L'Âge d'or

Note: 3.36/5
(3.36/5 pour 11 avis)

Prix Landerneau de la BD 2018 Une fable médiévale politique et onirique.


Aire Libre La BD au féminin Prix Landerneau

La légende parle d'un "âge d'or, où vallées et montagnes n'étaient entravées d'aucune mu-raille. Où les hommes allaient et venaient librement..." Mais ce temps lointain est bien révolu. Le royaume est accablé par la disette et les malversations des seigneurs de la cour. À la mort du vieux roi, sa fille Tilda s'apprête à monter sur le trône pour lui succéder. Avec le soutien du sage Tankred et du loyal Bertil, ses plus proches conseillers et amis, elle entend mener à bien les réformes nécessaires pour soulager son peuple des maux qui l'accablent. Mais un complot mené par son jeune frère la condamne brusquement à l'exil. Guidée par des signes étranges, Tilda décide de reconquérir son royaume avec l'aide de ses deux compagnons. Commence alors un long périple, où leur destin sera lié à "L'âge d'or" ; bien plus qu'une légende, bien plus que l'histoire passée des hommes libres et de leur combat, c'est un livre oublié dont le pouvoir est si grand qu'il changera le monde.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 07 Septembre 2018
Statut histoire Série terminée 2 tomes parus

Couverture de la série L'Âge d'or © Dupuis 2018
Les notes
Note: 3.36/5
(3.36/5 pour 11 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

13/12/2018 | herve
Modifier


Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Benjie

Dès les premières pages de ce diptyque, on est emporté dans un tourbillon de couleurs aux relents psychédéliques. C’est absolument splendide ! Des cases monochromes aux couleurs improbables aux doubles pages au dessin unique dans lequel se déplacent les personnages, tout est beau. Au-delà du dessin, il y a bien évidemment le scénario : un conte philosophico-politique racontant les malheurs de la princesse Tilda, privée de son trône par un usurpateur qui n’est autre que son frère. Aidée de ses loyaux et fidèles amis, Tankred et Bertil, Tilda va tout mettre en œuvre pour récupérer ce qui lui revient et rétablir justice et démocratie au sein de son royaume. Cette histoire est l’occasion de radiographier une société qui ressemble en de nombreux points au monde dans lequel nous vivons aujourd’hui et d’examiner de près différents systèmes politiques : régime autoritaire, résistance, démocratie, anarchie, indépendantisme, place des femmes et lutte des classes. Le tome 1 est époustouflant et rythmé. Le tome 2 nous surprend forcément moins mais il nous emmène, avec quelques longueurs quand même, jusqu’à la fin de l’histoire. Une fin pour le moins inattendue. Tant qu’au titre, « L’Age d’Or », je vous laisse découvrir ce qu’il signifie.

21/06/2023 (modifier)
Par Solo
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Solo

