Congo Bill

Note: 3/5
(3/5 pour 7 avis)

L'Amérique gère et génère la violence planétaire, se rejouant en boucle Apocalypse Now.


Afrique Noire Congo belge DC Comics Le Génocide rwandais Vertigo

L'Amérique gère et génère la violence planétaire, se rejouant en boucle Apocalypse Now. Dans ce récit fort, où le rôle du colonel Kurtz est tenu par un King Kong hybride, le voyage initiatique du héros nous expose les récentes horreurs des massacres Rwandais pour s'achever à rebours sur les sanglantes prémices de l'indépendance du Congo. Zezelj empoigne cechaos organisé en le cernant d'une lumière crépusculaire, noyant d'ombre les regards, élevant son découpage au diapason de la tragédie. Aus péripéties bestiales répond son trait brutal, aux mutilations sauvages le staccato de ses cadrages. Porté par la démesure de l'histoire, l'enjeu graphique était de taille, mais sous la plume de Zezelj les monstruasité est comme apprivoisée : l'animalité est AUSSI une humanité. Texte : Mosquito

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Octobre 2000
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Congo Bill © Mosquito 2000
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 7 avis)
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20/11/2002 | ArzaK
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L'avatar du posteur Noirdésir

L’album vaut avant tout pour l’ambiance qui se développe peu à peu, pour cette violence latente et inexpliquée qui prend le dessus. Dans un contexte propice à ces effets, puisque l’on est au cœur de l’Afrique, peu après le génocide rwandais. L’intrigue reprend quelques idées de « Au cœur des ténèbres » de Conrad (et surtout de son adaptation « Apocalypse now ». On pénètre dans la jungle sans jamais en voir le bout – comme l’histoire d’ailleurs, avec cette fin ouverte qui laisse l’imagination du lecteur au pouvoir. Un peu de fantastique, une pincée d’aventure, le tout ancré dans un contexte historique violent, l’album se laisse lire. Le dessin est globalement intéressant et agréable (un Noir et Blanc au trait gras, plutôt avare au niveau des décors), même si certaines cases ne sont pas toujours suffisamment lisibles. Mais une lecture que j’ai appréciée.

19/04/2023 (modifier)
Par Ems
Note: 3/5

Je ne m’attendais pas à tant de violence, le scénario est cru. Le contexte du récit est d’ailleurs un signe : le Rwanda et son génocide… On ne rentre pas dans ce sujet complexe mais il jouxte perpétuellement l’histoire, apportant un climat malsain et indigeste. La suite me fait penser à certains récits de Bec, à la limite du Fantastique avec de nombreuses victimes. Les personnages ne font pas dans le détail non plus, tout le contenu du récit est entier à tendance trash. Pourtant on ne vire jamais dans le n’importe quoi. Il y a des réflexions intelligentes dans ce concentré de violence. Le récit est tout de même relativement opaque, je ne suis pas sûr d’avoir saisi toutes les nuances. La mise en dessin est en parfaite adéquation avec le scénario, le dessin est puissant et vif. Ce noir et blanc est très contrasté, sans aucune nuance, juste des jeux d’ombres appuyés et un rendu faussement sale. Cette BD est une curiosité à l’ambiance forte et étrange, elle ne conviendra pas à tout le monde.

17/10/2010 (modifier)

Pas mal. Attiré par les dessins je ne suis pas déçu de ce côté là. Un peu frustré par le format tout de même, c'est petit ! Et par la lisibilité parfois (reconnaitre un visage... pas toujours simple). J'aime cette bd pour l'ambiance, notamment de la première moitié, qui est réellement chouette car le suspens est là et l'atmosphère est pesante. La grosse difficulté de ce type de scénario à la " Alien " c'est que le mystère doit bien finir par s'éclaircir, et là effectivement, j'aurais aimé ... je ne sais pas ... quelque chose d'aussi convainquant que la première partie, tout en longueur. C'est un peu comme dans Sanctuaire, ce qui est plaisant, c'est le moment ou l'on ne sait pas, ou le danger est latent, mais pas perceptible. Ok pour en savoir plus mais pas tout de suite ! Finalement la grosse erreur et d'avoir tenté trop vite de justifier, d'expliquer. L'ambiance m'aurait suffit, quand on veut faire du noir, inutile de trop nous éclairer.

13/02/2010 (modifier)

