La Croisade des Innocents

Note: 3.3/5
(3.3/5 pour 10 avis)

À travers une aventure teintée de moments légers, poétiques et graves, La Croisade des Innocents propose une réflexion sur la nature humaine et la religion.


987 - 1299 : Moyen-Âge et Capétiens La BD au féminin Les Croisades

Début du XIIIe siècle. Colas, douze ans, vit dans un climat de pauvreté et de terreur. Un jour où il craint la violence paternelle, il décide de s’enfuir et trouve refuge dans une brasserie parmi d’autres enfants exploités. Un soir d’hiver, Colas a une vision : Jésus lui apparaît, et lui ordonne d’aller délivrer son tombeau à Jérusalem. Avec l’aide de son ami Camille, il réussit à convaincre les autres enfants de constituer une croisade : sans adultes, sans puissant chevalier, ils arpentent les routes, persuadés que, grâce à leurs coeurs purs, rien ne pourra leur arriver... Une histoire de croyance, une histoire d’enfants…

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 17 Octobre 2018
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Croisade des Innocents © Soleil 2018
Les notes
Note: 3.3/5
(3.3/5 pour 10 avis)
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14/11/2018 | PAco
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L'avatar du posteur ThePatrick

La croisade des innocents, c'est une espèce de fait divers monté en épingle. En premier lieu un enfant qui s'enfuit de chez lui suite à un accident dramatique, puis une vision, et enfin l'utilisation de cette vision pour fuir. L'histoire a des côtés durs, cruels même, et plutôt réalistes. La famille n'est pas qu'un lieu d'amour, les moines ne sont pas que de saints hommes, cette croisade ne sera pas une croisière. Les enfants en particulier sont le reflet de cette époque, et leur cruauté ou absence d'empathie, se fait bien sentir. Cet album, aux pages bichromiques assez belles quoiqu'un peu ternes, avait tout pour me plaire. J'ai cependant trouvé qu'il traînait en longueurs inutiles, avec pas mal de bavardages superflus, et manquait parfois de souffle. De plus, si le personnage de Colas est central au début, il se dilue dans cette croisade qui devient plus ou moins anonyme. Si je me doutais bien dès le départ qu'il était rigoureusement impossible que cette croisade puisse bien se terminer, je n'avais en revanche pas imaginé cette fin-ci, qui fut donc une surprise bienvenue. Une bonne lecture donc, mais à laquelle il a - me concernant - manqué un petit quelque chose pour être marquante.

30/06/2021 (MAJ le 30/06/2021) (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
L'avatar du posteur Alix

Je ne suis généralement pas friand d’histoires aux thèmes religieux, mais je n’ai pas pu résister aux charmes de cet album. J’ai trouvé le ton très juste. Le récit se penche bien entendu sur le cas des religions organisées, sur leur hypocrisie et leurs mensonges. Mais l’auteur enrobe tout ça dans une tendresse et une naïveté enfantine qui fait chaud au cœur… d’autant plus que la vie de l’époque est dure, difficile de ne pas avoir de la peine pour nos croisés en culottes courtes. La narration est exemplaire, et si je note que d’autres posteurs se plaignent de certaines longueurs, moi j’ai avalé cet album d’une traite. Le graphisme élégant et les couleurs grisâtres de Chloé Cruchaudet se marient parfaitement à l’histoire, et renforcent cette impression de pauvreté et de vie « à la dure ». Un moment de lecture touchant et marquant.

24/07/2019 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
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Le début m’a paru très difficile à supporter avec ce frère qui jette sa petite sœur dans l’auge des truies qui vont n’en faire qu’une bouchée. Cela m‘a paru assez dur de la part d'un enfant de faire une telle chose à sa petite soeur. Ce n'est point de la bienveillance. D'autres diront qu'il ne la pas fait exprès mais il l'a bien poussé après lui avoir arraché un morceau de pain de sa main. En effet, cela ne m'a pas permit du tout de me familiariser avec un oeil sympathique pour ce garçon qui va jouer par la suite les prêcheurs. Certes, la petite soeur sera à nouveau de la partie alors que tout le monde la croyait morte. Un effet de manche de la part de l'auteur. Ce même garçon qui fuit alors sa famille voit le Christ sous une épaisse couche de glace. Ce dernier lui dit d’aller délivrer son tombeau à Jérusalem. Nous voilà par la suite avec une tentative de croisade menés par des enfants assez motivés pour fuir la misère de l’époque. La fin sera expédiée assez rapidement alors qu’il y avait tout un cheminement composé de bavardages incessants. J’avoue ne pas y avoir pris plaisir à la lecture. Cependant, c’est toujours intéressant d’un point de vue historique de voir comment une cause peut donner des ailes même à de simples enfants miséreux. La religion est bien l’opium du peuple. A noter que le sujet n’est pas nouveau. Voir La Croisade des enfants.