Ahhh Cyril Pedrosa, à nous deux! Le tome 1 est parfait à mes yeux. Tellement qu’il m’apparaissait difficile d’être autant satisfait par le suivant, découvert ce jour même. Verdict : je tire mon chapeau à Roxanne Moreil également, alors à nous trois! C’est simple : je ne trouve presque aucun défaut à ce premier volume. 5 étoiles direct. J’suis un fou. Tout, absolument tout me plaît. Graphiquement déjà, j’ai pris une claque visuelle dès le premier regard. Je relis une énième fois avant de découvrir le tome 2 et le plaisir reste intact. Les pleines pages, les couleurs, les expressions, le décor sinueux et toutes ses formes houleuses… ça m’éclate les mirettes ! J’ai adoré cette audace graphique qui est de reproduire le mouvement des personnages dans un même espace, comme des photos prises en rafale puis superposées entre elles. C’est brillant de dynamisme. En plus, le dessinateur nous fait profiter de doubles pages pleines alors on reçoit tout l’univers de ce conte médiéval en pleine figure. Ou bien devrais-je dire un conte politique. Parce-que c’est de ça dont il s’agit : l’exercice du pouvoir dans une société. Mais commençons par un petit synopsis : le roi est mort et ce monde part en friche. Les clés du royaume devaient être remises à sa fille Tilda, héroïne de l’histoire, jusqu’à ce qu’elle soit trompée par sa propre mère qui, avec le soutien de seigneurs opportunistes et du puissant Vaudémont, désigna son fils comme héritier officiel du trône. Et puis comme on est dans un conte : il y a un bouquin ancestral oublié de presque tous qui suscite rumeurs et histoires populaires. Bon, rien de bien original me direz-vous. MAIS ! En vrai c’est fou ! Il y a une approche résolument moderne dans ce récit. A travers la direction que prend le scénario et la manière dont c’est écrit, tout ce petit monde est savamment découpé en plusieurs groupes bien distincts qui permettent de montrer les différents rapports de force dans une société. Nous avons donc : - Une autocratie, amenée à sévir dans toutes les régions du royaume - Une Résistance discrète aux principes anarchistes/communistes (ambigüité volontaire jusqu’à la fin), guidée par un leader charismatique. - Des indépendantistes, traduits par une communauté fermée féminine préférant vivre cachée, loin du monde et des hommes, avec des valeurs morales, un système économique et un ordre légal qui leur sont propres. - Un peuple qui subit, représenté par un trio de zonards miséreux et affamés - Des révoltés en quête de sens: Tilda, accompagnée de ses compagnons, Tankred et Bertil. Chaque groupe expose son opinion politique, ce qui donne à tout cet univers une mosaïque sociétale complète, sans être complexe. Et puis ce qui ajoute un peu de sel à tout ça, c’est que l’on se trouve dans un conte, où l’approche philosophique fusionne avec le rêve. Et si ce conte existe dans cette histoire, c’est essentiellement grâce au dessin. Le rendu graphique m’emporte entièrement. Le conte est un genre littéraire. Le dessin crée le conte. Donc la BD est de la littérature. Bah voilà ! Bon bon bon, et dans tout ça… Une question taraude le lecteur quand même. Que va faire Tilda ? Quelle est sa place au milieu de ce chaos politique ? Elle sera amenée à mener une quête personnelle (c’est marrant ça : « amenée à mener ») mais le lecteur, inquiet de son état, ne sait pas du tout ce qu’elle va devenir. Il y a de la puissance en elle, une puissance qui la dépasse. Qui va-t-elle devenir ? Voilà encore tout ce mystère à la fin du tome 1. Haletant. Et pouf, nous voilà dans le tome 2… Et là, je coince un peu dès le démarrage. Aïe. Mais pas tant que ça. Faut dire que le tome 1 était trop bon à mes yeux pour être égalé. Première incompréhension franche : le saut temporel entre le tome 1 et le tome 2. Pas compris. Les auteurs voulaient peut-être que le frère-roi soit adulte pour avoir une stature plus tyrannique. OK. Mais alors, pourquoi en avoir fait un chiard au début de l’histoire ? Si on y ajoute le dessin, on dirait une formule Game of Thrones qui a mal tourné. Genre King Joffrey. Pareil pour Tilda, dont la personnalité s’est trop brutalement transformée à mon goût. Heureusement que le dessin fait un bon boulot sur ce coup-ci (fatigue, cerne, langage corporel…). Il a dû y avoir quand même un accident quelque part, comme si le scénario avait mis trop de temps à se construire dans le 1er tome. Alors, par voie de conséquence, c’est le tome 2 qui prend. Et on perd assez longtemps l’aspect onirique au profit de l’action. C'est un peu regrettable. Cependant, je dois dire que les auteurs s’en sortent franchement bien. A travers toutes ces scènes d'action, l'histoire est envahie par une sorte de haine qui ronge notre héroïne. Une haine difficile à comprendre : est-ce à cause de l'Amour, du Pouvoir ou d'un maléfice ? En tout cas c'est une intrigue que j'ai trouvé intéressante et qui donne à Tilda une personnalité mystérieuse jusqu'à la fin. Aussi, ils ont réussi à rebattre les cartes des différents groupes politiques, qui étaient si bien segmentés initialement : la communauté de femmes se rallie, le trio de copains s’engage, Tilda la « révoltée » et la Résistance cherchent un terrain d’entente. Et enfin, l’autocratie panique. Ca ressemble à la reproduction d'une Guerre Mondiale en fait: chute de l’Allemagne nazie, construction d'un nouvel ordre et pacifisme universelle recherché à la suite d'une période traumatisante. Le deuxième point noir, c’est le scénario. Autant je disais que le conte était porté par le dessin dans le tome 1. Autant le dessin porte presque tout dans le tome 2. Franchement, avec toute cette action sur la première moitié, l’écriture n’a que très peu de profondeur. Il revient dans la seconde moitié mais quand même, c’est un peu limite. Avec cette longue bataille les cases s’enchaînent et défilent à une vitesse soutenue. Heureusement on peut toujours profiter des doubles pages magnifiques qui marquent un bon temps de pause. J’adore le style de Cyril Pedrosa, son dessin alimente notre imaginaire. Quant à l'épilogue, il est réussi : émouvant, heureux et poétique. Le fin mot de l’histoire valide l’idée que c’est un conte politique, ce qui ajoute originalité et charme. Sur le principe, je regrette que la notion de combat révolutionnaire soit si présente et finisse par prendre le pas sur le reste. Mon père spirituel serait davantage Albert Camus que Jean-Paul Sartre. Mais ce léger parfum d’anarchisme adoucit l’atmosphère. Dans un conte, on a le droit de rêver. Un excellent 4*. C’est le tome 2 qui m’empêche d’invoquer le Culte.

12/01/2022 (modifier)