Valérian - Shingouzlooz.Inc

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 8 avis)

À la suite d'une malencontreuse partie de cartes, les shingouz perdent la propriété de leur société, La Shingouzlouz.Inc. Or il se trouve que cette société, à cause d'une approximation dans l'interprétation des lois intergalactiques, est détentrice de la Terre !


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Valérian – par ailleurs très préoccupé par sa future retraite d'agent spatio-temporel – et Laureline doivent rattraper cette bourde et convaincre le nouveau propriétaire, un certain Sha-Oo, « l'Assoifeur de monde », de la restituer à Galaxity.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 22 Septembre 2017
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Valérian - Shingouzlooz.Inc © Dargaud 2017
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 8 avis)
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14/10/2017 | Bouriket
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L'avatar du posteur Le Grand A

Mises à part diverses anecdotes et les inspirations qu’elle a suscitées, je n’ai jamais lu Valérian et n’en connais que le film écrit et réalisé par Luc Besson. Cela m’a au moins permis de juger l’album en lui-même sans avoir besoin de me référer sans cesse au matériau d’origine en cherchant les points de divergences, ce que j’aurai trouvé mieux ou moins bon. N’y allons pas par quatre chemins, je me suis beaucoup amusé. Je m’attendais à un space opera ou du moins à ce que le gros du récit soit tourné vers le space opera, j’ai lu une bd humoristique sur fond de SF. C’est une histoire d’imbroglio juridique où les shingouz ont encore merdé. Cette clique de créatures gaffeuses qui ne manquent pas de malice pour arnaquer le chaland, que je trouvais déjà extrêmement sympathiques dans le film, s’est retrouvée par un heureux hasard en possession de la planète Terre avant que la roue de la fortune ne tourne et que les droits de propriétés ne tombent entre les mains d’un autre charognard boursicoteur. Cette idée de capitalisme étendue et jusqu’au boutisme dans la SF m’a toujours fait sourire quand elle est traitée avec un humour ironique ou absurde comme ici. Une idée selon laquelle on puisse jouer en bourse de façon tout à fait légale avec des planètes et leurs ressources naturelles (ceux qui ont vu Oblivion, H2G2...), en négligeant la vie des créatures autochtones rangées dans la colonne des dégâts collatéraux. On touche à l’humour d’un Terry Gilliam dans Brazil et de façon plus similaire le film Jupiter Ascending, où l’héroïne interprétée par Mila Kunis se retrouve propriétaire d’un amas de planètes dont la Terre mais doit en passer par l’administration et ses longues files et heures d’attente pour valider ses titres de propriété. La drôlerie de la situation n’en est pas moins alarmante car on parle de choses virtuelles qui ont des conséquences graves sur le réel lorsqu’elles échappent à tout contrôle. Heureusement qu’il y a donc Valérian et Laureline nos deux super agents spatio-temporel pour tenter de résoudre ce schmilblick. Le premier tente de harponner un gros poisson de la finance, au sens propre comme au figuré (l’humour de Lupano encore une fois se fait pinçant à propos des paradis fiscaux), tandis que la seconde apporte la touche d’action qu’on est en droit d’attendre. D’ailleurs même si je n’ai pas trop apprécié la différence de traitement entre les protagonistes, Valérian passant pour un gros bêta la majorité du temps, la manière dont Laureline est mise en avant m’a bien plu en revanche. C’est elle qui prend les devants et monte au front tandis que c’est le héros masculin qui reste en arrière pour une fois. Les auteurs s’en tirent proprement avec un scénario qui ne s’emmêle pas les fils dans le piège du paradoxe temporel qui donne lieu à des incohérences qui ont tendance à me faire griller un fusible. Non ça se tient, c’est cohérent, sans gras rajouté, j’ai eu un peu peur que ce « petit cri de Higgs » n’aboutisse à rien mais on devrait toujours se rappeler du principe du fusil de Tchekhov. Cela se conclu sur un running gag des repris de justice shingouz, toujours dans les mauvais comme les bons coups (sans spoiler, est-ce volontaire de la part des auteurs ou non, j’ai ri comme une baleine sur la façon dont ils se foutent de Prometheus). Une histoire riche en péripéties pour un stand alone servi par des graphismes qualité full HD. Mathieu Lauffray apporte sa science des grands décors en pleine ou double page, il sait varier les registres entre mimiques comiques du quatuor Valérian / Shingouz, et partie musclée chaud patate avec Laureline qui se traîne monsieur Albert (MDR la 4L spatio-temporelle ! ça vaut bien la cabine téléphonique du Docteur Who). Il y a quelques pages gratuites sur Laureline qui se fait tour à tour figure féministe et icône/objet/bombe sexuelle (c’est Red Sonja en gros plan ? ), du bonbon pour les yeux. Peu importe si c’est du pur fan service, j’ai tout pris sans déplaisir : du mania de l’eau Sha-Oo inspiré par le ventripotent baron Harkonnen du cycle de Dune, au « Yoda shingouz » (big up du dessinateur qui se rappelle ses jeunes années où il illustrait les comics Star Wars pour l’éditeur Dark Horse ? Ou gentil retour de bâton à l’encontre de G. Lucas qui ne s’était pas gêné pour pomper ses idées chez Christin et Mézières tel un vil marsouin cosmique ? ). On pourrait juste lui reprocher de recycler les mêmes figures pour ses personnages : Valérian ayant la même tête que John Silver / Jack Stanton, et Vivan Hasting / Laureen pour Laureline. Mission accomplie donc. Agents Valérian et Laureline au rapport, monsieur !

14/10/2017 (modifier)