15/04/2019 (MAJ le 29/04/2019) (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

La Croisade des Enfants, dans l'Histoire, est le nom donné à deux tentatives de croisade lancées par des miséreux essayant de rejoindre la Terre Sainte et Jérusalem, l'une partant d'Allemagne, l'autre de France. Le mot Enfants dans le cas présent signifiait Enfants de Dieu, dans le sens où il ne s'agissait pas vraiment d'enfants mais de simples et pauvres hommes du peuple, même si l'une de ces deux croisades fut effectivement initiée par l'action d'un jeune berger. Et d'ailleurs, neuf ans avant la présente BD de Chloé Cruchaudet, une autre série, La Croisade des enfants, se basait sur les mêmes faits historiques pour raconter une fiction autour de ce périple. La Croisade des Innocents prend au mot l'appellation de ces cortèges historiques pour en faire une véritable expédition composée uniquement d'enfants ou de jeunes adolescents. Elle se base en grande partie sur la réalité du cortège parti d'Allemagne, la mélangeant ensuite au mythe de l'autre cortège parti de France. C'est un récit réaliste et assez cruel. La dureté du moyen-âge de l'époque fait écho à la cruauté innocente des enfants. On se doute d'emblée que l'expédition est vouée à l'échec et au drame. En cela, l'intrigue est un petit peu décevante car il y a finalement peu de surprise mais plutôt un destin fatidique et inéluctable où au mieux on se demande si quelques-uns vont quand même en réchapper. Mais la narration tient le lecteur en haleine et on ne s'ennuie pas au long des plus de 150 pages de l'album.

12/03/2019 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Chloé Cruchaudet (que j’avais découvert, plutôt avec plaisir, avec son album précédent, Mauvais genre), s’inspire ici d’événements médiévaux, qu’elle adapte à sa sauce, pour presque en tirer une histoire intemporelle. En effet, le décor, qu’il soit tout proche, au sens premier, mais aussi celui plus lointain, tout est comme effacé, en retrait, comme si on ne faisait que zoomer sur la longue cohorte des gamins, voire sur quelques-uns de leurs meneurs. On suit donc la constitution, un peu au hasard, de cette croisade de mioches, emportés dans un délire eschatologique, ces pauvres gamins illuminés – ou aveuglés, c’est selon, par une foi prête à leur faire oublier la réalité. Je dois juste regretter quelques longueurs dans ce pèlerinage désespéré, longueurs qui auraient sans doute pu être évitées en élaguant l’histoire – dont on devine la chute – dans tous le sens du terme. J’ai bien aimé le dessin, simple et efficace, sans fioriture, jouant sur les nuances de gris pour colorer d’une triste nuit une histoire qui se révèle au final d’une grande noirceur.

17/02/2019 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
L'avatar du posteur sloane

