La Malédiction de Gustave Babel

Note: 3.63/5
(3.63/5 pour 8 avis)

Argentine, 1925 : Gustave Babel, ex-tueur d’une mafia parisienne, capable de parler toutes les langues du monde, est abattu. Tandis qu’il agonise se déroule devant ses yeux le fil d’une existence hors du commun… Album faisant partie des Contes de la Pieuvre, à l'instar de Un destin de trouveur et Célestin et le cœur de Vendrezanne.


1900 - 1913 : Du début du XXe siècle aux prémices de la première guerre mondiale 1914 - 1918 : La Première Guerre Mondiale Les Contes de la Pieuvre Les coups de coeur des internautes Paris Tueurs à gages

Juillet 1913 : La Pieuvre envoie Gustave Babel abattre un homme, mais quand il arrive, ce dernier est déjà mort. Décembre 1913 : nouveau contrat, mais cette fois, l’homme se suicide sous ses yeux. 1914 : infiltré dans les rangs de l’armée allemande, Babel voit sa cible disparaître sous des tirs d’artillerie. Profondément déstabilisé, il va devoir affronter visions et cauchemars qui le mèneront tout droit à un passé enfoui et à son pire ennemi : L’Hypnotiseur.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 25 Janvier 2017
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Malédiction de Gustave Babel © Delcourt 2017
Les notes
Note: 3.63/5
(3.63/5 pour 8 avis)
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28/02/2017 | pol
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
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Et puis l'hypnotiseur fut lâché sur le monde. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il est paru en 2017, écrit, dessiné, encré, mis en couleurs par Gess qui a également réalisé le lettrage. Il commence par une page dense d'introduction (intitulée La pinacothèque de Babel), écrite par Serge Lehman, avec qui Gess a collaboré en particulier sur les séries La Brigade Chimérique (avec Fabrice Colin) et L’œil de la nuit. La bande dessinée se déroule sur 195 pages. En 1925, en Argentine, un jeune garçon approche d'une belle demeure en passant par l'immense pelouse. Il toque à la porte, abat froidement celui qui vient lui ouvrir, avec une arme à feu, et s'enfuit en courant. Gustave Babel savait que ce jour viendrait car la Pieuvre n'abandonne jamais. Gisant allongé sur le sol, avec une tâche rouge s'élargissant sur sa poitrine, il s'étonne de ne pas avoir plus mal que ça. Il se rappelle la première fois qu'il a échappé à la Pieuvre : en juin 1913, alors qu'il se trouvait à proximité de Glasgow pour assassiner Paul Hughtington. En arrivant à l'adresse indiquée, il avait été accueilli par madame Hughtington qui lui avait appris que son mari était décédé 2 jours auparavant. Babel avait pris le chemin du retour, traversant la Manche à bord d'un paquebot où il lisait Les Fleurs du Mal (1857) de Charles Baudelaire. Sur le pont, il est abordé par Even le Flahec, un jeune garçon qui lui demande s'il ne veut pas épouser sa mère, plutôt que de les laisser retourner auprès d'un grand-père tyrannique et violent. Ayant débarqué au Havre, Gustave Babel prend le train pour rentrer à Paris. Il s'endort dans son compartiment face à une mère de famille et ses enfants. Il fait un rêve étrange envoûtant dans lequel il est en passe de se marier avec la mère d'Even. Puis il tombe à l'eau avec Even, il voit sa promise morte noyée glissant vers le fond. Il prend Even à bras le corps et le remonte à la surface. Il avise un radeau vers lequel il se dirige. Il s'agit en fait du lit de mort de Paul Hughtington sur lequel il repose. Ils le mettent à la baille et s'installe au milieu des bougies qui reposent sur le lit. Babel voit passer un paquebot au loin avec une femme qui ne le voit pas. Il se réveille en sursaut et se fait dénoncer par la mère de famille au contrôleur, parce qu'il tient entre ses mains Les fleurs du mal, un livre mis à l'index. de retour à Paris, Gustave Babel flâne dans les rues de Paris pour reprendre contact avec les commerçants de son quartier. Il entend la voix de son ami Cyprien Boule en train de donner un cours. Il va saluer Mado, une prostituée avec qui il a grandi pendant l'enfance, à qui il a donné le surnom de Filoche, elle-même le surnommant Tatave. Enfin, il arrive dans le quartier de la Pieuvre et se présente devant ses commanditaires : la Bouche, le Nez, l'Oeil et l'Oreille. Ils lui confient un nouvel assassinat à accomplir. Difficile de résister à l'attrait d'une bande dessinée bénéficiant d'une préface louangeuse