Les Damnés de la Commune

Note: 4.33/5
(4.33/5 pour 3 avis)

La Commune de Paris vue au travers des gravures de l'époque.


1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune La Commune et l'occupation prussienne Paris

Découvrez cette incroyable bande dessinée, réalisée exclusivement à partir de gravures de l’époque de la Commune, qui nous raconte la quête d’un Parisien pour exhumer l’histoire de son voisin communard. Parti à la recherche de Lavalette, le narrateur rencontre Victorine, dont le témoignage bouleversant l’accompagne dans sa quête. Tandis que sa ville se charge peu à peu d’histoires, il découvre les années de tourments qui ont conduit à la révolution de 1871. Témoignage exceptionnel sur la Commune de Paris, ce roman graphique, réalisé à base de gravures du XIXème siècle, présente la manière dont l’époque se voyait elle-même.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 08 Novembre 2017
Statut histoire Série terminée 3 tomes parus

Couverture de la série Les Damnés de la Commune © Delcourt 2017
Les notes
Note: 4.33/5
(4.33/5 pour 3 avis)
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03/06/2018 | Noirdésir
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Raphaël Meyssan s’attaque ici à un beau sujet – injustement occulté par l’histoire officielle, quand il n’est pas travesti – à savoir la Commune de Paris. Il le fait de façon originale et très ambitieuse. En effet, il se lance dans ce premier tome à la poursuite d’un leader communard, qui aurait vécu dans son quartier. Mais ce qui fait toute l’originalité de son travail, c’est qu’il ne dessine pas, il ne fait qu’utiliser des documents d’époque : journaux, livres, documents officiels (rapports de police par exemple). Au milieu des gravures d’époques, se glissent des encadrés (commentaires off) et des bulles pour faire dialoguer ces personnages de papier. Le travail préparatoire, de recherche, a dû être énorme, ce que le dossier final confirme. Chaque illustration utilisée – gravure essentiellement – y est référencée. Si le rendu peut paraître aride, moi qui aime bien la gravure – y compris dans les collages surréalistes (de Max Ernst ou d’autres), ça me convient très bien. Reste le déroulé de l’intrigue qui, comme pour le titre de la collection dans laquelle il est publié chez Delcourt, mêle Histoire et histoires. Ce premier tome s’étend du début de l’année 1870 à la prise de pouvoir dans Paris de la Commune (après l’échec du gouvernement versaillais de s’emparer des canons parisiens). On sent bien l’empathie de l’auteur pour les idées communardes, et plus encore pour ceux qui les ont incarnées, jusqu’au bout de la souffrance. En cela le personnage de Victorine, parisienne mêlée aux événements, à la tragédie surtout, est une sorte de relais pour l’auteur, rendant plus vivant ce récit, lui donnant chair et palpitations. Et l’enquête menée par le narrateur pour retracer la trajectoire de ce communard presque voisin – à un siècle et demi d’intervalle, la vie de Victorine, tout cela est très bien lié aux événements parisiens, Raphaël Meyssan éclairant bien les tenants et aboutissants des décisions des Républicains, mais aussi des Bonapartistes, des monarchistes, et de Thiers et sa clique, prêts à tout pour éviter une révolution populaire, pourtant portée par les idéaux d’une République qu’il était censé diriger (il est vrai élu après une parodie d’élection, entouré d’élus absolument pas représentatifs de la population). Le tome suivant (et dernier je pense ?) verra l’affrontement entre Communards et Versaillais, et je l’attends en tout cas avec impatience. ************************** Maj après lecture du deuxième tome. C'est toujours aussi réussi ! Je suis bluffé par la somme de travail qu'a nécessité cette série, puisque l'auteur n'use que de gravures d'époque pour illustrer ses albums (et en plus cela rend très bien pour "l'intrigue", qui n'est pas corsetée, mais aussi du simple point de vue esthétique, c'est superbe !). On sent encore toute l'empathie de l'auteur pour la cause des Communards, ce qu'il montre au travers de Victorine, une femme que nous suivons dans les méandres de cette histoire à la fois belle et triste, mais aussi au travers des acteurs majeurs, que l'auteur fait parler avec des archives d'époque. Et le tout est toujours aussi fluide. Son empathie pour la cause communarde est aussi visible avec les quelques clins d'œil à la période actuelle, certaines citations faisant allusion à Sarkozy, hollande, voire Macron, tenants actuels de l'ordre. Ce deuxième tome montre la Commune se mettant en place, mettant en avant ses idéaux, au risque de passer pour idéaliste, voire naïve et inconsciente - ce dont va très bien se servir Adolphe Thiers (il est quand même des prénoms qui ne laissent que des trainées de sang dans l'histoire !). C'est aussi le début de la fin pour la Commune, les combats désespérés pour contrer la supériorité versaillaise laissant augurer la curée de la Semaine sanglante (qui sera traitée dans le troisième et dernier tome, à venir - et très attendu !!!). L'autre attrait de cet album est de traiter des Communes de Province, en particulier celle de Marseille (qui hélas ont subi le même sort que celle de Paris), ce qui est rarement le cas. Voilà donc une série en tous points remarquable, et qui semble très injustement méconnue. Je vous encourage donc à réparer cette erreur en la lisant, le travail de Raphaël Meyssan méritant un coup d'œil, un coup de chapeau (et, en ce qui me concerne, un coup de cœur !). Au passage, je lui attribue la dernière étoile manquante.

03/06/2018 (MAJ le 15/07/2019) (modifier)