Ma foi tout cela est fort bien fait. Tout d'abord le thème qui personnellement me plait bien car un peu méconnu et fort peu abordé par la littérature, le ciné ou autre support. Car enfin ce que je trouve fascinant dans cette histoire de croisade qu'elle soit d'adultes ou d'enfants c'est le fait que des gens par milliers se jettent sur les routes pour aller délivrer le tombeau du christ. Les mystères de la foi!! Ce qui est fort bien vu dans ce récit se sont les vas et vient entre les moments de pure noirceur et d'autres plus légers, il fallait oser mettre des notes humoristiques car oui il y en a dans ce récit qui voit des enfants, sans poil, qui se mettent en marche pour une idée sans avoir bien prévu tous les aléas qu'ils vont rencontrer sur le chemin. A ce titre le final est à lui seul une petite merveille de noirceur. Pour écrire ce récit C.Cruchaudet s'est en fait appuyer sur les deux croisades d'enfants les plus connues , dont aucune d'ailleurs n'arriva à destination. L'une se délitera dans le sud de l'Italie et l'autre ma foi connaitra le sort expliqué ici. Je ne connaissais pas l'auteur mais son trait un peu enfantin, sans être naïf me plait beaucoup, ici il met une distance entre le propos et ce qui est donné à voir dans des tons un peu sombres. Sans doute une œuvre qu'il faut posséder et qui nous interroge sur la foi, la crédulité, la petite note finale de cynisme n'est pas mal venue.

20/01/2019 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5
L'avatar du posteur Blue Boy

Qu’on se le dise, si cette réinterprétation fictionnelle des Croisades est beaucoup moins sanglante que ne l’étaient celles de l’Eglise au Moyen-âge, elle n’en est pas moins très sombre, et bien que ses soldats ne soient que des enfants en loques et sans armes, cela n’a rien à voir avec un conte pour enfants. D’ailleurs, la scène d’ouverture, très cruelle bien que suggérée, où l’on assiste à la mutilation accidentelle de la petite sœur de Colas par les cochons, donne le ton à l’ensemble. Très bien construite, la narration peut parfois s’étirer mais reste prenante par ce mélange très particulier de candeur et de noirceur. Le découpage en cycles saisonniers, d’un hiver à l’autre, avec un petit poème de l’époque médiévale en guise d’introduction pour chaque cycle, rappelle qu’on est bien dans un conte. Le dessin à l’aquarelle de Chloé Cruchaudet aux tonalités sépia est toujours un bonheur pour les yeux et vient par sa douceur équilibrer l’âpreté du propos. Les planches pleine page font un peu penser aux grands maîtres flamands comme Brueghel l’ancien. Avec ce récit médiéval narré dans un langage actuel, l’auteure de Mauvais Genre ne néglige pas le fond, nous interrogeant avec subtilité sur la nature humaine et la religion. En fine observatrice, elle ne fournit pas de réponses, évitant tout manichéisme. Son constat peut apparaître quelque peu désabusé, mais en calquant son histoire sur le cycle des saisons, Chloé Cruchaudet suggère que si les notions du bien et du mal existent, elles demeurent indissociables l’une de l’autre, comme peuvent l’être le yin et le yang. Si dans la grande et tragique histoire de l’humanité l’espoir apparaît un jour, poindra ensuite le désenchantement, qui à son tour s’éclipsera derrière des jours meilleurs, et ainsi de suite… A l’évidence, cette « Croisade des innocents » s’est révélée comme l’une des très belles lectures de 2018.

12/01/2019 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Mon avis ira, je pense, dans le sens des précédents. La Croisade des Innocents est un livre qui mérite plus qu’un coup d’œil distrait mais auquel il manque, je trouve, un petit quelque chose dans le cœur de son récit pour émarger à une catégorie supérieure. Coté intro, rien à redire. La première scène nous met dans le bain, c’est noir, c’est cruel, c’est bête, c’est sans pitié. Et donc, j’ai été happé par le récit. Son découpage en gros chapitres saisonniers en permet, par ailleurs, une lecture aisée. Rien à faire, les chapitres, ça me rassure et à chaque fois je me fais avoir : je me dis « boarf, on va finir celui-ci… » et arrivé à son terme, et bien j’entame le suivant, et ainsi de suite jusqu’au bout du bouquin. Alors que quand un récit m’est livré d’une seule pièce, cela a tendance à me refroidir et il n’est pas rare que j’abandonne ma lecture en cours de route. Du coup, pour le découpage, moi je dis que c’est très bien ! Mais bon, au cœur de l’album une forme de monotonie s’installe. Pas longtemps, pas au point de me faire décrocher de ma lecture… mais quand même. Le rythme est trop routinier, les péripéties sont un peu prévisibles. Le scénario est bien pensé, les dialogues sont bien écrits… mais ça manque un peu de relance. Et puis vient la conclusion, qui permet de terminer de manière assez classique mais très agréable ce sombre récit. L’histoire ? Celle d’une croisade d’enfants au moyen-âge, basée sur des faits réels mais, de ce que j’ai pu en lire, Chloé Cruchaudet ne s’est pas spécialement encombrée d’un quelconque souci de reconstitution historique, préférant se focaliser sur l’idée générale. Le dessin ? Ben moi, j’aime beaucoup Chloé Cruchaudet, qui a une patte assez personnelle. Son trait favorise l’expressivité et la dynamique de ses personnages au détriment de la rigueur d’une reproduction sans âme. A choisir, c’est ce que je préfère. La colorisation cadre bien avec l’esprit du livre (très noir). Le résultat est expressif, sombre mais dégage une certaine douceur. Très certainement à lire. Et même à posséder si vous aimez ce genre d’univers et ce type de dessin. Avis aux amateurs !

