Paul à la maison

Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)

Angoulême 2021 : Prix de la série Un Paul qui se passe au début des années 2010 et qui le montre plus vieux et plus désabusé de la vie.


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Paul à la maison est le 9e tome de la série. Cette fois-ci, l’action de déroule en 2012, Paul est auteur de bande dessinée à temps plein et lance un nouvel ouvrage au Salon du livre de Montréal. Entretemps, sa fille part travailler en Angleterre, Lucie n’habite plus avec lui et sa mère ne va pas bien… Paul à a maison traite du deuil, sous de multiples formes. Un album émouvant. Texte : L'éditeur

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 14 Novembre 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Paul à la maison © La Pastèque 2019
Les notes
Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)
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16/11/2019 | Gaston
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Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Si vous ne connaissez pas encore cet auteur québécois, je vous invite vivement à vous y intéresser de plus près. Véritable star dans son pays, il a en France son petit cercle de fans depuis un bon moment. Depuis sa première BD publiée par l’éditeur montréalais La Pastèque en 1998, Michel Rabagliati a engrangé les récompenses, notamment au Festival d’Angoulême en 2010 avec le prix du public pour Paul à Québec. Il faut préciser que les dix albums sont consacrés à Paul (Rifiorati de son nom), à la fois son personnage fétiche et double de lui-même. A travers son œuvre, l’auteur a développé un univers très personnel et extrêmement attachant, dans lequel il évoque régulièrement ses souvenirs de jeunesse, principalement son enfance et son adolescence. On se régale de ces anecdotes narrées avec un humour à la fois grinçant, subtil et souvent jubilatoire. Puis, les années passant, Paul Rifiorati est devenu, presque sans que l’on s’en aperçoive, un quinqua moins insouciant avec des problèmes de quinqua. Et c’est ce qui fait le sujet de son dernier opus, « Paul à la maison », qui se déroule en 2012 et où il aborde la question de cette fameuse crise de la cinquantaine avec son lot de petits bobos, de tracas existentiels et du quotidien, mais également la vieillesse et le cancer incurable de sa mère. Dit comme ça, ça ne vend pas du rêve, mais ceux qui connaissent le travail de Michel Rabagliati savent qu’il a plus d’un tour dans son carton à dessin. Et c’est bien là que réside une partie de son talent : cette capacité à traiter avec sensibilité de sujets plus ou moins graves sans plomber l’ambiance, bien au contraire. On notera le passage extrêmement hilarant où Paul, vivant mal un célibat forcé après la séparation d’avec sa femme, s’inscrit sur un site de rencontres, ou encore celui où il teste un appareil pour traiter son apnée du sommeil… En traitant parallèlement de tous les petits faits du quotidien vécus par son double, dans son quartier de Montréal, l’auteur sait se faire le témoin acerbe de notre société contemporaine, déplorant sa transformation en une sorte de « meilleur des mondes ». Il pointe du doigt l’atomisation et l’isolement croissants de chacun, les plus jeunes repliés sur leurs écrans et les anciens remisés dans les CHSLD (l’équivalent de nos fameux EHPAD français), une vision peu réjouissante et pourtant lucide, masquée par le discours dominant et une bonne couche de vernis publicitaire. Et comme toujours, on adore cette ligne claire et ce sens du détail, tous ces objets anodins qui en disent autant sur notre époque qu’une longue étude sociologique, tout ce qui fait le charme et l’intérêt du travail de Rabagliati. Observateur fin et désabusé par le manque d’humanité du monde moderne, celui-ci parvient à insuffler à son récit une certaine poésie pour en réduire la pesanteur, de façon très touchante. On se souviendra de l’hommage pudique rendu à sa mère, un des moments les plus bouleversants du livre. « Paul à la maison », c’est tout cela. Des rires et des sourires, de la mélancolie et de l’émotion, pour décrire un quotidien assez ordinaire, pas vraiment rose mais pas déprimant non plus. En ce sens, Rabigliati vise très juste et parle un langage universel qui fait que chacun se reconnaîtra. Le monde est véritablement devenu un village global, avec les mêmes problématiques partout, et ce Québec si lointain nous apparaît d’un seul coup extrêmement proche.

20/02/2020 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

Cela faisait des années que j'attendais un nouveau Paul avec impatience et après cet album je vais devoir attendre encore très longtemps car l'auteur a expliqué qu'il n'avait plus grand chose à raconter. On retrouve un Paul qui a vieilli, divorcé de sa femme et qui a une mère malade. Le pauvre Paul semble n'avoir que des problèmes et l'auteur donne une version glauque de la vieillesse qui ne donne pas du tout envie de vieillir. Alors que je suis habitué à un Paul plus jeune, plus enthousiaste et énergique, ici il broie du noir. Rabagliati mélange la fiction et l'auto-biographie et c'est encore plus mis en avant ici vu que Paul est devenu un auteur de BD qui sort des livres sur lui-même avec les mêmes titres et le même éditeur que dans la réalité et pour avoir lu les dernières interviews de Rabagliati, il est clair qu'il agit maintenant comme le pauvre Paul qui est maintenant seul, ne semble avoir que des problèmes et n'aime pas trop ce monde moderne où tout le monde a un ipad. Je pense que ce qui m'a surtout frappé est à quel point il est seul. Avant, il était la plupart du temps avec sa femme, sa fille, sa famille ou des copains. Ici, la majorité de l'album le montre dans des scènes où il est seul ou encore isolé du monde extérieur. J'ai pris du plaisir à lire cet album. L'auteur a vraiment le chic pour rendre captivants les moments quotidiens les plus anodins et les plus ennuyeux. Il y a tout de même quelques trucs qui m'ont gêné. La dernière fois que l'auteur avait été aussi loin dans la vie de Paul, cela se terminait en 1999 et ici on est en 2011. J'aurais aimé quelques flashbacks qui montrent un peu ce qui s'est passé durant les années 2000, surtout en ce qui concerne le divorce de Paul. Ici, on a juste droit aux explications minimales. Il y a aussi le fait que sa fille va partir en Angleterre et que le récit se termine lorsqu'elle part et j'aurais bien aimé savoir comment a été son séjour. Donc pour moi, ce n'est pas le meilleur Paul, mais cela reste une bonne lecture dynamique et remplie d'émotions. Peut-être que je vais encore mieux adorer durant une relecture. Je pense qu'il faut que je m'habitue au ton qui est différent des autres Paul. À lire si on n'est pas allergique aux romans graphiques qui parlent de la vie de tous les jours.

16/11/2019 (modifier)