de Serge Lehman, et réalisé par Gess, quand on a apprécié ses dessins un peu rugueux pour La brigade Chimérique, ou pour l'Oeil de la Nuit. S'il est coutumier de ces auteurs, le lecteur sait également qu'il devra se laisser emmener par la narration. Effectivement le premier chapitre a de quoi décontenancer. le personnage principal est mortellement touché dès la première page. le premier récit d'une mission de Babel est anti climatique car sa cible est déjà morte de mort naturelle. Pour couronner le tout, la séquence de rêves dure pendant 13 pages et lie de manière assez simple des éléments apparus dans les pages précédentes, comme si ce rêve était une déformation très premier degré de ce qui est arrivé à Gustave Babel. Dans ce premier chapitre, le plus étonnant réside dans la proposition d'Even le Flahec, d'épouser sa mère. L'histoire commence donc sur un double échec : la mort du personnage principal et son incapacité à mener à bien son assassinat, sans que cela ne relève de sa responsabilité ou de sa faute, ce qui est encore plus frustrant pour Babel et pour le lecteur. Dans la forme, l'auteur établit également des caractéristiques très fortes qui peuvent nécessiter un temps d'adaptation pour le lecteur. Chacun des 6 chapitres s'ouvre avec quelques vers, selon toute vraisemblance de la main de Gess, car rien n'indique le contraire. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut lire ces vers au premier degré, et ne pas forcément y trouver un grand intérêt, ou il peut s'imprégner des images et des associations qu'ils charrient, et qui trouvent un écho dans chacun des chapitres. Ensuite, le lecteur se rend compte que les bordures de pages sont comme tachées par la couleur dominante lors des séquences de rêves, puis lors des séquences de souvenirs, comme si le passé imprégnait littéralement les pages que touche le lecteur. Ce qui peut sembler un simple artifice au départ finit par produire son effet, l'ambiance de la séquence déteignant sur les pages, jusqu'à les tacher. Gess utilise également les couleurs, en choisissant un ton majeur pour chaque séquence, et en le déclinant en nuances, ce qui donne à chaque scène une forte identité. Enfin toutes les séquences prennent comme personnage central Gustave Babel, et s'accompagnent pour plus de la moitié de son monologue intérieur. Une fois qu'il s'est adapté aux caractéristiques de ce mode narratif, le lecteur prend conscience qu'il est puissamment immersif. Par exemple, passé le premier chapitre, il ne fait plus aucun doute dans son esprit, que Babel est le héros de cette histoire, au vu du sentiment qu'il éprouve pour lui, devenu totalement oublieux de son métier d'assassin pour une société du crime organisé. Avec la première page, le lecteur voit que Gess détoure les formes avec un trait de contour présentant des irrégularités : les traits qui devraient être droits (pour la bâtisse par exemple) ne le sont pas et donnent l'impression d'être vaguement tremblotés. de la même manière, les contours des aplats de noir donnent parfois l'impression de taches, d'ombres portées un peu vagues et légèrement exagérées. Ce choix produit un léger décalage par rapport à une représentation géométriquement exacte, induisant que la perception de certains éléments, ou de petits détails est passée par le prisme déformant de la conscience. le lecteur en acquiert la certitude avec la chevelure de Gustave Babel. Celui-ci porte régulièrement un couvre-chef, de type chapeau melon. Or quand il ne porte pas ses cheveux sont dressés au-dessus de son crâne, sur une dizaine de centimètres, chevelure que le chapeau ne peut en aucun cas contenir. le lecteur associe ces prises de liberté par rapport à la réalité à des licences artistiques de type poétique. Pour l'essentiel, le lecteur plonge dans un monde décrit dans le détail, avec des personnages faciles à identifier. de séquence en séquence, Gess prend le temps de représenter la façade de la riche demeure en Argentine, la campagne écossaise avec ses moutons, le pont supérieur du paquebot, la gare Saint Lazare, les rues de Paris parcourues par Babel à son retour, la chambre de Mado où elle reçoit les michetons, les couloirs de l'asile où se rend Babel pour un boulot, la chambre personnelle de Babel à la Ferme (établissement au calme du côté de Saint-Ouen, les rues du Caire, etc. Gess nourrit chaque endroit avec assez de détails pour que le lecteur puisse s'y projeter. L'artiste a