11/01/2019 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Ce récit est basé sur un fait réel à savoir la croisade des enfants et si comme moi vous connaissez ce fait historique, il y a des bonnes chances que vous devinerez facilement l'issue de l'expédition montrée dans l'album. J'ai trouvé que l'album était sympathique, mais il manque un je ne sais quoi pour rendre le scénario prenant. Cela manque un peu de dynamisme dans la narration. J'ai surtout apprécié comment l'auteure montrait les tracas du quotidien d'un groupe d'enfants sans supervision qui font un très long voyage. On retrouve à la fois la naïveté et la cruauté de l'enfance. Le dessin est plutôt bon et j'ai bien aimé les couleurs.

04/01/2019 (modifier)
Par PAco
Note: 3/5
L'avatar du posteur PAco

C'est avec Mauvais genre que j'avais découvert le travail de Chloé Cruchaudet. Gros succès pour cet album, qui m'avait permis à Angoulême de la rencontrer pour une belle interview. J'étais donc très curieux de découvrir ce nouvel album ! Ici, fini les horreurs de la première Guerre Mondiale, on remonte bien plus loin dans notre histoire ; retour au XIIIe siècle, en France, pour un album tout en contraste tant sur le fond que la forme. Chloé Chruchaudet nous raconte l'histoire d'un jeune garçon de 12 ans, Colas, qui après un tragique accident chez lui s'enfuit pour éviter l'ire paternelle. C'est l'hiver, au bord d'un étang il a ce qui lui semble être une vision : le Christ lui apparait dans la glace et lui demande de partir en croisade pour sauver son tombeau. Colas poursuit sa route et finit par trouver de quoi travailler dans une brasserie qui exploite les enfants du coin. Il réussit à convaincre les autres enfants de s'enfuir avec lui pour mener à bien sa croisade, sans l'aide d'adultes. L'histoire se répand et la petite troupe va rapidement prendre de l'ampleur... et les ennuis aussi. Avec cette histoire naïve et cruelle à la fois, comme le sont les enfants, Chloé Cruchaudet nous entraine sur les sentes de la croyance et de la crédulité. Religion et nature humaine sont ici passées au grill par le prisme de l'enfance dans ce qui pourrait presque relever du conte. Il est à la fois intéressant de voir combien les rapports et la place adultes/enfants, les croyances, le rôle de l’Église ont changé au fil des âges, mais dérangeant de se dire qu'au final la nature humaine et son mauvais fond restent malheureusement de mise. Notre pauvre Colas, pétri de la meilleure volonté du monde va rapidement comprendre que cette Croisade bon enfant entouré au début de quelques comparses va rapidement être rattrapée par les tracas du quotidien... Le trait de Chloé Cruchaudet est toujours aussi singulier et efficace pour faire ressortir la noirceur de l'âme humaine. La mise en couleur subtile et discrète qui pourrait presque faire penser que l'album est en noir et blanc renforce encore cet effet dramatique. Au final, Chloé Cruchaudet nous propose encore un très bon album, même si j'avoue l'avoir trouvé un brin en dessous de Mauvais genre. Cela tient sans doute à la fin de l'histoire que j'avais senti venir. A découvrir ! (3.5/5)

14/11/2018 (modifier)