Zasafir la prisonnière (Zasafir)

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Flash Gordon "moderne"...


Auteurs italiens Echo des Savanes Linus

« Léo est un petit malin. Ses connaissances en astrologie lui permettent d’arrondir ses fins de mois en magouillant dans les jeux de hasard. Mais Léo n’avait pas prévu l’irruption dans sa vie d’une visiteuse de l’espace. Avec elle, la réalité se fissure et tout bascule dans un Space-Opéra gentiment fou, peuplé d’espions extra-terrestres, de poursuites galactiques et de monstres cannibales. Un carnet de croquis foisonnant et superbe où circulent en liberté obsessions, fantasmes, héros dérisoires, femmes pulpeuses et même un vendeur de cravates napolitain. » (quatrième de couverture)

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Janvier 1985
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Zasafir la prisonnière © Albin Michel 1985
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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05/02/2020 | Noirdésir
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L'avatar du posteur Agecanonix

Voila une Bd très singulière et assez folle que j'ai redécouverte dans la nouvelle formule de l'Echo des Savanes de 1984 où elle fut prépubliée sous le titre de "Zasafir" ; en même temps avec Buzzelli, il faut s'attendre à être constamment surpris, l'auteur affectionnant les univers étranges, intemporels ou fantastiques. Avec cette bande, c'est l'anti-Flash Gordon dans toute sa splendide dérision, car c'est en effet un mélange de genres assez proche de la célèbre Bd américaine d'Alex Raymond, un monde fantastique d'heroic fantasy passablement détourné par le biais de la drôlerie et de la satire. Buzzelli se met lui-même en scène sous le nom de Léo Astredor, et se trouve pris dans une abracadabrante épopée qui le fait voyager de la Terre de notre époque à la planèteZasafir, monde barbare peuplé de sauvages guerriers, de monstres improbables, de créatures cannibales, d'esclaves rebelles et même d'un vendeur de cravates napolitain. Tout palpite, grouille, fuse, gicle, et explose dans un joyeux délire où l'humour côtoie l'aventure, bref c'est un indescriptible bazar mais assez réjouissant, de la science fiction que je préfère très largement aux space operas. La bande me rappelle aussi une Bd italienne de petits formats que je lisais dans le pocket Zembla en bande complémentaire : "Gun Gallon", qui se déroulait dans un univers aussi étrange et fantastique, la dérision en moins, mais c'était inspiré aussi de Flash Gordon. Le style graphique, c'est du pur Buzzelli dans ses grands jours, le dessin est tonique, ravageur, rugueux et cauchemardesque, où se mêlent le baroque et le réalisme fantastique. La mise en couleurs est bariolée et assez hasardeuse en certains endroits, mais ça ne me dérange pas vraiment, je préfère savourer l'aspect picaresque et farfelu du contenu.

14/05/2020 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Zasafir est sans doute l’une des dernières publications notables de Buzzelli, du moins l’une des dernières de ses œuvres personnelles, avant qu’il ne « se contente » d’œuvres de commande, d’accompagner d’autres auteurs par son seul dessin – quelque peu assagi, le plus souvent sur des westerns. Comme une grande partie de son œuvre des années 1970 et du début des années 1980, cet album semble être tombé dans l’oubli, en même temps que son auteur (du moins si j’en crois le peu d’avis postés sur ce site à son propos). Avant d’être un scénariste, Guido Buzzelli est avant tout un artiste (il a une formation classique de peintre), un dessinateur. C’est par l’illustration de périodiques américains (Flash Gordon par exemple) qu’il s’intègre au monde de la Bande dessinée. Et cette dernière influence est nettement visible ici, l’univers et la faune sur la planète hostile, le ton des aventures, une bonne partie de l’intrigue, tout cela fleur bon une certaine BD ancienne, et particulièrement « Flash Gordon » : un des personnages avoue même un moment au héros : « Je me plais bien ici, c’est comme si j’étais à Monga, avec Barin, Aura, Ming et Flash Gordon (…) ». Comme souvent avec lui, l’un des personnages principaux, Léo, a ici les traits de Buzzelli lui-même. Petit clin d’œil qui nous livre peut-être une partie du secret de l’album : nous voyageons dans l’immensité interstellaire, mais aussi et surtout dans l’espace infini de l’imagination, des délires de l’auteur. Car ici, sous couvert d’aventures « old school », parfois naïves et désuètes (ce côté m’a un peu dérouté et aussi déçu), c’est un peu de la folie de l’auteur qui s’épanche dans cette histoire improbable. C’est de la SF à la fois classique et surannée, mais à laquelle se mêle un fantastique habituel chez cet auteur. Auteur dont j’apprécie particulièrement le dessin, assez torturé et baroque, usant très bien d’un trait rageur et de hachures. Mais je ne trouve pas toujours heureuse sa colorisation (je préfère généralement lorsqu’il se contente d’un Noir et Blanc mettant mieux en valeur son dessin, et bien moins sujet à un « vieillissement » accéléré). Comme il l’a déjà fait ailleurs (dans Aunoa par exemple), l’histoire passe d’un cadre « contemporain » (début et fin de l’album) à un autre extra-terrestre et très SF, de façon un peu brutale, sans souci de crédibilité, des raccourcis s’imposant à l’imagination du lecteur pour suivre celle de Buzzelli. Ce n’est clairement pas ce que Buzzelli a fait de mieux (au scénario et au dessin). Mais cela se laisse lire (je suis quand même un peu resté sur ma faim – et sur la fin, un peu bâclée je trouve – la prisonnière en question dans le titre étant « évacuée » trop brutalement et rapidement – dans tous les sens du terme). Les amateurs de Flash-Gordon devraient tout de même y trouver leur compte.

05/02/2020 (modifier)