effectué un excellent casting pour concevoir l'apparence de ses personnages, que ce soit le visage lunaire et la silhouette dégingandée de Gustave Babel, le corps émacié de Mado, le beau visage de Beau Parleur, le corps nerveux et le visage farouche d'Even, le visage souriant et ridé de mère Sautran, ou encore la silhouette menaçante de l'Hypnotiseur. Régulièrement, le lecteur est envoûté par une case ou par une prise de vue remarquables. La première séquence de rêve se déroule dans l'élément liquide, baignant dans une couleur violette pour une sensation onirique prenante. le lecteur ressent de plein fouet le sentiment d'abandon quand la dame sur le pont ne s'aperçoit pas de la présence de Gustave. le lecteur détaille avec plaisir les petites cases montrant les rues de Paris avec ses façades, ses commerces et ses habitants, lors du retour de Babel à Paris. Quelques pages plus loin, Gess le place dans une étrange position de voyeur alors que Mado est en train d'effectuer une passe. Il voit son corps assez maigre, et la position très étrange de Babel sous le lit, pour une séquence aussi plausible qu'inimaginable. Lorsque Babel marche dans les rues du Caire, le lecteur est saisi par une sensation de chaleur, et de tension, des tueurs se dissimulant dans la foule, aux relents d'Indiana Jones, une référence bien assimilée et utilisée au profit du récit. À nouveau, il faut peut-être quelques pages pour s'habituer aux spécificités de la narration visuelle de Gess, mais une fois l'adaptation faite, le charme de ses pages opère à plein. Avec la scène d'introduction et le premier contrat, le lecteur comprend qu'il a commencé un polar se déroulant au début du vingtième siècle, avec une reconstitution historique de bonne qualité. Avec le premier rêve, il ne sait pas trop sur quel pied danser. Avec l'arrivée à Paris, il comprend qu'il s'agit également d'un thriller dont il connaît déjà la fin, se déroulant dans le milieu du crime organisé. Avec le deuxième rêve, il ne sait plus trop quoi penser, car l'auteur installe un mystère relatif à la date du 24 février (on apprend plus tard l'année), ce qui va entraîner Gustave Babel dans une enquête. Avec la séquence de la passe de Mado, il se rend compte que Gess se place dans un registre réaliste, avec des individus contraints à une existence sordide, mais sans misérabilisme. Enfin il découvre qu'il y a un autre mystère : celui de l'identité de l'Hypnotiseur, et de sa relation passée avec Gustave Babel, dont les premiers indices se trouvent dans les rêves. Qu'il ait lu ou non l'introduction de Serge Lehman, le lecteur prend également conscience que ce récit comporte aussi une dimension ésotérique combinée avec une forme de réalisme magique. Il y a bien sûr le don extraordinaire de Babel pour les langues, ce qui renvoie directement à son nom (c'est-à-dire une référence biblique), mais aussi les rêves qui donnent l'impression que l'inconscient de Babel s'exprime de manière quasi intelligible. Il faut encore mentionner le nom des 4 individus qui donnent les ordres de la Pieuvre à Babel : la Bouche, le Nez, l'Oeil, l'Oreille, soit 4 des 5 sens. le lecteur est tenté d'ajouter encore l'impossibilité pour Babel d'accomplir ses assassinats, et la manifestation ponctuelle de spectres. Il remarque également que l'auteur utilise quelques motifs visuels récurrents comme les stèles funéraires, mais aussi les bougies apparaissant aussi bien dans les rêves que dans la réalité. Il incite ainsi le lecteur à jouer à trouver et à établir des correspondances. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut y percevoir une dimension psychanalytique (peut-être que le prénom de Babel renvoie à celui de Jung ?), ainsi que des possibilités d'interprétations plus ésotériques. Il revient alors à l'introduction érudite de Serge Lehman pour y confronter ses impressions et profiter de son éclairage. Finalement la couverture ne dit pas grand-chose du récit, et le lecteur ne sait pas trop à quoi s'attendre. Il découvre une intrigue bien ficelée, des mystères intrigants, des dessins riches et puissants, un personnage attachant malgré sa profession, des personnages secondaires étonnants, des rêves pas si simplistes que le premier ne le laisse supposer. Il est vite happé par l'ambiance de chaque scène, par le monologue intérieur de Gustave Babel, par son histoire personnelle, par son drame, par les résonances existentielles avec ses propres états d'âme.

