulement aux amateurs de l'oeuvre du célèbre peintre d'origine lituanienne. En effet on y voit peu de ses créations, Grolleau s'attachant surtout à nous montrer la lente descente vers la fin de la vie de Soutine, dans un cadre enchanteur, mais dans lequel il ne sera toujours pas en paix avec lui-même et avec les autres. Dans une ambiance qui plus est nimbée de paranoïa, avec les Nazis et leurs sbires qui traquent inlassablement les Juifs... J'avais remarqué le talent de Joël Legars avec ses BD jeunesse chez Carabas, et La Nuit des cendres montrait de belles dispositions au roman graphique. Pas mal d'années plus tard son trait a bien évolué avec cet album, tout en teintes douces, avec tout de même des touches particulières (du bleu, du rouge) lors de moments particuliers (avec Marcel, ou quand Soutine laisse éclater sa fureur). L'aide d'Anna Conzatti sur ces couleurs est sans doute déterminante quant à la qualité de ces nuances, et je tiens à souligner que l'ensemble est vraiment superbe, on a même des cases de pure poésie, quand Soutine peint, ou quand Marcel attend après le départ de son ami peintre... Un bel album, poétique et triste.

09/02/2022 (modifier)
Par cac
Note: 4/5
L'avatar du posteur cac

"L'écolier en bleu" narre les deux dernières années de la vie du peintre d'origine russe Soutine. Il se trouve qu'il est aussi juif et que l'époque du livre, à savoir la Seconde guerre mondiale, ne leur est pas propice. Ajoutant à cela que son art n'est pas forcément bien vu des nazis non plus pour qui ces œuvres sont sûrement catégorisées dans l'art "dégénéré". Il cumule. Donc après avoir vécu à Paris il se cache à la campagne avec sa compagne Marie-Berthe et rencontre un écolier qui deviendra un de ses sujets de portraits. Je connaissais la réputation qu'on peut faire à cet artiste sans le sou malgré son talent, colérique aux peintures un peu macabres, cherchant notamment son inspiration dans les animaux putréfiés. Ce récit est très intéressant, non réservé aux initiés en histoire de l'art et graphiquement bien illustré dans ce petit village paisible. Un très bon one-shot.

19/01/2021 (modifier)