En 1997, au Zaïre, l’on découvre plus d’une centaine de têtes de militaires rwandais empalées. Les pieux ne sont pas disposés au hasard. Vus du ciel, il forme un nom : « Devilin ». C’est donc très naturellement l’agent Devilin Dupaul que le gouvernement américain désigne pour diriger l’expédition chargée de constater sur place de quoi il retourne. Les trois recrues que Dupaul décide de s’adjoindre sont de la même trempe que ce dernier : des mercenaires sans le moindre scrupule. Il va leur falloir côtoyer pour une nuit la population de Kinshasa, avant de prendre la direction du parc national des Virunga où l’on trouva les 108 soldats décapités. Dupaul semble tendu durant le voyage. Il paraît évident qu’il ne révèle pas tout ce dont il est au courant à propos de cette affaire… L’ouvrage témoigne notamment des rapports que les USA ont pu entretenir avec des rebelles africains et livre un bel exemple de « chaos sous contrôle » encouragé par les Américains. L’équipe de Dupaul traverse le pays avec un détestable sentiment de supériorité sur les indigènes qu’ils ne considèrent visiblement que comme une bande de sauvages incapables de gérer leur pays. Pleins de morgue, ils sont absolument indifférents au sort de quiconque croise leur chemin. Un dialogue, à titre d’illustration : « - Comment tout ça a pu foirer ? Perdus en pleine jungle, à chasser dieu sait quoi… J’croyais connaître mon job mais… - La faute au Congo ! - Ah oui ? Qui exactement ? Les rebelles ? Le génocide ? Mobutu ? Léopold de Belgique ? De toute façon, tout le monde s’en fout. Ils puent tous ! - Tu crois qu’je m’en fous pas, moi ? Je m’en tape, oui ! » Les personnages sont très typés et manquent quelque peu de relief. Il y a Glass, le grand noir aux yeux bleus, hanté par son passé, Toni, la femme soldat super sexy, avec son gros fusil, et Dupaul, le mystérieux leader balafré du groupe. Mon principal reproche quant au scénario est qu’il ne livre aucune des réponses aux questions que l’on se pose dans les trois premiers quarts du récit, pour révéler toute la vérité en fin d’album seulement, tout d’un bloc. Le suspense aurait gagné à être réparti et entretenu tout au long du récit. Personnellement, ça m’aurait sans doute évité de décrocher… Le dessin de Zezelj, en tout cas, est de toute beauté ! (quoiqu’un noir et blanc encore plus tranché, sans la moindre demi teinte, m’aurait plu davantage encore…)

26/12/2009 (modifier)

Attention violent ! Bien sur, je ne démantirai pas les avis précédents en disant que j'ai eu l'impression de revoir "Apocalypse Now". Cependant, la touche graphique de Zezelj, son côté supra-violent et sans concession m'ont fait me plonger avec un grand plaisir dans cette BD. Il est bien évident que Zezejl n'est pas un grand scénariste et qu'il se contente de cracher son venin dans la majorité de ces BDs avec moins de talents narratif que Bilal ou avec moins de maestria que Miller dans "Sin City", mais il n'en reste pas moins un auteur à découvrir.

21/06/2003 (modifier)
Par Cassidy
Note: 2/5

Dessinateur d'un talent incontestable, Danijel Zezelj n'est, à mon goût, pas très bon scénariste. Or, il n'a pas écrit "Congo Bill" (bien que son nom soit le seul crédité en couverture, merci pour Scott Cunningham) ; il y avait donc des raisons d'espérer que cette BD-ci soit meilleure que "Rex" ou "Rêve de béton". Hélas, malgré un début assez réussi, elle ne tient pas vraiment ses promesses, notamment à cause d'une conclusion mal foutue ; quand, pour démêler l'écheveau d'une intrigue, il faut que les personnages se racontent entre eux une histoire qu'ils connaissent déjà tous pour que le lecteur puisse comprendre le fin mot de l'histoire lui aussi, ben... c'est que le scénariste n'est pas très doué, si ? Et puis, tous ces clichés sur l'Afrique, sa magie, ses sorcières qui éventrent des poulets dans leur petite cabane, ses gri-gris porte-bonheur, ça commence à bien faire... Restent, donc, les superbes dessins de Zezelj... mais ça ne suffit pas à faire une bonne BD.

24/01/2003 (modifier)
Par ArzaK
Note: 4/5

J'avais remarqué la patte si particulière de ce dessinateur croate dans le « Comix 2000 ». En quatre pages il racontait l'échange de deux regards entre deux personnages. Quatre merveilleuses planches peu narratives mais d'une poésie sombre et aérienne. C'est avec une grande envie que j'ai abordé cet album et je n'ai pas été déçu. Dans un premier temps, on reprochera au scénario de trop ressembler à l'Apocalypse Now de Coppola, et par conséquent au roman qui l’inspira « Au cœur des ténèbres » qui tout comme ce « Congo Bill » se déroulait en Afrique. Mais heureusement « Congo Bill » amène autre chose et notamment un propos assez différent. Zezelj nous plonge au coeur d'une Afrique sombre et ténébreuse avec une mastria graphique qui laisse bouche bée. Sans conteste on peut déjà compter ce pourtant jeune auteur comme un grand dessinateur en noir et blanc. Il joue dans la cour des grands, quelque part entre Miller et Breccia. Cet homme a une patte inimitable, son noir est comme rongé de l'intérieur par de petites taches blanches du plus bel effet (est-ce du lavis ? )qui donnent un côté délavé et créent des effets de surface saisissants. Le découpage est nerveux et d'une redoutable efficacité. La mise en page et le cadrage créent des effets rythmiques savants et nous tiennent en haleine tout au long de l'album. Allez visiter le site de l'auteur! Choc graphique assuré!

20/11/2002 (modifier)