Black Hammer

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Will Eisner Award 2017 : Best New Series Arrachés à leur univers de super-héros par une crise multidimensionnelle, les champions oubliés de Spiral City vivent désormais telle une famille dysfonctionnelle, prisonniers du quotidien paisible d'une petite bourgade américaine.


Auteurs canadiens Auteurs espagnols Dark Horse Comics Séries avec un unique avis Super-héros Will Eisner Awards

Les années passent et, pour la plupart des anciens héros de Spiral City, l'isolement et la vie en comité restreint sont de plus en plus difficile à supporter. Si Abe essaie tant bien que mal de se bâtir un semblant d'équilibre familial et sentimental, Gail, Barbalien ou encore le colonel Weird restent désespérément attachés à leurs vies passées. Et si la visite surprise de Lucy Weber, la fille du célèbre Black Hammer, dans leur dimension, leur offrait bientôt une porte de sortie... ?

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 20 Octobre 2017
Statut histoire Série terminée (Mais de nombreux spin-off sont sortis et une saison 2 est prévue) 4 tomes parus

Couverture de la série Black Hammer © Urban Comics 2017
Les notes
Note: 3/5
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24/11/2020 | Ro
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Par Ro
Note: 3/5
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A la suite d'un combat titanesque, un groupe d'anciens super-héros est bloqué depuis 10 ans dans ce qui s'apparente à un village américain. Il leur est impossible de quitter la région sans mourir et ils ne savent même pas s'ils sont dans un monde parallèle, un univers de poche, une prison virtuelle ou simplement sur Terre mais empêchés d'une quelconque manière d'accéder à ce qu'il y a au-delà des limites du village. Alors ils se sont adaptés à leur vie campagnarde et forment désormais une famille hétéroclite, essayant de profiter de ce que la vie leur offre sans attirer trop l'attention sur eux. Et forcément, certains d'entre eux continuent à chercher sans relâche un moyen de sortir de ce mystérieux enfermement. Avec ce récit, Jeff Lemire brasse toutes les références super-héroïques qu'il a assimilées pour nous offrir une réflexion sur le genre même et sur les super-héros en tant que personnages de fiction. Il semble d'ailleurs que ce type de récit autoréférentiel a un nom bien défini : la Metafiction. Ses héros rappellent tous plus ou moins d'autres personnages : il y a l'ersatz vieillissant d'un Captain America, une version inversée de Captain Marvel/Shazam qui est une femme âgée se transformant en gamine à super-pouvoirs quand elle prononce son mot magique, une version homosexuelle de J'onn J'onnz/Martian Manhunter, une sorcière et sa Cabane des horreurs, ou encore le fameux Colonel Weird, issu de l'imaginaire des pulp comics de SF de l'ère atomique, combattant des aliens à coups de pistolets lasers dans des mondes spatiaux parallèles. Il y a aussi un peu de l'atmosphère des comics de ABC Comics type Tom Strong ou Jonni Future qui revisitent avec légèreté des archétypes de super-héros. Et le concept de Black Hammer consiste justement à plonger le lecteur dans un cadre de héros familiers mais de leur imposer une vie trop humaine pour eux avec toutes les frustrations que cela implique. Durant les deux premiers tomes de l'édition Urban Comics, correspondant aux 12 principaux épisodes de la série initiale Black Hammer, nous restons sur un tel statu-quo, avec en trame de fond l'enquête sur le mystère de leur étrange exil et pourquoi ils sont bloqués là. Nous y suivons essentiellement leurs relations et leurs aspirations. L'un tente de vivre son histoire d'amour avec la tenancière d'un diner, l'autre est tombé amoureux du nouveau pasteur du village, une autre enrage d'être bloquée dans un corps de gamine, etc... C'est à partir du troisième album que la vérité éclate et le rythme du récit avec elle. Les tomes 3 et 4 correspondent en effet essentiellement aux 12 épisodes de la mini-série Black Hammer: Age of Doom, suite directe de la série de base. L'intrigue y part dans tous les sens et il serait difficile d'en parler davantage sans en dévoiler trop. On note toutefois que c'est un prétexte pour Jeff Lemire de rappeler que les héros sont des personnages de fiction et que leurs aventures tiennent entre les mains de leurs créateurs, leurs histoires ne s'arrêtant jamais tant qu'un auteur en imagine de nouvelles pour eux. Et nous avons là encore droit à de nombreux clins d'oeil à l'univers des comics, des pulps ou encore à Lovecraft. J'ai notamment souri au passage très fortement inspiré de Sandman, avec son petit lot de dérision affectueuse. Le dessinateur principal de la série est Dean Ormston. Son trait est appréciable sans être véritablement marquant. C'est pourtant bien son graphisme que je préfère car ceux des autres dessinateurs qui le côtoient et ont réalisé certains épisodes de la série ou hors-série ne sont certes pas laids mais ils contrastent parfois trop fortement avec le style plus réaliste d'Ormston, brisant l'ambiance visuelle qu'il a su créer. L'histoire est plaisante... mais elle ne m'a qu'à moitié enthousiasmé. J'ai surtout été tenu en haleine par le mystère autour de ce qui était arrivé aux héros et comment ils allaient s'en sortir. Leurs aventures plus intimistes ne sont pas désagréables mais elles ne m'ont pas passionné. Quant aux nombreux flash-backs, la plupart rendant hommage au style particulier des aventures super-héroïques de chacun d'entre eux, ils m'ont un peu ennuyé car il s'agit pour la plupart de succédanées volontaires des aventures des héros classiques de comics et de pulps auxquels ils s'apparentent. En outre, la révélation sur les raisons de ce qu'il leur est arrivé et de leur présence dans ce village ne m'a pas convaincu, ou en tout cas pas la manière dont cela a été fait et pourquoi un tel secret a été maintenu à son sujet. Surtout quand on voit comment l'un des personnages clés agit tout à coup complètement à l'encontre des raisons de tout ça à la fin du tome 3, sans vraiment d'explication. Et puis la dernière partie du récit, à savoir la seconde moitié du tome 4 globalement, m'a déçu. Avec ce tome, on pouvait croire qu'on allait enfin rentrer pour de bon dans le cœur du sujet et dans l'aboutissement de ce qui a été mis en place jusque là, mais l'intrigue s'enlise et vise finalement une porte de sortie peu enthousiasmante, convenue et assez artificielle. En cela, la toute fin est... mignonne car relativement heureuse, mais un peu décevante aussi. A noter que cette série a connu un succès suffisant pour permettre la création de plusieurs spin-offs reprenant ses héros et son univers. Et qu'autant l'intrigue globale trouve une vraie conclusion à la fin du tome 4, autant il semble que Jeff Lemire prépare une seconde saison qui s'intitulera Black Hammer: Reborn. Reste à voir ce qu'elle vaudra et si elle apporte vraiment quelque chose de nouveau...

24/11/2020 (modifier)