04/05/2024 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5
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Gustave Babel est mort… ou plutôt, Gustave Babel est quasiment mort. Ainsi commence cet album. Il a été exécuté d’une balle dans la poitrine. Alors que la vie le quitte lentement, il revoit son passé dans un long flash-back et cherche à comprendre d’où viennent ces cauchemars qui le hantent et le ramènent inlassablement à L’Hypnotiseur, son pire ennemi. Gustave Babel est un tueur à gages. Il travaille pour la Pieuvre, une entreprise mafieuse dont on apprendra finalement peu de choses. Mais Gustave Babel a failli... Ce thriller poétique se déroule dans un petit monde clôt avec le Paris du début du XXe comme décor et les poèmes de Baudelaire que Gustave Babel lit pour se réconforter. Pour son dessin, ses couleurs et son ambiance, c’est un album qui mérite qu’on prenne le temps de s’immerger dans l’histoire pour ne manquer aucun détail, aucun personnage secondaire, plus étonnants les uns que les autres.

05/09/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Deuxième album que je lis dans cet univers de la Pieuvre, et c’est encore une satisfaction. J’aime bien la façon dont Gess use des décors de ce Paris populaire revisité, de la fin du XIXème et du tout début du XXème siècle. L’omniprésence de la poésie de Baudelaire, en particulier des Fleurs du mal, colle très bien à l’ambiance – en plus de me plaire en elle-même. L’histoire se laisse lire agréablement. Le héros, un tueur à gages, est agonisant, et au milieu de quelques cauchemars, revoit son passé, que nous suivons avec lui. La narration est fluide, même si l’on ne nous apprend pas grand-chose de la Pieuvre (les autres opus complètent les informations à propos de cette organisation mafieuse, dont les dirigeants, complémentaires, ont des caractéristiques étonnantes). J’ajoute que j’ai bien aimé le dessin, et la colorisation : certaines planches sont vraiment très belles. C’est en tout cas un album recommandable.

15/04/2022 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
L'avatar du posteur sloane

Génial, grandiose Voila une œuvre protéiforme qui nous entraine bien au delà de ce qu'une lecture rapide pourrait laisser supposer, mettant en scène un assassin professionnel au service de La Pieuvre, organisation maffieuse qui sévit dans les bas fonds de Paris au début du XX ème siècle. Cet assassin se met un jour à rêver après qu'il ait raté un contrat, en fait la personne qu'il devait tuer est morte juste avant qu'il arrive. Dés lors des souvenirs de son enfance, de son embrigadement par la Pieuvre se mettent à refaire surface et nuisent fortement à ses missions. Dans une construction qui n'est qu'un très long flashback l'auteur Gess nous offre un personnage qui est bien plus qu'il n'y parait, celui ci évoluant sur le fil du rasoir entre réalité, par l’utilisation d'un Paris de début du XX ème siècle et l’onirisme, grâce aux rêves de Gustave. Celui ci n'est pas qu'un tueur froid, il possède un côté attachant, finalement très humain rehaussé par son amour pour la poésie de Baudelaire dont les extraits de poèmes émaille le récit. Pour ce qui est du dessin nous avons affaire là a du grand art avec un graphisme particulier qui sait créer des ambiances rehaussées par une colorisation au tons ternes mais bougrement efficace. Balançant entre thriller, poésie, étude de mœurs ce récit tendu ou nonchalant reste de bout en bout captivant, le tout dans une édition d'une grande richesse avec cette couverture en relief et son beau dos toilé. A lire d'urgence et à compléter par la lecture d'un autre ouvrage de l'auteur dans le même univers Un destin de trouveur.

09/06/2019 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
L'avatar du posteur Gaston

Franchement déçu par cet album. Le titre m'intriguait, le dessin est pas mal et les avis positifs ici m'ont convaincu de lire cet album qui m'a vite ennuyé. Les scènes de cauchemars sont pas mal, mais le reste est inintéressant. Le rythme est tellement lent que parfois j'avais l'impression qu'il ne se passait rien et de plus le personnage de Gustave Babel n'est pas du tout charismatique et j'ai vite fini par en avoir rien à foutre de ce qui lui arrivait. En fait, j'ai lâché l'album en cours de lecture vers le milieu de l'album et je ne compte pas du tout la reprendre un jour. Je peux comprendre que cet album peu plaire, c'est juste pas un truc pour moi.

