Bezimena

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

Benny est un petit garçon comme tout le monde. Comme tout le monde ? /// EN SÉLECTION ANGOULÊME 2019 /// /// PRIX DU DESSIN ARTÉMISIA 2019 ///


Auteurs canadiens

Benny est un petit garçon comme les autres. De bonne famille, de bonne éducation et qui ne manque de rien. Et pourtant… pourtant Benny est différent. Benny regarde les petites filles d’une bien étrange manière. Dans sa tête se font jour des obsessions inavouables. Tant et si bien qu’il devient compliqué pour lui de vivre en société… Que se passe-t-il dans la tête du grand méchant loup ? Dans sa nouvelle bande dessinée, un conte noir pour adultes, Nina Bunjevac nous emmène sans tabou sur le sentier rarement battu du psychisme du délinquant sexuel.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Août 2018
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Bezimena © Ici Même 2018
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
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25/03/2019 | PAco
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Par Blue Boy
Note: 4/5
L'avatar du posteur Blue Boy

Nous avons affaire ici à une œuvre qui n’est plus tout à fait une BD, pas encore exactement un Beau livre, mais plutôt un croisement entre les deux. Les cases ont disparu, mais la narration – ou si l’on veut, l’art séquentiel cher à Will Eisner subsiste, avec des magnifiques illustrations pleine page à droite, et du texte à gauche. Et tout cela grâce à une petite maison d’édition indépendante nantaise, Ici-Même, dont le credo consiste à « élargir, un tout petit peu, le champ du possible éditorial pour y faire entendre des voix qui [lui] sont chères. » Car en effet, les illustrations de Nina Bunjevac sont superbes par leur minutie, digne d’un travail de dentellière, suscitant instantanément l’étonnement et l’admiration et recélant un étrange pouvoir hypnotique. La technique utilisée, à cheval entre croisillons et pointillisme, est impressionnante, dans un noir et blanc qui apporte une touche de mystère. Il se dégage de ces dessins une atmosphère très particulière qui rappelle ce qu’on peut ressentir devant les œuvres d’Edward Hopper ou de Charles Burns. Quelque chose qui s’apparente à un onirisme sombre, avec des personnages aux visages songeurs ou inquiets, toujours cernés par une ineffable solitude. Et « Bezimena » n’a effectivement rien d’un récit à l’eau de rose, loin de là. En s’inspirant du mythe de Diane et Actéon et de sa propre expérience, Nina Bunjevac évoque le psychisme d’un délinquant sexuel. Durant son enfance en Yougoslavie, l’auteure, qui vit aujourd’hui à Toronto, fut victime d’un abus sexuel qui la fit « sombrer dans les ténèbres pendant des années ». En tentant avec cette histoire saisissante d’entrer dans la tête d’un pervers sexuel, elle a vraisemblablement tenté d’apaiser son traumatisme, En dépeignant la folie d’un homme lui-même manipulé par ses démons, sans la fausse pudeur qui l’aurait dissuadé de montrer les quelques scènes sexuellement explicites, Bunjevac a produit une œuvre très forte, relevant presque de l’acte de bravoure. Ce besoin de comprendre nécessitait aussi une certaine capacité à l’empathie. Et tout cela lui fait mériter aujourd’hui tout le bonheur du monde.

17/04/2019 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
L'avatar du posteur PAco

Nina Bunjevac que je découvre avec cet album nous emmène bien loin dans la tête d'un délinquant sexuel. Cette "adaptation moderne du mythe de Diane et Actéon" (cf le sous titre de cet album) nous raconte donc comment Benny, un petit garçon "comme les autres" va rapidement inquiéter son entourage à sa façon de regarder les filles et de se tripoter continuellement. Que faire de cet enfant qu'on ne sait pas gérer et que va-t-il faire de sa vie ? C'est ce que va nous raconter ce conte cruel mis en image de la plus belle des manières. Un contraste saisissant... Voilà un album intrigant, au graphisme sophistiqué tout de noir et blanc vêtu qui sous couvert d'un conte bien noir traite d'un sujet peu traité. C'est fait avec grande élégance et une certaine froideur un peu chirurgicale, ce qui rend l'ensemble encore plus glaçant. C'est avant tout ce coup de crayon prodigieux de Nina Bunjevac que j'ai découvert sur le stand de la maison d'édition Ici Même à Angoulême qui m'a motivé à acheter cet album. Grand fan d'illustration et de noir et blanc, cet album semblait m'ouvrir les bras. 224 pages plus tard je ne regrette en rien cet achat tant certaines pages sont tout bonnement hypnotiques.

25/03/2019 (modifier)