28/07/2017 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5
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Après avoir longtemps dessiné pour les autres, en particulier Serge Lehman avec qui il publia récemment L'Esprit du 11 janvier, Gess s’est investi dans un projet solo. Et le résultat est plutôt probant, même s’il faut bien l’admettre, on peut rencontrer quelque difficulté à rentrer dans l’histoire que l’on pourrait qualifier de thriller fantastico-surréaliste. Cette fameuse malédiction qui poursuit Gustave Babel, en pleine crise existentielle, c’est ce passé d’une vie qu’il n’a pas choisie qui le rattrape, celle d’un tueur à gages indifférent à son propre destin. Babel, poète érudit amateur d’art et dont le métier est à l’opposé total de ce qu’il est au fond de lui, va se trouver confronté, après une succession d’événements où les personnes qu’il doit tuer meurent peu avant son arrivée, à des visions cauchemardesques qui semblent faire référence à son passé occulté et à un mystérieux hypnotiseur affublé du masque de la mort. Conçue comme une aventure, « La Malédiction de Gustave Babel » a pour cadre principal les bas-fonds d’un Paris ancien sous l’emprise de la pègre. Mais les visions récurrentes du héros en font un objet plus hybride où la poésie vient adoucir l’atmosphère violente liée aux fréquentations « professionnelles » de Babel. Pris dans les tentacules de la Pieuvre, ce dernier ressent un grand besoin de délivrance qui ira croissant dès les premières visions qui viennent l’assaillir. Dès qu’il se sent tourmenté, il lit Baudelaire, dont les poèmes agissent sur son âme tel un baume apaisant et l’élèvent vers des éthers de pureté. Fidèle à son trait réaliste et nerveux, Gess nous offre de belles séquences oniriques. La mise en page reste efficace et la colorisation discrète, souvent aux limites de la monochromie. Le scénario est un brin touffu et tend parfois à perdre le lecteur, mais reste suffisamment captivant pour que celui-ci daigne s’y accrocher. Et pour les amateurs de beaux tirages, le travail d’édition est très soigné avec dos toilé et couverture en relief. Certaines pages comportent de fausses taches d’humidité, donnant l’impression que l’objet sort d’une épave de navire au fond des mers, accentuant la part de rêve…

15/05/2017 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
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Voilà un auteur que je suis depuis pas mal de temps et qui ne finit pas de me surprendre. Avec ce nouvel album Gess nous offre un écrin magnifique pour une histoire envoutante. Gustave Babel nous raconte en effet la vie d'un tueur à gage au service de la Pieuvre, organisation mafieuse parisienne de la fin XIXe début XXe qui a le don de parler toutes les langues ; pratique quand on est assassin d'un pays à l'autre ! Sans rien dévoiler, l'album s'ouvre sur la mort de Gustave, et c'est toute son histoire qui va se décanter petit à petit. Lui qui était devenu ce qu'il était en ayant perdu la mémoire, nous donne au compte goutte au fil des différents chapitres tous les éléments qui vont recomposer petit à petit son histoire. C'est ce récit mais surtout l'ambiance qu'a su donner Gess pour donner vie à une tripotée de personnages aux surnoms tous plus éloquents les uns que les autres qui m'a conquis. L'originalité de ce ton volontairement mélancolique colle parfaitement à cet assassin hors norme qui se retrouve pour la première fois confronté à l'échec (ses cibles meurent avant que lui ne les tue) ; tout cela va précipiter sa chute mais lui permettre de retrouver son intégrité et sa mémoire. Le dessin et la mise en couleur de Gess concourent parfaitement à l'ambiance qu'il a imaginé pour ce récit et donnent à l'ensemble une cohérence que j'ai trouvé des plus réussie et qui je l'espère donnera naissance à d'autres albums dans cet univers de la Pieuvre.

13/03/2017 (modifier)
Par pol
Note: 2/5
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L'objet est épais, le dos toilé et la couverture légèrement en relief : l'écrin est de toute beauté. A l'intérieur on fait connaissance avec Gustave Babel, qui a le don de parler toutes les langues, génial comme pouvoir, je veux le même. Bon sauf que lui, il a mis ce don au service de la Pieuvre, une mafia parisienne, qui lui commandite régulièrement des assassinats dans des pays étrangers. Ah oui, notre homme est tueur à gages. Et quand il reçoit à son tour une balle fatale, c'est le moment où rejaillissent les souvenirs de toute une vie. Son existence dérape à partir du moment où il ne peut pas remplir son contrat puisque sa cible meurt avant qu'il l'assassine. C'est pour lui le début de nombreux cauchemars. On a un récit qui mélange 2 genres différents. D'un coté, un polar avec des règlements de compte, des voyous, des prostituées. De l'autre un conte onirique où on cite de la poésie, où Gustave revoit sa vie sous forme de rêves, enfin plutôt de cauchemars. Si c'est assez original comme récit, si graphiquement Gess a fait un super travail sur les ambiances, j'avoue que l'ensemble m'a moyennement convaincu. Les doutes de notre héros, son introspection au plus profond de lui même, toutes les séquences de cauchemars, rien de tout ça ne m'a emballé. Le rythme est volontairement lent, et j'ai trouvé pas mal de longueurs au fil des différents chapitres. Dommage.

28/02/2017 (modifier)